« Si j’y allais ? … » se répéta-t-il tout haut, et la seule idée de cette visite lui infligea un serrement de gorge et comme un tremblement intérieur. C’est la facilité avec laquelle naissent et renaissent ces émotions extrêmes, et à propos des moindres circonstances, qui fait de la vie passionnelle des jeunes gens un si étrange va-et-vient de volontés tour à tour effrénées et misérables. Celui-ci n’eut pas plutôt formulé cette tentation dont il était assailli, qu’il haussa les épaules et se dit : « C’est insensé… » Puis cet arrêt une fois porté, il se mit, sous prétexte d’accumuler les objections, à plaider la cause de son propre désir : « Comment me recevrait-elle ? … » Le souvenir des beaux yeux et du beau sourire lui faisait se répondre tout bas : « Mais elle a été si aimable, si indulgente… » Il reprenait : « Que lui dirais-je pour justifier cette visite, moins de vingt-quatre heures après l’avoir quittée ? … » — « Bah ! répliquait la voix tentatrice, l’occasion inspire. » — « Mais je ne suis pas seulement habillé… » Il n’avait qu’à passer rue Coëtlogon, « Mais je ne sais pas même son adresse… » — « Claude la sait. Je n’ai qu’à la lui demander. » Quand l’idée d’une visite à son ami lui eut traversé l’esprit, il sentit qu’en tous cas il lui serait impossible de ne pas mettre du moins cette part de son projet à exécution. Aller chez Claude, c’était faire le premier pas du côté de Mme Moraines ; mais, au lieu de se l’avouer, René eut la petite hypocrisie de se donner d’autres raisons : ne devait-il pas à son ami de prendre de ses nouvelles ? Il l’avait quitté si malheureux la veille, si évidemment crispé. Peut-être pleurait-il comme un enfant ? Peut-être se préparait-il à chercher querelle à Salvaney ? Le poète justifiait ainsi la hâte avec laquelle il se dirigeait maintenant vers la rue de Varenne. Ce n’était pas seulement l’adresse de Suzanne qu’il espérait obtenir, c’était encore des renseignements sur elle, — et il s’ingéniait à se démontrer qu’il remplissait simplement un devoir d’amitié ! Il aperçut le tournant de la rue de Bellechasse, puis la porte cochère de l’étrange maison où Larcher avait élu domicile. Elle était en travers, cette porte, et, une fois poussée, on se trouvait dans une immense cour où tout trahissait l’abandon, depuis l’herbe grandie entre les pavés jusqu’aux toiles d’araignées dont s’encombrait le vitrage des écuries désertes, à gauche. Au fond de cette cour solitaire, se dressait un vaste hôtel, construction du temps de Louis XIV, sur le fronton duquel on lisait encore la fière devise des Saint-Euverte, dont ç’avait été la demeure familiale : « Fortiter. » Les pierres de cette bâtisse, rongées par les intempéries, ses hautes fenêtres fermées de volets, son silence, s’harmonisaient avec la solitude de la cour. Cet antique faubourg Saint-Germain renferme de ces maisons, singulières comme la destinée de leurs maîtres, et dont les artistes curieux du pittoresque psychologique, — si l’on peut unir ces deux mots pour définir une presque indéfinissable nuance, — raffoleront toujours. René connaissait, par son ami, l’histoire de l’hôtel, et comment le vieux marquis de Saint-Euverte s’était retiré avec ses petits-fils dans ses terres du Poitou depuis six ans, désespéré par la mort presque simultanée de ses trois filles, de ses gendres et de sa femme. Une épidémie de fièvre typhoïde, contractée dans une petite ville d’eaux où toute la famille était réunie, avait fait de ce vieillard heureux l’aïeul d’une tribu d’orphelins. Du vivant de la marquise, administratrice excellente de la fortune commune, deux petits appartements étaient loués dans l’hôtel à des personnes d’occupations tranquilles. Ces deux appartements avaient aussi leur histoire : le grand-père du marquis actuel les avait aménagés dans la vieille