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Destin plongea sous les vagues et commença à nager vers le rivage. Même si cela le contrariait, il devait rentrer à la maison. Il avait promis à Ami qu'il lui préparerait des pancakes en forme de souris ce matin, comme il avait l'habitude de le faire pour Kali.
Il n’avait parcouru qu’une courte distance quand il aperçut quelque chose qui brillait sous l’eau. Faisant surface, il regarda autour de lui en fronçant les sourcils avant d’inspirer profondément et de replonger. Il cligna des paupières quand il vit le corps d'une jeune femme flotter tout au fond. Son cœur palpita de désarroi. Il avait vu assez de morts dans sa vie. La femme ravissante qui flottait sereinement au fond était trop jeune pour connaître un tel sort.
Se précipitant vers le fond avec des mouvements fermes et puissants, il tendit les bras vers elle. L’eau salée lui brûlait les yeux, mais il refusait de les fermer. Il lui saisit le bras et l’attira rapidement contre son corps dur, puis changea sa prise sur elle pour l’agripper plus fermement par la taille, et poussa sur ses jambes.
Les mains élancées de la jeune femme serrèrent ses épaules nues, et ses yeux bleu vif et lumineux s’ouvrirent d’un coup. Destin et la femme se regardèrent dans les yeux, mutuellement choqués. Ses délicates lèvres bleu pâle s’ouvrirent, et Destin eut peur qu’elle n’aspire instinctivement une goulée d'eau. Ne sachant pas quoi faire, il couvrit ses lèvres des siennes. Au moment où il sentit ses lèvres toucher les siennes, une vague de chaleur le parcourut et il ne put s’empêcher de se demander s'il avait capturé une véritable sirène vivante.
Destin savait qu’il devrait la relâcher, ou du moins ses lèvres, quand ils referaient surface, mais le feu qui s’était embrasé quand il avait plaqué ses lèvres sur les siennes semblait avoir court-circuité cette partie de son cerveau. Elle ne l’aidait pas non plus dans sa résolution. Ses mains se crispèrent sur ses épaules, mais elle ne le repoussa pas et ses lèvres douces tremblèrent légèrement tandis que son souffle se mêlait au sien. Destin mit plusieurs secondes avant d’enfin forcer son corps à accepter de s’arrêter. Il leva la tête à contrecœur, mais garda toutefois la jeune femme fermement plaquée contre lui.
— Vous allez bien ? demanda-t-il, clignant des paupières pour chasser l’eau salée de ses yeux.
— Je... Vous... Bien sûr, je... Vous ! crachota la femme avant d’écarquiller les yeux quand elle le reconnut. Vous n’êtes pas censé être ici !
Destin eut un léger sourire.
— Où suis-je censé être ? demanda-t-il en arquant un sourcil, étudiant son visage avec un désarroi croissant. Je vous connais..., commença-t-il.
— Vous devriez être sur ce monde horrible et barbare, dit sèchement la femme, repoussant ses épaules. Lâchez-moi !
Destin fut frappé quand il la reconnut. Ses bras se détendirent assez pour que la femme, Jersula Ikera, puisse s’écarter de lui. Elle battit l’eau pour mettre de l’espace entre eux, ses yeux bleu clair ayant l’éclat du feu. C’était une femme bien différente de celle qu’il avait brièvement rencontrée sur Terre. Celle-ci était... l’image d’une sirène lui vint soudainement à l'esprit.
Des problèmes en perspective, pensa-t-il avec une grimace, se tournant et partant à la nage vers le rivage. Il se remit à marcher dès qu'il eut pied. Il voulait mettre autant de distance que possible entre lui et la Conseillère usoleum qu’il avait rencontrée sur Terre.
Il essuya ses lèvres brûlantes du dos de la main. Il sentait toujours sa saveur. C'était une bonne chose qu’il lui tourne le dos, sans quoi elle aurait remarqué la preuve physique de sa réaction envers elle. Il lui vint soudain à l'esprit qu'elle en avait forcément eu conscience quand elle s’était retrouvée plaquée contre lui.
Bon sang ! Eh bien, il n’allait pas le lui rappeler en lui donnant une deuxième occasion de le voir. Il était certain qu’elle serait ravie… ou pas.
