Chapitre 9

2562 Words
Caroline Nous étions lundi matin et je me rendais en fac. Nous avions cours ce matin et j'avoue être assez angoissée quant à ma rencontre avec Alessandro. J'avais pu l'éviter vendredi dernier, car j'étais arrivée en cours en retard après voir dû rebrousser chemin pour prendre le cahier de neurologie que j'avais oublié. J'étais donc arrivée au cours en retard et je m'étais assise sur le premier siège disponible pour ne pas me faire remarquer par le professeur. Je devais aussi admettre que cette position m'avait été utile, car cela m'avait permis de ne pas croiser Alessandro et je m'étais éclipsée dès la fin du cours. Durant le week-end, il m'avait envoyé des messages neutres auxquels j'avais répondu sur le même ton. Mais j'étais bien consciente que je n'aurais pas pu l'éviter indéfiniment. J'étais donc entrée en classe ce matin et j'avais ainsi occupé ma place habituelle, c'est-à-dire près d'Alessandro. - Bonjour, dis-je d'une voix légèrement embarrassée en prenant place près de lui, en évitant tout de même de croiser son regard. - Ciao bella, répondit Alessandro avec un petit sourire. Ça va ? - Je vais bien merci et toi ? - Bof, ça pourrait aller mieux, répondit Alessandro en cherchant cette fois mon regard. Je me perdis un bref instant dans ses prunelles marronnes avant de me ressaisir. Il fallait admettre qu'Alessandro était un bel homme, brun, belle allure, sportif né. Le professeur arriva sur ces faits, rompant ainsi ce moment d'embarras pour moi. Le cours commença et la matinée s'écoula rapidement. À la pause de 13 h, Alessandro et moi nous rendîmes à la mensa (cantine) universitaire pour manger. Un forte gêne régnait entre nous. J'avais toujours évité de me retrouver dans un minimum d'intimité avec Alessandro de peur que la situation ne m'échappe des mains. Nous avions une dizaine de minutes de marche avant d'arriver à la cantine. On se mit à parler de tout et de rien, Alessandro me semblait hésitant, je me rendais bien compte qu'il voulait discuter du b****r que nous avions échangé, mais je fis mine de rien en priant que les dix minutes qui nous séparent de la mensa ne s'écoulent le plus rapidement possible. Heureusement à la cantine, nous retrouvâmes des camarades de classe et nous installâmes avec eux pour le déjeuner. Le retour en fac se fit en leur compagnie pour mon plus grand soulagement. - Nous avons terminé pour aujourd'hui, dit monsieur Roversi en sortant de la classe. Je pris mes effets et Alessandro fit de même. Nous nous acheminâmes vers la sortie des classes. - Caroline, il faut qu'on parle, dit Alessandro en soupirant pendant qu'on traversait le hall de la fac. - Euh, euh, je sais... répondis-je d'une voix hésitante. - Ça te dirait qu'on s’arrête quelque part pour causer librement ? Pourquoi pas juste à côté, au parc Cantarane ? - Euh, euh, balbutiai-je en me tournant vers Alessandro, mais son regard semblait fixer un point précis devant nous. Je levai donc le regard et découvris avec stupeur Thomas, mon ex qui nous regardait d'un air hostile. Il vint ensuite à notre rencontre et ignora simplement Alessandro. - Caro, il faut qu'on parle, c'est important, dit-il d'une voix grave. Je ne sus que faire sur le coup, d'un côté, je voulais retarder au plus loin la discussion avec Alessandro, mais d'un autre côté, je n'avais aucunement envie de voir la tronche de Thomas, encore moins lui parler. - Euh, euh, Ale, commençai-je d'une voix hésitante en me tournant vers Alessandro. - Tu peux y aller, répondit sèchement Alessandro en tournant immédiatement ses talons. Je poussai un profond soupir, Alessandro était la dernière personne que je voulais blesser sur cette Terre et rien qu'à voir sa manière de se déplacer, il était évident qu'il fulminait