Chapitre 10

2383 Words
Tiziana - Où es-tu ? demanda Giorgio au téléphone. - Je suis juste en face de l'entrée principale de la clinique, et toi ? demandai-je à Giorgio. - Je te vois maintenant, regarde à ta droite. Je tournai le regard et remarquai la voiture de Giorgio avec les doubles flèches garée sur le trottoir. - Je t'ai vu, répondis-je en traversant la route. Je montai dans la voiture et refermai la porte. Giorgio se tourna vers moi et me fit un large sourire avant de prendre mes lèvres avec douceur. Un klaxon nous obligea à nous détacher brusquement l'un de l'autre. Giorgio éclata de rire avant de mettre en marche le moteur. Nous décidâmes de flâner un moment dans un centre commercial de la zone avant de s’arrêter dîner au restaurant. - Ça a été au boulot ? demanda Giorgio d'une voix douce. - Pas facile, mais bon, on est habitués, répondis-je avec sourire. Giorgio avait sa semaine libre et avait décidé de me servir de chauffeur cette semaine pour se faire pardonner. - Je suis tellement heureux que tu aies décidé de me donner une autre chance bébé, répondit Giorgio en me prenant les mains. J'ai bien compris et je te promets que tu peux être tranquille, je ne veux en aucun cas mettre notre couple en péril. - Je l'espère bien Giorgio. Tu m'as fait extrêmement mal, soit physiquement que psychologiquement, et je ne veux en aucun cas revivre ces moments de violence, mais aussi de terreur. - Tu as ma parole bébé, répliqua Giorgio d'un ton solennel. - Changeons de sujet, tu veux bien ? Je préférais parler des choses gaies. J'avais de la peine à me l'admettre à moi-même, mais j'avais extrêmement peur. Je n'étais pas certaine que Giorgio ne recommencerait pas. Je n'avais pas envie de vivre dans la terreur, mais je me disais que nous avions tous le droit à une seconde/troisième chance. Que celui qui est sans pêché jette le premier la pierre à elle, le disait si bien la bible. J'étais restée enfermée dans ma maison pendant une semaine entière après la scène avec Giorgio. Je n'aurais d'ailleurs jamais pu présenter mon visage avec ces marques encore bien visibles. Giorgio était revenu à plusieurs reprises à la maison et je n'avais jamais ouvert ma porte. Il m'avait alors attendu à la sortie du boulot et m'avait un jour presque obligée à l'écouter. Il s’était agenouillé devant moi et avait laissé couler quelques larmes. Il m'avait demandé sincèrement pardon et avait promis de ne plus jamais recommencer. Je l'avais ignoré et m'étais enfuie les yeux pleins de larmes. Il était revenu à maintes reprises et je n'avais pas pu fermer mon cœur à cet homme rongé par la culpabilité. Il avait carrément pris une semaine de congé afin de pouvoir m'attendre à la sortie du boulot tous les jours. Son regard contrit, plein de remords avait finalement eu raison de ma résistance et j'avais finalement décidé de lui pardonner. - Giorgio, lui avais-je dit en lui demandant de se lever, je suis prête à jeter l'éponge une fois de plus, mais sache bien que c'est la dernière fois. Il n'y aura pas de prochaine fois. Je ne suis pas un sac de boxe, si tu as de l'énergie à extérioriser, inscris-toi à une salle de sport. Si jamais tu oses encore lever la main sur moi, tu devras répondre de tes actes devant la police. - Bébé, lança Giorgio avec le regard illuminé, tu n'as pas besoin de te répéter, j'ai parfaitement compris la leçon. Tu ne regretteras pas cette décision, m'avait promis Giorgio d'une voix ferme. Je l'espérais vraiment du fond du cœur, mais je ne pouvais pas m’empêcher d'avoir peur. Je revoyais parfois le regard glacial de Giorgio avant que sa main ne s'abatte sur ma joue et je repensais à la frayeur que j'avais ressentie et j'espérais vraiment ne plus jamais revivre un moment pareil. Giorgio s'était levé et m'avait prise dans ses bras, il m'avait par la suite serrée très fort contre lui avant de prendre mes lèvres dans un doux b****r. J'avais simplement subi son b****r sans vraiment y participer. Cela s'était passé il y a exactement trois jours et depuis lors, il ne me lâchait plus. Je sortis de mes pensées quand Giorgio posa une main délicate sur ma joue. - Tu as déjà choisi ? J'avais le menu devant les yeux, mais je m'étais totalement perdue dans mes pensées. - Euh, donne-moi juste une minute bébé, répondis-je en essayant de me concentrer sur le menu. - Bien sûr mon cœur, répondit Giorgio sans se départir de son sourire. La soirée se déroula paisiblement. Giorgio était d'excellente compagnie et il était évident qu'il faisait de son mieux pour se faire pardonner. À un moment, Giorgio