Tiziana
Cela faisait exactement neuf jours depuis ma fameuse dispute avec Giorgio. J'avais continué à bosser en couvrant les marques de violence.
J'avais dû décommander la visite de mon cousin Matteo, car je ne voulais en aucun cas qu'il me voie avec ces traces sur le corps. Matteo était quelqu'un de fougueux et je voulais éviter un drame, car je suis certaine qu'il serait allé demander des comptes à Giorgio, et cela, pas de la manière la plus cordiale qui soit.
Nous étions dimanche soir, j'avais à peine fini le boulot et j'étais en train de rentrer à la maison. Mon téléphone n'avait pas arrêté de sonner. J'avais réussi à changer quelques tours de travail avec des collègues afin de ne pas rencontrer Giorgio, car ce dernier se présentait très souvent à ma sortie parce qu'il détenait mon emploi du temps.
Je garai la voiture devant l'immeuble en jetant un regard circulaire autour de moi, je pouffai un ouf de soulagement en notant l'absence du véhicule de Giorgio.
Je descendis nonchalamment de la voiture et ouvris la malle arrière pour extraire les achats que j'avais effectués avant d'aller bosser quand je le vis se matérialiser devant moi comme par enchantement.
- Tiziana, Tizi, s'il te plait chérie, dit Giorgio d'un ton suppliant.
- Giorgio, répliquai-je d'une voix lasse, nous n'avons plus rien à nous dire.
Je me rapprochai de la porte d'entrée et essayai d'y insérer ma clé, mais à ma surprise, Giorgio se saisit rudement de ma main et me tourna violemment vers lui.
- Ça suffit maintenant, tu vas m'écouter ! Je pense m'être déjà assez excusé ! s'exclama Giorgio le regard vide.
Je pris peur à cet instant.
- Giorgio, j'ai eu une longue journée aujourd'hui et je suis extrêmement fatiguée, j'ai vraiment besoin de repos, dis-je courageusement.
- Toujours la même excuse, hurla Giorgio en me bousculant rudement. Je ne demande qu'à te parler bon sang.
Je commençais déjà à paniquer quand j'entendis une voix hurler de loin.
- Tiziana, Tiziana, tout va bien ? demanda Caroline depuis son balcon.
Je n'avais même pas remarqué sa présence et je remerciais silencieusement le ciel pour son intervention. Je levai la tête dans sa direction et lui répondis.
- Euh, euh, oui tout va bien, réussis-je à lui crier d'une voix que j'espérais calme.
Je savais qu'avec sa présence, Giorgio serait obligé de se tenir à carreaux.
- Giorgio, laisse-moi rentrer chez moi, murmurai-je d'une voix lasse.
- Tiziana, il faut qu'on parle ! s'exclama Giorgio.
J'avais le regard tourné vers Giorgio quand le clic de l'ouverture automatique de la porte d'entrée et la voix de Caroline résonna dans mon dos.
- Tiziana, as-tu besoin d'aide ? demanda Caroline en regardant avec insistance les sachets de supermarché que je tenais en main.
- Merci Caroline, t'es gentille, lui répondis-je avec soulagement en lui tendant l'un des sachets. Aurevoir Giorgio, dis-je en me tournant vers ce dernier.
Je rentrai dans l'immeuble après Caroline et m'assurai d'avoir fermé soigneusement la porte derrière moi. Je commençai à monter les marches qui menaient à nos appartements quand le soulagement que j'avais éprouvé plus tôt fut remplacé par un sentiment de honte. Caroline me précédait silencieusement et s’arrêta enfin devant mon appartement. Elle se tourna vers moi et me tendit le sac qu'elle tenait en main.
- Bon beh, je vais y aller, je te souhaite une bonne nuit, dit Caroline d'un ton embarrassé en évitant de croiser mon regard.
- Euh, merci beaucoup Caroline, euh, euh, tu ne voudrais pas entrer un moment, rétorquai-je d'un air hésitant.
Je me sentais certes honteuse, mais je n'avais aucune envie de me retrouver dans la solitude de mon appartement. Une fois de plus, Caroline était intervenue, me sauvant ainsi la mise.
- Euh, sans problème, donne-moi juste une minute, répondit Caroline.
Caroline rentra dans son appartement pendant que j'entrais dans le mien. Je profitai pour ranger mes effets en attendant son retour. Je sentais un énorme nœud à ma gorge. J'avais une terrible envie de pleurer, mais j'essayais d'être forte.