Préface
Préface
SIMPLE AVIS
Depuis six mois, des amis, des confrères, des Parisiens, des provinciaux même me demandaient souvent :
– Quand allez-vous réunir en volume et compléter ces Études sur Paris au café, dont vous nous avez donné une partie dans le journal ?
C’est fait.
Voici un côté du Tableau de Paris pendant vingt ans. Je l’ai pris sur le vif ; je l’ai reproduit tel que je l’ai vu, fourmillant, houleux, capricieux, plein de migrations de tout un monde, d’un café à l’autre, qui restaient inexpliquées à plus d’un habitué du boulevard, saisissant d’oppositions, heurté des contrastes qu’on surprend surtout dans la Ville multiple qui a cent villes, comme Thèbes avait cent portes.
Figures et silhouettes y passent et y défilent : les unes célèbres, les autres au moins très connues ; toutes curieuses à regarder.
Au lecteur qui me demanderait pourquoi je ne me suis pas arrêté plus longtemps avec celles-ci ou avec celles-là ; pourquoi je n’ai pas montré, dans toute la bizarrerie de leur existence, les Pelloquet, les Delvau, les Desnoyers, pour ne citer que ces types de cafés et de brasseries ; pourquoi je n’ai pas un peu déshabillé, en traversant Madrid, les Gambetta, les Spuller et autres politiques d’actualité, je répondrai simplement :
– Lecteur, vous avez un grand tort : vous ne connaissez pas les Confidences d’un journaliste, que j’ai eu la courageuse fantaisie de publier il y a un an et demi déjà. Et pour moi, lorsque j’ai commencé à écrire le Tout-Paris au café, nul n’était censé les ignorer.
Je ne pouvais revenir, en effet, pour l’amusement et l’instruction de personne, aux portraits en pied et aux biographies. Cela existe ; cherchez-le ! Ici c’est la mêlée où un trait suffit, où un bout de nez dit beaucoup de choses. N’est-ce pas, ombre violette du nez de Guichardet ?
Voilà qui est entendu.
Qu’on se le répète.
M. R.
Paris, avril 1877.