Monsieur et madame IVANOVIĆ

4641 Words
Lyndsay Kimberley PETROVIĆ J'ai pensé qu'Alek serait revenu toquer à ma porte. Mais il ne l'a pas fait. Loin de me soulager, j'ai commencé par me poser des questions. J'ai même pensé au fait qu'il pouvait être dehors à cette heure de la nuit. Et je n'avais pas tord. Le matin, il est rentré à la maison dans ses vêtements d'hier. - Et surtout évite de penser à où il a pu être pour porter encore ces habits Lindsay, me répétais je en regagnant ma chambre. Déjà, il semblait perturbé. Par quoi ? Ça, il ne me l'aurait pas dit. Même si je le lui demandais cela aurait été une perte de temps. Je demande à ce que l'on me monte mon repas depuis ma chambre. C'est pas tous les jours que je peux faire ça. Mais, une fois parfois, Alek ne s'y oppose pas. Dieu merci, cela n'a pas été le cas aujourd'hui. J'avais vraiment besoin de prendre du recul face à tout ça. En ce moment, je travaille depuis la maison. Ordre de mon cher mari. La dernière fois, j'ai cherché à fuir cette maison infernale. Et depuis, la surveillance est double. A chaque fois, j'attends que mon mari s'en aille pour commencer à bosser car j'utilise souvent son bureau. Sachant qu'il y a des caméras, je ne touche à rien. Ce matin, alors que je m'apprêtais à y aller, j'eus un appel de ma belle sœur. - Coucou ma best ! Comment tu vas ? - Ça va. Et toi ? - Moi ça va. Mais toi on ne dirait pas. C'est quoi cette voix chargée de peine ? C'est mon frère pas vrai ? - ... - Dit moi ce qu'il t'a fait. - Rien. - Lindsay, je connais mon frère. En dépit de tout, il t'aime énormément. Néanmoins je sais que mon frère est rancunier. Alors raconte moi tout. Et si je dois lui tirer l'oreille à ce con, je le ferai. Je sais des choses. Mais je veux que ce soit toi qui m'en parle. - Euh... je ne comprends pas, dis je troublée. Qu'est ce que tu sais ? - Par exemple, je sais qui est ton frère. Tu me l'avais dit ce soir là où tu t'étais saoulé la tronche, tu t'en souviens ? - Euh... oui, oui. - Et bien je sais que mon frère le sait. Alors... Qu'il t'aime à en creuver ne supprimera pas ce détail. Savoir qu'elle savait déja a été comme une délivrance pour moi. Trop longtemps j'ai supporté toute seule dans mon coin sans personne à qui en parler. Avec elle je me suis lâchée. - J'ai toujours attendu que tu le fasses de toi même. - J'avais peur. J'avais honte de moi même. - Tu n'as pas à avoir honte ma belle. Combien d'entre nous n'aurait pas fait pareil ? La famille vient avant toute chose ma best. Elle a passé un bon bout de temps à me remonter le moral avant de finir par prendre congé de moi. De mon côté, je suis allée bosser. Milan IVANOVIĆ - Tu crois que ça va marcher ce que tu veux tenter Ghost ? - Il y a intérêt oui. Je ne veux pas qu'à cause de la stupidité de Zoe que la police nous colle dans les pattes. Je préfère leur donner une fausse piste qui ne mènera pas à nous et gérer en interne avec Zoe. Amir n’est pas trop sous les projecteurs avec nous. Ça va le faire. Zayn a dit qu'il allait s'en charger. Voyons voir ce qu'il fera en attendant. - Et il va faire ça depuis la Serbie ? - Il devrait être ici au cours de la semaine. - Ah ! Je vois. On revenait de l'hôpital Alex et moi. Étant donné qu'on n'avait pris qu'une seule voiture, je devais le ramener chez lui avant de me rendre chez moi. On n'habite pas trop loin l'un de l'autre de toute façon. - Explique moi une chose Alex. - Hmmmm hmmm, vas y, accepte Aleksandar le regard perdu dans le vide. - Pourquoi lui avoir confié cette