Nous avons traversé le pont, je pouvais voir dans la rivière qui s'écoulait dessous, non pas des crocodiles ou des piranhas, ou tout autre animal dangereux, mais des tourbillons, des centaines de tourbillons qui ne disparaissaient jamais. J'ai frémi un instant.
- Pas très rassurant n'est-ce pas ? Me dit Ondine d'un air moqueur.
- En effet. Le palais est bien protégé.
- Oui, maman m'a dit que c'est à cause de la malédiction qui pèse sur le monde magique.
- Quelle malédiction ?
- Je ne sais pas. Maman dit que je suis encore trop petite pour comprendre.
Elle m'a attiré à travers la cour, jusqu'au pied du château. Il y avait de chaque côté du grand escalier de pierre, une énorme torche. Elles s'allumèrent simultanément, à l'instant même où nous avons posé le pied sur la première marche. Nous avons sursauté, et Ondine m'a regardé horrifiée.
- Ondine, qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas, elles ne se sont jamais allumées avant !
Elle avait vraiment l'air d'avoir peur. Je l'ai prise dans mes bras, et j'ai gravi à toute vitesse les escaliers, tendit que le son d'une cloche brisait le silence. Si nous avions été à Londres, je me serais dit qu'il y avait un mariage, mais ici, qu'est-ce que cela pouvait bien signifier pour qu'Ondine ait si peur ? Les portes du château se sont ouverte devant nous, et je me suis précipitée à l'intérieur. J'ai posé Ondine et elle m’a entraîné jusqu'à l'entrée de la salle du trône.
- Je dois retrouver ma maman, à bientôt.
- Merci Ondine.
Elle s'envolait déjà en direction du couloir, où des gens commençaient à sortir des différentes pièces que distribuait celui-ci.
Alors que je m’apprêtais à entrer, les portes se sont ouvertes, et je suis tombée nez à nez avec la reine. Je me suis statufiée et je suis devenue muette en reconnaissant son visage.
- Bonjour Rose, me dit-elle avec un grand sourire.
Mes yeux ne cessaient de s'écarquiller, et je n'arrivais toujours pas à réagir, ni à détacher mes yeux de son visage, alors que des gens commençaient à s’agiter dans tout le palais, en criant :
- Elle est arrivée Majesté ! Elle est arrivée !
- Je sais, calmez-vous mes amis, continua-t-elle en riant.
Mais je n'arrivais pas à me dérider. Elle m'a tendu la main.
- Sois la bienvenue Rose, viens, suis-moi.
J'ai pris sa main et l'ai suivi en silence, non pas dans la salle du trône, mais dans une petite pièce ronde, non loin de la première, très lumineuse grâce à ses grandes fenêtres et ses murs blancs. Le mobilier était de couleur or, et le velours des chaises et des banquettes était bleu ciel, comme les rideaux. Nous nous sommes assises autour d'une table basse, sur laquelle était déjà disposée des tasses, une théière, un sucrier, ainsi qu'une assiette avec des biscuits. Ondine, et sa mère nous ont rejointes au même instant. La petite s'est jeté dans mes bras.
- Enchantée de te rencontrer Rose, je suis Jade, la maman d’Ondine ainsi que la petite sœur de sa Majesté.
Elle s'est inclinée brièvement devant moi, avant de s’asseoir dans un fauteuil en face moi.
- Pourquoi ne m'as-tu pas dit qui tu étais ? Me demanda Ondine surprise.
- Mais, je t'ai dit que je m’appelais Rose ! M'exclamais-je déconcertée par sa question.
- Oui mais tu ne m'as dit que...
- Ondine, la coupa sa mère, laisse donc ta nouvelle amie arriver. Elle a encore beaucoup de chose à apprendre.
Ondine est donc allée s’asseoir sur les genoux de sa mère, et j'ai enlevé ma veste ainsi que mon écharpe, parce qu'à l'intérieur du château, il faisait étonnamment chaud.
- Veux-tu une tasse de thé avec des biscuits ?
- Non merci, dis-je simplement.
- Tu es sûr ? Ne t'inquiète pas, ce n'est pas un piège.
