Ce matin, c'est Alice qui me réveille en frappant doucement à ma porte pour m'indiquer que l'heure du petit déjeuner est arrivée. Encore à moitié endormie, je me traîne jusqu'à l'armoire. L'étalage de vêtements roses me brûle les yeux. Rien que de regarder ces fringues m'épuise. Finalement, j'enfile ma tenue de la veille : ma robe noire un peu trop courte à bretelles, mes collants en résille et mes Doc Martens bien usées. Tant pis pour l'élégance.
En attrapant un élastique pour m'attacher les cheveux en vitesse, je remarque une petite porte que je n'avais pas vue hier soir. Une salle de bain privée. Pratique. Après m'être brossé les dents, je descends les escaliers, le bruit des conversations animées me guidant vers la salle à manger.
En entrant, je remarque que tout le monde est déjà installé. Le père est au bout de la table, lunettes sur le nez, absorbé par son journal. Juliette, toujours rayonnante ou agaçante, selon le point de vue, sirote un thé en le regardant d'un œil amoureux. Lily est plongée dans son portable, indifférente au monde qui l'entoure. Quant à Ethan, il lève brièvement les yeux vers moi, son regard perçant, avant de reprendre sa conversation avec sa mère.
Je prends place sans un mot et commence à me servir un bol de fruits. À peine ai-je tendu la main que Juliette m'interrompt en posant une assiette de pancakes devant moi avec un sourire si large qu'il en devient suspect.
- Tiens, ma chérie, prends des pancakes ! Ils sont délicieux. Et puis, tu vas avoir besoin d'énergie pour aujourd'hui.
Je lève un sourcil, méfiante.
- Aujourd'hui ?
Juliette pose l'assiette avec un petit air exagéré, se tapotant le front de manière théâtrale.
- Quelle idiote ! J'ai oublié de te dire ! Chaque dimanche, on fait une activité en famille. C'est une tradition. Et comme tu es la petite nouvelle, c'est à toi de choisir !
Lily, toujours plongée dans son téléphone, grimace.
- Génial...
Moi, je réfléchis un instant, ne sachant pas trop quoi proposer. Faire une activité en famille n'a jamais été dans mes habitudes. Finalement, une idée me vient.
- Pourquoi pas du shopping ? J'ai remarqué que ma garde-robe... disons qu'elle manque un peu de diversité.
Juliette cligne des yeux, perplexe.
- Du shopping ? Mais... mais... Lorsque j'ai appelé le... centre où tu étais, la charmante dame m'a assuré que tu adorais le rose !
Je serre les dents. p****n de Bertha la bigleuse.
- Il y a dû y avoir un malentendu. Je déteste le rose.
Un silence gênant s'installe une seconde. Puis, Juliette retrouve son sourire éclatant.
- Eh bien, journée shopping, alors !
Ethan ricane doucement, secouant la tête.
- Tu vas vraiment adorer les magasins d'ici.
Je l'ignore en me concentrant sur mes pancakes. Une chose est sûre, cette journée s'annonce longue.
***
Arrivée dans le hall du centre commercial, je reste bouche bée. Devant moi s'étend un espace colossal, baigné de lumière, avec des magasins à perte de vue sur plusieurs étages reliés par des escalators étincelants. Les vitrines brillent, les néons clignotent, et une douce musique d'ambiance flotte dans l'air. Alors que j'essaie d'assimiler l'immensité de cet endroit, un mouvement derrière moi attire mon attention. Lily, l'air ennuyé, tend une main nonchalante vers son père sans même lever les yeux de son téléphone.
- Carte, please.
Son père, visiblement habitué, sort sa carte bancaire et la lui tend comme si de rien n'était. Lily la saisit sans un mot et commence à s'éloigner d'un pas tranquille.
- Pas plus de mille, s'il te plaît ! lance-t-il presque machinalement.
Lily lève vaguement la main en guise de réponse, mais son attitude laisse clairement entendre qu'elle fera ce qu'elle veut.
Je reste figée, incrédule, mes yeux passant de l'homme à sa fille. Mille ? Mille euros ? En une journée ?
