Chapitre II

2451 Words
II– Aldo ! Aujourd’hui, je boirai une « Troll ». Le barman, d’un signe de tête, indiqua qu’il avait bien entendu, et peu après il essuyait la table d’un coup de poignet précis pour déposer, devant Mercier, un nouveau sous-bock en carton. – Dites-moi, M’sieur,… Lucullus… il est déjà venu ici ? Je ne vois pas très bien qui… Un joueur de foot ? – Ça m’étonnerait, s’esclaffa Mercier, ça doit faire environ deux mille ans qu’il est mort. – Je me disais bien… Une mort subite ? – Non, j’ai demandé une « Troll » ! Ah ! Voilà mes « Joyeux Confrères et Compagnons » ! Quelques secondes plus tard, lorsque François Maréchal et Charles Neveu confièrent vestes et chapeaux à l’obligeance du perroquet, les verres tulipes remplis d’une onde ambrée accrochèrent en se jouant les reflets des néons. – On n’entre pas dans une confrérie de qualité comme dans un moulin, ou dans une brasserie… Mercier baissa le ton sur les derniers mots et les deux autres durent tendre l’oreille. Il continua : – D’abord cela se mérite, et ensuite il convient d’être initié, ce qui suppose des épreuves et un verdict ! – Un verdict, ça me connaît ! dit Maréchal. On pourrait condamner à l’eau et au pain sec, ou alors – terrible ! – à une neuvaine au Mc’ Do, ou encore, mais là ce serait vraiment la peine capitale, faire ramadan le jour et carême la nuit ! – Barbare ! Il ne s’agit pas d’une condamnation pour mourir à petit feu, mais de donner ou non un satisfecit à l’intronisation de l’impétrant. – C’est très clair ! C’est exactement ça, renchérit Neveu avec un sourire jusqu’aux oreilles, impétrons l’intronisant… Dignus es entrare in nostro docto corpore… Le latin de cuisine convient parfaitement à la situation. – Et comme ça, en plus, on aura l’air malin. Charles, je te vois bien en grand inquisiteur entéro… non ! gastroarchéomachin. Mercier que l’esprit caustique des deux autres commençait à énerver, sortit de sa poche trois feuillets pliés en quatre. – Vous m’agacez ! Ignares ! Est-ce que l’on pourrait parler sérieusement ? Ne fût-ce que deux minutes ? Je vous propose une association digne des plus nobles confréries, une cause exceptionnelle, et vous n’arrêtez pas de débiter vos blagues de potaches. Vraiment, c’est désespérant, ça ne s’est pas amélioré avec le temps. Toi, François, tu confonds les saveurs de la glotte avec les tribulations du palais… d’injustice … Et l’autre, dit-il en montrant Neveu, le médicastre, il se f… de moi avec son charabia du Malade Imaginaire… Sache, mon Cher, euh !… que… Il se redressa : Que ma proposition est digne d’attention, Elle ne craint sarcasme ou perfide ironie, Car sa noblesse tient, entre mille raisons, Aux plaisirs de la table ainsi qu’à l’harmonie… – Oûh ! Oûh ! Trompez sonnettes ! s’écria François Maréchal, sur le même ton. Euh ! Sonnez trompettes de la renommée, en l’honneur du poète qui fait si bien rimer l’élégance et la jouissance ! Comme ils ne se privaient pas de rire, Aldo vint prendre la commande d’une deuxième tournée, car il estimait pertinemment que le moment en était venu. – Bon, alors, puisque vous êtes d’accord, je vais vous lire mon projet de confrérie. – Soit ! Mais, de grâce, abandonne les alexandrins car je développe une allergie aux vers, aux dodécasyllabes comme aux millepattes… Sans relever, Mercier reprit ses papiers, glissa ses lunettes sur le bout du nez, ce que Neveu ne put s’empêcher de faire remarquer par un clin d’œil vers Aldo qui s’appliquait à servir les « Troll » : – T’inquiète ! Il ne souffre pas de la vue. C’est pour éviter d’user les verres, il est vraiment radin… Puis, Mercier recommençant à trépigner, il ajouta en soupirant : Je me tais, sinon il va encore nous torcher un quatrain ! Continue, Guillaume ! Je suis tout ouïe… – On va voir ! dit l’autre, soupçonneux. Il réajusta ses lunettes, toussa et entreprit la lecture. Article premier… – Il y en a combien ? s’inquiéta Maréchal. Puis, sur un regard noir de Mercier : Bon ! Bon ! Continue, moi aussi je te suis tout ouïe, comme dit Charles. – Non ! coupa doctement Neveu. C’est inexact. On dit « être tout ouïe » et non pas « suivre tout ouïe ». C’est un barbarisme ! D’ailleurs, il ne faut pas confondre ouïe et ouïes. Comme les poissons qui, tout en ayant des ouïes, n’oient point… Les violons non plus, d’ailleurs… Mais nous, maintenant, il