demeure pour deux cousins, chevaliers de Saint-Louis et anciens émigrés, qui avaient achevé là une existence errante et pauvre. M. de Saint-Euverte avait laissé les choses dans l’état où sa femme les avait mises. Claude se trouvait ainsi installé dans une des ailes du morne et silencieux bâtiment, et il s’y trouvait installé seul. L’autre locataire avait donné congé par dégoût de la tristesse de cette vaste maison, et aucun nouvel amateur ne s’était présenté pour s’enterrer dans cet énorme tombeau dressé entre une cour abandonnée et un jardin plus abandonné encore. Mais tout plaisait à l’écrivain de ce qui, précisément, déplaisait aux autres. L’étrangeté du lieu ravissait en lui à la fois le faiseur de paradoxes et le rêveur. Le caractère extravagant de son existence d’artiste viveur et mondain encadrée dans cette solennelle solitude lui plaisait, non moins que le calme dont il pouvait entourer ses agonies intimes. Le romantisme analytique dont il se savait atteint et qu’il développait complaisamment en lui, comme un médecin qui cultiverait sa maladie par amour d’un beau « cas », se délectait dans cette retraite. Il avait en outre l’avantage d’y jouir d’une absolue indépendance. Le concierge, conquis par des billets de théâtre et fasciné par la réputation de son locataire, l’aurait laissé renouveler dans le vestibule de l’hôtel Saint-Euverte les saturnales de l’hôtel Pimodan, si l’envie avait pris Larcher de fonder à nouveau un club de Haschischins, ou de reproduire quelque scène d’orgie littéraire, par goût archaïque du genre 1830. Ce concierge était d’ailleurs absent de sa loge, comme cela lui arrivait la moitié de la journée, lorsque René voulut demander si son ami était là, en sorte que le jeune homme gagna tout droit le perron. Il entra dans le grand vestibule dont la grande lanterne attestait la magnificence des réceptions d’autrefois. Il s’engagea sur un escalier de pierre qu’une grille en fer forgé accompagnait jusqu’en haut. Au second étage, il tourna dans un couloir, à l’extrémité duquel une double portière en étoffe orientale annonçait les curiosités d’une installation moderne, au fond de cet hôtel où les ombres des grands seigneurs à perruques semblaient devoir errer durant la nuit. Le domestique qui vint ouvrir au coup de sonnette offrait cette physionomie particulière à presque tous les gardiens des antiques bâtisses, et qui traduit une des mille influences secrètes des endroits sur la personnalité humaine, car elle se retrouve également chez ceux qui montrent les châteaux en ruine ou les portions réservées des cathédrales. Ce sont des visages qui sentent l’humidité, croirait-on, des nuances de teints verdâtres, une sauvagerie d’oiseau de nuit dans l’œil et dans la bouche. Ferdinand, — c’était le nom du personnage, — présentait cette différence avec ses confrères qu’il était vêtu avec une recherche toute contemporaine, portant comme il faisait la défroque de son maître. Il avait été valet de chambre au service du feu comte de Saint-Euverte, et cumulait ses actuelles fonctions de domestique auprès de Claude avec celles de surveillant de l’hôtel, dont il ne sortait pas beaucoup plus d’une fois par mois. C’était le concierge qui se chargeait de toutes les courses de l’écrivain, et la femme de ce concierge cuisinait pour lui. Tout ce petit monde vivait sous la fascination de Claude, qui possédait, à un rare degré, le don de s’attacher les inférieurs, par une entente curieuse des caractères et aussi par son enfantine bonté. Quand Ferdinand aperçut le visiteur, il ne put retenir une expression de vive inquiétude. — « On a laissé monter Monsieur, » dit-il, « je vais être grondé… » — « Claude travaille ? » demanda René en souriant de la naïve frayeur du bonhomme. Ferdinand se trouvait au dépourvu devant une visite