CHAPITRE PREMIERLa morsureCharles de Merckheim s’engagea sur la rive droite de la Loire, suivant le quai qui conduit à l’île du Golf ; sa pensée remontait le cours de l’eau, maintenant calmée, moins ample, insensiblement reconquise par l’emprise de ses rives et de ses sables. Il aimait ce fleuve, sa personnalité si forte, sa signification puissante. Son imagination voyait se dresser devant lui les souvenirs de pierre dont ses bords sont semés : Amboise, Blois, tant de délicates merveilles d’un temps où dans l’histoire la force cède à la grâce. Tout, autour de cette onde large et plane, semblait facile, accueillant, prometteur de bien-être et de bonté. Charles pensa : – C’est bien un fleuve de France, paisible et lent ; il épand de la sérénité, mais une sérénité où jouent la vie et la lum