IÀ la cime blanche d’un mont, dans la pâle et froide Thuringe, un jeune pâtre debout sur une pente de neige jouait de la flûte dans le matin. Devant lui, plus bas que lui, le cirque énorme des alpes, étagé de granits, hérissé de sapins, prolongeait ses inclinaisons jusqu’au fond des précipices blêmes que voile une vapeur ; et, sous l’azur vague où çà et là s’étirent des nuées, dans le vent silencieux qui emporte parfois des volutes de flocons éparpillés en poussière, le soleil de janvier illuminait les roches glacées, allumait le mica des neiges et faisait, aux pointes des branches, resplendir comme de petits lustres, des pendeloques de grésil. Svelte et grand, pâle sous des cheveux noirs en boucles, ayant dans ses yeux très bleus une profondeur de lac ou de ciel, – pareil à quelque bell