CHAPITRE DEUX

2766 Words
CHAPITRE DEUX Ils se précipitèrent au centre de commande. Maintenant qu'ils étaient plus près de l'entrée, les coups étaient plus forts. Malgré cela, avec le sas qui se trouvait au milieu, Kevin était étonné que le son résonne à ce point. Avec quoi ces gens frappaient-ils sur la porte ? Luna n'avait pas l'air impressionnée mais inquiète. “Qu'est-ce qui te préoccupe ?” demanda Kevin. “Et si c'étaient les extraterrestres, ou des personnes contrôlées par eux ?” demanda-t-elle. “Et s'ils faisaient le tour des refuges pour capturer les survivants ?” “Pourquoi le feraient-ils ?” demanda Kevin. Cependant, à cette idée, il sentit la peur l'envahir peu à peu. Et si c'était bien le cas ? Et s'ils entraient ? “Si j'étais un extraterrestre, c'est ce que je ferais”, dit Luna. “Je conquerrais tout, je m'assurerais qu'il ne reste personne pour se révolter. Je tuerais tous ceux qui s'opposeraient à moi.” Pour la énième fois de sa vie, Kevin se jura de ne jamais contrarier Luna. Cela dit, il entendait quand même qu'elle avait peur. Il avait peur, lui aussi. Et s'ils s'étaient précipités dans un endroit qui leur avait paru sûr pour déjà se faire capturer ? “Est-ce qu'on peut voir qui est là-dehors ?” demanda Kevin. Luna montra les écrans vides. “Ils ne montrent plus rien depuis hier soir.” “Mais c'est juste le signal qui vient d'ailleurs dans le monde”, insista Kevin. “Il doit y avoir … je ne sais pas, des caméras de surveillance ou quelque chose de ce genre.” Il y en avait forcément. Une installation de recherche militaire ne pouvait pas rester aveugle à tout ce qui se passait aux alentours. Kevin et Luna commencèrent à presser des boutons sur les ordinateurs en essayant de trouver le moyen de les pousser à faire ce qu'ils voulaient. La plupart des écrans étaient vides, les signaux envoyés par le monde avaient été coupés ou bloqués ou avaient juste … disparu. Luna se mit à appuyer sur des boutons à côté de lui mais Kevin soupçonnait qu'elle ne savait pas plus que lui ce qu'il fallait faire. “Qui que ce soit, je ne sais pas si nous devrions ouvrir la porte”, dit Luna. “Ce pourrait être n'importe qui.” “Certes”, dit Kevin, “mais cela pourrait aussi être quelqu'un qui a besoin de notre aide.” “Peut-être”, dit Luna sur un ton peu convaincu. “Qui que ce soit, il frappe très fort sur la porte.” C'était vrai. Les échos métalliques de chaque coup résonnaient dans tout le bunker. Ils arrivaient par groupes de trois et, lentement, Kevin commença à comprendre que les silences qui séparaient les coups n'étaient pas aléatoires. “Trois courts, trois longs, trois courts”, dit-il. “Tu veux dire que c'est un SOS ?” demanda Luna. Kevin lui jeta un coup d’œil. “Je croyais que tout le monde savait ça”, dit-elle. “C'est à peu près tout ce dont je me souviens.” “Donc, à l'extérieur, il y a quelqu'un qui a des ennuis ?” demanda Kevin. Cette idée lui apporta une autre sorte d'inquiétude. Au lieu d'hésiter, fallait-il qu'ils aident ces gens ? Il repéra une icône représentant une caméra dans le coin inférieur d'un des écrans. Il appuya dessus et, soudain, les écrans s'allumèrent et affichèrent les images des caméras de surveillance disposées autour de la base désertée. “Celle-ci”, dit Luna en montrant du doigt une des images comme si Kevin ne savait pas faire la différence entre celle-là et les autres. “Attends, laisse-moi faire.” Elle appuya sur un bouton et l'image remplit l'écran. Kevin ne savait pas ce qu'il s'était attendu à voir. Une horde de personnes contrôlées par les extraterrestres, peut-être. Un soldat qui connaissait l'existence de la base et avait traversé le pays en se battant pour arriver jusque là. En tout cas, il ne s'était pas attendu à voir une fille de leur âge qui tenait ce qui semblait être un reste de panneau de signalisation qu'elle frappait contre la porte de façon cadencée. Forte, brune, elle avait les cheveux courts et un clou dans le nez comme pour défier les gens d'en parler. Kevin voyait