à laquelle son maître n’avait évidemment pas songé. — « Non, » répondit le domestique presque à voix basse, « mais Mme Colette est là. » — « Demandez-lui s’il veut me recevoir une minute, » fit le poète curieux de savoir quelle attitude les deux amants observaient vis-à-vis l’un de l’autre, après la scène de la veille, et il ajouta : « Je prends tout sur moi » pour achever de vaincre l’hésitation du valet de chambre. — « Monsieur peut monter, » revint dire ce dernier, et il précéda le jeune homme à travers l’antichambre, puis le long du petit escalier intérieur qui conduisait aux trois pièces où Claude se tenait d’ordinaire et qu’il appelait suivant le cas son « pensoir » ou son « souffroir. » L’aspect de cet escalier et des deux premières de ces trois pièces étonnait par l’abus des étoffes et des tapis. Un jour artificiel, tamisé par des carreaux de couleur, éclairait à peine, durant cette après-midi de février, les chaises de maroquin du fumoir et le vaste salon dont les murs disparaissaient sous les livres. Le séjour favori de l’écrivain était un réduit, au fond, tendu d’une étoffe sombre sur laquelle se détachaient des toiles et des aquarelles des peintres les plus modernes de cette époque, ceux que préférait la fantaisie volontiers outrancière du maître du logis. C’était deux loges de théâtre par Forain, une danseuse de Degas, une banlieue de Raffaelli, une marine de Monet, quatre eaux-fortes de Félicien Rops, et, sur un socle drapé, un buste de Claude Larcher lui-même par Rodin, buste d’une intelligence extraordinaire où le grand sculpteur avait reproduit merveilleusement la psychologie entière de son modèle : l’inquiétude morale et le libertinage, la réflexion hardie et la volonté faible, un idéalisme natif et une corruption presque systématiquement acquise. Une bibliothèque basse, un bureau dans un coin, trois fauteuils dans le style vénitien avec des nègres pour supporter leurs bras, et un large divan de cuir vert achevaient l’ameublement de cet asile, que remplissait en ce moment la fumée de la cigarette russe de Colette. La jeune femme était couchée sur le divan, ses cheveux blonds à demi décoiffés, dans un costume légèrement masculin, avec un col droit et un veston ouvert. Sous la jupe en étoffe anglaise s’apercevaient ses fines chevilles, avec ses pieds un peu longs chaussés de bas de soie noire et de souliers vernis. Une pâleur était sur sa joue creusée, cette pâleur nacrée que l’abus du maquillage, les longues veillées, les fatigues d’une vie exorbitante donnent à beaucoup de femmes de théâtre. Claude était à ses pieds, sur ce même divan, tout pâle lui-même, et son visage altéré, comme le désordre des coussins, comme la tenue de Colette, indiquaient assez qu’il avait dû y avoir entre les deux amants une de ces scènes de réconciliation animale où sombre, avec toute la rancune de l’homme, toute sa dignité : — « Ah ! mon petit Vincy, » dit Colette en tendant la main au visiteur, « vous arrivez juste à temps pour m’empêcher d’être battue. Si vous saviez comme Claude est mauvais pour moi ! Allons, Claudinet », ajouta-t-elle en menaçant du doigt son amant, « dites le contraire, si vous l’osez, si tu l’oses, m’amour… » — Et, par un de ces gestes gracieux où se révélait toute la souplesse de son buste, — elle racontait, elle-même, qu’elle ne portait presque jamais de corset, — la charmante fille se releva, posa sa tête blonde sur l’épaule de Claude, et lui mit aux lèvres la cigarette qu’elle était en train de fumer. Le malheureux homme regarda son jeune ami avec une supplication et une honte dans les yeux, puis il tourna ses regards vers Colette, et des larmes tremblèrent au bord de ses cils. Cette dernière se fit plus coquette encore, elle appuya tout à fait sa gorge contre son amant, et elle épia dans ses prunelles