* Rose *
Je voyais leur visage s'éloigner à une vitesse fulgurante. J'ai fermé les yeux et j'ai attendu.
Je n'ai pas eu le temps de me demander à quoi pouvait bien ressembler la mort, mon corps se fracassait déjà sur le sol et j'ai senti chacun de mes os exploser en des milliers de morceaux. Mes poumons et ma gorge se remplissaient de sang, je ne pouvais plus respirer. Si s'était à ça que ressemblait la mort, elle était épouvantable. J'étouffais littéralement. J'entendais de l'agitation autour de moi, mais mes yeux voyaient flous, juste un ensemble de taches vertes, marrons, noires et blanches. C'était terrifiant. Quelqu'un a basculé ma tête sur le côté pour évacuer le sang qui me faisait suffoquer. Je ne sentais plus mes membres, juste ma tête, qui comme par miracle, avait échappé au c*****e. À cet instant, j'aurais préféré que non.
- Mais qui est-ce ? Demande quelqu'un.
- Regarde son sang, dit une autre voix, on dirait qu'il est mélangé à du venin.
- Du venin ? Mais de quoi ?
- Je n'en sais rien, c'est trop étrange, prévenez la reine, qu'elle se déplace, si cette créature est tombée du ciel, elle faisait probablement partie de ceux qui arpentent les roches de notre canyon. Il serait dangereux de la déplacer, on dirait qu'elle est en partie humaine !
Il y a eu un moment de silence durant lequel je repensais à mes dernières heures passées avec Julian, les meilleurs moments de complicité que j'avais eu dans mon enfance avec ma sœur, le sourire de mon père et, le visage de ma mère qui malheureusement commençait à s’effacer.
- On m'a informé d'un grave problème, que se passe-t-il, ici ?
Je connaissais cette voix, mais c'était impossible, mon cerveau devait défaillir, parce que le paradis ne pouvait pas être aussi atroce…
- Majesté, une créature est tombée de la roche du canyon, elle est en très mauvais état, elle ressemble à une humaine, mais elle ne l'est pas et son sang est mélangé à du venin…
J'ai entendu quelqu'un s'agenouiller près de moi.
- Du venin de vampire… Elle n'a pas été mordue sinon il n'y aurait pas de sang. Basculez son corps sur le côté, je dois vérifier quelque chose…
Je ne sentais même pas mon corps basculer, en revanche, je sentais une main m'effleurer de la racine des cheveux jusqu'au bas de mon dos. J'étais sensible là où se trouvait mon tatouage.
- Julian… Par toutes les créatures magiques ! S'exclame-t-elle. C'est l'élue, la fée qui délivrera notre monde de la tourmente en nous unissant aux vampires ; cette enfant est la princesse que nous attendions, mais sa transformation n'est pas terminée, la marque est encore fraîche.
- Que les fées de la vie viennent immédiatement, reprit l'une des voix que j'avais entendues au début. Il faut sauver cette enfant !
Une main a repoussé les cheveux qui cachaient mon visage et a essuyé le sang qui le souillait.
- Rose ! S'exclame la femme que l'on appelait Majesté.
Je savais que je connaissais cette voix !
- Maman ? Soufflé-je avant qu'un nouveau flux de sang envahisse ma gorge.
- Je suis là ma chérie, dit-elle en s'efforçant de m'aider à respirer.
- Majesté, vous la connaissez ?
- C'est ma fille, je l'ai eu alors que j'étais humaine. Il faut croire que les divinités avaient bien échafaudé leur plan. Mais c'est un peu sauvage et brutal tout de même !
Elle avait l'air furieuse, et je commençais à l’être aussi. Savoir que toute ma vie, j'avais été un pion sur le plateau de jeux des divinités ne me rassurait pas, mais au moins ma mère était près de moi. Peut-être que tout ça n'était que mon imagination et que j'étais déjà morte, et si c'était ça, j'étais rassurée de ne pas me retrouver seule. Alors, je me suis laissé sombrer dans l'inconscience.
De violentes douleurs dans le dos, l'épaule et la poitrine, me réveillèrent. Je ne sentais toujours pas le bas de mon corps, mais le haut était plus douloureux que jamais. Je serrais les poings, mais mes os n'étaient pas tous réparés et c'était pire. Mon épaule et ma poitrine me démangeaient et se sont mises à me brûler. Je savais que c'était la dernière étape de mon tatouage, qui en réalité était la marque des fées. Je hurlais de douleur, mais personne ne m'aidait.
