Chapitre 11

2260 Words
Caroline Après ma sortie samedi avec Alessandro, nous ne nous étions plus revus. Nous nous étions contentés d'échanger via message. Nous étions maintenant lundi matin et je me rendais en fac. Il était 8 h 30 et le premier cours commençait à 9 h. J'étais entrée en salle quelques minutes avant le début du cours. J'avais préféré arriver à la dernière minute pour éviter un tête-à-tête avec Alessandro. Je m'étais assise près de lui et avais simplement murmuré un " Ciao Ale". Ce dernier avait tourné la tête vers moi et nos regards s'étaient perdus l'un dans l'autre. Nous semblions déconnectés du brouhaha qui régnait dans la salle. - Ciao amore, (salut mon amour), murmura finalement Ale d'une voix douce. Je lui fis un sourire et tournai la tête vers le professeur qui était à peine entré en classe. Alessandro tourna lui aussi la tête vers l'enseignant, mais décida de prendre ma main droite dans la sienne et entrelaça nos doigts un bref moment. Le cours commença et une heure plus tard, le prof nous accorda une petite pause de dix minutes. - Tu veux un café ? demanda Ale. - Oui volontiers, lui répondis-je avec un sourire. Nous nous levâmes et nous rendîmes dans la petite cafeteria où se trouvaient différentes machines à café. Quelques étudiants s'y trouvaient. - Un café macchiato comme d'hab ? demanda Ale. - Oui merci, répondis-je en évitant son regard. Ale introduisit une pièce et sélectionna le premier café qu'il me tendit par la suite quand il fut disponible. Son café arriva quelques minutes plus tard. Il le prit et le dégusta sans me lacher un seul instant du regard. Quand nous eûmes fini, il prit nos tasses et les jeta dans la poubelle prévue à cet effet. Il revint vers moi en ancrant son regard au mien. - Ça va ? demanda Ale d'une voix douce en se rapprochant un peu trop de moi. - Euh oui, dis-je avec embarras. - Tu sais que je ne te laisserai pas changer d'avis, n'est-ce pas ? demanda Ale en se réduisant ultérieurement la distance qui nous séparait. Toujours sans me lâcher du regard, il approcha son visage de moi et prit mes lèvres dans un tendre b****r. Je répondis à son b****r et Alessandro relâcha mes lèvres en me faisant un large sourire. - On devrait retourner en cours, dit-il en prenant ma main. On traversa le grand hall en se tenant la main. Je fus tentée dans un premier temps d'extraire ma main, mais Alessandro la maintint fermement dans la sienne. Je n'avais pas envie d'exposer notre relation aussi vite, mais Alessandro n'était apparemment pas de cet avis. La semaine se déroula ainsi, Alessandro ne se gênait pas pour m'embrasser en public. J'étais assez embarrassée surtout quand je croisais les étudiants africains, car nous les africains, nous n'avions pas l'habitude d'exprimer ainsi nos sentiments. Nous étions vendredi et nous n'avions qu'un seul cours. Alessandro m'avait proposé d'aller pique n****r au parc près de la fac. Il y avait un bar et nous aurions acheté tout le nécessaire pour notre déjeuner. Alessandro avait prévu une petite nappe pour pique-n***e. Nous étions maintenant couchés sur l'herbe. - Comme tu es belle, murmura Alessandro d'une voix langoureuse. Il rapprocha son visage de moi et posa ses lèvres sur les miennes. S'ensuivit un doux b****r auquel je répondis totalement. Alessandro inséra sa langue dans la mienne et me serra contre lui. - Hum, Ale, nous sommes en public, dis-je en essayant de maintenir mon calme. - Amore, ce n'est qu'un b****r, répondit obstinément Ale en m'attirant vers lui et en reprenant mes lèvres. Je me laissai aller et y répondit passionnément. On s'embrassa un long moment avant de se séparer à bout de souffle. - Ale, je dois te dire quelque chose, dis-je sur un ton mi-sérieux. Tu te rappelles que je voulais aller en vacances au Cameroun ? - Eh oui, répondit Alessandro. - J'ai fait une réservation et je devrais y aller du 5 août au 25 août. - Je vois, répondit Ale. Tu vas me manquer, tu sais ? - Tu vas me manquer aussi, répondis-je sincèrement. Alessandro avant de devenir mon petit ami, était avant tout mon ami. - J'ai été toujours curieux de visiter l'Afrique, dit Alessandro d'un air pensif. Je préférai ignorer sa phrase, c'était mieux ainsi, mais je me rendis compte qu'Alessandro me regardait avec insistance. - Euh, ce sera pour une autre fois peut-être, répondis-je évasivement. On mangea en débattant des faits