et cela me peinait énormément. - Je t'écoute, dis-je rudement à Thomas en tournant un regard fermé vers lui. Tu as exactement cinq minutes, continuai-je près avoir jeté un coup d’œil à ma montre. - Chérie... commença Thomas d'un air contrit. - Il n'y a pas de chérie qui tienne, tu as perdu ce droit depuis belle lurette. Va droit au but, le coupai-je sèchement. - Caro, pardonne-moi s'il te plait, je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris. - Thomas, cela appartient au passé, dis-je d'une voix lasse. Je t'ai déjà pardonné. - S'il te plaît Caro, ne sois pas si dure, donne-moi une seconde chance, je t'en prie bébé, implora Thomas. - Thomas, ce n'est pas possible, en me trompant avec cette fille, tu as déjà fait ton choix. Crois-moi, je ne t'en veux plus, mais pour moi notre histoire appartient au passé. - Caro, je t'aime toujours et je suis prêt à tout pour que tu me reviennes, dit Thomas d'une fois forte. - Thomas c'est terminé, TERMINE', mets-toi ça dans le crane et avance dans ta vie, dis-je en lui tournant résolument le dos - C'est à cause de lui n'est-ce pas ? lança Thomas m'obligeant à faire volte-face. - Lui, qui ? demandai-je tout de même, bien qu'ayant parfaitement compris de qui il parlait. - Ce blanc-bec, ton prétendu camarade de classe, dit Thomas d'un ton méprisant. - Thomas, un peu de respect je t'en prie, en plus, je n'ai pas d'explications à te donner, pense ce que tu veux. J'aurais au moins attendu d'avoir fini la relation avec toi avant de me mettre avec quelqu'un d'autre, contrairement à toi, répondis-je sèchement en m'éloignant. Ma phrase sembla lui clouer le bec, car il me laissa partir sans plus argumenter. Je pris le chemin qui menait à mon domicile la tête pleine de pensées. J'avais passé deux belles années avec Thomas. Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde. J'étais tombée du millième étage quand j'avais découvert les messages érotiques qu'il échangeait avec une amie à lui. Une fille que je connaissais bien et qu'il m'avait présentée dès le premier jour comme étant une grande amie à lui. Je l'avais par la suite confronté et il m'avait avoué qu'il lui était arrivé de partager la couche de cette fille. Disons qu'il n'avait pas non plus trop le choix de me l'avouer, car les messages étaient explicites. La fille lui envoyait parfois des parties très précises de son anatomie et Thomas lui avait répondu quelques fois avoir apprécié s'y perdre et qu'il rêvait de le faire à nouveau. J'avais immédiatement mis un terme à notre relation et depuis lors, Thomas revenait très souvent me demander pardon, espérant reprendre sa place auprès de moi. Il m'assurait avoir totalement coupé les liens avec cette fille et qu'il voulait repartir avec moi sur de bonnes bases. J'avais toujours un pincement de cœur quand je le voyais, parce que j'avais été éperdument amoureuse de lui, je pense même que je l'étais encore un peu, du moins, il ne m'était pas totalement indifférent, mais j'avais décidé de fermer totalement mon cœur à lui. Je continuai tranquillement mon chemin jusqu'à la maison. Arrivée devant ma porte, je fus tentée de cogner à la porte de Tiziana pour m’enquérir de son état de santé psychologique, mais je décidai de ne pas le faire. Elle m'avait semblé au bout du rouleau quand je l'avais laissée samedi matin, mais je n'étais pas certaine qu'elle aurait apprécié la visite de l'inconnue que j'étais. J'entrai chez moi et me préparai rapidement quelque chose à manger. Je pris ensuite une douche et m'étendis enfin sur mon lit. Mes pensées me portèrent très rapidement vers Alessandro. Je revoyais son air peiné quand il s'était éloigné. Je décidai de lui envoyer un message. " Ciao Alessandro, tutto bene ?", (salut Alessandro, tout va bien ?" " Ciao Caroline, je vais bien et toi ?" " Ça va, je peux t'appeler ?", demandai-je. " Ok", répondit-il simplement. Je lançai l'appel le cœur battant vers son numéro. - Pronto (allô), entendis-je à l'autre bout de la ligne. La voix rauque d'Alessandro me fit frémir. - Allô, répondis-je d'une voix tout à coup timide. Ça va ? demandai-je à nouveau. - Je vais bien Caro, répondit Alessandro dans un soupir. - Tu es déjà à la maison ? demandai-je pour gagner en temps. - Oui Caro, riposta Ale d'une voix lasse. - Euh, euh, tu voulais me parler ? demandai-je. - As-tu décidé de te remettre avec lui ? demanda Ale d'une voix ferme. - Bien sûr que non, m'exclamai-je d'une voix brusque. - C'est alors quoi le problème avec moi ? demanda Ale, je ne te plais pas ? Tu n'aimes pas les blancs ? - Ale qu'est-ce que tu racontes ? demandai-je d'une voix offusquée. - Caroline, tu devrais avoir compris que tu me plais énormément, dit courageusement Alessandro. Alessandro était assez timide comme personne et je savais ce que ça devait lui coûter de me faire cette déclaration. Il n'ignorait rien du motif de ma séparation avec Thomas et je pense que le fait de voir Thomas très souvent dans notre fac lui avait fait comprendre que ce dernier n'avait pas jeté l'éponge et du coup, il avait décidé de se lancer au risque de laisser passer sa chance. - Euh, euh, balbutiai-je sans rien ajouter. - Caroline, il faut que l'on se parle ouvertement. J'ai pourtant eu l'impression que tu avais apprécié notre b****r, dit Ale d'une voix douce. - Ale, je ne peux le nier, mais d'un autre côté, cela ne suffit pas pour se mettre en couple avec quelqu'un, répondis-je. Un lourd silence s'installa sur la ligne et fut rompu par Alessandro. - Je vois, lâcha Ale d'une voix déçue, je te souhaite une bonne soirée. - Euh merci Ale, à toi également. Je raccrochai le téléphone et me jetai lourdement sur le fauteuil. Je sentais un nœud au niveau de ma gorge. Je savais que ma relation avec Alessandro ne pouvait aboutir à quelque chose de concret, mais pourquoi étais-je aussi déçue ? Alessandro semblait certes mature, mais il était plus jeune de trois ans, ce qui représentait pour moi un frein. En plus, j'avais de bonnes raisons pour ne pas m'engager avec lui. Le reste de la soirée se déroula sous une note sombre. Je me sentais mal après avoir revu Thomas, mais je me sentais encore plus mal pour avoir mis les choses au clair avec Alessandro. J’espérais du fond du cœur que nous réussirons à garder notre amitié intacte. Cette soirée marqua le début d'une semaine à son image : pleine de désolation et d'amertume. J'avais continué à maintenir ma place auprès d'Alessandro pendant les cours, mais ce dernier était très froid avec moi. J'avais été tentée à plusieurs reprises de changer de place, mais j'avais décidé d'être patiente. J'étais certaine que ce mauvais vent entre nous finirait pas passer. D'un autre côté, j'avais Thomas qui m'écrivait sans arrêt et m'appelait constamment. Je l'ignorais la majeure partie du temps. - À la semaine prochaine, dis-je à Alessandro en me levant et en rangeant mes effets. Nous étions vendredi et nous avions fini le dernier cours de la semaine. Je sortis précipitamment de la fac. Je devais aller bosser et cela m'évitait d'affronter Alessandro, mais je devais admettre que cette situation me pesait énormément. Notre complicité me manquait. J'avais peur d'admettre qu'Alessandro me manquait aussi. Une autre semaine s'écoula ainsi. J'avais entrevu Tiziana un soir pendant qu'elle revenait du boulot. J'étais en train de renter de la fac à pied quand je l'avais vue garer sa voiture à l'entrée de notre immeuble. Elle en était après descendue et était rentrée dans l'immeuble. Elle ne m'avait certainement pas vue et j'avais