– Un dimanche de mai, dans l’immense Arène, dans l’amphithéâtre antique, sous le ciel ouvert, devant un peuple qui avait respiré dans la légende d’amour et de mort, je fus Juliette. Nul frémissement des plus vibrantes salles, nulle acclamation, nul triomphe ne valut jamais pour moi l’ivresse de cette heure unique. Réellement, lorsque j’entendis Roméo dire : « Ah ! elle apprend aux torches à brûler… », réellement je m’allumai, je me fis de flamme. J’avais acheté avec mes petites économies, sur la place aux Herbes, près de la fontaine de Madonna-Verona, une grande botte de roses. Les roses furent mon seul ornement. Je les mêlai à mes paroles, à mes gestes, à toutes mes attitudes ; j’en laissai tomber une aux pieds de Roméo, quand nous nous rencontrâmes ; du balcon, j’en effeuillai une sur sa