Chapitre 15

1992 Words
Caroline J'avais passé la matinée de dimanche au lit. Je m'étais ensuite décidée à me lever du lit et avais fait le ménage complet dans la maison. J'avais essayé de lire quelques heures, mais j'y avais renoncé finalement. Je n'arrivais pas à me concentrer. Mon esprit vagabondait excessivement. Mon voyage pour le Cameroun était prévu dans deux semaines et je trépignais d'impatience. Ma relation avec Alessandro évoluait paisiblement. Nous étions sur la même longueur d'onde la majeure partie du temps, mais étions en discorde en ce qui concernait le sexe. Alessandro avait essayé d'avoir des relations intimes avec moi et je l'avais toujours repoussé, ce qui créait parfois de la tension dans notre couple. Il ne comprenait pas mes motivations et malheureusement, je n'étais pas en mesure de m'ouvrir totalement à lui. Je craignais que lui offrir mon corps m'aurait fait perdre le contrôle de moi-même. J'avais l'impression que passer ce cap avec lui m'aurait lié plus fortement à lui et quand serait arrivé le moment de nous séparer, je craignais de ne pas être en mesure de le faire. J’étais complètement perdue dans ces pensées pas très gaies quand mon téléphone me signala l'arrivée d'un message. " T'es où Caro ?" Le message provenait de Tiziana. Je sursautai en regardant l'heure sur le téléphone. 19 h 00 bon sang ! Il était 19 heures ! Tiziana m'avait invitée à dîner chez elle ce soir. J'y étais attendue pour 18 h 30. " Désolée ma belle, donne-moi juste une minute et je te rejoins", lui répondis-je en me levant précipitamment de ma chaise. Je me rendis immédiatement aux toilettes et jetai un coup d’œil au miroir en face de moi. Je vis que j'étais présentable. Je liai simplement mes rastas en un énorme chignon et sortis précipitamment de la maison après avoir pris la bouteille de vin que j'avais achetée en journée. - Bonsoir Tiziana et désolée du retard, la saluai-je avec un air désolé au visage. - T’inquiète Caro, j’étais juste surprise que tu ne sois pas encore là, répondit Tiziana d’un air bienveillant. T’es rentrée tard hier ? La soirée a été ? - Oui assez tard, aux environs de deux heures du matin, répondis-je avec un petit sourire contrit en pensant à ma fin de soirée d’hier. - T’aurais pu y passer la nuit au lieu de prendre la route toute seule à une heure aussi tardive. - T’as raison, mais disons que j’ai préféré rentrer me reposer chez moi. - C'est quoi le problème avec Alesandro à la fin ? Il me semble un mec sympa, s'exclama Tiziana en me regardant d'un air interrogateur. Les rapports entre Tiziana et moi avaient beaucoup évolué. Après lui avoir sauvé la mise avec son copain, nous avions commencé à nous fréquenter timidement au départ, mais maintenant, nous passions difficilement une journée sans prendre des nouvelles l’une de l’autre. Elle avait eu l'occasion de croiser Alessandro quelques fois et le courant était passé entre eux. - Une minute, s’il te plaît, s’écria tout à coup Tiziana en se levant précipitamment, m'évitant ainsi de répondre à sa question embarrassante. Elle se rendit à la cuisine et je la suivis. Il y avait en effet une légère odeur de brûlé qui régnait dans l’air. - Purée, j’étais convaincue d’avoir éteint le feu, s’exclama Tiziana d’un air dépité, tout en ouvrant la marmite. Je me rapprochai d’elle et vis que la sauce était un peu dense, rien de bien méchant. - Mais ça va Tiziana, c’est parfaitement mangeable. - Le « pollo alla cacciatora » n’est pas très bon quand il est sec, s’exclama Tiziana. - C’est bien vrai, mais t'inquiète ma belle, il sera délicieux j'en suis sûre. Nous nous installâmes à table et recommençâmes à manger. - Hum, il est trop bon. Merci encore pour l’invitation, dis-je à Tiziana en m’essuyant la bouche à l’aide d’un mouchoir. - Il n’y a vraiment pas de quoi ! répondit Tiziana