Tiziana
J'étais assise dans l'avion en direction du Cameroun. J'étais super excitée, mais aussi anxieuse. C'était la première fois pour moi de faire un voyage aussi long. Nous ferons une escale de trois heures à Paris avant de prendre le vol qui nous conduira vers Yaoundé. Alessandro nous avait conduites à l'aéroport très tôt ce matin. Caroline et lui s'étaient séparés avec beaucoup de difficultés. Je ne comprenais pas la réticence de Caroline vis-à-vis de lui, c'était un mec chic et il était évident qu'ils avaient beaucoup de points en commun. Leur air complice parlait pour eux. J'en étais presque arrivée à les envier. Je poussai un profond soupir en pensant à ma relation avec Giorgio. Je l'avais revu il y'a une semaine et j'avais eu de la peine à me séparer de lui.
Flash-back
Je suis actuellement assise dans un coin assez retiré de ce café en attente de Giorgio qui devrait arriver d'ici peu. J'avais préféré lui donner rendez-vous dans un lieu neutre pour éviter d'éventuelles crises de colère de sa part. Il n'oserait agir violemment dans un lieu public, mais j'avais tout de même le cœur qui battait à vive allure chaque fois que je jetais un œil vers la porte d'entrée du café. Je le vis garer sa voiture et descendre dans toute sa prestance. Il avait vraiment un physique athlétique et attirait le regard des femmes présentes dans ce local. Il vint à moi, me fit deux bises rapides et s'assit sur le siège en face de moi. Il ôta ensuite ses lunettes de soleil tel une vedette de Hollywood et planta son regard dans le mien tandis que mon cœur faisait un bond dans ma poitrine.
- Bonsoir Tizi, dit-il d'une voix grave.
- Bonsoir Giorgio, répondis-je d'un ton un peu embarrassé.
J'essayai de calmer les battements de mon cœur, mais ces derniers s’accélèrent plutôt quand j'imaginais sa réaction vu ce que je comptais lui annoncer. Nous avions certes de sérieux problèmes, mais nous n'avions pas cependant rompu. Je savais aussi que ce voyage lui avait coûté une fortune et il ne roulait pas non plus sur l'or.
- Tu vas bien ? me demanda-t-il d'un ton prévenant.
- Je vais bien merci et toi ?
- Ce n'est pas la pleine forme, mais on essaie d'avancer, répondit Giorgio en soupirant.
- As-tu des problèmes au boulot ?
- Non, lança-t-il en me fixant dans les yeux.
Je compris finalement la nature de son manque d'énergie et baissai les yeux d'embarras.
- On commande quelque chose ? demanda-t-il.
- Juste de l'eau pour moi.
- D'accord, répondit-il simplement en faisant un signe de la main au serveur.
Celui-ci se présenta rapidement à nous et Giorgio commanda de l'eau et du Coca pour lui.
- Je t'écoute, dit Giorgio quelques minutes plus tard, après que le serveur ait déposé nos commandes sur la table et se soit éloigné discrètement.
- Euh, euh, en fait, euh... bégayai-je incessamment sans réussir à former une vraie phrase.
- Je t'écoute Tiziana, parle-moi sans détours, ne t'en fais pas, dit Giorgio d'une voix douce.
Cette délicatesse de Giorgio ne m'aidait en rien. Je retrouvais effectivement le Giorgio que je connaissais quand nous étions dans notre bulle à nous, pas d’élément externe "perturbateur".
- Euh, en fait, j'ai décidé de ne pas aller aux Seychelles, lâchai-je courageusement.
Giorgio baissa la tête et sembla accuser le coup. Un silence lourd s'installa entre nous un bref moment. Il releva enfin la tête et me fixa dans les yeux.
- Tu sais, je ne t'en veux pas. Mon comportement ces derniers mois a été inacceptable et je te comprends, dit enfin Giorgio d'une voix peinée.
Un autre lourd silence prit place entre nous.
- Que comptes-tu faire ? Tu vas-y aller de toute façon ? demandai-je.
- Je ne sais pas, dit-il d'une voix perdue en se passant la main dans les cheveux. Je pense tout de même y aller. Je vais essayer de voir combien pourrait coûter le changement de nom et proposer à Davide peut-être d'y aller avec moi.
- D'accord, répondis-je d'une voix douce.
Un autre silence...
- Et toi ? Que vas-tu faire ? Tu vas rester ici ? demanda Giorgio.
Mon cœur reprit sa course à ces mots. Il était temps de me jeter à l'eau.
- Euh, euh, je compte aller au Cameroun avec ma voisine, Caroline, tu l'as...
- Quoi ? s'exclama Giorgio en se redressant brusquement de la chaise, tu plaisantes je suppose ! Il n'en est pas question.
Son regard lançait des éclairs et il s'agitait nerveusement sur sa chaise.
- Et pourquoi donc ? Je ne suis pas libre d'aller et venir à ma guise ? répondis-je avec véhémence.
Giorgio me regarda un long moment avec de la fureur dans les yeux avant que cette dernière ne soit remplacée par de la douceur.
- Je sais Tizi, pardonne-moi bébé, essaie de me comprendre aussi. Ce voyage était programmé depuis des mois et j'étais vraiment heureux de passer ce petit moment de relax avec toi et je me retrouve tout à coup à devoir y aller, si j'y vais, tout seul. En plus, tu vas quand même en voyage, mais tu préfères y aller sans moi, argumenta Giorgio d'une voix peinée.
- Je sais Giorgio, mais comprends-moi, j'ai vraiment besoin de m'éloigner pour faire le point.
- Je te comprends, répondit Giorgio d'une voix douce, excuse-moi si je me suis laissé emporter tout à l'heure. Je crois que la déception a parlé pour moi.
- Ok, répondis-je simplement.
On resta un bref moment en silence à se regarder dans les yeux.
- Sinon, ça va ? Le boulot se passe bien ? demanda Giorgio pour faire diversion.
- Oui, ça va assez bien et toi ?
- Ça va, répondit-il.
On continua à papoter pendant un quart d'heure. Giorgio eut de temps en temps quelques gestes doux à mon endroit, mais je ne le repoussai pas.
- Je dois y aller, je commence demain très tôt, dis-je.
- Pas de problème, répondit Giorgio avec affabilité.
Il se leva prestement, se rendit à la caisse régler la note et on sortit enfin du café. Il m'accompagna à ma voiture qui se trouvait à quelques pas de là.
- Tout est ma faute si nous en sommes arrivés là et j'en suis pleinement conscient, mais saches que je t'aime sincèrement et je ne compte pas baisser les bras, dit Giorgio d'une voix douce. Tu me donnes l'autorisation de t'appeler de temps en temps ?
Je n'eus pas le cœur de refuser.
- Bien sûr, répondis-je enfin. Tu pourras m'écrire ou m'appeler sur w******p, Caroline m'a dit que c’est le moyen qu'elle utilise le plus souvent pour joindre sa famille.
Il me serra ensuite très fort dans ses bras. Il maintint son étreinte un bon moment avant de me lâcher et de coller son front au mien. Il me dit ensuite un léger b****r sur les lèvres et s'en alla finalement. Je restai un long moment à le regarder s'éloigner. J'avais le cœur qui battait à un rythme effréné. Je déverrouillai ma voiture et m'y installai le cœur en tumulte.
Fin du Flash-back