se mit à manipuler son téléphone. - Bébé, je viens de t'envoyer un message, dit-il en me faisant un sourire espiègle. Je levai un regard surpris vers lui. J'étais en face de lui et il préférait m'envoyer un message ? Je pris mon téléphone et ouvris le message en question. Je fronçais les sourcils en remarquant le nom d'une célèbre agence de voyage. Je levai un regard interrogateur vers lui. - Bah lis bébé, s'exclama Giorgio d'un air rieur. J'ouvris finalement le document et vis avec surprise qu'il s'agissait carrément d'un séjour "All Inclusive" aux Seychelles du 7 au 21 août. Le prix qui s'affichait à la fin du document me donna le tournis. - Giorgio ? balbutiai-je en levant un regard émerveillé vers lui. - Ça te plait ? demanda Giorgio d'un air fier de lui. - Quelle question mon amour ? dis-je en rapprochant mon visage du sien pour un b****r. - Mon amour, dit Giorgio d'une voix grave, je veux que tu saches que tu comptes énormément pour moi et que je regrette tellement mes actes. - L'important est que cela ne se répète plus, dis-je tout de même d'une voix ferme. - Ça ne se répètera plus, répliqua Giorgio. Je t'aime. - Je t'aime aussi. J'avais trois semaines de vacances au mois d'août, je passerai donc les deux premières semaines avec Giorgio et je passerai ensuite la dernière semaine avec ma famille en Sicile. On continua le dîner dans la bonne humeur. - Chéri, il faut que je rentre, je commence très tôt demain tu sais, dis-je à Giorgio d'une voix douce. - T'as raison, répondit Giorgio. On y va. Giorgio emprunta le chemin qui menait à mon domicile tout en dévissant joyeusement. - Je passe te prendre demain à 5 h, n'est-ce pas ? - C'est vraiment pas la peine que tu réveilles aussi tôt pour m'accompagner, je suis encore en mesure de conduire ma voiture, lançai-je d'un ton moqueur. - Je sais bien bébé, mais au moins pour ces jours que je suis encore en congé, laisse-moi t'accompagner, ce n'est aucunement un problème pour moi. - D'accord chéri, tu pourrais rester dormir à la maison ce soir, cela t'évitera de faire un autre voyage demain. - J'espérais tellement que tu me le proposes, riposta Giorgio avec un sourire charmeur. Je détournai simplement la tête et me mis à observer le paysage qui défilait. Je ne pouvais m’empêcher de craindre d'avoir fait une énorme erreur en donnant une autre chance à Giorgio. Notre voiture avait à peine débouché à l'angle quand je remarquai la présence de Caroline. Cette dernière était en train d’insérer la clé dans la serrure quand le jeu de lumières des phares de notre voiture attira son attention. Elle releva la tête et nos regards se croisèrent à cet instant. Son regard s'agrandit sous le choc quand elle réalisa la présence de Giorgio à mes côtés. À cet instant précis, un sentiment de honte sans fin envahit mon être entier. Je levai simplement la main en guise de salutation. Elle répondit de la même manière et entra finalement dans notre immeuble, en prenant le soin de laisser la porte d'entrée entrouverte pour nous. Caroline  Je montai les marches qui menaient à mon appartement. J'étais maintenant devant la porte et avais la clé en main après avoir ouvert la porte quand j'entendis des pas et des voix provenir des escaliers. Je jetai un regard et croisai celui de Tiziana, cette dernière baissa simplement la tête. J'entrai simplement dans mon appartement pendant que mon téléphone portable sonnait. - Hello grand-frère, comment vas-tu ? - Salut petit sœur, ça va ? demanda Liam. - Je vais bien et toi ? - Bah, toujours rien ? - Pff, toujours rien Liam, dis-je en soupirant. - Tu vas arrêter avec cet orgueil mal placé et accepter mon aide ! s'exclama Liam d'une voix irritée. - Je te fais signe en fin de semaine, si je n'ai rien trouvé, on fera comme tu dis. - D'accord, répondit Liam. On resta à papoter pendant quelques minutes. Je raccrochai et pris une expression pensive tout à coup. Tiziana s'était donc remise avec son boxeur ? J'avais l'impression que cette fille n'aimait pas sa vie, sinon, que pouvait justifier qu'elle soit assise tranquillement avec lui dans sa voiture à lui ? Et à voir l'expression faciale de ce mec tout à l'heure au niveau des escaliers, il était carrément serein. J'avais aisément pu lire de la honte dans les yeux de Tiziana. Ma chère, pourquoi avoir honte ? C'est ta vie et tu en fais ce que tu veux. D'ailleurs, le gars en question, je ne le connaissais pas, je ne lui avais jamais adressé la parole. J'ai été tentée de penser que Tiziana l'avait certainement poussé à bout lors d'une dispute, mais rien ne pouvait