ce passage de désir qu’elle savait si bien exploiter après l’avoir provoqué. Il y eut un silence. Le feu crépita doucement, et un rayon de soleil, perçant les vitraux, fit trembler une barre rouge sur le visage de l’actrice. René avait trop souvent assisté à des scènes de ce genre pour s’étonner de l’impudeur de son ami et de sa maîtresse. Il connaissait par expérience l’étrange cynisme de leurs mœurs, mais il se rappelait aussi la sortie terrible de Claude, la veille, et les cruautés de langage de Colette. Ce lui était une stupeur de constater une fois de plus les faiblesses avilissantes de l’écrivain et les inconséquences de cette fille qui, en ce moment, rougissait d’un visible désir. Il éprouvait en outre, dans l’atmosphère chaude de cette pièce où flottait le parfum employé par l’actrice, et devant ce groupe à demi impudique, une impression de sensualité qui lui était trop familière. Bien souvent déjà, les allées et venues de cette femme dépravée, mais d’une dépravation de grande courtisane, lui avaient donné la notion d’un amour physique, très différent de celui qu’il avait connu. Dans sa loge surtout, lorsqu’elle était devant sa glace, en train de faire son visage avec la patte de lièvre frottée de rouge, ses épaules nues et ses seins libres dans la chemisette de transparente batiste aux épaulettes ajourées, ou qu’elle glissait devant lui ses jambes fines dans des bas de soie rose, elle lui était apparue comme une créature tentatrice, capable de donner des baisers d’une saveur unique, et René enviait Claude alors autant qu’il le plaignait. Puis ces passages cédaient la place, au dégoût d’une part qu’inspirait au poète la bassesse morale de l’actrice, et d’autre part aux fervents scrupules d’amitié que professent et pratiquent les âmes jeunes. Cela eût fait horreur à René de désirer, même une minute, la maîtresse de son protecteur. Peut-être l’intuition de cette délicatesse n’était-elle pas étrangère aux attitudes de Colette. Elle s’amusait, par simple jeu de perversité, à lui promener sa beauté devant les sens, comme une fleur dont il faut bien que les narines respirent le parfum, même quand les mains ne s’étendront pas pour la saisir. Il en fut de la grâce avec laquelle la curieuse enlaça Claude, comme des autres caresses qu’elle lui avait prodiguées devant René : ce dernier ne put empêcher qu’il ne tressaillît en lui quelque chose d’obscurément physique, comme un appétit inconscient de baisers semblables, et, par une de ces associations de désirs, plus troublantes que les associations d’idées, parce que nous n’en apercevons pas la marche sécrète, l’image de Mme Moraines ressuscita en lui, parée de toute la séduction qu’elle avait secouée autour d’elle, la veille, dans le parfum de sa toilette. Il sentit cette fois deux choses : l’une qu’il lui serait impossible de ne pas aller chez cette femme aujourd’hui même, la seconde qu’il n’aurait jamais la force de prononcer son nom et de demander son adresse devant l’actrice aux yeux lascifs qui maintenant embrassait Claude à pleines lèvres. Qu’importe ? Tu sortirais d’une maison publique, et tu m’arriverais salie par la luxure d’un régiment que je me mettrais à tes genoux et que je t’adorerais… » — « Et voilà les madrigaux qu’il trouve toute la journée, » s’écria Colette en riant comme une enfant, et se renversant sur les coussins. « Eh bien ! René, parlez-lui aussi de moi. Dites-lui dans quelle colère j’étais contre lui hier au soir parce qu’il était parti sans me dire adieu… Et il ne m’a pas écrit, et je suis revenue. Oui, c’est moi qui suis revenue la première. Ah ! si je ne t’aimais pas, est-ce que je ne te laisserais pas t’en aller, espèce de sauvage ? … » — et elle prit l’écrivain par les cheveux. Les coins de sa bouche se rabaissèrent, ses dents se serrèrent, son