faut que nous oyions… Il se tut, plongeant le nez dans son verre, suivi par Maréchal, car Mercier frisant l’apoplexie semblait sur le point de déchirer, mâcher, pour cracher définitivement ses papiers. Ce qu’il ne fit pas car c’eût été très inconvenant en présence des deux dames « bien mises » qui entraient à cet instant. – Bonjour Messieurs ! salua la plus âgée dont l’assurance paraissait proportionnelle au décompte des ans. Aldo ! Pour nous, deux thés citron et quelques biscuits secs. Des gâteaux, des galettes de Bretagne comme l’autre jour. Tu vas goûter, dit-elle à sa compagne : avec du thé parfumé au citron vert, c’est délicieux. Elle insista : dé-lici-eux. Si tu savais, ma Chère, la semaine dernière, j’avais acheté des macarons de Beaumont… Ils fondent dans le thé et se dissolvent sur la langue, c’est un bonheur, un… – Un o*****e buccal, souffla Neveu aux deux autres. La cliente continuait pour sa compagne qui ne pipait mot ; l’une des deux devait être un peu sourde car la voix aiguë cascadait de table en table : – Un plaisir divin, surtout si l’on veille à ce qu’ils restent délicatement croquants sur le bout… Il y a une onctuosité qui libère un léger parfum de vanille qui se marie fort bien au citron, tandis que les galettes du Mont-Saint-Michel, elles, apporteraient plutôt un petit goût beurré… dé-li-cat, ex-quis ! J’aime ! Tu vois ce que je veux dire ? Sciés par la verve et le verbe haut, les trois compères se regardaient en silence. Ce fut encore Neveu qui s’ébroua le premier comme un cabot après l’averse. – Ah ! oui… « À Beaumont le vicomte », écrivait Rabelais, qu’il ne faut pas confondre avec… Euh… Bon… Qu’est-ce que je disais ? Oui… c’est ça, je parlais des ouïes des violons… Ne t’en fais pas, Guillaume, ton moment viendra… – NON, il ne viendra pas ! tonna Mercier, avec une telle force que les dames se turent illico et qu’Aldo, au comptoir, dut, de la main, apaiser le trémolo des petites cuillères qui tressaillaient contre les tasses de thé. Puis, comme il s’avançait vers les deux amies, voyant leurs sourcils tracés relevés en points d’interrogation, il ajouta d’un air entendu et à voix basse : – J’ai cru comprendre que ces messieurs attendent un certain Lucullus, mais ça m’étonnerait qu’il vienne, il est mort depuis longtemps, paraît-il… En réalité, on ne sait pas trop de quoi… – Qui est mort ? demanda la voix aiguë. De qui parle-t-on ? – De Lucullus, un vieux général romain… précisa l’autre dame en souriant et croquant le biscuit. – Ah ? Il était général ? De quelle guerre ? Avec un nom pareil, c’était sans doute chez le Négus… s’enquit Aldo en regagnant le comptoir. C’est ça, la mort subite… Pourtant, les généraux italiens ont pour habitude de mourir dans leur lit, du moins à ce qu’on dit… Surtout ceux qui se sont rendus en Afrique… La simplicité apparemment tout innocente du barman eut le mérite de détendre l’atmosphère et de ramener une bonne humeur générale. – Ah ! Que c’est beau l’imagination ! On la titille avec deux ou trois mots aux saveurs épicées, et la voilà qui s’emballe, qui invente, qui crée, qui trouve des relations fantasques entre des choses à mille lieues l’une de l’autre, dans un délire fabuleux. Parfois, au tribunal, j’ai eu envie d’applaudir des inculpés qui me fournissaient des explications ou des alibis dignes des plus farfelus d’entre les romanciers. Puis Maréchal changea de ton : C’est vrai que le même délire les avait poussés à commettre des actes peu recommandables, des… abominations… Ainsi, un jour, vous ne me croirez pas, j’ai dû… – Oh ! Ça va comme ça, coupa Mercier. Moi, c’est à l’hémoglobine, au ketchup et à la sauce tomate des prétoires que je suis allergique ! Par contre, j’aime assez ce que tu viens de dire à propos de l’imagination. D’ailleurs, dans mon projet de confrérie, j’ai pensé que… – Tu vois, reprit François Maréchal, on y arrive… On y arrive à ton projet. Et moi, d’office, je suis pour. En plus, comme tu as déjà été président du jeu de balle, je suis persuadé que tu feras un excellent grand maître. Mon imagination me dit qu’il doit y avoir des rapports secrets entre la balle pelote et l’archéogastronomie… – Ah ! Lesquels ? s’inquiéta Neveu, plutôt rigolard. – Je ne sais pas, c’est secret. – On pourrait peut-être le demander à Aldo… Mercier fit semblant de s’effondrer