- Julian ! Pleuré-je de tout mon être en sachant pourtant qu'il ne m'entendait pas et qu'il ne pouvait pas venir m'aider.
- Majesté, elle souffre terriblement, ne pouvons-nous rien faire ?
- Malheureusement non, c'est la dernière étape de sa transformation. La marque de la nature finit de s'imprégner, les racines de la terre se sont branchées sur son système nerveux et c'est ce qui lui permettra d'avoir des ailes, ainsi que ses pouvoirs, c'est l'étape la plus difficile. D'autant que les fées de la vie reconstituent en même temps ses os, ce qui épuise sa capacité à combattre la douleur.
- Pourquoi est-ce douloureux pour elle ?
- Parce que la moitié de ses molécules se transforment en venin, et c'est cela qui la brûle.
- Et qui est ce Julian qu'elle ne cesse d’appeler ?
- Un vampire, et la seule et unique personne qui puisse l'aider. Malheureusement, elle est la seule à pouvoir le retrouver… je vous laisse, prenez soin d'elle, je dois faire des recherches pour en savoir plus.
Un nombre incalculable d'heures s'est écoulé avant que la douleur ne s'estompe et soit plus supportable. On m'a fait boire quelque chose qui m'a engourdi l'esprit et je me suis endormie.
***
* Sélena *
J'ai ouvert les yeux au moment où Kelan décrochait son téléphone. Il était tout ensommeillé, avec des cernes sous les yeux et le teint pâle. En bref, il n'avait pas dû beaucoup dormir depuis l'incident nocturne. D'ailleurs, il était déjà levé, habillé, les rayons du soleil perçaient à travers les fenêtres, et Victoire jouait sur le canapé. Quand elle m'a vu, elle s'est levée et s'est précipitée vers moi. Sa petite tête pleine de boucles blondes s'est enfoncée dans mon épaule et elle a posé sa menotte sur ma joue.
- Bonjour maman, tu as beaucoup dormi. Je suis inquiète, me dit-elle doucement.
- Il ne faut pas ma chérie, tout va bien.
Kelan a raccroché, et m'a pris dans ses bras en soupirant de soulagement. Victoire nous a embrassés tous les deux, puis est retournée jouer.
- Je me suis inquiété, tu sais, me dit-il, encore un peu tendu.
- Pourquoi ? Je vais bien, le rassuré-je en caressant son visage.
- Mon amour, as-tu seulement regardé l'heure qu'il est ?
- Non…
- Il est presque quatre heures de l'après-midi. Et tu n'as pas bougé d'un cil quand j'ai tenté à de multiples reprises de te réveiller.
- En effet, je ne comprends pas comment c'est possible…
- Peux-tu me raconter ce dont tu as rêvé cette nuit ?
- Et bien…
J'ai entrepris de raconter l'histoire à Kelan dans les moindres détails, j'avais comme à mon habitude, tout enregistrer, jusqu'au moindre mot de chaque conversation, comme un film que l'on apprend par cœur. Nous avons dû faire quelques pauses dans mon récit afin que je puisse me doucher, pour le repas, ainsi qu'au moment où nous avons préparé Victoire pour la mettre au lit. Il était déjà bien tard quand j'ai enfin eu terminé.
- Le plus étrange dans tout ça, mis à part les événements de la nuit passée, c'est que je ne sais absolument pas d'où cela vient et à quel point je dois y faire attention, finis-je par dire à Kelan.
- Je ne sais pas trop quoi en penser, j'ai même appelé le palais plusieurs fois dans la journée, et ils n'ont pas été alertés par un quelconque problème.
Il est vrai que nous avons un peu changé les traditions d’Angels City depuis que nous y régnions. Nous avons appris à quiconque le souhaitait à se servir d'un téléphone portable.
Évidemment, ceux-ci ne sont utiles que pour les appels entre la Terre et Angels City, puisque nous avons des moyens de communications bien plus charmants là-haut. Mais cela nous faisait gagner énormément de temps dans les cas d'urgence.
