Bourron (Seine-et-Marne), 14 juin 1865.
Mon cher Maricourt,
J’ai lu votre roman ; il m’a intéressé et amusé : n’est-ce pas là le but que se proposait l’auteur ? J’y ai remarqué des scènes tracées avec vigueur et surtout d’excellentes qualités de narration qui ne peuvent manquer de se développer par l’exercice. Je suis trop de vos amis pour vous envoyer de fades compliments, mais vous verrez que le public vous encouragera à sa manière, qui est la bonne, c’est-à-dire en vous lisant. Je ne vous gronderai pas d’avoir quelquefois parlé d’un ton un peu dégagé de choses sérieuses, j’ai passé par là dans mon temps, et je sais qu’on en revient. Les observations que j’aurais à vous faire ne sont pas graves, et je vous les communiquerai de vive voix. Pour aujourd’hui, je ne veux point m’ériger en juge et je préfère rester dans mon rôle de lecteur content et sympathique.
Recevez, mon cher Maricourt, l’assurance de mes sentiments bien dévoués.
PAUL DE MUSSET.
Première partie