Destin marmonna une bordée de jurons tout en sortant de l'eau. Il traversa la plage à grands pas, passant devant le fin tissu bleu foncé qui se découpait contre le sable blanc. Lui tournant toujours le dos, il saisit son pantalon de jogging et l’enfila avec des doigts crispés. Il passa la main à travers ses cheveux mouillés. Les mèches brun foncé étaient coupées dans un style militaire court et sècheraient rapidement.
Destin attrapa son T-shirt sur le rocher. Il était toujours mouillé après son jogging et il décida que cela ne valait pas la peine de l’enfiler. Il prit une inspiration profonde et apaisante, la relâchant lentement avant de se tourner pour s’assurer que Jersula était revenue vers le rivage. Il aurait eu les boules si elle s'était noyée pendant qu’il essayait de cacher son érection de tous les diables. Il ne se voyait tout simplement pas expliquer cela à Razor et au Conseil trivator !
Un grognement frustré lui échappa quand il la vit émerger hors de l'eau dans cette combinaison bleue moulante qui ne laissait quasiment rien à l'imagination. Le regard de Destin se figea sur les monts jumeaux de ses mamelons qui pressaient contre le tissu, et il déglutit difficilement. C’étaient des boules dures, parfaites pour...
— Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas été avec une femme, marmonna-t-il à mi-voix.
Il força son regard à remonter vers le visage de la jeune femme. Il afficha un léger sourire quand il vit que ses yeux envoyaient toujours des éclairs d'indignation. Elle paraissait complètement différente de la première fois qu’il l’avait rencontrée. Il l'avait alors trouvée fascinante, aussi, ce qui n’avait pas apaisé son humeur durant leur seule et unique rencontre.
Ses longs cheveux blancs et soyeux, ses yeux d’un bleu glacial et ses étranges lèvres bleues lui rendaient difficile de détourner le regard. Elle était une reine des glaces éthérée. À l'époque, il avait été furieux contre lui-même de réagir de la sorte à une extraterrestre. Il s’était dit qu'elle devait avoir été coulée dans même moule que Badrick, mais la femme qui ramassait d’un mouvement colérique le tissu soyeux étendu sur le sable n’avait rien de glacial. Il se remémora la chaleur de son souffle et la douceur de ses lèvres.
Elle plaqua le tissu devant elle et ses longues jambes parcoururent les cristaux fluides, refermant rapidement la distance entre eux. Il ne put s’empêcher de remarquer que ses cheveux étaient de la même couleur que le sable étincelant. Ses joues étaient d’une teinte bleue légèrement plus foncée que précédemment et étaient assorties à la couleur profonde de ses yeux. Il faudrait qu’il se souvienne que lorsqu’elle était en colère, ses yeux prenaient la couleur de l’océan chez lui.
Le temps qu’elle s’arrête devant lui, elle haletait. Il balaya son visage du regard, remarquant la mèche de cheveux collée à sa joue. Machinalement, il la repoussa tendrement en arrière.
— Je suis content que vous alliez bien. Quand je vous ai vue flotter au fond de l’eau, j’ai eu peur que vous ne soyez morte, murmura-t-il.
Les lèvres de Sula s’écartèrent de surprise. Elle déglutit et leva la main pour se toucher la joue, s'interrompant quand elle sentit celle de Destin la frôler.
— Pourquoi... pourquoi m’avez-vous embrassée ? demanda-t-elle doucement.
Destin laissa tomber sa main contre son flanc et regarda par-dessus son épaule l’océan derrière elle. Dans son esprit, les innombrables visages de ceux qu’il avait dû enterrer au fil des années se superposaient à celui de la jeune femme, si immobile sous l’eau. Il lui répondit sans la regarder.
— J’ai cru que vous vous étiez noyée. Quand je vous ai touchée, vous avez ouvert les yeux et j’ai vu vos lèvres s'ouvrir. J'ai peur que vous n’inhaliez de l’eau et vous étouffiez. C'était la seule façon que j’ai trouvée de vous protéger, répondit-il en haussant les épaules. Quoi qu'il en soit, je suis content que vous alliez bien. Pardonnez-moi si je vous ai offensée. Ce n'était pas mon intention. Il faut que je parte, dit-il d’un ton sec.
— Je..., commença à dire Sula, mais sa voix mourut quand il se tourna et commença à s'éloigner. Humain... Destin !