mission spécifiquement alors que je pouvais le faire moi même ? Je ne suis pas assez au courant des choses du groupe depuis quelques temps et je m’interroge. Y a t'il une raison spécifiquement à cela ? Tu m'exclus pourquoi Alex ? - Tu es mar... - Epargne moi l'excuse du mariage Ghost. Je te signale que toi aussi tu es marié. Tu n'as pas ralenti sur les missions pour autant. Au contraire, il y a bien des années où je ne t'ai pas vu bosser autant. Alors, l'excuse du mariage, ça prend pas avec moi. Cherches en une autre. - Sauf que tu es père maintenant. Elle a quel âge ta fille ? 5 mois ? 6 ? 7 ? Tu crois qu'à cet âge, c'est une bonne chose qu'elle devienne orpheline ? Tu as une femme qui... - Foutaise ! En quoi mon statut familial diminue mes capacités à bosser proprement ? - Ce n'est pas... J'ai eu un appel de Madame IP, dénomination pour ma femme, au même moment. J'ai décroché en mettant le haut parleur car je conduisais. - Tu es où Milan ? - Je reviens du NHS. Maintenant je ramène Alex chez lui. - Du NHS ! Elle s'affole. Comment ça ? Quelqu'un est blessé ? Comment ça tu ramènes Alex ? Que se passe t'il avec mon frère Milan ? Il est où sa voiture ? - Non bébé personne n'est blessé. Du calme. - C'est donc quoi le souci ? Il est près de 4 heures du mat IVANOVIC ? Tu me laisses toute seule avec un bébé de 6 mois à la maison. Et toi tu es dans la rue à rouler pour aller chez Ivan. Moi et mon bébé sommes moins importants que ce que tu fais IVANOVIĆ ? - ... - Alors comme ça Lindsay a laissé mon frère passer la nuit dehors elle aussi ? Elle laisse des portes ouverte cette petite. - Bonjour petite sœur ! La salue Alex. Comment est ce que tu vas ? - Bonjour Ivan ! Rend moi mon mari s'il te plaît et va retrouver ta femme. [Clic] Elle a raccroché. Elle a toujours cette manie de raccrocher juste parce qu'elle est frustrée. Elle sait pertinemment que je déteste quand elle fait cela. Elle le fait quand même juste pour me faire chier. - Tu viens de comprendre ou je dois te faire un dessin ? - Je saurais gérer avec ma femme. Merci de t'inquiéter pour mon couple. Je sais encore canaliser ma femme Alex. - Fais le alors. Je gare devant chez lui, il descend sans rien dire et moi je rentre chez moi. Il sait que je suis frustré. Mais il fait celui qui ne le remarque pas. Il a dû penser qu'en ignorant le problème, cela allait se volatiliser comme par magie. Ce n'est pas comme ça que l'on gère ce genre de dossier. En rentrant chez moi, j'ai trouvé Liyah qui m'attendait débout dans le salon, s'appuyant sur le canapé. Elle frappait le sol de ses pieds à tour de rôle en un rythme déstabilisant. A chaque fois son pied si gracieux touchait le sol, on pouvait entrevoir la forme fière et hardie de ses petites jambes, emprisonnée dans un bas de coton rouge avec des boules grises, cachant sa peau si douce. - Bonjour chérie ! Je ralentis mes pas. J'allais lui faire la bise. Elle me stoppe de la main, le visage froissé et pointa l'horloge mural. - Tu as vu l'heure Milan ? Il est déjà 4 heures du mat. C'est une heure pour rentrer chez soi ? Et si on avait eu un problème Yeleen et moi, on aurait fait quoi ? Tu l'auras su comment ? Devrait on attendre jusqu'à ce que tous tes problèmes soient résolus pour que tu daignes te pointer ici tous les jours ? - Il y a eu un problème au bar. C'était urgent que l'on s'en occupe Alex et moi. - Ok. - Ma chérie je suis désolé. Ce sont les risques du métier mon cœur. Tu m'as epousé comme ça Liyah. Que veux tu que je te dise ? Kyra me