justifier cette marque sur la joue de Tiziana, elle témoignait la violence avec laquelle la gifle avait été appliquée, à moins que Tiziana ait une peau extrêmement sensible... J'étais là à me tortiller les méninges pour une histoire qui ne me regardait en rien. Je me serais montrée disponible si Tiziana avait décidé de me demander de l'aide, mais je ne pouvais en aucun cas m'imposer dans sa vie, encore moins dans son couple. Je fus tirée de mes pensées par la sonnerie de mon téléphone. Un large sourire se forma sur mes lèvres quand je vis le numéro d'Alessandro, même si je ne pouvais m’empêcher d’être gagnée par de l'appréhension. - Ciao bellissima, (salut la plus belle), s'exclama Alessandro d'une voix joyeuse. - Ciao Ale, répondis-je timidement. Je réalisais maintenant que notre relation avait muté et qu'il fallait assumer mes choix. J'avais malgré tout envie d'éssayer quelque chose avec lui. - Ça va ? demanda-t-il d'une voix douce. - Je vais bien et toi ? répondis-je. - Ça va ma chérie, tout va bien. On resta un long moment en silence. - T'as déjà mangé ? demanda Alessandro. - Pas encore, j'étais au téléphone avec mon frère. Je vais essayer de me faire rapidement quelque chose à manger. Et toi ? demandai-je. - J'ai diné avec mes parents tout à l'heure. - D'accord, répondis-je. Un silence un peu embarrassant s'installa sur la ligne. - Caro, dit Alessandro d'une voix grave, je suis tellement heureux que tu aies décidé de nous donner une chance. J'attendais cela depuis le premier jour où mes yeux se sont posés sur toi. Je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine après cet aveu d'Alessandro. - Ale, on va y aller tout doucement, ne nous précipitons pas, ripostai-je d'une voix un peu froide. - Je n'ai aucunement l'intention de te brusquer Caro, l'essentiel est que nous décidions d'évoluer ensemble. Je ne sus que répondre. Alessandro se rendit certainement compte de mon embarras et changea de sujet. On se mit de parler de nos cours, nos enseignants et des prochains examens. - Je ne vais pas te perdre trop de temps, surtout que tu n'as pas encore eu l'occasion de dîner, dit Ale d'une voix douce. On se dit à demain en cours. - D'accord Ale, bonne soirée à toi et bonne nuit. - Bonne nuit ma chérie, répondit Alessandro avant de raccrocher. Je restai avec le téléphone en main en maintenant une expression rêveuse au visage. Je me rendis dans la cuisine et optai pour une simple tasse de lait. Je me rendis ensuite aux toilettes pour me débarbouiller. J'entrai par la suite dans ma chambre et enfilai un pyjama. J'étais étendue sur le lit quand mon téléphone me signala l'arrivée d'un nouveau message. " Buona notte tesoro, ti voglio bene" (bonne nuit mon trésor, je tiens à toi), m'écrivit Alessandro. " Buona notte Ale, ti voglio bene anch'io" (bonne nuit Ale, je tiens moi aussi à toi), répondis-je le cœur battant. Je réalisai à cet instant que j'avais reçu un autre message de Thomas. " Caro, j'espère que tu passes un bon week-end, juste pour te faire savoir que je pense à toi. Bisous ma chérie". Je décidai de ne pas lui répondre. Je m'étendis sur mon lit à la recherche du sommeil, mais je me sentais tellement bouleversée que je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je décidai de faire passer le temps en flânant sur les réseaux sociaux quand une page d'une célèbre compagnie aérienne apparut dans mon fil d'actualité. Chaque fois que j'ouvrais mon ordinateur et que je me rendais sur un moteur de recherche, les promotions de billets d'avion m'apparaissaient comme par enchantement. Je réalisais vraiment que nous étions tous filés. Il suffit de nos jours d'avoir un ordinateur ou smartphone pour ne plus avoir droit à sa propre vie. "Billets pas chers à destination de Yaoundé". J'eus envie de rire quand je vis leur annonce, "billet pas cher" et "Yaoundé" réussissaient difficilement à rentrer dans une même phrase. Je décidai de cliquer tout de même sur le lien et me mis à parcourir le site avec nonchalance quand tout à coup, je vis un billet qui semblait rentrer dans ma bourse. Je dus cligner des yeux plusieurs fois avant de réaliser que le prix n'était pas le fruit de mon imagination. Je m'empressai de payer le billet sans trop y croire et je poussai un ouf de soulagement quand le mail de confirmation de la réservation m'arriva. Yaoundé, i'm coming ! Je lançai immédiatement l'appel vers le numéro de Liam. - Hé, t'es prêt à accueillir ta petite sœur chérie ? hurlai-je à peine eut-il décroché l'appel.
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