divers. - T'as revu ta voisine entre temps ? demanda Alessandro. Je lui avais raconté ma visite chez Tiziana et les marques de doigts sur sa joue. Je lui avais aussi raconté de l'avoir revue avec son petit copain. - Hum, plus du tout, répondis-je. - J'espère en tout cas que tout se passe bien pour elle. - Je l'espère aussi Ale, je l'espère aussi, mais je ne peux m'empêcher d'être inquiète pour elle, dis-je en soupirant. - Mais tu ne peux rien y faire bébé, essaie seulement de rester attentive au cas où proviendraient encore des cris de son appartement. - Tu as raison. On continua tranquillement notre après-midi love. Alessandro était face à moi et nous échangions un autre b****r enflammé quand la vibration de mon téléphone qui était sous mon dos me fit me tortiller sous lui. - Ale, dis-je en me détachant de ses lèvres, mon téléphone sonne. Il me lâcha et je pris mon téléphone. Je notai que l'appel provenait de Thomas, mon ex. - Qui est-ce ? demanda Ale. Le ton sec de sa voix me fit comprendre qu'il avait, lui aussi, lu le nom de l'appelant. - Euh, euh, c'est Thomas, répondis-je embarrassée. - Caro, il est temps que tout cela cesse, s'exclama sèchement Alessandro. - Oui, je sais, ne te fâche pas bébé, je vais discuter avec lui. Alessandro se mit à faire la moue. - Haha, bébé, je t'ai déjà dit que je vais mettre tout au clair avec l... - Caroline, je ne partage pas, me coupa sèchement Ale. - Je sais bébé, et ce n'est pas le cas, lui répondis-je d'une voix rassurante. Je me rapprochai de lui et lui donnai un b****r auquel il répondit froidement, avant de se laisser finalement aller. Quelques semaines étaient passées et nous étions maintenant en fin d'année scolaire. J'étais en train de sortir de la fac avec Alessandro. Ce dernier me tenait la main quand je sentis que sa prise se resserrait sur ma main. Je levai un regard surpris vers lui et me rendis compte que son visage était fermé. Je regardai devant moi et vis Thomas. Ce dernier était exactement à la même place que la dernière fois et s'approcha rapidement de moi sans lâcher du regard ma main entrelacée à celle d'Ale. Mon cœur se mit à battre à cet instant. J'espérais que Thomas ne ferait pas de bêtise. - Caro, dit Thomas en s'approchant de moi et à ma grande surprise, il posa ses lèvres sur les miennes. Je n’arrête pas de penser à notre b****r d'hier. Le premier moment de surprise passé, je le repoussai fermement en le regardant méchamment. Je levai le regard vers Alessandro et nos regards se perdirent l'un dans l'autre. Alessandro dut y lire de la culpabilité, car il s'éloigna au pas de course en lâchant brusquement ma main. Tiziana - Hé Tiziana, tu vas bien ? me demanda ma collègue Maura en me fixant avec insistance. Son regard s'attarda sur mon pull et le châle que j'avais enroulé autour de mon cou. - Buongiorno Maura, sto bene grazie e tu ? (Bonjour Maura, je vais bien merci et toi ?), répondis-je à ma collègue d'un air désinvolte. - J'ai pensé que tu avais un petit souci de santé, répliqua Maura en maintenant mon regard. - Mais non ma jolie, je vais bien. J'ai juste pris un petit coup de froid avec la clim de la voiture. Je comprenais parfaitement la raison de l'inquiétude de ma collègue. Il faisait actuellement 32°C à Brescia. L'Italie était connue pour être un pays avec des températures particulièrement chaudes en été, et cet été ne faisait pas l'exception. J'avais l'impression d'étouffer sous mes vêtements bien trop chauds. D'ailleurs, je sentais de petites gouttes de sueur perler le long de mon échine pendant que je m’efforçais à sourire à ma collègue. - D'accord, dit Maura. On devrait aller se changer, nous allons prendre le service d'un moment à l'autre. - D'accord ma belle, rétorquai-je en emboitant le pas à Maura. Il était actuellement 13 h 30 et nous devions commencer le service à 14 heures précises. Maura et moi cheminâmes le long des couloirs jusqu'aux vestiaires où nous avons l'habitude de troquer nos vêtements de ville contre nos uniformes de travail. - Tiziana, Tiziana, tu m'écoutes ? me secoua légèrement Maura. Je réalisai à cet instant que j'étais assise sur un des bancs présents dans les vestiaires et que je tenais mon uniforme de travail en main. Je levai un regard perdu vers elle une fraction de seconde avant de me reprendre. - Tiziana, tu ne m'as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui. Que