Chapitre 16

2377 Words
Tiziana J'étais assise dans l'avion en direction du Cameroun. J'étais super excitée, mais aussi anxieuse. C'était la première fois pour moi de faire un voyage aussi long. Nous ferons une escale de trois heures à Paris avant de prendre le vol qui nous conduira vers Yaoundé. Alessandro nous avait conduites à l'aéroport très tôt ce matin. Caroline et lui s'étaient séparés avec beaucoup de difficultés. Je ne comprenais pas la réticence de Caroline vis-à-vis de lui, c'était un mec chic et il était évident qu'ils avaient beaucoup de points en commun. Leur air complice parlait pour eux. J'en étais presque arrivée à les envier. Je poussai un profond soupir en pensant à ma relation avec Giorgio. Je l'avais revu il y'a une semaine et j'avais eu de la peine à me séparer de lui. Flash-back Je suis actuellement assise dans un coin assez retiré de ce café. Giorgio devrait arriver d'ici peu. J'avais préféré lui donner rendez-vous dans un lieu neutre pour éviter d'éventuelles crises de colère de sa part. Il n'oserait agir violemment dans un lieu public, mais j'avais tout de même le cœur qui battait à vive allure chaque fois que je jetais un œil vers la porte d'entrée du café. Je le vis garer sa voiture et descendre dans toute sa prestance. Il avait vraiment un physique athlétique et attirait le regard des femmes présentes dans ce local. Il vint à moi et me fit deux bises rapides et s'assit sur le siège en face de moi et enleva ses lunettes de soleil. Il planta ensuite son regard dans le mien et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. - Bonsoir Tizi, dit-il d'une voix grave. - Bonsoir Giorgio, répondis-je d'un ton un peu embarrassé. Je craignais un peu sa réaction vu ce que je comptais lui annoncer. Nous avions certes de sérieux problèmes, mais nous n'avions pas rompu et je savais aussi que ce voyage lui avait coûté une fortune et il ne roulait pas non plus sur l'or. - Tu vas bien ? me demanda-t-il d'un ton prévenant. - Je vais bien merci et toi ? - Ce n'est pas la pleine forme, mais on essaie d'avancer, répondit Giorgio en soupirant. - As-tu des problèmes au boulot ? - Non, lança-t-il en me fixant dans les yeux. Je compris finalement la nature de son manque d'énergie et baissai les yeux d'embarras. - On commande quelque chose ? demanda-t-il. - Juste de l'eau. - D'accord, répondit-il simplement en faisant un signe de la main au serveur. Celui-ci se présenta rapidement à nous et Giorgio commanda de l'eau et du Coca pour lui. - Je t'écoute, dit Giorgio quelques minutes plus tard, après que le serveur ait déposé nos commandes sur la table et se soit éloigné discrètement. - Euh, euh, en fait, euh... bégayai-je incessamment sans réussir à former une vraie phrase. - Je t'écoute Tiziana, parle-moi sans détours, ne t'en fais pas, dit Giorgio d'une voix douce. Cette délicatesse de Giorgio ne m'aidait en rien. Je retrouvais effectivement le Giorgio que je connaissais quand nous étions dans notre bulle à nous, pas d’élément externe "perturbateur". - Euh, en fait, j'ai décidé de ne pas aller aux Seychelles, lâchai-je courageusement. Giorgio baissa la tête et sembla accuser le coup. Un silence lourd s'installa entre nous un bref moment. Il releva enfin la tête et me fixa dans les yeux. - Tu sais, je ne t'en veux pas. Mon comportement ces derniers mois a été inacceptable et je te comprends, dit enfin Giorgio d'une voix peinée. Un autre lourd silence prit place entre nous. - Que comptes-tu faire ? Tu vas-y aller de toute façon ? demandai-je. - Je ne sais pas, dit-il d'une voix perdue en se passant la main dans les cheveux. Je pense tout de même y aller. Je vais essayer de voir combien pourrait coûter le changement de nom et proposer à Davide peut-être d'y aller avec moi. - D'accord, répondis-je d'une voix douce. Un autre silence... - Et toi ? Que vas-tu faire ? Tu vas rester ici ou aller chez tes parents plus tôt ? demanda Giorgio. Mon cœur reprit sa course à ces mots. - Euh, euh, je compte aller au Cameroun avec ma voisine, Caroline, tu l'as... - Quoi ? s'exclama Giorgio, tu plaisantes je suppose ! Il n'en est pas question, lança Giorgio d'une voix furieuse. Son regard lançait des éclairs et il s'agitait nerveusement sur sa chaise. - Et pourquoi donc ? Je ne suis pas libre d'aller et venir à ma guise ? répondis-je avec véhémence. Giorgio me regarda un long moment avec de la fureur dans les yeux avant que cette dernière ne soit remplacée par de la douceur. - Je sais Tizi, pardonne-moi bébé, essaie de me comprendre aussi. Ce voyage était