Le père soupire, repliant son portefeuille avec lassitude.
- Bon, sur ce, je vous laisse à vos emplettes. Je vais chercher un café pour patienter.
Il nous adresse un sourire distrait avant de s'éloigner à son tour, me laissant seule avec Ethan et Juliette. Je sens encore la surprise gravée sur mon visage et avant que je ne puisse m'en cacher, Ethan éclate d'un petit rire moqueur.
- T'inquiète, Miss dark, ici c'est tout à fait normal, balance-t-il avec un sourire en coin.
Je fronce les sourcils, agacée.
- Si tu crois que je suis impressionnée, tu te trompes.
- Oh, mais je ne doute pas une seconde que rien ne t'impressionne, rétorque-t-il, toujours aussi amusé, en se tournant pour suivre sa mère.
Juliette, elle, semble ravie par toute cette agitation.
- Allez, Théa, c'est toi la star aujourd'hui ! On va te trouver des vêtements qui te plairont.
Ethan, qui traîne derrière elle, me glisse un regard, un sourire à peine dissimulé. Je ne sais pas encore ce qui m'agace le plus, sa famille démesurément aisée, ou ce ton supérieur qu'il prend comme si tout ça n'était qu'un jeu.
Nous entrons dans une première boutique et je sais que je n'y trouverai jamais mon bonheur. Partout, des portants remplis de vêtements pastel, de tissus délicats et de froufrous. Juliette, fidèle à elle-même, s'active à me montrer des tenues aussi éloignées de mon style que possible. Des robes fleuries, des blazers cintrés et même une jupe plissée couleur pêche. Je plisse les yeux, perplexe. Est-ce qu'elle le fait exprès, ou croit-elle réellement que je pourrais porter ça ?
Après plusieurs boutiques et des essayages infructueux, ma patience atteint ses limites. Tandis que Juliette s'attarde sur un énième ensemble pastel, je m'éloigne et m'approche de la rambarde du centre commercial. Mon regard erre un instant, jusqu'à ce que mes yeux tombent sur une boutique dans la rue en contrebas. Là, c'est différent. Là, c'est moi.
Je retourne vers Juliette, un petit sourire en coin.
- J'ai trouvé une boutique sympa.
Elle se retourne vers moi, ravie.
- Vraiment ? Super ! Laquelle ?
Je lève une main pour pointer du doigt le petit magasin en contrebas.
- Celle-là.
Son sourire éclatant vacille légèrement. Je remarque le bref moment où elle regarde la boutique, où ses yeux s'écarquillent presque imperceptiblement, avant qu'elle ne retrouve son enthousiasme.
- Oh... très bien. Allons-y alors.
Je commence à descendre l'escalateur sans attendre et elle m'emboîte le pas, suivie de près par Ethan, qui semble toujours aussi amusé de la situation.
En entrant dans la boutique, je me sens immédiatement à ma place. Les murs sont sombres, les néons rouges et violets diffusent une lumière tamisée et une musique rock résonne doucement dans l'air. Ici, pas de froufrous ni de paillettes, juste des vêtements en cuir, des t-shirts à motifs, des bottes imposantes et des accessoires en métal. Un sourire satisfait étire mes lèvres. Enfin.
Je jette un coup d'œil derrière moi pour voir Juliette entrer avec précaution, comme si elle craignait que l'endroit ne la contamine. Elle fronce légèrement le nez, sa main crispée sur la poignée de son sac à main.
- Eh bien, c'est... original, murmure-t-elle, visiblement mal à l'aise.
Ethan, quant à lui, a les bras croisés, un sourire moqueur accroché à son visage.
- Joli choix, Miss Dark. C'est vraiment... toi.
J'ignore sa remarque et commence à explorer les portants. Ici, je n'ai plus à faire semblant et pour la première fois depuis le début de cette journée, je me sens enfin dans mon élément.
