– Malheureux ! lui dis-je, quelque affreux que soit votre sort, vous décourageriez jusqu’à la pitié. Quel mal vous ai-je fait pour mériter des paroles aussi amères ? Je me suis approché de vous pour vous secourir, et voilà ma récompense ! Soit que ces mots l’eussent touché, soit que l’excès de sa violence eût amené une réaction, il s’arrêta immobile, muet, baissant la tête, et, portant les deux mains à son front, il se mit à sangloter. Ces larmes sans regard avaient quelque chose d’affreux. Je le regardais pleurer ; le chien, accroupi à ses pieds, le considérait avec une attention inquiète et de temps en temps tournait ses yeux vers moi comme pour m’interroger. Peu à peu l’aveugle se calma, et alors, tendant la main dans l’espace comme pour chercher la mienne, il me dit : – Pardonnez-moi