programmé depuis des mois et j'étais vraiment heureux de passer ce petit moment de relax avec toi et je me retrouve tout à coup à devoir y aller, si j'y vais, tout seul. En plus, tu vas quand même en voyage, mais tu préfères y aller sans moi, argumenta Giorgio d'une voix peinée. - Je sais Giorgio, mais comprends-moi, j'ai vraiment besoin de m'éloigner pour faire le point. - Je te comprends, répondit Giorgio d'une voix douce, excuse-moi si je me suis laissé emporter tout à l'heure. Je crois que la déception a parlé pour moi. - Ok, répondis-je simplement. On resta un bref moment en silence à se regarder dans les yeux. - Sinon, ça va ? Le boulot se passe bien ? demanda Giorgio pour faire diversion. - Oui, ça va assez bien et toi ? - Ça va, répondit-il. On continua à papoter pendant un quart d'heure. Giorgio eut de temps en temps quelques gestes doux à mon endroit, mais je ne le repoussai pas. - Je dois y aller, je commence demain très tôt, dis-je. - Pas de problème, répondit Giorgio avec affabilité. Il se leva prestement et se rendit à la caisse régler la note et on sortit enfin du café. Il m'accompagna à ma voiture qui se trouvait à quelques pas de là. - Tout est ma faute si nous en sommes arrivés là et j'en suis pleinement conscient, mais saches que je t'aime sincèrement et je ne compte pas baisser les bras, dit Giorgio d'une voix douce. Tu me donnes l'autorisation de t'appeler de temps en temps ? Je n'eus pas le cœur de refuser. - Bien sûr, répondis-je enfin. Tu pourras m'écrire ou m'appeler sur w******p, Caroline m'a dit que c’est le moyen qu'elle utilise le plus souvent pour joindre sa famille. Il me serra ensuite très fort dans ses bras. Il maintint son étreinte un bon moment avant de me lâcher et de coller son front au mien. Il me dit ensuite un léger b****r sur les lèvres et s'en alla finalement. Je restai un long moment à le regarder s'éloigner. J'avais le cœur qui battait à un rythme effréné. Je déverrouillai ma voiture et m'y installai le cœur en tumulte. Fin du Flash-back J'avais été tentée d'annuler mon voyage pour respecter le programme initialement prévu, c'est-à-dire me rendre aux Seychelles avec Giorgio, mais je savais aussi qu'il me fallait prendre du recul pour mieux réfléchir et ces vacances dans ce pays lointain tombaient à point nommé. - Tiziana, dit Carole en me tapotant légèrement l'épaule. Caroline était assise un peu plus à l'avant de l'avion. Le pilote avait donné il y a peu l'autorisation à détacher les ceintures de sécurité. Elle me regardait avec un large sourire. - Ça va ? demanda Caroline avec un sourire aux lèvres. - Oui ça va, lui répondis-je en lui rendant son sourire. Un peu stressée quand même, admis-je tout de même. - Mais non, t'inquiète, tu vas adorer, me rassura Caroline. Nous nous connaissions depuis peu de mois et le courant était bien passé entre nous, mais je n'aurais jamais imaginé entreprendre le voyage dans un pays lointain avec elle juste quelques mois après avoir fait sa connaissance. Je n'aurais non plus jamais imaginé découvrir ce côté obscur de Giorgio. La vie nous surprend toujours, il n'y a vraiment pas de chemin tracé. - Hum, j'ai vu le long b****r que tu as échangé avec Alessandro, raillai-je en lui faisant un clin. Il fallait donc l'amener dans ton bagage en soute. Étrangement, le regard de Caroline s'assombrit à ces mots. - Vous vous êtes disputés après moi ? demandai-je en l'observant attentivement. Je m'étais en effet éloignée pour leur laisser un peu d'intimité, ils allaient quand même être séparés pendant trois semaines. - Non, pas du tout, répondit simplement Caroline en évitant tout de même mon regard. En tout cas, je suis heureuse de rentrer chez moi. - J'imagine. On papota encore un bref moment et Caroline rejoignit sa place. Je pensais qu'elle était venue à moi dans le but de me rassurer. Je la suivais quand même presque aveuglement dans un pays étranger. L'escale à Paris passa rapidement et nous étions maintenant installées dans le vol pour Yaoundé. Nous avions réussi à nous asseoir ensemble en suppliant nos voisins respectifs de nous céder leur place. - Qui viendra nous chercher ? demandai-je à Caroline. - Mon frère sera accompagné d'un de ses amis. Ma maman arrivera demain, malheureusement, elle a eu un contretemps et elle n'a pas pu rejoindre Yaoundé à temps. Nous avons préféré qu'elle attende le petit matin pour prendre le bus pour Yaoundé. Ce n'est vraiment pas prudent de rouler la nuit chez nous. - Je vois. Tu sais, je pourrai prendre une chambre à l’hôtel, nous serions