avec un large sourire. - Il faut que je te fasse goûter un plat de chez moi, du poulet DG, tu vas adorer. - Volon… Tiziana dut interrompre sa phrase car son téléphone se mit à sonner. Elle se leva précipitamment de table et s’approcha de la petite table au salon où était posé son téléphone. Elle le prit et le regarda un long moment d’un air hésitant. Elle le déposa ensuite et me rejoignit à la table à manger. - Tu disais ? me demanda-t-elle d’un air pensif. Elle semblait tout à coup très loin. Je devinais aisément qui était la personne à l’autre bout de la ligne pour la mettre dans cet état. - Euh, je parlais de te faire déguster du poulet DG, c'est fait à base de bananes plantain et légumes, il est ... Je dus interrompre ma phrase, car je me rendis compte que je faisais simplement un monologue. Tiziana était complètement perdue dans ses pensées. - Tiziana... l'interpellai-je doucement. Elle semblait dans une autre sphère. - Tiziana, répétai-je en lui touchant le bras. Elle sursauta et me regarda d'un air égaré. - Euh désolée Caro, j’étais distraite, s'excusa-t-elle. - Je vois bien, lui répondis-je avec un sourire bienveillant. Nous restâmes en silence pendant un moment qui me sembla une éternité. - Tiziana, que se passe-t-il ? demandai-je avec douceur. Tiziana soupira longuement avant de me répondre. - En fait, je suis un peu indécise. Giorgio et moi avions prévu passer nos vacances ensemble. Nous avions une réservation pour les seychelles. Nous sommes censés partir d'ici dix jours, mais avec la situation actuelle, je ne sais que faire. - Tu penses y aller tout de même ? demandai-je d'un air ahuri. - Euh, en fait, il est venu ici il y a trois jours et nous avons pu parler. J'écarquillai les yeux à ces mots. - Il était ici ? - Euh, oui, répondit Tiziana d'un air embarrassé. Sincèrement, j'étais fatiguée de cette situation. Devoir l'éviter au point de changer mes tours de travail commençait à devenir épuisant. J'ai décidé de le laisser entrer pour discuter une bonne fois pour toutes. - D'accord, répondis-je simplement. - Comme je te le disais tantôt, nous avions réservé pour les Seychelles et nous étions censés y passer deux semaines, et je comptais ensuite me rendre en Sicile pour passer la dernière semaine avec mes parents. Il m'a une fois de plus demandé de lui accorder une dernière chance. Il m'a suppliée d'y aller avec lui et au retour de prendre ma décision. Je lui ai demandé de me laisser un peu de temps pour y réfléchir et surtout de me laisser seule un moment, dit Tiziana d'un air hésitant. Je comprenais pourquoi je ne l'avais plus revu ces derniers jours. Cela faisait des semaines que Giorgio faisait le pied de grue devant notre immeuble. Tiziana l'avait cependant toujours tenu à distance. C'était bien la première fois que je la sentais prête à flancher, je ne sais pas si cela était dû à l'attrait des Seychelles. Mais cela valait-il vraiment la peine ? - Tu veux y aller ? demandai-je. - Hum, je ne sais pas, répondit Tiziana en évitant mon regard. - Je vois. Mon voyage pour le Cameroun est prévu dans deux semaines et je suis tellement impatiente, dis-je, changeant ainsi de sujet. - Haha, j'imagine bien. Cela me ferait plaisir de visiter l'Afrique un de ces jours, répondit Tiziana. - Je t'aurais bien proposé de venir avec moi, lui dis-je d'un ton blagueur, mais le billet actuellement coûte littéralement la peau des fesses à l'acheter à la dernière minute. - Haha, j'imagine bien. De toute façon, j'ai un peu l'argent de côté, le problème serait le séjour, répondit Tiziana d'une voix rieuse, mais qui me sembla mi-sérieuse. - Si ce n'était que cela, ce n'est absolument pas un problème, tu logeras avec moi chez moi frère, répondis-je sur la même lancée. Tiziana me lança un long regard qui me sembla hésitant. - T'es sérieuse ? demanda-t-elle