dévisage. - Bon je vais dormir un peu. Je suis un peu fatigué chérie. Je vais vers elle, la prend par la taille, l'enlace, hume son parfum et me détache. - Allons nous coucher mon cœur. On finira cette discussion demain si tu y tiens. Tu viens ? - Ou, elle traîne sur le mot... Elle empoigna ma chemise et me colle à elle. - Ou ? Répétais-je. - Ouuuuu, on peut profiter que la princesse de la maison dort pour faire autre chose, elle m'allume le regard coquin. - Autre chose comme quoi madame IVANOVIĆ ? J'ai epousé Kyra, tout de suite après le mariage d'Alex. Après 3 mois en fait. Elle a fini par me pardonner de l'avoir quitté quand son frère me l'avait exigé. Puis, de retour de notre lune de miel elle m'a annoncé être enceinte de 9 ou 10 semaines déjà. Avec cette nouvelle, elle a ajouté un grand plus au bonheur que l'on vivait déjà. 6 mois plus tard, notre fille est née. Elle s'appelle Yeleen Aaliyah IVANOVIĆ. C'est Liyah qui a choisi le prénom du bébé. Suivant ce qu'elle m'a dit, la signification du prénom Yeleen correspond à celle qui représente l’équilibre. Chanceuse, séductrice, généreuse et courageuse, des qualités qui lui permettent de réussir sa vie. Puis elle a voulu ajouter l'un de ses prénoms. Elle a donc choisi Aaliyah. On est en mars et notre bébé a 6 mois maintenant. C'est une jolie petite fille au yeux vert comme sa maman. Physiquement, Yeleen n'a rien de moi. J'espère que cela changera lorsqu'elle grandira. Elle pourra au moins avoir mes traits de caractères. Profitant du fait qu'elle devrait être à fond dans le sommeil, avec Kyra, on a tiré un coup vite fait sur le canapé avant de rejoindre notre chambre. Je lui ai mis ça bien. Elle a scandé mon nom au summum du plaisir. Rien de mieux qu'une bonne partie de b***e après un petit differend dans un couple. En regagnant notre chambre, je constate qu'il y a le berceau de notre fille. Mon regard s'attarde dessus cherchant une explication. - Je l'ai emmené ici par précaution. On était seule à la maison toutes les deux. Et... Je m'approche du berceau et caressa la joue de ma fille d'un doigt. - C'est toi qui n'a pas voulu de personnel de maison résident Kyra. Je te l'ai proposé tant de fois. Tu as tout refusé sans évaluer les avantages et les inconvénients. Tu n'aurais pas cette peur bleue à chaque fois que je ne suis pas là. Et moi je serai plus tranquille quand je suis dehors. Tu sais te défendre. Tu sais manier une arme. Mais est ce suffisant Liyah ? Si tu ne voulais pas un de nos gars, j'aurais pu très bien prendre quelqu'un de l'agence de sécurité. - On aurait fait comment pour ne pas qu'ils sachent plus que ce que l'on aurait voulu ? - C'est leur métier d'être discret Kyra, je lui réponds tout en admirant ma fille. - Je sais ce que tu veux faire Milan. D'abord, la dame de ménage. Puis le gardien. Ensuite des gardes du corps. Tu aurais fini par me convaincre de ramener un tas de monde dans notre maison. Je ne veux pas de ça pour ma fille. Je n'ai jamais compris au moment où mon frère me tenait éloigner de tout ceci. Maintenant que je suis devenue mère, je ressens ce besoin de protéger mon bébé de toute mes forces. Mon amour, pour notre fille, limitons ces choses là dans notre vie commune. Je n'ai aucun problème avec qui tu es. Je savais qui j'épousais. Mais notre fille... Elle est innocente Milan. - Je comprends ton inquiétude. Mais il nous faut un gardien, au moins bébé. - Mais le portail est automatique. Pourquoi voudront nous d'un gardien. - Oui, mais... Chez Alex aussi le portail