XVI La fille du forçatNous étions au printemps ; la nature m’attirait et me dominait de plus en plus. Je me sentais soulevé par la marée montante de vie qui débordait autour de moi. Tout me paraissait nouveau, presque inconnu. La simplicité, la force, le calme, la sagesse, rayonnaient à mes yeux, comme un soleil d’évidence, pour éclairer les beautés morales de l’univers. Et quand, encore ébloui de cette lumière, j’essayais de replonger mes yeux dans le gouffre où se débattait ma conscience, je n’apercevais plus que des ombres, des fantômes à peine distincts des ténèbres où je croyais les voir flotter. Parfois je me demandais si le mot de l’énigme du bien et du mal était vraiment caché dans les replis inconnus de la conscience humaine, ou s’il n’était pas plutôt écrit à chacune des pages