en larmes puis, se tournant vers les deux dames un moment silencieuses parce qu’il n’est pas aisé de parler, de boire du thé et de croquer des galettes bretonnes à la délicate saveur beurrée en même temps : – Ha ! Mesdames ! Vous ne connaissez pas votre bonheur de pouvoir savourer en silence les choses exquises que l’art culinaire a élaborées depuis la nuit des temps ! Ce n’est pas comme ces deux vieux rastaquouères-là qui se prétendent mes amis et qui n’arrêtent pas de me couper la parole avec des plaisanteries éculées, des contrepèteries plus vieilles qu’eux ! Plaignez-moi ! Vous assistez en direct aux funérailles d’une idée généreuse étouffée dans l’œuf par l’inconséquence hilare de deux loustics, béotiens aussi impénitents que malavisés. La tirade eut un double effet. D’une part, les deux clientes regardèrent Maréchal et Neveu avec un air de reproche chargé de condescendance, tandis que, d’autre part, Aldo, impressionné, s’avança pour prendre commande en questionnant : – Les funérailles du général ? Quand est-ce ? – C’est un secret ! répondit Neveu, en s’étranglant. Mercier soupira longuement, sans qu’on puisse dire s’il avait atteint le fond de la détresse ou celui de son verre, ou les deux. Puis, se ressaisissant soudain comme le guerrier gaulois sous le glaive romain, retournant au combat avec des forces neuves et la soif de vaincre, vers le comptoir lointain : – Oh ! précieux échanson de ma gorge altérée, Apporte l’ambroisie et le nectar vermeil Qui nous feront rêver à nos gloires passées, Couronnés de houblon, de pampre et de soleil ! – Ça y est, il remet ça ! glapit Charles Neveu tandis qu’Aldo s’inquiétait : – Remettre ça ? La même chose ?… Voilà ! Trois « Troll » pour ces messieurs ! À la table voisine, la dame qui avait tant apprécié l’onctuosité du macaron trempé, libérant dans le thé un léger parfum de vanille qui se marie fort bien au citron vert, ne put retenir un Oh ! d’admiration : – Oh ! Monsieur est poète ! Je le savais bien, dit-elle à sa voisine, que ce serait mon jour de chance. Tu te rends compte ? C’est inouï… Être assise à la même table qu’un poète, ou presque ! – Oui, c’est ça, grogna Maréchal, un « presque poète » ! Elle continua : – Mon Dieu ! J’en suis toute remuée ! – Après l’o*****e buccal, voici la jouissance libidinale, murmura Neveu qui aurait tant aimé prendre le large s’il n’avait eu devant lui le nouveau verre de bière souriant de toute la blancheur immaculée d’une mousse généreuse. – Comme vous devez être fiers, dit-elle aux deux autres, d’avoir un ami poète qui tourne si bien les phrases et fait fleurir les pensées les plus banales. Comment donc avez-vous dit… « La précieuse chanson de ma gorge altérée… et puis… relevé de roux blond, de poivre et de… et de gros sel… Non ! …et de… ». Oh ! J’ai oublié la suite. – Encore un secret, pouffa Neveu à l’oreille de Maréchal qui retenait très difficilement une folle explosion de rire. Puis, plus haut, pour les deux femmes : Et, en plus, il est peintre. Un peintre aquarelliste de grand renom… Oui, enfin, rue des Arbalestriers. Plus loin, ce sera pour plus tard. Mais vous, ce n’était pas mal non plus : « faire fleurir les pensées »… C’est du jardinage littéraire ! – Taisez-vous… Euh ! Euh !… Monsieur… Loustic… comme a dit votre ami. Ce n’est pas bien de vous moquer ainsi. Puis, s’adressant derechef à Mercier : S’il vous plaît, voudriez-vous répéter votre poème. Guillaume Mercier, rouge de confusion et agité par quelques sautes d’un vent de panique, ne put que bredouiller : – Je… je ne… ne le pourrais pas, c’est… spontané… alors… – Alors, ajouta Maréchal qui avait enfin retrouvé sa respiration, c’est comme un rossignol, il ne chante jamais deux fois le même refrain… – Voilà un joli compliment relevé d’un filet d’amitié et d’une pointe d’ironie, remarqua la seconde cliente qui avait assisté à l’impromptu sans quitter un discret sourire. Puis, se tournant vers Mercier : Je crois vous avoir déjà rencontré à « La Croque au Sel », sur la route de Maubeuge, avant qu’elle ne ferme ses portes… Je me trompe ? C’était une table de qualité dont je me souviens avec plaisir. – Eh bien ! répondit Mercier chez qui le fard de la confusion fondait dans celui de la louange. Eh bien, vous ne vous trompez pas… Je suis très heureux que vous gardiez un aussi bon souvenir