- Dans ce cas, nous verrons bien, je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter pour le moment. Si c'est vraiment important, alors je pense que je devrais obtenir d'autres informations en tant voulu, non ?
- Tu as sans doute raison. Je suis épuisé, j'ai besoin de dormir…
Curieusement, malgré tout ce que j'avais dormi, moi aussi, j'étais épuisée. Nous nous sommes couchés dans les bras l'un de l'autre comme à notre habitude et nous nous sommes endormis rapidement.
***
* Rose *
J'entendais un bip, régulier et agaçant, raisonner à mes oreilles, qui reflétait probablement les battements de mon cœur.
- Elle ne devrait plus tarder à se réveiller maintenant, je suis presque sûr qu'elle peut nous entendre. Appelez-moi quand elle ouvrira les yeux, dit une voix grave et harmonieuse. L'infirmière va passer lui enlever les perfusions.
- Merci Docteur, répondit la voix douce et rassurante d'une femme qui devait se trouver sur ma gauche.
Au fur et à mesure que les minutes passaient, je commençais à faire surface. J'ai entendu quelqu'un entrer, s'affairer sauvagement autour de moi, pour me soulager de ce bip incessant, j'ai ressenti de légers picotements sur le thorax, sûrement quand elle a enlevé les électrodes, ainsi que sur une main (probablement une perfusion), puis repartir en silence. Au bout d'un moment, j'étais enfin tout à fait consciente, et j'ai cligné des yeux à plusieurs reprises, éblouie par la violence de la lumière qui se trouvait au-dessus de mon lit, avant de pouvoir enfin les ouvrir. J'avais un masque à oxygène sur le nez et la bouche, je sentais que mes jambes étaient immobilisées ainsi que mon bras droit. Les couleurs de la chambre étaient fades et de mauvais goût, le mélange du vert et de l'oranger donnait envie de vomir, le matelas était trop mou à mon goût et le lit était légèrement relevé. Juste en face de moi, accroché au mur, un vieux poste de télévision. J'étais dans un hôpital. Comment et pourquoi j'avais atterri ici, ça en revanche, ça m'échappait.
- Rose ?
J'ai tourné la tête sur la gauche, et j'ai vu une magnifique femme aux cheveux noirs méchés de brun, à la peau blanche et visage de déesse, elle avait quelque chose de familier que je n'identifiais pas, mais qui me mettait en confiance. Elle était assise dans un de ces fauteuils rembourrés qui colle à la peau à chaque fois que l'on y reste un peu trop longtemps ou quand il fait trop chaud, juste à côté de mon lit, et elle avait retourné sur ses genoux son livre (aussi gros qu'un pavé) pour ne pas perdre sa page, tandis qu'elle se préoccupait de moi.
- Comment te sens-tu ? Me demande-t-elle très maternelle.
- Bien, enfin, je crois… je ne me souviens de rien… ni de personne…
Ma voix était rauque, j'avais l'impression d'entendre un magnétophone poussiéreux qui n’avait pas servi depuis longtemps. Le masque à oxygène n'arrangeait rien, puisque ma voix résonnait à l'intérieur. Le docteur est arrivé, et m'a enlevé tout cet attirail, après avoir vérifié que je respirais correctement. Il avait plus l'allure d'une star de cinéma ou d'un mannequin plutôt que d'un médecin. Sa beauté et la pureté de son visage égalaient celles de la femme.
- Bonjour Rose, je suis le Docteur Matthew Jackson. Ravis de te voir enfin parmi nous !
- Comment ça « enfin » ?
- Cela fera exactement trois mois demain que tu es chez nous. Comment te sens-tu ? Est-ce que tu te souviens de quelque chose ?
- Ça va. Mais je n'ai aucun souvenir, j'ai l'impression d'avoir la tête vide, c'est le noir complet. La seule chose que je sais, c'est que je m'appelle Rose et il me semble que j'ai dix-sept ans. Mon seul souvenir, c'est d'avoir entendu votre voix quand je me suis réveillée. Pourquoi suis-je ici ?
- Nous avons bien cru que tu ne t'en sortirais pas. Des gens t'ont retrouvé au bord de la route, la plupart de tes os étaient fissurés ou brisés, tu avais quelques mauvaises entailles sur le crâne et un poumon perforé. Les pompiers se sont demandés si tu survivrais au trajet jusqu'à l’hôpital, nous avons été en lien avec eux jusqu'à ce que vous arriviez. Tu as certainement fait une terrible chute, mais nous ne savons ni où, ni comment.
