Scène II Albertus, seul. Il n’y a plus à en douter, cette lyre est enchantée. Elle commande aux éléments ; elle commande aussi à la pensée humaine ; car mon âme est brisée de tristesse, et, sans comprendre le sens mystérieux de son chant, je viens d’en subir l’émotion douloureuse et profonde… Enchantée !… Est-ce donc moi dont la bouche prononce et dont l’esprit accepte un pareil mot ? Il me semble que mon être s’anéantit. Oui, ma force intellectuelle est sur son déclin ; et, au lieu de lutter par la raison contre une évidence peut-être menteuse, je l’accepte sans examen, comme un fait accompli… Peut-être le meunier du moulin, que j’aperçois là-bas parmi les peupliers, pourrait m’expliquer fort naturellement le prodige des eaux suspendues dans leur cours. Il n’a fallu qu’une coïncidence f