enfin. - T'es sérieuse toi ? répliquai-je en riant. - Bah, je ne sais pas, t'en as déjà pas parlé à ton frère en ce qui concerne l'hébergement. - Si ce n'est que cela, ce n'est absolument pas un problème. S'il y a de la place pour deux, il y'en a pour tous. - Haha, avant de trop nous avancer, regardons déjà combien coûtera le billet. À cette phrase, je compris que Tiziana envisageait vraiment la possibilité de venir avec moi au Cameroun. Je préférais de loin qu'elle vienne avec moi que d'aller aux Seychelles avec son psychopathe. Je pris fébrilement mon téléphone et me connectai sur un site de voyage. Tiziana se rapprocha de moi pendant que j'émettais ses dates de voyage. Elle ferait 10 jours au Cameroun et prendrait un billet retour directement pour la Sicile où elle passerait le reste des vacances avec ses parents, avant de revenir à Brescia reprendre son boulot. Le prix du billet me sembla exorbitant, il était pratiquement le double du mien. - C'est trop cher, m'exclamai-je d'une voix dépitée. - C'est pas un problème ma belle. De toute façon, les vacances aux Seychelles étaient entièrement offertes par Giorgio, rétorqua Tiziana. - T'es sûre ? demandai-je tout de même. - Certaine, répondit Tiziana d'une voix tout à coup joyeuse. - Il me faut les données de ta carte de crédit pour payer le billet. - Je te l'apporte de suite, répondit Tiziana en se levant. Elle vint deux minutes plus tard avec la carte de crédit dont j'introduisis les données. - C'est bon, hurla Tiziana, je viens de recevoir le mail de confirmation. - Ouiiiii, hurlai-je à mon tour. On se mit à sautiller comme des gamines. - Il faut que j'appelle mon frère pour l'informer qu'il recevra deux personnes à l'aéroport. Tiziana sembla perdre un bref moment sa joie. - Tu es sûre que ce n'est pas un problème pour lui ? demanda-t-elle d'une voix hésitante. - Certaine, la rassurai-je. Je pris ensuite mon téléphone et lançai l'appel vers le numéro de mon frère. Il décrocha à la première sonnerie. - Je dis hein, tu avais seulement le téléphone en main ? Laisse même sonner quelques secondes non ? m'écriai-je d'une voix rieuse dès qu'il décrocha le téléphone. - Haha, j'étais en train d'écrire un message quand tu as appelé, répondit mon frère Liam. - D'accord. Je voulais juste t'informer que finalement je ne viendrais pas seule. - Hummm, tu vas enfin nous présenter le bon gars, s'exclama Liam en riant. J'eus une pensée pour Alessandro à cette pensée et secouai vivement ma tête. Non, c'était simplement impossible. - Haha, t'es trop c*n, je viens avec une amie. - Je la connais ? demanda Liam. - Non, pas du tout. Elle a décidé de venir à la dernière minute. - Je vois, il n'y a pas de problème de toute façon, répondit Liam. On papota encore quelques secondes avant que je ne raccroche. - Voilà, c'est fait, il est au courant et il est d'accord. De toute façon, il n'a pas trop le choix, nous avions déjà payé le billet avant de lui demander, lui lançai-je d'un air espiègle. - C'est vrai en plus, répondit Tiziana en riant, mais son sourire mourut progressivement sur ses lèvres. Que vais-je dire à Giorgio ? marmonna-t-elle. Il a reservé le billet il y'a des mois de cela et j'ai l'impression de le lâcher à la dernière minute. Bah, vas-y, et tu risques de revenir dans un cercueil à la soute de l'avion, avais-je envie de répliquer, mais au lieu de cela, il me fallait être diplomate. - Tu lui diras simplement que tu avais besoin de réfléchir loin de lui et de tout. - J'espère qu'il me comprendra, dit Tiziana. Je vais l'appeler demain pour lui faire savoir ma décision. - D'accord, lui répondis-je simplement. Nous passâmes le reste de la soirée à organiser notre séjour au Cameroun. J'étais sur un petit nuage, j'allais enfin revoir ma terre natale.
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