se passe-t-il ma belle ? demanda Maura d'une voix préoccupée. - Désolée Maura, j'étais simplement perdue dans mes pensées, lui répondis-je avec un sourire. Maura me fixa avec attention un moment avant de finalement hausser les épaules. - Je disais que j'ai rencontré l'autre jour au centre commercial madame Rossi, elle était accompagnée de son mari et des jumeaux. Ils ont tellement grandi. - Wow, j'imagine. Ça fait quand même trois mois déjà, répondis-je en souriant. Nous avions assisté Maura et moi à l'accouchement de madame Rossi il y a de cela trois mois, un accouchement par césarienne qui s'était compliqué par une hémorragie massive de la maman. L'équipe médicale avait réussi à gérer cette hémorragie, évitant ainsi de justesse une catastrophe. Madame Rossi avait ensuite passé des semaines en réanimation, pendant que les petits étaient dans la couveuse. Nous avons risqué de perdre l'un d'eux suite à une infection périnatale. Mais la nature avait été de leur côté, le couple était sorti de cet hôpital tenant chacun dans ses bras un nourrisson. - Elle m'a encore remercié pendant je ne sais combien de temps avant de transmettre ses salutations à toute l'équipe, dit Maura avec un large sourire aux lèvres tout en passant son t-shirt par-dessus sa tête. - Eh oui, cela fait partie des satisfactions de notre travail. Je me levai enfin en tenant toujours dans mes mains mon uniforme et me rendis aux toilettes. - Où vas-tu ? demanda Maura d'un air stupéfait. - Euh, aux toilettes, répondis-je simplement en m'y rendant. J'entrai aux toilettes et pris un bloc de mouchoir que nous utilisions généralement pour se sécher les mains après les avoir lavés et essuyai les petits sillons de sueur qui s'étaient formés le long de mon échine, sous mon soutien-gorge, au niveau des aisselles. J'en ressortis dix minutes plus tard en tenant dans mes mains mes vêtements soigneusement pliés. Maura me regarda avec incompréhension. - Tu comptes tenir ce pull sous ton uniforme ? demanda-t-elle enfin. - Bah oui, j'ai un peu pris froid avec la clim, je te l'ai dit, lui répondis-je nonchalamment. Elle haussa une fois de plus les épaules et me précéda vers la sortie des vestiaires. Nous entrâmes dans notre service à 13 h 50. Les collègues nous donnèrent des consignes et nous pûmes enfin commencer notre tour de travail. Je travaillai machinalement tout l'après-midi. Je remerciais le ciel d'être de service aujourd'hui, cela me permettait de m'évader. Nous finîmes à 21 h. - Ça te dirait un petit tour en ville demain ? demanda Maura J'avais toujours décliné les invitations de Maura, mais cette dernière ne se décourageait apparemment pas. - Non ma belle, c'est vraiment pas la forme, une autre fois peut-être, répondis-je avant de m'éloigner rapidement vers ma voiture. J'étouffais sous ce pull. Mon téléphone sonna à peine je fus installée dans le véhicule. Je vis "mamma" apparaître à l'écran. Je l'appelais généralement sur le chemin de retour et on conversait jusqu'à mon arrivée à la maison. La sonnerie insistante de mon téléphone me sortit très vite de mes pensées. - Ciao mamma, come stai ? ( Salut maman, comment vas-tu ?), demandai-je en décrochant l'appel. - Ciao amore, sto bene, ( Salut mon cœur, je vais bien). Je lui racontai ma journée pendant qu'elle me racontait les derniers potins du quartier. - T'as pu parler à Matteo ? Sa question généra un profond malaise en moi. Mon appel avec Matteo, mon cousin, avait une fois de plus été suspendu de manière brusque. - Euh, oui maman, il m'a appelé il y a de cela trois jours. - Il m'a dit qu'il comptait te rendre visite d'ici peu. - Euh, en fait, nous n'avons pas eu le temps de terminer l'appel. Je dois encore le rappeler. - Je vois, ce serait bien que vous puissiez vous retrouver. - En effet, répondis-je. Je changeai de sujet de conversation, car cela me mettait mal à l'aise. Je devais rappeler Matteo pour qu'il fixe une date pour sa visite, mais pour cela, j'avais besoin d'être présentable. Je papotai un bref moment avec maman avant de raccrocher. Je garai la voiture et le vis qui sortait de la sienne. Il m'attendait apparemment. J'ouvris précipitamment la porte d'entrée de l'immeuble et la lui refermai au nez pendant qu'il essayait de débiter les mêmes excuses qu'il m'avait servies au cours des trois dernières années.
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