Il s’est tu un instant, sûrement dans l'espoir que quelque chose me revienne, mais comme ce n'était pas le cas, il a poursuivi :
- Tu as dû subir plusieurs grosses opérations à ton arrivée. Mais ton corps se soigne rapidement, c'est un vrai miracle, d'ici à une semaine, nous t'enlèverons les attelles de tes jambes et on pourra t'enlever ton plâtre. Il te faudra faire de la rééducation avant de pouvoir rentrer chez toi. Mais avant ça, tu quitteras les soins intensifs avant la fin de la journée pour une chambre un peu plus adéquate à ton séjour. Je dois te laisser maintenant, en cas de besoin appelle l'infirmière.
Le docteur est sorti et je me suis retrouvée à nouveau seule avec cette femme, toujours inconnue pour moi.
Je n'ai rien dit pendant un moment, tentant de bousculer ma mémoire, essayant de me souvenir d'un détail, de quelqu'un. En vain.
- Pardonnez-moi si je vous offense, mais… qui êtes-vous ? Et que savez-vous de moi ?
- Je suis Elona Andrew, et malheureusement, je ne sais rien de toi. J'étais bénévole à l'hôpital quand tu es arrivée. Ils avaient besoin de quelqu'un pour s'occuper de toi en permanence, j'ai été infirmière durant quelques années alors quand je peux être utile, je suis là. Donc comme je vis seule et que je n'ai pas de chien à sortir, je me suis occupée de toi et je me tenais informée des recherches de la police te concernant. La seule chose que nous savions, c'est que tu as dit t'appeler Rose et que tu souhaitais que l'on t'emmène à Londres, ensuite, tu as sombré dans le coma.
- Londres ? ! M'exclamé-je horrifiée. Je suis en Angleterre ?
- Oui pourquoi ? Tu te souviens de quelque chose ?
- Pas vraiment, je ne sais pas comment, mais je suis sûr d'être française.
Voilà pourquoi ma voix me paraissait également étrange je parlais anglais, et les sons à mon oreille étaient différents.
- Et bien si c'est le cas, ton anglais est vraiment excellent ! Me dit-elle en me gratifiant d'un large sourire qui dévoilait des dents blanches à l'extrême. Je vais prévenir les enquêteurs, c'est peut-être la raison qui fait que nous n'avons trouvé aucune trace de toi sur le territoire britannique. Je reviens.
Je m'étonnais moi-même de ne pas m'être rendu compte que je parlais anglais couramment. Il faut dire que j'étais encore un peu abasourdie par ce que je venais d'apprendre.
Seule dans ma chambre, je prenais le temps de contempler les dégâts, visiblement ça n'avait pas l'air trop impressionnant, je n'avais même pas de traces qui prouvaient que j'avais été perfusée. J'avais une attelle souple à la main gauche, un plâtre au bras droit qui gardait mon coude plié et remontait presque jusqu'à l'épaule et mes deux jambes étaient immobilisées dans des attelles dures qui me faisaient des pieds carrés sous la couverture.
Sur ma table de chevet, j'ai trouvé un miroir de poche. Mon reflet ne m'a pas choqué, ni les mèches vertes de mes cheveux qui semblaient faire partie de moi étant donné que j'étais là depuis trois mois et que je n'avais pas de racines. J'ai même réalisé que mes ongles étaient délicatement manucurés. Ils brillaient fabuleusement et des motifs de fleurs minuscules étaient peints dans les tons de verts féeriques. Ne pouvant me lever, j'ai attrapé la télécommande, qui avait dû en voir de toutes les couleurs, vue le scotch qui tenait rassemblé les différents morceaux et les boutons à moitié effacés, (certes en soins intensifs, pas vraiment utile la télé, autant m'estimer heureuse d'en avoir une) et j'ai allumé la télévision. Peut-être qu'en regardant les informations internationales, je saurais ce qui m'était arrivé, même s'il y avait peu de chance après tout ce temps…
Elona est revenue environ deux heures plus tard avec une pizza et un coca.
