Entre ses griffes

Chapitre 5

Cassandra

Je ne m’attendais pas à ce qu’il me dise ce genre de commentaire… Et j’avoue que cela me perturbe un peu. Je décide de me concentrer sur la route et d’oubli l’homme qui se tient à mes côtés. De toute manière… Tout est réglé d’avance. Mon cœur est loin d’ici et il ne risque pas d’en pâtir…

_ Tu sembles perdu dans tes pensées. Me demande-t-il.

Je ne lui réponds pas, essayant de comprendre ce que je ressens… Je fais le vide dans ma tête et cherche à ne faire qu’un avec la nature qui m’entoure. Ce qui n’est pas facile étant dans un camion qui roule et surtout qui n’a rien de naturel, tout comme l’homme à mes côtés…

_ Hey oh, je te parle…

J’inspire et expire lentement. Cet homme est exaspérant.

_ J’ai entendu…

_ Je ne pensais pas que ça te perturberait tant que ça. Je suis désolé…

_ Ce n’est rien. À vrai dire, j’avais déjà oublié cette petite histoire.

_ À ouais ?…

_ Oui…

Il ne dit plus rien et se concentre à nouveau sur sa conduite. Il me semble pourtant le voir froncer les sourcils et faire une petite grimace. Je ne m’en préoccupe pas et cherche à faire le vide… Je dois passer à l’essentiel, qui consiste à convaincre Lucie de revenir avec moi en Irlande. Là où est notre place à toutes les deux. Je ne veux pas rester ici dans un endroit aussi triste… Quand on arrive à Creek, il me dit de ne pas descendre et d’attendre dans le camion. J’en profite pour appeler Lucie le temps que je suis seul…

_ Alors, comment ça se passe le voyage avec monsieur beau gosse ?

_ Attends, comment tu sais qu’il est beau gosse, toi ?

_ Eu… Tu me l’as dit.

_ Nan…

_ Eu… Bah, je te l’ai dit. Travis Sweet est connu…

_ Mouais… Tu ne me cacherais pas quelque chose par hasard ?

_ Moi ??… Non, bien sûr que non… Où en êtes-vous ?

_ À Creek.

_ OK… Ça avant. Et vous dormez à l’hôtel ?

_ Non, on reprend la route aussi tôt, d’après ce qu’il m’a dit.

_ Ah bon… Vous allez dormir à la belle étoile ?

_ Peut-être, ça ne me dérange pas plus que ça. Au contraire, j’aime la nature.

_ Oui… Mais faite attention, ici les nuits peuvent être très dangereuses et… Enfin, reste bien près de lui.

_ Je croyais qu’au contraire, je devais garder distance et qu'il était dangereux.

_ Oui… Mais il a l’habitude des nuits d’ici. Alors n’hésite pas te rapprocher de lui… Si tu as froid ou… Enfin, tu vois ce que je veux dire.

_ Lucie, par moment, je ne te comprends pas !

_ Je veux juste ton bonheur ma chérie.

_ Mon bonheur ?… Comment ça ?

_ Pff… Je t’expliquerais tout quand tu seras en face de moi, promis. En attendant, laisse-toi vivre.

_ Mais, tu disais que…

_ On passe à table, faut que je te laisse. Je t’aime ma chérie, bisous bye.

_ Hey, attend Lucie, je…

Mince, elle a raccroché…

_ On est reparti…

_ Donc, on ne dort bel et bien pas en ville cette nuit...

_ Nan. Plus vite on avancera, plus vite tu arriveras à bon port.

_ Vous êtes si pressé de vous débarrasser de moi ?…

_ Oui… Enfin, non… C’est juste que… J’ai d'autres trucs à faire et…

_ Laissez tomber, en route…

_ C’est toi qui… Grrr…

Ce mec est d’une grossièreté… Et je dois encore rester à ses côtés environ huit ou dix jours. Au bout de trois heures de route, la nuit est tombée depuis longtemps quand il se gare sur une zone spéciale à cet effet. Il commence à installer un feu de camp et à nous préparer un repas. L’odeur semble délicieuse, mais je me méfierai toujours de ce qu’il fera cuire.

_ Qu’est-ce que vous faites cuire ?

_ Tu vas arrêter avec tes vouvoiements. m***e, tu peux me tutoie !

_ Non, non, je ne peux pas.

_ Pourquoi, on voyage ensemble depuis maintenant trois jours. On sait embrasser et…

_ D’accord, d’accord ! Je veux bien faire l’effort de vous… De te tutoyer… Mais arrête de me reparler de ses baisers.

_ …… Pourquoi… Tu as envie de recommencer ?

_ Non. Où est-ce que je peux dormir ?

_ Ou tu veux… Dans l'camion, au sol… Dans mes bras ?

_ Au sol, ça suffira. Merci.

_ … OK…

Bien que je ne sache pas ce qu’il a cuisiné, je mange ce qu’il me donne et après quelques minutes à parler, et même à rire. On finit par s’installer pour la nuit. Chacun de notre côté du feu… Mais, durant la nuit, je commence à avoir froid… Et je profite de ce qu'il dorme pour me rapprocher de lui et de sa chaleur corporelle… Je me colle plus à lui, espérant qu’il ne se réveille pas durant la nuit… Sauf que je n'avais pas prévu qu'il se réveille avant moi...

_ Bonjour beauté.

_ AAAAAAhhhhh !!!! Non mais ça ne va pas !! Tu m’as fait peur.

_ C’est toi qui m’as rejoint, ma belle.

_ Oui bon, j’avais froid.

_ Ravis de t’avoir réchauffé. On recommence quand tu veux.

_ N’exagérons rien. On ne va pas passer toutes les nuits dehors… Si ??

_ Bah, ça va plus vite et c’est moins cher que de louer des chambres.

_ Tsss… Ça n’arrivera plus. La nuit prochaine, je prendrais une double couverture.

Il nous sert du café qu’il a réchauffé sur le feu et nous le buvons tranquillement avant de reprendre la route. Je repense à ce que m’a dit ma sœur. Elle agit bizarrement depuis que je lui ai dit que je faisais le trajet avec cet homme… D'abord, je dois me méfier de lui parce qu'il est dangereux et ensuite, je dois profiter de la vie à ses côtés. Je finirais bien par avoir le fin mot de l’histoire…

_ Ça te dirait une pause ?

_ Comment ça ?

_ J’connais un coin pas très loin d’ici où l’on peut se baigner sans risque. Qu'en dis-tu ?

_ Avec plaisir !!!

Il me sourit et tourne sur la gauche. Puis continue de roulé pendant une bonne demi-heure. Quand nous arrivons dans son coin tranquille, je souris de toutes mes dents. L’endroit est magnifique et fait complètement contraste avec le reste dû décore. On dirait qu’on l'a collé là pour faire joli. Je sors et retire sans hésiter une seule seconde ma robe. En sous-vêtements, je plonge dans l’eau et nage aussi vite que je le peux. J’entends derrière moi un plouf et je vois Travis nager presque aussi vite que moi. Il ne porte que son boxer et son torse refait surface, face à moi.

_ Alors, déjà fini de nager.

Il est à tomber… Mais comment est-ce possible. Je ne devrais pas ressentir la moindre chose à son égard…

_ Ça va ? Me demande-t-il en essorant ses cheveux en arrière.

_ Eu… Oui ! Pourquoi ça n’irait pas ?

Je m’immerge à nouveau et nage dans les profondeurs de l’eau. Je dois faire le vide dans ma tête. Je nage de plus en plus profondément, oubliant jusqu’à où je suis et surtout oubliant l’homme qui m’accompagne…