est automatique. Kyra soupire. - Juste le gardien alors. Je caresse une dernière fois la joue de ma fille, embrasse ma femme et je m'en vais me coucher. Kyra en fait de même. Je ne sais pas quand je me suis endormi. Quand je me suis réveillé le lendemain, il était déjà 9 heures. La nounou de notre fille était déjà là et ma femme, partie à son boulot. En venant ici, ma femme avait déjà terminée son master en droit pénal. Quelques mois après, elle a ouvert un cabinet ici à Manchester. Elle s'occupe majoritairement des affaires où l'accusé n'arrive pas à se payer les services d'un bon avocat (en commission d'office en grande partie). Elle épluche d'abord le dossier et si elle est convaincue que la personne est vraiment innocente, elle le prend. Je prend ma douche et descend prendre mon petit déjeuner. Il y avait une note de ma femme. "Mon chéri, je suis partie travailler. Je sais que tu le sais. Mais bon... Comme tu n'as pas trop dormi dans la soirée, j'ai jugé bon de te laisser récupérer ce matin. J'espère juste que je n'ai pas mal fait. Ton petit déjeuner est déjà servi et Jade est avec notre fille. Passe une bonne journée mon cœur. Je t'aime. Bisous !" Je lis les mots de ma femme avec la joie au cœur, plis le papier et le porte à ma poche après avoir fait un bisou dessus. Puis je m'asseois déjeuner. Jade est arrivée avec Yeleen toute propre dans ses bras. Elle me sourit dès qu'elle me vit. Elle aime trop rire cette petite. Petite attention exclusive pour la famille à dire vrai. - Donne la moi Jade. Je vais m'en occuper pendant que je suis encore là. Elle me la tend et repart. Je l'allonge sur moi sur le dos en continuant à déjeuner. Je lui parle, lui fait des papouilles. Elle écoute. Ou du moins je crois qu'elle écoute car elle n'arrête pas d'agiter ses petites mains toutes frêles et de me montrer ses chicots ecartés. - Tu veux manger avec papa, ma princesse ? Pa-pa. Tu dis pa-pa. Elle agite ses mains par défaut de pouvoir répondre. Je ne sais pas ce que cela voudrait dire dans son language à elle. Je la regarde faire avec attention et lui donne des bisous en récompense. Elle glousse à chaque fois. Elle adore ça. Par moment je la fais planer comme l'avion. Ça aussi, elle adore. Ces petits moments avec elle, c'est le graal pour le père que je suis. Dommage que l'on ne puisse pas passer nos journées entières ensemble. Il y a aussi le boulot. - Jade, viens récupérer Yeleen s'il te plaît. Je pars maintenant, je l'appelle lorsque je termine mon repas. Papa dois aller travailler mon poussin, je m'adresse à ma fille. On se dit à ce soir mon ange ? Oui ? Tu es d'accord ? On dit aurevoir papa. Je lève sa petite main afin qu'elle fasse "bye bye". Elle ne voulait pas. - Tu ne veux pas dire au revoir à papi ? Tu veux que je reste ? - Brrrrr. - Liyah ! Elle roucoule et me montre encore ses petites dents qui sortent à peine. Elle ne fait que ça cette petite. Jade arrive au même moment, récupère Yeleen de mes bras et je pars enfin travailler. Ma fille ne pleure pas quand on doit sortir sa mère et moi. C'est une grande comme le souligne souvent Alex. En parlant d'Alex, je rejoins ce dernier au Heaven. On doit peaufiner les derniers détails à propos de ce qui s'est passé hier soir au bar. On doit s'assurer que la fille là garde sa bouche fermée. Si quelqu'un peut tout faire capoter, ce serait elle. Quand je suis arrivé, il discutait déjà avec Amir. Je ne sais pas s'ils ont remarqué ma présence car ils ont continué la discussion au calme. - Tu as compris