***
Après une matinée entière de shopping, nous rentrons enfin à la maison. Les sacs s'entassent dans l'entrée, remplis de nouvelles tenues que j'ai trouvées dans mes boutiques préférées. Le père, stoïque, aide Lily à transporter ses innombrables achats, tandis que je file directement dans ma chambre.
Une fois seule, je prends une bonne douche, savourant enfin un moment de calme. En sortant, je décide d'essayer une des nouvelles tenues que j'ai choisies. J'enfile un minishort en jean noir déchiré et un débardeur basique. Pour changer, je laisse mes cheveux détachés. Dans le miroir, je remarque les pointes de mes cheveux, encore légèrement teintées de bleu.
Un coup frappé à la porte interrompt ma contemplation. J'ouvre et me retrouve face à Lily, absorbée par son téléphone. Elle mâche bruyamment son chewing-gum, les yeux rivés sur l'écran.
- Mes parents sont partis manger tous les deux, marmonne-t-elle sans me regarder. Moi, je sors avec des amis. T'as besoin qu'Alice te prépare quelque chose, ou t'as pas faim ?
- Je n'ai pas très faim, merci...
Avant que je puisse finir ma phrase, Lily hurle brusquement par-dessus son épaule.
- ALICE ! ELLE A PAS FAIM !
Puis, sans attendre, elle tourne les talons et quitte la maison, son chewing-gum claquant bruyamment à chaque pas.
Je reste un instant immobile, perplexe devant son brusque départ. Décidément, cette famille ne cessera jamais de me surprendre. Je descends les escaliers, les mains dans les poches, me demandant comment occuper ma soirée. Puis, un souvenir me frappe, la salle de jeu au sous-sol. Un sourire en coin, je change de direction et m'y précipite, une idée bien précise en tête.
En entrant, je sens la chaleur agréable de la pièce. Les lumières tamisées et l'odeur subtile du bois verni donnent un côté presque confortable à cet endroit. Mon regard se pose directement sur la tireuse à bière. Sans hésiter, je m'en approche et me sers une pinte généreuse.
Je porte le verre à mes lèvres, savourant la première gorgée comme une récompense bien méritée. L'amertume familière me réchauffe, me ramenant à une époque où ce genre de petit plaisir était une habitude et non un luxe. Je ferme les yeux un instant, laissant échapper un soupir satisfait.
- Ça, ça m'avait manqué.
- À ce point-là ?
Mon instant de plaisir s'écrase sous le poids de cette voix agaçante. Je me retourne lentement, le regard chargé d'énervement. Ethan est là, appuyé nonchalamment contre l'encadrement de la porte, un sourire moqueur plaqué sur son visage.
Je pose ma bière sur le comptoir en soupirant, déjà fatiguée par sa présence.
- Sérieusement, t'as rien de mieux à faire ? Genre, des amis à retrouver comme ta sœur ?
Il avance tranquillement, comme si mes paroles glissaient sur lui et se sert une bière à son tour.
- Si, mais ils sont tous partis en vacances. On devait y aller aussi, mais...
Il laisse volontairement un blanc, ses yeux clairs me transperçant d'une pointe de malice. Puis il reprend, sur un ton faussement innocent.
- Il a fallu qu'on récupère quelqu'un. Une personne sombre... et apparemment alcoolique.
Son sourire s'élargit savourant visiblement sa petite pique. Je le fixe, les mâchoires serrées, hésitant entre répondre ou l'ignorer.
- Ravie de voir que je pourris si bien vos vacances, lâchai-je finalement, un sourire cynique sur les lèvres.
Ethan éclate de rire avant de lever son verre pour boire.
- Oh, t'en fais pas. Ça risque juste de devenir... intéressant.
Je reste perplexe.
- Comment ça ?
Ethan s'installe nonchalamment sur le canapé en cuir face au comptoir, s'étalant de manière à occuper tout l'espace. Son assurance me donne envie de le remettre à sa place.
- D'habitude, les vacances, c'est le moment où ma famille s'éparpille aux quatre coins du globe, histoire de ne pas se supporter. Mais cette année...
Il fait tourner son verre de bière entre ses doigts, une étincelle de sarcasme dans le regard.