préféré éviter de l'intercepter. Nous étions samedi après-midi et je rentrais du boulot. J'avais travaillé de 10 h à 16 h. Je ne saurais me l'expliquer, mais j'avais une forte envie de voir Alessandro. Je décidai de l'appeler sur un coup de tête. - Allô, répondit Ale après la deuxième sonnerie. Mon cœur se mit à battre très vite. Je ne savais tout à coup plus quoi lui dire. - Salut Ale, marmonnai-je d'une voix embarrassée. Un silence s'installa sur la ligne qu'Alessandro rompit finalement. - T'es où là ? demanda Alessandro. - Euh, j'ai à peine fini de bosser, je rentrais à la maison. - Je vois, pas très fatiguée ? demanda Ale d'une voix douce. - Oui, un peu tout de même. Euh, ça te dirait d'aller prendre une glace ? lâchai-je finalement. Un autre silence s'installa dans la ligne avant que la voix joyeuse d'Alessandro ne le rompe. - Volontieri cara mia, (volontiers ma chère). Où nous retrouvons-nous ? - Euh, j'étais déjà presque arrivée à la maison, je pensais prendre une douche rapide. - Pas de problème, répondit Alessandro d'une voix gaie. Je passe te prendre d'ici une demi-heure, de toute façon, tu n'es pas très loin de moi. - D'accord, à tout à l'heure alors, ripostai-je d'une voix joyeuse. Je me sentais tout à coup presque euphorique, mais une petite anxiété sous-jacente ne me lâchait pas. Ce n'est que pour prendre des glaces après tout, tentai-je de me rassurer. Je filai rapidement sous la douche et en ressortis dix minutes plus tard. J'avais à peine enfilé une paire de jeans et un polo, j'étais sur le point d'enfiler mes sneckers quand j’entendis la sonnette retentir. Je déverrouillai la porte d'entrée de l'immeuble en attendant qu'Alessandro ne sonne à la porte de mon appartement. Ce qui arriva quelques minutes plus tard. Je me rendis à la porte le coeur battant. Je l'ouvris et le magnifique visage d'Alessandro se présenta à moi. Dans ses yeux dansait une flamme qui m'embrasa entièrement. Comme mus par une force extérieure, nous nous rapprochâmes l'un de l’autre et s'ensuivit le b****r le plus doux que j'ai jamais reçu. Alessandro me serra très fort contre lui et accentua la pression sur mes lèvres. Je répondis avec vigueur à son b****r. J'avais l'impression de revivre à cet instant. Le souvenir de ces deux semaines mornes disparut à l'instant. Alessandro me relâcha lentement et plongea son regard dans le mien. Je soutins courageusement le sien. Je crois que ma décision fut prise à cet instant précis. Je me lançais ! Alessandro sembla le lire dans mon regard et un large sourire se forma sur ses lèvres. Il reprit à nouveau mes lèvres avec envie et j'y répondis avec passion. On se sépara finalement avec énormément de difficulté. - On y va ? demanda-t-il avec un large sourire qui le rendit encore plus séduisant à mes yeux. J'hochai simplement la tête, j'avais perdu la voix. Alessandro nous conduisit à un glacier pas très loin de mon quartier. On y passa un moment douceur, chacun mangeait sa glace entre deux baisers. Après le glacier, on se promena dans les ruelles main dans la main. J'avais simplement l'impression de planer. Alessandro et moi étions maintenant installés dans la voiture et nous étions garés à quelques mètres de mon domicile. On recommença à s'embrasser à en perdre haleine. Alessandro se détacha de moi et colla amoureusement son front au mien. - Alors, on est en couple ? demanda-t-il dans un sourire. J'hochai simplement la tête en répondant à son sourire. On échangea un dernier b****r et je descendis finalement de la voiture. J'étais sur le point d’insérer la clé dans la porte d'entrée de l'immeuble quand je vis une voiture inconnue se rapprocher et je découvris avec stupeur les traits de ses occupants.
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