visage exprima ce qu’elle éprouvait réellement pour Claude, une sensualité cruelle, cette sensualité qui pousse une femme à martyriser l’homme dont elle ne peut pas fuir les caresses. Il y a eu, dans l’histoire, des reines qui ont aimé ainsi, et fait couper la tête aux amants qui exerçaient sur elle ce pouvoir étrange de parler à la fois à leur désir et à leur haine. René répondit doucement : — « C’est vrai que j’étais inquiet de lui hier au soir, et que vous avez été bien dure… » — « La belle histoire ! » fit Colette en riant de son plus mauvais rire, « je vous ai déjà dit que vous le gobiez… Moi, j’en suis revenue, depuis le jour où il m’a menacée de se tuer, et je suis arrivée ici comme j’étais, en robe de théâtre, sans même ôter mon rouge… Et je l’ai trouvé qui corrigeait des épreuves !… » — « Mais c’est le métier, » répliqua Claude, « tu joues bien un rôle gai avec un chagrin dans le cœur !… » — « Qu’est-ce que cela prouve ? » dit-elle aigrement, « que nous sommes deux cabotins ; seulement je t’accepte comme tu es, et toi non… » Tandis qu’elle continuait, taquinant Claude avec cette espèce de lucidité féroce qu’une maîtresse rancunière possède à son service, contre l’homme avec qui elle a dormi cœur à cœur, René avait avisé sur le bureau de son ami un de ces annuaires de la société qui, sous le titre de Highlife, contiennent l’adresse de toutes les personnes attachées de près ou de loin à la vie élégante. Il l’avait pris et il le feuilletait en disant, avec l’embarras de son petit mensonge dans le regard et dans la voix : — « Tiens ! votre nom n’est pas là, Claude ? » — « Par exemple, » fit Colette, « je le lui défends bien. Il ne fréquente que trop tous ces gens de cercle… » — « Je croyais que vous aimiez assez la conversation de ces messieurs, » dit Claude. — « Fine allusion ! » répliqua-t-elle en haussant ses jolies épaules ; « mais c’est leur affaire à eux d’être chics. Ils savent s’habiller, jouer au tennis, monter à cheval et parler sport, et toi, tu ne seras jamais qu’un gommeux avec une tête de savant… Ah ! si je pouvais te revoir comme il y a huit ans, lorsque je sortais du Conservatoire et que tu m’as été présenté… C’était dans un restaurant au coin de la rue des Saints-Pères ; j’étais venue déjeuner avec ma mère et Farguet, mon professeur… Tu étais si gentil, dans ton coin, avec ton air de sortir d’une cellule et d’ouvrir tes grands yeux sur la vie !… Tiens, quand nous nous sommes mis ensemble, ç’a été à cause de cela… Vous verra-t-on au théâtre, ce soir ? » ajouta-t-elle comme René se levait, reposant le livre ; il venait d’y trouver ce qu’il cherchait, l’adresse de Mme Moraines, laquelle demeurait rue Murillo, près du parc Monceau. — « Non ? Demain alors, et surtout tâchez de ne pas devenir comme lui un coureur de soirées… Avec cela qu’elles sont propres, tes femmes du monde !… Il y en avait trois qui me faisaient les yeux doux hier au soir… Tenez, voyez sa figure… Vous ne serez pas plutôt parti qu’il se fâchera… Tu ne vas pas te mettre à être jaloux aussi des femmes ? » ajouta-t-elle en allumant une nouvelle cigarette. « Adieu, René. » — « Elle est comme cela devant vous, » disait Claude en reconduisant son ami, quelques minutes plus tard, jusque dans l’antichambre d’en bas, « mais si vous saviez comme elle peut se montrer gentille, bonne et tendre quand nous sommes seuls ! » — « Et Salvaney ? » interrogea étourdiment le jeune homme. — « Hé bien ! » dit Claude en pâlissant, « elle était allée chez lui voir des gravures pour son prochain rôle ; elle m’a juré qu’il ne s’était rien passé entre eux… Avec les femmes, tout est possible, même le bien, » ajouta-t-il en serrant les doigts de René d’une main qui tremblait un peu… « Que voulez-vous ? je la croirai toujours quand elle me parlera avec une certaine voix. »