- Je ne crois pas cela, c'est juste que j'ai un régime alimentaire particulier. Mais merci. Quelqu'un va-t-il enfin m'expliquer ce qui s'est passé tout à l’heure ?
- Rien de grave, c'est ton arrivée qui a provoqué tout cela, et c'est important pour chacun de nous, m'informa la reine.
- Comment me connaissez-vous ? Et pourquoi ai-je provoqué tout cela ?
- Parce que tu es l'élue. Et que tu es ma fille.
- Impossible ! Ma mère est morte il y a trois ans, je l'ai vu dans son cercueil, nous l'avons enterrée ! À présent, c'est Élona ma mère, elle m'a adopté il y a maintenant un an.
- Nous le savons, c'est nous qui t'avons conduit à elle. Elle était la seule à pouvoir prendre soin de toi en protégeant ton secret. Et ce n'est pas moi qui suis morte, mais mon corps humain.
- Dans ce cas, pourquoi ne m'as-tu jamais dit la vérité ?
- Parce que je ne pouvais pas. J'ai été envoyée parmi les humains pour apprendre à les connaître, ainsi que pour retrouver l'élue qui sauverait le monde magique. Je croyais avoir échoué, et notre monde maudit à jamais, puisque je ne l'avais pas trouvée. Mais en réalité, je lui ai donné la vie, et je ne l'ai découvert que l'an dernier, parce que toutes les années où j'ai vécu avec toi, tu étais humaine. Il devait y avoir un moyen de déclencher le processus de transformation, mais je ne sais pas lequel, et encore moins à l'époque.
- J'ai été piquée par... quelque chose, dans la forêt, près des rocheuses « du Loup blanc », en haut du canyon. C'est à partir de ce moment-là que mon tatouage a commencé à se développer. Mais quelle est donc cette malédiction ? Et comment puis-je la lever ?
- Ton sang est particulier, Rose. Il est la clé de tout ça.
- La clé ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ?
- Il contient du venin de vampire.
- Oh ! Je comprends maintenant... murmurais-je pour moi-même. Et la malédiction dans tout ça ?
Rubie (la reine, qui s'est avérée être ma mère naturelle, celle que je croyais avoir perdu) s'est tourné vers Jade pour lui laisser la parole. Cela avait l'air d'être trop dur pour elle, de ressasser le passé.
- Ondine, s’il te plaît, je veux que tu ailles rejoindre ton père.
- Mais moi aussi, je veux savoir ! Ronchonna-t-elle.
Un seul regard de sa mère, lui a fait obéir, et elle s'est éclipsée rapidement, boudeuse.
- Pour commencer Rose, tu dois savoir que notre peuple existe depuis de nombreux siècles déjà, comme beaucoup d'autres créatures magiques. Et les royaumes ne sont pas toujours en paix, comme c'était le cas il y a trois siècles environ, entre les Elfes et nous, parce que nous étions en train de signer un accord de paix avec les vampires végétariens. Les Elfes n'étaient pas du tout d'accord avec ça, parce qu'en cas de guerre, ils se retrouveraient moins nombreux et donc pénalisés. Les Elfes étaient très arrogants et orgueilleux, ils aimaient le pouvoir et la richesse. À cette époque, notre royaume était riche (et il l'est toujours) mais nous n'avions guère de pouvoir sur les peuples faibles.
- Les peuples faibles ?
Je m'interrogeais sur le véritable sens de ces paroles.
- Nous appelons comme ça les créatures qui n'ont pas de royaume, qui ne peuvent pas se défendre seules.
- Oh, je vois.