Amir ? - Oui. Que je ne sois pas trop pressé d'avouer et que je dois faire attention à ce que je vais dire quand je me déciderai à le faire. Et que je dois choisir qui doit être là. - Bonjour à tous ! Je fis mon entrer. - Ah ! Tu es là. Je disais à Amir... - J'avais compris. Je me tourne vers Amir. - Tu peux nous laisser s'il te plaît ? - Bien sur, Amir s'en va en grimaçant. J'attends qu'Amir quitte la pièce pour parler avec lui. - Tu peux me dire ce que tu fais Alex ? - Comment ça ce que je fais ? Il répond comme si de rien n'était. Tu n'es pas arrivé à l'heure. Amir était là, je lui parle. C'est tout. Depuis quand cela devient un problème ? - Tu es sur de toi ? Tu ne me cacherais rien par hasard ? Depuis un moment je t'observe. Tu restreins mes fonctions du groupe. Et ça tu le fais si bien que cela peut paraître comme si c'était juste occasionnel. Tu as une excuse à chaque fois. C'est quoi encore l'excuse pour cette fois ? Dis moi. - Tu as une famille a protéger Milan. Ne l'oublie pas. Tu te dois d'être disponible pour elles. Les choses ne peuvent plus se faire comme avant. Tu devrais le savoir depuis là. - Si je n'étais pas marié à ta sœur, tu aurais toujours procédé ainsi ? - Peut être pas. Mais ça on ne le saura peut être jamais vu que TU as choisi ma sœur. Alors, on ne peut rien y faire Milan. Fallait pas épouser ma sœur. Il me fournit tant d'explications. Rien de ce qu'il dit ne tienne la route. Et à chaque fois, il y a sa sœur au milieu. Et là je viens de faire le lien. Kyra a dû exposer ses peurs à son frère et ce dernier comme toujours se plie en quatres pour lui faire plaisir. - Je comprends maintenant, je ris nerveusement. Elle t'en a parlé, c'est ça ? Elle t'en a fait part de ses craintes et toi pour la rassurer tu me mets à l'écart. - ... - Ah ok ! Je vois. C'est peut être ta sœur Alex, j'hausse le ton. Mais elle est MA femme. Notre relation, c'est elle et moi. Et de ce que je sais, cela n'a aucun impact sur mon travail. Elle n'a pas le droit de se mêler de ça. Et toi... Fou de rage, je serre les poings. - Elle est juste inquiète Milan. C'est assez compréhensible je crois. Si elle devrait représenter des clients dangereux, cela n'allait pas t'interpeller jusqu'à chercher à y mettre fin ? - ... - C'est parce qu'elle t'aime énormément qu'elle fait tout ça. - Oh, mais elle va m'entendre, je grogne énervé. Je te jure qu'elle va m'entendre. C'est quoi ces foutaises ? Elle savait qui elle épousait. Kyra Lexa Aaliyah IVANOVIĆ Il est tout juste 11 heures du matin. Je reviens à peine du tribunal. Actuellement, je suis sur une affaire de viols sur mineure. Ma cliente a été séquestrée au préalable, enfermée puis abusée par une b***e d'amis qui l'ont abandonné pour morte sous un pont après leur acte odieux. Heureusement pour elle, des passant qui allaient par là l'ont vue et l'ont amenée à l'hôpital où on l'a prise en charge les minutes qui ont suivies. Un tel comportement me répugne. Cette histoire réveille en moi des mauvais souvenir que je m'étais efforcée d'oublier au fil du temps. La première fois que j'ai entendu la complainte de ma cliente, je me suis imaginée à sa place. Je sais que dans ce métier, ce n'est jamais bon quand on est trop empathique. Mais là, je n'ai pas pu m'en empêcher. Ce jour là, je m'en souviens comme si c'était hier. Si Milan arrivait juste une minute après, j'aurais pu moi aussi vivre pareille atrocités. Et tout ça me retourne les broyaux que des gens comme ça puisse exister encore et qu'ils courent dans nos