- Tiens je me suis dit que ça te ferait plaisir, il paraît que les repas des hôpitaux ne sont pas des plus raffinés, dit-elle en riant.
- Merci, c'est gentil. Avez-vous des nouvelles à propos des recherches de la police.
- Pas très bonnes, je le crains. Ils ont contacté Interpole, mais aucune personne correspondant à ton profil n'a été portée disparut. Si tu avais de la famille, personne ne sait où elle peut être. La police a même fait une recherche auprès des tatoueurs, (j'ai remarqué son sourcil légèrement relevé, qui m'a fait penser qu'elle trouvait ça complètement ridicule et inutile) en essayant de trouver celui qui avait fait le tien, ça aurait pu être un début de piste, mais ça n'a rien donné non plus. (Elle a souri comme si elle l'avait su avant même qu'ils ne commencent.) Ils ne peuvent plus rien faire…
- Quel tatouage ?
Elona s'est emparé du miroir.
- Regarde, me dit-elle en me tendant le miroir et en abaissant ma chemise au niveau de l'épaule droite.
J'ai suivi le dessin qui passait au-dessus de mon sein et s'arrêtait au milieu de ma poitrine.
- Et ce n'est qu'une infime partie de celui-ci. Il descend le long de ta colonne vertébrale jusqu'en bas de ton dos, et monte dans ta nuque jusqu'à la racine de tes cheveux. Dès que tu pourras te lever je te montrerai.
Elle avait l'air d'être fascinée.
- S'il est aussi magnifique que ce que je vois, ce doit être de l’art ! Mais…
Je me suis interrompue, réalisant que ce n'était pas le plus important.
- Où vais-je aller, si je n'ai plus personne ? Et comment vais-je faire pour payer mes soins…
- J'ai tout pris à ma charge. Et je suis prête à t'accueillir si tu le souhaites.
- Mais vous devez probablement avoir une famille, je…
- Non, malheureusement, je n'ai pas cette chance, et comme je te l'ai dit, je n'ai même pas un chien à qui demander la permission, rigole-t-elle. Mais je serais heureuse que tu sois ma famille.
Elle m'avait interrompu, devinant ce que j'allais dire, et apparemment, y avait déjà pensé.
- Vous êtes mon seul point de repère et vous avez pris soin de moi comme une mère, qui serais-je pour refuser ? Merci Elona.
- J'ai un très bon avocat qui pourra nous aider dans nos démarches. Je m'occupe de tout et toi juste de guérir au plus vite.
Deux infirmiers sont venus me chercher pour me changer de chambre et je suis montée à l'étage supérieur. La chambre était plus spacieuse et un peu plus moderne, mais le fauteuil et les couleurs restaient tout aussi douteux. Le vert était remplacé par un violet pas si mal, mais l'alliance avec l'oranger était vraiment limite.
Elona m'a installé le peu d'affaire que j'avais et qui étaient évidemment les siennes, puis elle m'a souri et m'a embrassé sur le front avant de partir.
- Attends, une dernière chose, je n'ai aucun repère dans le temps…
- Nous sommes le trois octobre 2011, et tu as été trouvée le quatre juillet aux abords de Colchester.
- Merci.
- De rien, à demain.
Il ne me semblait pas que dans une quelconque autre situation, il aurait été bien de faire confiance à une inconnue, mais j'avais vraiment la sensation que nous avions besoin l'une de l'autre, alors je ne me suis pas posé plus de question et j'ai commencé à envisager un avenir.
Durant les semaines qui ont suivi, Elona a passé ses journées avec moi, quand elle était absente, elle s'occupait des papiers d'adoptions, de mon inscription au lycée et bien d'autres choses encore (comme discuter avec le Docteur Jackson, quand il avait terminé sa journée de garde…) Elle m'avait acheté un ordinateur pour que je puisse écouter de la musique, regarder des films ou faire des jeux, et elle m'avait installé un système de visiophonie par internet pour que l'on puisse se voir et se parler gratuitement même quand elle était à la maison, parce qu'il faut dire aussi qu'elle a une entreprise à faire tourner !
Les journées à l'hôpital ne sont pas très passionnantes. Le médecin a pu confirmer mon âge avec des analyses de mes os. (Trop scientifique pour moi, mais nous avions au moins une chose de sûr…)
***