- Cette année, on est tous coincés ici. Et tout ça parce que ma mère a décidé que sa nouvelle lubie était de jouer à la famille d'accueil pour jeunes à problèmes.
Ses derniers mots s'enfoncent dans ma poitrine comme une lame bien aiguisée. Je me crispe malgré moi, mon verre de bière presque suspendu dans ma main. Je prends une gorgée pour noyer le flot de pensées désagréables qui me submergent.
- Charmant, lâchai-je, en essayant de garder ma voix neutre.
Ethan, lui, s'étire sur le canapé, les bras derrière la tête, comme s'il venait de faire un compliment plutôt qu'une pique cinglante.
- Ne le prends pas mal. C'est juste que... tu débarques dans une famille où chaque membre a déjà suffisamment de casseroles. Tu ne fais qu'ajouter un peu plus de chaos à l'ensemble.
Je plisse les yeux en le fixant, cherchant à lire entre ses mots. Est-ce qu'il essaie simplement d'être un c*****d ou... est-ce qu'il y a autre chose derrière ce masque suffisant ?
Je repose mon verre bruyamment sur le comptoir.
- Tu sais quoi, Ethan ? T'as raison. Je suis un problème.
Son sourire s'efface légèrement, remplacé par un éclat curieux dans son regard. Il se penche légèrement en avant, son regard perçant cherchant à me déstabiliser.
- Alors, comment t'as fini là-bas ? D'après ce que j'ai compris, c'était pas non plus ton premier séjour. Je me trompe ?
Sa question frappe juste, mais je ne lui laisse pas le plaisir de voir mon désarroi. Parler de ça avec lui, hors de question. Mais montrer la moindre faiblesse, encore moins.
Je prends une longue gorgée de bière, puis me penche à mon tour sur le comptoir, le fixant droit dans les yeux avec un air de défi.
- Tu veux vraiment savoir ?
Un sourire effleure ses lèvres.
- Absolument.
Mon esprit se met en marche, cherchant comment retourner la situation à mon avantage. Je laisse une pause, suffisamment longue pour piquer sa curiosité.
- Très bien, dis-je en arquant un sourcil. À chaque question que tu poses, je répondrai sincèrement. Mais...
Je me redresse, un sourire malicieux sur le visage.
- À une condition. Tu devras boire une pinte entière pour chaque réponse que je donne.
Je m'attends à le voir hésiter, mais il semble amusé, comme si le défi l'excitait. Il se penche de nouveau, sa bière déjà à portée de main.
- Deal.
Je soutiens son regard, un sourire en coin. Ce petit jeu risque d'être plus intéressant que prévu. Il réitère sa question.
- Pour qu'elle raison tu t'es retrouvée là-bas ?
Il termine sa bière d'un trait, bien trop vite à mon goût, juste au moment où je m'apprête à répondre.
- Ça depend.
Je hausse fièrement les épaules, laissant un sourire en coin effleurer mes lèvres.
- J'y suis allé plusieurs fois, tu te rappelles ?
Il ne se laisse pas déstabilisé, s'approche du comptoir et me tend sa bière. Je lui remplit alors qu'il réfléchit à une autre question. Sans un mot, je lui tends son verre maintenant plein.
- À quel âge tu as pris ta première cuite ?
Je décide de jouer franc jeu.
- Cinq ans.
Son regard s'élargit, surpris. Visiblement, il ne s'attendait pas à cette réponse. Malheureusement avec une mère comme la mienne ce genre d'informations sur moi est loin d'être aussi impressionnante.
- Et toi ?
Son sourire provocateur s'élargit, et je vois la malice briller dans ses yeux.
- Ah non, Miss Dark. Si tu veux savoir quoi que ce soit sur moi, va falloir jouer selon mes règles.
Je le fixe dubitative.
- Tes règles ?
Avec une lenteur exaspérante, il sort un verre à shooter pour le remplir généreusement de vodka et je sens son regard peser sur moi.
Je me pince les lèvres, puis attrape le verre sans hésiter. Je le vide d'un trait, mes yeux ne quittant pas les siens. La brûlure dans ma gorge est presque agréable.