rues. Je partage le cabinet avec une collègue. Elle est beaucoup plus âgée que moi et exerce en droit des affaires. C'est une americaine et elle n'habite pas à Manchester mais Londres de préférence. Elle n'est là que les weekends et/où à l'extraordinaire. Elle m'a aidé à mettre sur place une organisation venant en aide au victime de viols. Son mari et elle font partis des donateurs les plus fidèles du centre en fait. C'est d'ailleurs là bas que j'ai eu à croiser mon actuelle cliente. Au départ, elle m'a abordé timidement. Et m'a exposé son cas. Elle a juste 17 ans. C'est une très jolie jeune fille pleine de vie. A cet âge, on termine ses études, va à l'université. Alors qu'elle... Suivant ce qu'elle m'a expliqué, elle vivrait avec sa grand mère paternelle dans une petite chambrette et il se trouve que celle ci soit aveugle. Pauvre petite. La vie n'a pas été tendre avec elle. Actuellement ses agresseurs sont en détention provisoire en attendant le jugement. Ils étaient au nombre de 3 pour le faire. J'ai déjà donné ma parole à la petite. Ils ne s'en tireront pas. Pour moi c'est personnel. Je l'aime bien cette petite. - Mel s'il te plaît, tu peux faire entrer la demoiselle dehors ? Je scrute encore le dossier. - Malia. Malia Turner est son nom. - Je te l'envoie tout de suite, affirme Mélanie. - Merci chère. Elle est arrivé quelques minutes plus tard en avançant timidement vers moi. - Prends place s'il te plaît. Tu vas bien ? - Oui madame. - Combien de fois t'ai je demandé de ne pas m'appeler madame Malia? J'ai juste 8 ans de plus que toi. Tu aurais pu être ma petite sœur. Malia inclina sa tête. - Je... je suis désolée. - Ce n'est pas facile pour toi d'entendre ce que je m'apprête à te dire. Je compatis d'ailleurs. Mais il le faut. Tu dois savoir qu'on a pu trouver ceux qui t'ont fait ça ma belle. C'est pour ça que j'ai été au tribunal ce matin. Ils seront bientôt jugés. Tu n'as plus à avoir peur. D'accord ? Ils auront tous ce qu'ils méritent. Mais, il te faudra les identifier. - Je le sais Lexa. C'est juste que parfois... Voyant que c'était difficile pour elle de terminer, je lui ai pris les mains dans les miennes. - Hey ! Garde ton calme ma belle. Tu es une fleur. Tu es une reine comme le dit ton prénom. Tu ne dois pas craquer maintenant ma belle. On est presqu'au bout. Juste le dernier round. Malia se replia sur elle même. - Cela se passe comment avec le psy que je t'ai recommandé ? - Ça avance. Il m'a dit que je devrais commencer à essayer de m'exprimer mais sans trembler. Car je ne suis pas la responsable de ce qui s'est passé et que je ne suis pas la méchante dans l'histoire. Il m'a donné un exercice à faire chez moi et au prochain rendez vous, il verra à quel niveau j'ai avancé. - Quoi donc comme exercice ? - Il a dit que je devrais me tenir face à un miroir et me raconter à moi même ce qui s'est passé ce soir là. Et que je devrais le faire sans pleurer. - Cest bien ma chérie. Essaie jusqu'à ce que tu y arrives. Ne te mets pas la pression mais fais le. Suivant les dernières enquêtes faites à ce sujet, on s'est rendu compte que seules 16 % des victimes porteraient plainte, les autres gardant le silence. Par peur d'être jugé, rejetté, et même d'être ténu responsable de ce qui leur est arrivé. Combien de fois n'ai je pas entendu dire d'une victime de viols que si elle ne s'habillait pas comme si ou ça, si elle n'avait pas accepter telle ou telle chose ça ne lui serait pas arrivé ? Comme ça, au lieu d'éduquer les hommes à respecter le