- Les Elfes auraient bien aimé ne former qu'un peuple avec nous, cela leur aurait permis d'avoir plus de pouvoir sur les autres. Quand nous avons refusé, alors que nous étions en train de nous allier aux vampires, ils ont décrété une loi, qui interdisait à tout Elfes de fréquenter les Fées. Mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est que d'autres créatures cherchaient à avoir se pouvoir, bien plus forte que nous, en un sens. Les anges noirs. Alors que nous n'avions aucune conscience de leur existence, ces créatures sont arrivées un jour ici. Leur chef s'est présenté sous le nom d'Adrienne Watson. Elle a débarqué avec toute une armée, en disant que Dieu avait fait une regrettable erreur en créant des créatures telles que nous. À ce moment-là, nous avons compris qu'elle comptait nous éliminer, alors nous nous sommes unis pour former un bouclier de protection sur notre peuple, ainsi que nos alliés. Les Elfes ont voulu prouver leur force, et les ont attaqués. Notre roi est mort en essayant de les raisonner. Quand ils se sont rendus compte que les anges noirs étaient trop puissants, c'était trop tard. Et les anges ont pu voir que les Elfes étaient reliés entre eux par un lien magique. Ce qui signifiait qu'ils pouvaient les éliminer tous d'un seul coup. Au grand étonnement de chacun, quand Adrienne a enflammé leur peuple, ils ne sont pas morts. Ils se sont transformés.
- En quoi ?
- En vampires.
- Comment cela a-t-il pu se produire ?
- Ta mère et notre défunt roi avaient une fille, elle s'appelait Electra. Elle était amoureuse d'un Elfe, il s'appelait Sam. Quand nous avons formé le bouclier, Electra a protégé Sam, de ce fait, c'est le lien de vie qui vivait en lui, qui a évité la mort à son peuple. On suppose que c'est parce que les vampires étaient sous notre protection, que c'est la raison pour laquelle les Elfes ont pris cette forme. Le mélange de la mort et de la magie, tout comme les véritables vampires. C'est la seule explication que nous ayons trouvée. Terrifiés, les anges noirs ont pris la fuite sans que l'on sache comment faire pour sauver les Elfes. Une punition qui, pour le coup, a fait s'abattre leur orgueil.
- Et que sont devenus Sam et Electra ?
- Nous avons rassemblé le conseil, nous avons pensé qu'il serait plus prudent que les vampires – de race – se dispersent, sachant qu'ils trouveraient toujours refuge chez nous en cas de besoin. Sam était en danger, les anges noirs pouvaient revenir et son peuple lui en aurait voulu terriblement s'il avait su pourquoi il lui était arrivé une telle chose, je crois qu'il aurait préféré mourir que de vivre comme ceux qu'ils détestaient. Alors Electra a fait fuir Sam, lui ordonnant de se cacher et de ne se révéler à personne et sous aucun prétexte. Quand il a été en lieu sûr, il a fait parvenir une amulette à Electra, pour lui prouver son amour et qu'elle sache qu'il était toujours en vie. Electra était désespérée, un jour, elle est partie, et n'est jamais revenue, et n'avons jamais su ce qu'elle était devenue.
- Et les autres vampires – les Elfes maudits – que sont-ils devenus ?
- Ils ont été condamnés à vivre parmi les humains, en devant systématiquement se méfier pour ne pas être dévoilés.
- Et comment fait-on la différence entre un vampire de race et un vampire par malédiction ?
- Les vampires de race, ne peuvent se montrer au soleil et certains ne sont pas végétariens, mais ceux-ci nous ne les voyons jamais. De plus, ils ne peuvent se reproduire entre eux, contrairement aux vampires par malédiction qui ont leurs gènes d'Elfes qui circulent dans leurs veines. Un vampire par malédiction n'est pas dangereux, parce qu'il ne connaît pas le sang humain, la seule chose qui le rende dangereux, et pour lequel il pourrait tuer, même quelqu'un qu'il aime, c'est lorsque qu'il entend le mot « Elfe ». C'est indépendant de leur volonté, ça ne se contrôle pas. Autre chose encore, ils ont un signe distinctif particulier qui ne trompe pas. Ils ont les cheveux méchés, comme les tiens, c'est la seule marque de leur ancienne nature.
J'ai cessé de respirer, j'avais mi du temps, mais j'avais enfin compris. Julian, Amanda, Élona et Matt étaient des vampires par malédiction. Les larmes roulaient sur mes joues, sans que je puisse les en empêcher.
- Rose, est-ce que ça va ? Intervint Rubie.
- Oui, ça va aller, dis-je en essuyant mes larmes. Qu'est-ce que je suis censé faire moi ?
- Tu es spéciale. Tu es l'unique fée qui a du venin qui coule dans ses veines, tu es la seule à connaître la solution pour sauver le peuple des Elfes.
- Mais je n'ai aucune idée de comment m'y prendre !
