Lettre LXIVSt.-Saphorin, 10 juillet, VIII. Il n’y a pas l’ombre de sens dans la manière dont je vis ici. Je sais que j’y fais des sottises, et je les continue sans pourtant tenir beaucoup à les continuer. Mais si je ne fais pas plus sagement, c’est que je ne puis parvenir à y mettre de l’importance. Je passe sur le lac la moitié du jour et la moitié de la nuit ; et quand je m’en éloignerai, je serai tellement habitué au balancement des vagues, au bruit des eaux, que je me déplairai sur un sol immobile, et dans le silence des prés. Les uns me prennent pour un homme dont quelque amour a un peu dérangé la tête, d’autres soutiennent que je suis un Anglais qui a le spleen ; les bateliers ont appris à Hantz que j’étais l’amant d’une belle femme étrangère qui vient de partir subitement de Lausa