de mon ancienne auberge. – Savez-vous, continua-t-elle sans quitter son sourire, que vous me faites penser à ce merveilleux pâtissier qui était l’ami de Cyrano de Bergerac… Raguenau, un pâtissier mécène, poète lui-même, qui mettait ses recettes en vers et emballait ses petits fours dans les pages de ses œuvres ou les copies de ses artistes protégés. Il disait : « Ma Muse, éloigne-toi, pour que tes yeux charmants N’aillent pas se rougir au feu de ces sarments ! » - Marjolaine, mon amie, a été professeur de lettres… Il en reste toujours quelques chose, intervint l’autre dame comme pour l’excuser. Et moi, mon nom est Germaine Delorme, mais on m’appelle Annabelle, car c’était celui de la boutique de lingerie féminine que j’ai tenue, avenue d’Hyon. – Très heureux, Annabelle, répondit Mercier qui endossait à nouveau, et sans peine, l’élégance un peu mondaine de ses anciennes fonctions en salle. Moi, c’est Guillaume, et les deux… loustics que voilà… se prénomment François et Charles. – Et moi, c’est Aldo… Aldo Dellascala, dit le barman qui s’empressait, convaincu que toutes ces présentations allaient se fêter par une tournée générale. – De Milan ? demanda Neveu, clignant de l’œil vers les autres. – Non ! d’Agrigente, en Sicile, coupa l’autre, apparemment froissé. – Ah ! Je connais, reprit Charles Neveu, pour se faire pardonner, le beau pays des temples ! – Si ! Des temples, nous, on en a beaucoup… Partout… On prétend qu’ils ont été secoués par des tremblements de terre, mais moi, je connais les Italiens… Je crois qu’ils n’ont pas été achevés. Puis, en baissant le ton : Vous savez, là-bas, c’est pour ne pas payer de taxes… Les mafiosi, le Vatican, les monsignore… Tous se regardèrent surpris, en se demandant si le barman, finalement, n’entrait pas dans leur jeu, avec plus d’à-propos et moins d’innocence qu’ils pouvaient se l’imaginer. Encore une fois, c’est au fond des verres, comme la pierre philosophale dans l’athanor d’un alchimiste, ou la sauce dans le poêlon d’un coq, que s’élabore une large part des amitiés. Est-ce pour cela qu’on les dit « profondes » ? Ou que l’on emploie le verbe « lier » ? Quoi qu’il en soit, leur valeur et leur saveur s’apprécient à la mesure des ingrédients choisis : franchise, bienveillance, désintéressement, et aussi, pour exciter leur force apéritive, la pertinence des projets échafaudés. Quand Mercier revint à la charge avec son idée de confrérie, ce n’est plus deux scepticismes goguenards et distraits qu’il rencontra, mais quatre approbations inconditionnelles et enthousiastes. – Oui, convint Marjolaine, c’est une excellente idée d’associer la table et l’histoire : d’un côté de quoi satisfaire des plaisirs de gourmets, et de l’autre la curiosité… disons savante… pour ce qui a fait de Mons la ville que nous connaissons ou que nous apprendrons à connaître mieux… Sans compter que des promenades apéritives ou digestives sont bonnes à la santé. Pas vrai, Charles ? Je peux vous appeler « Charles », n’est-ce pas ? – Euh… Assurément, Marj… Marjolaine, répondit l’autre qui paraissait un peu moins en verve caustique devant les dames. Et ne dit-on pas que les idées viennent en marchant, par les pieds ? – Par les pieds, moi, je ne vois venir que des cors, des durillons et autres misères douloureuses. Les idées, à mon sens, c’est par l’autre extrémité. Quoique, en trottinant, il m’arrive de torcher quelques petits vers, des quatrains comme… – Reste assis ! enjoignit Maréchal à Mercier… à qui il ne déplaisait pas de paonner devant un nouveau public. Le poète veut dire la vérité, il faut vite l’exécuter… – J’ai déjà entendu ça quelque part, remarqua Annabelle. Pauvre poète ! Mais moi aussi j’ai une idée : puisqu’il n’y a plus de « Croque au Sel », je propose que nous nous réunissions au restaurant dont on dit, depuis peu, le plus grand bien, rue d’Havré. Ça s’appelle « Les Gribaumonts ». J’y suis déjà allée… cuisine excellente, cave remarquable… Vous m’en direz des nouvelles. La dernière fois, j’y avais mangé une caille… J’en ai gardé… – … quelque chose… Cela s’entend, Annabelle ! – Taisez-vous, Charles. Vous êtes impertinent… Et, en plus, je vous parlerai d’Havré, c’est là que je suis née… Il y a déjà un certain temps. – On dit que le château aussi est en ruines… – Oh !
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