Rubie s'est absenté quelques minutes, durant lesquelles je me suis perdue dans mes pensées. Quand elle est revenue, elle m'a donné un médaillon, dont la pierre était cassée.
- Qu'est-ce que c’est ? Demandais-je intriguée.
- C'est l'amulette que Sam avait envoyée à Electra, peut-être que cela t'aidera. Comme tu le vois, elle est cassée, je me suis dit qu'il avait peut-être fait exprès de laisser derrière lui cet indice, qui aurait permis que l'on puisse le retrouver.
- Dans ce cas, pourquoi Electra ne l'a-t-elle pas pris avec elle en partant ?
- Je ne sais pas, elle ne voyait probablement pas comment retrouver les autres fragments...
La lumière du jour commençait à faiblir, je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, mais je me suis dit qu'il était temps de rentrer. J'ai machinalement passé l'amulette autour de mon cou, et j'ai enfilé ma veste.
- Je te raccompagne, me dit Rubie. Tu as peut-être des choses à me raconter.
Elle m'a souri, malgré la tristesse qui se lisait sur son visage, et nous sommes sorties. Contrairement au matin, la cour du château, les prairies et le village étaient en fêtes, une foule impressionnante de Fées, se bousculaient partout, mangeant et buvant, dansant et chantant, sans se lasser. Ceux qui nous apercevaient, s'inclinaient sur notre passage, les gens n'avaient plus peur de moi, et les enfants accouraient pour m'offrir des fleurs, ou des petits présents confectionnés de leurs mains.
- Ce nuage noir, qu'est-ce que c’est ? Demandais-je à Rubie en arrivant à la clairière où j'étais arrivée le matin.
- Avant la malédiction, il était invisible pour nous, il nous cachait simplement des humains, nous pouvions voir le ciel, les étoiles la nuit et le soleil le jour. Il s'étend ou que nous allions, cette malédiction a plongé le monde magique tout entier dans la nuit, c'est à peine si nous voyons ce qui se passe là-haut maintenant...
- Que se passerait-il si un vampire par malédiction traversait le nuage ?
- Rien, mais ils ne le font pas, de peur d'être attaqué en arrivant. Ta question avait-elle un but précis ?
La lumière du jour commençait à faiblir, je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, mais je me suis dit qu'il était temps de rentrer. J'ai machinalement passé l'amulette autour de mon cou, et j'ai enfilé ma veste.
- Je te raccompagne, me dit Rubie. Tu as peut-être des choses à me raconter.
Elle m'a souri, malgré la tristesse qui se lisait sur son visage, et nous sommes sorties. Contrairement au matin, la cour du château, les prairies et le village étaient en fêtes, une foule impressionnante de Fées, se bousculaient partout, mangeant et buvant, dansant et chantant, sans se lasser. Ceux qui nous apercevaient, s'inclinaient sur notre passage, les gens n'avaient plus peur de moi, et les enfants accouraient pour m'offrir des fleurs, ou des petits présents confectionnés de leurs mains.
- Ce nuage noir, qu'est-ce que c’est ? Demandais-je à Rubie en arrivant à la clairière où j'étais arrivée le matin.
- Avant la malédiction, il était invisible pour nous, il nous cachait simplement des humains, nous pouvions voir le ciel, les étoiles la nuit et le soleil le jour. Il s'étend ou que nous allions, cette malédiction a plongé le monde magique tout entier dans la nuit, c'est à peine si nous voyons ce qui se passe là-haut maintenant...
- Que se passerait-il si un vampire par malédiction traversait le nuage ?
- Rien, mais ils ne le font pas, de peur d'être attaqué en arrivant. Ta question avait-elle un but précis ?
- Je ne sais pas tout à fait... c'est plutôt parce que je suis fiancée à l'un d'eux, je crois que je me fais du souci...
- Julian, n'est-ce pas ?
- Exact... je reviendrai quand j'en saurai davantage, où si j'ai d'autres questions. Merci de m'avoir si bien accueilli. Embrasse Ondine pour moi.
- Bonne chance Rose.
J'ai déplié mes ailes et j'ai vu une larme couler sur sa joue. Je lui ai souris puis me suis envolée.