Entre ses griffes

Chapitre 4

Cassandra

La route jusqu’à Clifford se passe dans un silence lourd. Et quand on entre dans la ville, je me demande où j’ai atterri… En descendant de la voiture, je regarde autour de moi. Laissant l’autre décharger ses livraisons... Je commence à marcher vers les vitrines en face de moi. Plutôt sympas les tenues… La ville me semble assez charmante. J’ignore ce qui semblait inquiéter mon guide. Les lieux sont plutôt animés, mais il y a beaucoup de boutiques sympas…

_ Salut ma jolie.

_ Oh, eu… Bonjour...

_ J’peux vous aider ?

_ Non, merci.

Il s’approche encore un peu de moi et je me vois reculé jusqu’à toucher le mur…

_ Excusez-moi, mais j’aimerais passer…

_ Ne t'excuse pas ma jolie. Ça te dirait d’aller boire un verre avec moi ?…

_ Oh… C’est gentil… Mais je ne bois pas.

_ Aller, juste quelques minutes…

_ Navrée, mais la dame est déjà accompagnée et je n’aime pas partager. Dit une voix dans mon dos.

_ … Travis Sweet, quel bon vent t’amène ici ?

_ Comme d’hab, le taf… Maintenant, si tu pouvais t’éloigner de ma meuf. Ça m’arrangerait.

_ Ta meuf ?

_ Ouais… C’est l’amour fou entre Cassy et moi.

_ C’est bien vrai ça, ma jolie ?

Sans plus réfléchir, j’acquiesce et le rejoins. Le laissant placer un bras possessif autour de ma taille.

_ J’ai rencontré mon joli petit cœur à Bricht et je ne la lâcherai plus.

_ Dommage pour moi. Mais c’est vrai qu’on ne sait jamais quand notre élu nous tombe dessus. Aller, tchao à vous les tourtereaux.

Le type s’éloigne et j’essaye de m’éloigner de Travis. Mais celui-ci resserre sa prise sur moi et m’entraîne à sa suite.

_ Vous pouvez me lâcher maintenant. Il n’est plus en vue.

_ Non, je dois leur montrer que tu m’appart… Que tu es avec moi.

_ C’est n’importe…

Il me coupe la parole en m’embrassant langoureusement par surprise... Je vais le… Le… Tuer…

_ Pourquoi… Finis-je par dire alors qu’il relâche mes lèvres…

_ Éviter de parler trop haut, les murs ont des oreilles, ici… Viens.

Il m’entraîne jusqu’à un hôtel dans lequel nous passerons sûrement la nuit et me lâche enfin les hanches… Pour prendre ma main.

_ Salut Joe. Une chambre.

_ Bonjour Tee. Comment ça va depuis l’temps ?

_ Nickel. Et toi, la famille ?

_ Marta a accouché de mon huitième enfant, voilà déjà trois semaines.

_ Super, félicitations.

Il s’éloigne pour prendre la clé et je demande que l’on ait deux chambres. Il m’interrompt en déposer un b****r sur ma tempe alors que l’autre se tourne vers nous.

_ Vous formez un bien joli couple. Qui sait, lors de ta prochaine visite, c’est peut-être toi qui m’annonceras ce genre de bonne nouvelle.

_ Certainement pas…

_ Oui, sans aucun doute. N’est-ce pas ma chérie ? Dit-il en plaquant sa main plaquée sur ma bouche.

Comme cela semble étrange à hôtelier, il m’embrasse une nouvelle fois…

_ Mais pour ça, faut mettre la chose en pratique, si tu vois ce que je veux dire.

_ Oui, tout à fait… Bonne soirée.

_ Oh, elle promet d’être délicieuse. Aïe… Aller ma belle tigresse, allons nous installer.

Il sursaute alors que je le pince discrètement. Non, mais il m’énerve !! Déjà qu’il ose m’embrasser devant ces gens… Une fois seul dans les couloirs à l’abri des regards, je repousse son bras qu’il avait posé sur mes épaules et le foudroie du regard. Comment ose-t-il ? Je rage encore plus en entrant dans la chambre et que je découvre qu’il n’y a qu’un seul grand lit… Non, mais je rêve !!

_ Il est hors de question que je dorme avec vous !!

_ T’as peur de quoi au juste ?

Le fait qu’il me tutoie en me regardant comme si j’étais un banane à split ne m’aide en rien à me calmer.

_ Et ne m’embrassez plus !!

_ J’avais pourtant l’impression que t'as aimé ça.

_ NON !!! Je vous l’ai dit, je n'ai aucune confiance envers les hommes et vous compris ! Car vous venez de me prouver que l’on ne pouvait pas vous faire confiance.

_ C’est triste… Sache que je ne te ferai jamais de mal et que tu peux avoir confiance en moi… Et si pour ça, il faut que je te promette de ne plus t’embrasser sans ton accord. Alors que je ferais.

_ Vous ferez quoi ?