peut-être nombreux chez lui. Je ne voudrais pas déranger. - Haha, éclata de rire Caroline. Chez nous, on ne dérange pas. T'inquiète, on va gérer. En plus, maman est là juste pour quelques jours. Elle a ses activités au village et elle n'aime pas s'en éloigner. - D'accord, si tu le dis. - Je le dis, rétorqua Caroline en riant. Nous continuâmes à papoter pendant un bon moment jusqu'à ce que le sommeil ne nous emporte. Carole me raconta les différents mets du Cameroun, me donnant envie de tous les goûter. Nous fûmes réveillées per les hôtesses qui apportaient à manger. On mangea rapidement et très vite le sommeil nous emporta à nouveau. Nous avions dû quitter la maison à 3 h du matin pour réussir à prendre notre vol dont le départ était prévu pour 7 h. Nous étions simplement éreintées. - Nous commençons la descente vers la ville de Yaoundé. Les passagers sont priés d'attacher leurs ceintures de sécurité... La voix du pilote continua à résonner dans nos oreilles tandis que je voyais Carole attacher fébrilement sa ceinture de sécurité. Quelques minutes plus tard, l'avion se posa sur le tarmac de l'aéroport international de Yaoundé Nsimalen. Nous fûmes autorisées à descendre de l'avion après de longues minutes. Nous étions maintenant en train de trainer nos valises vers la sortie de l'aéroport après une longue attente pour les récupérer. - Liam, Liammmmm, hurla Caroline en allant se jeter dans les bras de son frère, je suppose. Ce dernier la réceptionna avec un large sourire et la serra un long moment dans ses bras. Il était de taille moyenne, avec une belle carrure. Il se détacha de Caroline et la détailla longuement des yeux. Ils se sourirent encore un bref moment avant que Caroline ne se tourne vers un jeune-homme qui était près de son frère. - Bertrand, dit Caroline en faisant une brève accolade à l'ami de son frère. - Caro, ça va ? Content de voir, répondit ce dernier avec un large sourire. J'étais restée en retrait pendant tout ce temps. - Venez que je vous présente ma copine. Tiziana, je te présente Liam, mon grand frère. Je levai la tête pour le regarder et mes yeux se perdirent dans des prunelles extrêmement sombres et je perdis mes mots, déjà que je ne savais en quelle langue m'exprimer. J'avais certes de bonnes notions de français, j'avais même essayé de réviser les expressions courantes en français, mais en cet instant précis, j'avais de la peine à articuler le moindre mot. - Euh, euh, bonjour, lâchai-je enfin en prenant la main qu'il me tendait. Je perçus une légère secousse quand ma main vint en contact avec la sienne. Je levai les yeux vers lui et son regard me confirma qu'il l'avait, lui aussi, ressenti. - Et voici Bertrand, le grand ami de mon frère. - Enchanté Bertrand, dis-je en lui tenant la main. - Bonsoir Tiziana, répondit Bertrand en prenant ma main. - Il se fait tard, on devrait se rapprocher des voitures, intervint le frère de Tiziana. Bertrand et Liam s'activèrent immédiatement et quelques minutes plus tard, nos bagages étaient chargés à l'arrière d'une voiture. Liam s'installa au volant tandis que Bertrand prenait place près de lui. Tiziana et moi nous installâmes sur le siège arrière. Liam sortit quelques minutes plus tard de l'aeroport et s'inséra dams la circulation. Les rues dans les environs de l’aéroport étaient désertes, ce qui était tout à fait normal vu l'heure tardive, presque minuit, pensai-je, mais au fur et à mesure que nous nous rapprochions de la ville, les rues se remplissaient de plus en plus et le bruit environnant attira mon attention. Je parcourus les rues des yeux pendant de longues minutes en ébauchant un léger sourire. Je tournai ensuite les yeux vers l'avant et mon regard croisa celui de Liam dans le rétroviseur, et je ne sus per quel motif, je me sentis embarrassée. On roula encore un bref moment et Liam ralentit en se rapprochant d'un énorme portail. Il fit un bref coup de klaxon et un gardien se matérialisa en quelques secondes. Ce dernier ouvrit le portail et Liam se faufila à l'intérieur d'un parking. Il gara la voiture et nous descendîmes tous. Son ami et lui se chargèrent de récupérer nos bagages dans la malle arrière et Liam nous guida vers ce qui devait être son appartement. Il avait à peine tourné la clé dans la serrure qu’une voix stridente attira notre attention. - Liam, chéri, je t'attends depuis un moment, hurla une jeune fille en se jetant dans les bras de Liam et j'eus l'impression de lire de la contrariété dans le regard de ce dernier.
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