corps d'une femme, à maîtriser leur pulsion, on cherche à les deresponsabiliser. Et regrettablement, au lieu de chercher à protéger les femmes, on les amène à culpabiliser. La victime de viol est dans le silence et la mort, parce qu’elle est niée dans son humanité qui est celle du langage et de la parole. La négation de l’être s’accompagne de sa désertification par le langage. La victime ne peut plus parler parce qu’elle n’est pas reconnue par un autre comme être parlant a dit Liliane Daligand dans son livre intitulé Victimes et auteurs de violence sexuelle parue en 2016. Ce qui, à mon humble avis est une vérité. Voyez vous, la violence se définit comme étant la négation de l’autre. Le bourreau ne reconnaît pas sa victime comme étant un être égal à lui même. Le narcissisme grandissant dans son imaginaire l'empêche de se faire une bonne représentation de l’autre. Ce phénomène est devenu très fréquent dans la vie quotidienne et est mis en scène de façon évidente dans toute agression sexuelle. Toujours dans ce même ouvrage, l'auteur décrit l’agresseur par ces mots. Elle dit que l'agresseur par ses attitudes, ses coups, son langage réduit l’autre à n’être plus qu’une chose à posséder. L’autre, vide de son altérité, est plongée dans la sidération, le silence et la mort. Je trouve que c'est vraiment dommage qu'en plein 21e siècle, certaines personnes n'arrivent pas à se respecter assez pour respecter la vie d'autrui. Parce que oui, la charité bien ordonnée commence par soi même. Il est difficile, voire même impossible que quelqu'un puisse aimer les autres sans s'aimer au préalable. Je termine mon entretien avec Malia et je lui fixe un rendez-vous pour la semaine prochaine au procès. Ce serait douloureux, mais il le faut. Voir de ses propres yeux que justice a été faite pourra l'aider à avancer. Je vais demander au psy qui la suit de la préparer d'avantage à faire face à ces pourritures qui l'ont agressé si lâchement. Je veux qu'elle soit prête pour le jour-j. Avec viols sur mineures, séquestration et tentative d'assassinat, ils en auront pour très longtemps. Je vais m'en assurer de cela. Et je tiens à ce qu'elle voit ça. Le reste de la journée, je me suis penchée sur d'autre cas semblable à celui ci. Et vers 16 heures je rentre chez moi. Habituellement, c'est à cette heure que Jade dois partir. Si je vais tarder, je la préviens, elle reste et je lui ajoute un bonus. Sinon, je m'efforce d'arriver à temps pour la relever de ses fonctions. Elle attend que je termine de me doucher, me dit aurevoir et s'en va. Je vais chercher ma fille qui jouait sur son petit matelas poser au salon. Je m'en approche, m'allonge à côté d'elle et lui parle comme si moi aussi j'étais un bébé. - C'est qui la princesse de maman ? C'est qui, heinn, Yeleen ? Yeleen gazouille. - J'ai hâte que tu grandisses ma poupée pour que l'on puisse jouer tranquillement toutes les deux ma grande. Elle me roule dessus en rigolant. C'est un jeu pour elle. Milan est entré au même moment. A première vue, il n'avait pas l'air dans son assiette. - Bonne arrivée mon chéri ! J'avais touché la main de ma fille, qui en profita pour me serrer le doigt de sa petite main. - On dit bienvenue à papa Mi ma princesse ? Pa-pa ! Voici pa-pa, je souris à ma fille. Yeleen s'agite. Milan lui sourit. Et reporte son attention sur moi. Il est glacial. Tellement, que j'ai prie peur. - Tu peux m'expliquer pourquoi tu es allée te plaindre de moi à ton frère Kyra ?
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