_ Je ne t’embrasserai plus sans ta permission et… Je ferais tout pour gagner et ta confiance et… Et ton cœur.

Je le regarde étonner. Mais ne trouve rien à dire… Que répondre à ça ? Qu’il va perdre son temps. Que je ne peux plus aimer personne. Que je déteste les hommes… Surtout les hommes dangereux comme lui. Dangereux pour ma personne et dangereux pour mon cœur… Non, plus jamais… Plus jamais je ne ferai confiance à un homme…

_ Vous perdez votre temps.

_ Comme tu l'dis, c’est mon temps que je perds… Je dormirai sur le divan, bonne nuit ma belle.

Il part s’enfermer dans la salle de bain et n’y ressort qu’une demi-heure plus tard. J’y vais à mon tour, me change et par m’installer dans le grand lit… Je jette un coup d’œil à mon compagnon de route. Le divan est trois fois plus petit que lui et ses jambes dépassent largement dans le vide. Il risque de très mal dormir là-dedans. Je lui propose d’échanger nos places et bien sûr, il refuse. Me tournant le dos… Tant pis pour lui, s'il veut passer la nuit dans un divan qui pourrait être un accessoire de poupée par rapport à lui. C’est son problème, pas le mien… Pourtant, je dois bien m’avouer que j’étais bien dans ses bras durant notre étreinte… Je me demande pourquoi ?…

Travis

Le lendemain, nous prenons la route à la première heure. Et je m’abstiens de la réveiller en douceur. La secouant juste par l’épaule. Puis je pars directement vérifier le chargement de mon camion, le temps qu’elle s’habille. Quand elle me rejoint, je ne m’occupe pas d’elle et grimpe à bord. Une fois sa ceinture bouclée, je pars en trombe et ne me retourne pas sur la ville. Elle veut de la distance, elle va en avoir. Cette nuit, je n’ai pas l’intention de me grouiller de trouver une ville pour ses beaux yeux. J’ai envie de faire comme d’habitude et de dormir à la belle étoile. Si elle a froid, elle n'aura qu’à se gratter…

_ Ou allons-nous maintenant ?

_ … Creek. J’ai une grosse commande à livrer.

_ Pourquoi vous semblez en colère ?

_ Pourquoi serai-je en colère ?

_ Aucune idée…

Son téléphone sonne et elle le prend pour y répondre. Elle parle dans une langue étrangère et je suppose qu’il s’agit de la langue irlandaise. Un bien joli accent se fait entendre alors qu'elle prononce certains mots et je pourrais jurer que mon corps en frissonne. Ce qui m’étonne beaucoup, car je n’ai jamais froid…

_ Un coup de fil important ?

_ Ma sœur, elle voulait savoir si ça aller… Et comment se déroulait notre voyage.

_ Tu perlais l'Irlandais ?

_ Oui… Étant donné que c’était une conversation privée.

_ Et elle t’a dit la raison de ça demande à ce que tu sois ici ?

_ Non, elle garde le mystère… Être loin de ma Terre-Natale me coûte, et je sais qu'elle aussi, elle doit avoir le mal du pays. Nous aimons être entourés de vertus et ici… Ça laisse à désirer.

_ Moi, j'aime être isolé de la sorte. Le désert australien ne me dérange en rien. Et puis on a de beaux coins aussi.

_ Si vous le dites.

Nous faisons une halte près d’un point d’eau et cela semble la ravir. Elle ôte ses chaussures et trempe ses pieds dans l’eau…

_ Tu ne devrais pas faire ça. Il y a des crocodiles ici.

_ Et ils n’attaqueront que s'ils ont faim. De plus, pourquoi m’attaquerait-il ?

_ Parce que tu ressembles à ce qu’il ressemble le plus à leur repas.

_ Monsieur Sweet…

_ Tee. Appelle-moi Tee.

_ Tee, ils ne m’attaqueront pas.

Qu’est-ce qu’elle peut être têtue ! J’attrape mon fusil et surveille-les alentour le temps qu’elle termine de patauger dans l’eau… Une demi-heure plus tard, elle semble plus ravissante que jamais et plus joyeuse. Elle est vraiment étrange, mais… Plus belle que jamais.

_ Bon, on reprend la route. Dit-elle gaiement.

Elle tourne sur elle-même comme si elle dansait… Et je crois même qu’elle chantonne... Pour un peu, je pourrais croire qu’elle est soûle. Pourtant, mis à part de l’eau, elle n’a rien bu d’autres.

_ Tu es sûr que ça va ?

_ Très bien !! Je me sens merveilleusement bien quand je suis en contact avec la nature ! N’est-ce pas la chose la plus belle que vous n’aillez jamais vu ?

_ Si… Vraiment très belle.

Je dis ça, sans la quitter des yeux. Ce qui fait qu’elle s’immobilise et finit par rougir en comprenant que je parle d’elle. J’en retiens un éclat de rire et monte à bord du véhicule. J’adore la déstabiliser… Je ne sais pas pourquoi, mais la voir rougir m’amuse…