CHAPITRE VI L’opéra C’est en retournant chez moi, le lendemain, que je fais ces réflexions ; car alors je suis à jeun, les vapeurs du dîner, du souper de la veille ne troublent plus ma raison, et je vais maintenant me faire de la morale… Mais à quoi bon ?… Quel mal, après tout, que Ninie soit ma maîtresse ?… Mieux vaut peut-être celle-là qu’une autre. Elle est gentille, je la crois douce et franche. À la vérité elle n’a pas grand esprit et aucune éducation ; mais je ne la mènerai pas dans le monde ; avec un châle et un chapeau elle ne sera pas ridicule à mon bras ; d’ailleurs, on ne sort jamais qu’à la brune avec une grisette. Elle m’a dit qu’elle m’aimait beaucoup… ce beaucoup-là est venu bien vite… Je ne la crois pas susceptible de ressentir une violente passion ; elle croit qu’elle ai