- Alors ? Je pose le verre avec un claquement sec sur la table.
Il s'appuie nonchalamment contre le comptoir, comme s'il savourait la scène.
- Douze ans. Pas aussi impressionnant que toi, apparemment.
Je hausse les épaules.
- T'inquiète pas, Ethan. Y'a pas de honte à avoir eu une vie chiante.
Un rire grave s'échappe de ses lèvres avant de reprendre la parole.
- D'autres questions ?
Sa voix est légère, mais je vois bien qu'il prépare son prochain coup. Je me redresse, prête à lui montrer qu'il n'a pas affaire à une fille facile à déstabiliser. Cette fois, je remplis moi-même le verre de vodka et le vide d'une traite sous son regard curieux.
- Qu'est-ce que ça fait de toujours obtenir ce que tu veux ?
Il se redresse et retourne s'asseoir nonchalamment sur le canapé.
- On s'y fait.
Un léger rire m'échappe.
- C'est pas une réponse, ça.
- Pour moi, si.
Il porte sa bière à ses lèvres, visiblement satisfait de son esquive. Mon attention se porte sur une enceinte posée à côté de moi. Je décide de l'allumer et une musique retentit, remplissant la pièce.
Ethan finit sa pinte et se lève à moitié, prêt à poser sa question.
- C'est quoi la...
J'augmente le volume de la musique d'un geste rapide, couvrant sa voix, avant de le baisser tout aussi brusquement.
- Désolée, j'ai pas entendu. Tu vas devoir reposer ta question... et donc boire une nouvelle bière.
Je saisis une pinte propre et la remplis généreusement, avant de la poser sur le comptoir avec un sourire triomphant.
Il me regarde, un mélange d'agacement et de fascination dans le regard.
- C'est pas juste.
- C'est la règle.
Je croise les bras et m'appuie contre le comptoir. Il s'avance et prend la pinte de bière qu'il boit d'un trait. Pendant ce temps, je contourne le bar et me dirige vers le canapé. Il est bien plus confortable que je ne l'imaginais. Je m'affale dedans.
Ethan termine sa bière et en prend une autre avant de me rejoindre, s'installant à mes côtés, un peu trop près à mon goût.
- C'est quoi la pire chose que t'aies faite, et pourquoi ça ne m'étonne pas ?
Je saisis sa bière des mains et bois une gorgée, mes yeux plantés dans les siens. Le liquide frais me brûle la gorge, mais c'est l'intensité de son regard qui me fait frissonner.
Je le fixe un instant, puis lâche de façon calme et directe.
- Probablement te parler. Mais je ne pense pas être la première à te le dire, donc ça ne doit pas t'étonner, si ?
Un silence s'installe entre nous, mais je ne flanche pas et maintiens son regard. Il le soutient un instant, avant que son expression ne change, se faisant plus amusée. Il se recule légèrement, son sourire prenant le dessus, puis il termine sa bière d'un geste détendu.
- Eh bien dans ce cas, je vais mettre fin à tes souffrances.
Sur ces mots, il se lève et part de la salle de jeu me laissant seule. Je finis une nouvelle bière et me dirige dans ma chambre espérant trouver un peu de calme pour me changer les idées, quand un mouvement attire mon regard. À travers la fenêtre, je vois Lily sortir discrètement de la maison. Étrange. Moi qui pensais qu'elle pouvait tout se permettre ici.
Intriguée, je me poste à l'ombre du rideau et observe. Elle jette des regards nerveux autour d'elle avant de se précipiter dehors. Mon regard suit sa silhouette jusqu'à ce qu'elle rejoigne un homme, bien plus âgé qu'elle. Il l'enlace brièvement et elle grimpe dans sa voiture sans hésitation. Quelques secondes plus tard, le véhicule disparaît dans la nuit.
Un flot de questions m'envahit, mais je les chasse d'un soupir. Après tout, ce ne sont pas mes affaires et je ne vais certainement pas commencer à me mêler des histoires de cette famille.