qu'elle avait de beaux, de très beaux traits mais qu'elle avait aussi un air coriace et qu'elle n'apprécierait probablement pas qu'on la réduise à sa beauté. Elle portait un haut sombre à capuche avec, dessus, une veste en cuir qui avait l'air trop grande pour elle, un jean déchiré et des chaussures de marche. Elle avait un petit sac à dos comme si elle était juste venue à la montagne pour y faire de la randonnée mais, à juger du reste de son apparence, elle ressemblait plutôt à une fugitive. Ses vêtements étaient tellement crasseux qu'elle avait peut-être vécu dehors pendant des semaines, avant l'arrivée des extraterrestres. “Je n'aime pas ça”, dit Luna. “Pourquoi n'y a-t-il qu'une fille qui essaie d'entrer ?” “Je ne sais pas”, dit Kevin, “mais nous devrions probablement l'accueillir ici.” C'était logique, non ? Si elle demandait de l'aide, alors, ils devraient au moins essayer de lui en donner, n'est-ce pas ? A présent, la fille regardait vers l'écran et, même s'il semblait n'y avoir aucun son, elle n'avait pas l'air heureuse qu'on l'abandonne là-bas. Luna appuya sur quelque chose et ils l'entendirent grâce aux micros qui captèrent ses paroles. “… me laisser entrer ! Il y a encore ces créatures à l'extérieur ! J'en suis sûre !” Kevin se mit à regarder derrière elle sur l'écran et, effectivement, il pensa distinguer quelques personnes qui se déplaçaient avec la désinvolture étrange qui suggérait qu'elles étaient contrôlées par les extraterrestres. “Nous devrions la laisser entrer”, dit Kevin. “Nous ne pouvons pas laisser quelqu'un là-dehors.” “Elle ne porte pas de masque”, signala Luna. “Et alors ?” Luna secoua la tête. “Si elle ne porte pas de masque, comment se fait-il que la vapeur des extraterrestres ne la transforme pas ? Qu'est-ce qui nous prouve qu'elle n'est pas l'un d'eux ?” Comme pour répondre à sa question, la fille qu'ils voyaient sur l'écran se rapprocha de la caméra et regarda droit dedans. “Je sais qu'il y a quelqu'un là-dedans”, dit-elle. “J'ai vu bouger la caméra. Regardez, je ne suis pas un extraterrestre, je suis normale. Regardez-moi !” Kevin la regarda dans les yeux. Ils étaient larges et marron mais, le plus important, c'était que ses pupilles étaient normales. Elles n'étaient pas devenus blanc pur comme celles des scientifiques quand la vapeur du rocher les avait transformés ou comme celles de sa mère quand il était rentré à la maison … “Il faut que nous la laissions entrer”, dit Kevin. “Si nous la laissons là-dehors, les personnes contrôlées par les extraterrestres vont la capturer.” Effectivement, Kevin voyait des silhouettes en uniforme militaire avancer à l'unisson, visiblement contrôlées par les extraterrestres. Il courut vers le sas et se servit de la clé que le Dr Levin lui avait donnée pour l'ouvrir. Au-delà de la porte, la fille attendait pendant que les ex-soldats se rapprochaient en se mettant à courir. “Vite, entre !” dit Kevin. Il tira la fille dans le sas parce qu'il n'y avait plus de temps à perdre. Il alla fermer la porte, sachant qu'ils seraient en sécurité dès le moment où elle les séparerait des terriens contrôlés par les extraterrestres qui avançaient vers la base. La porte resta bloquée. “Aide-moi”, lui cria Kevin en tirant sur la porte et en sentant la solidité de l'acier sous ses mains. La fille saisit la porte en même temps que lui et tira dessus en usant de son poids pour essayer de la faire bouger. Pas très loin, les ex-soldats avançaient au pas de course et Kevin avait beaucoup de mal à se concentrer sur la la porte, pas sur eux. C'était la seule façon qu'il avait de repousser la terreur qui le menaçait : il pesait de tout son poids sur la porte pour la refermer. Finalement, elle céda, bougea en grinçant et ils la fermèrent avec difficulté. Kevin entendit l'écho qu'elle produisit quand elle claqua et se verrouilla avec un clic qui résonna dans tout le sas. “Début de la procédure de décontamination”, dit une voix électronique comme au moment où Kevin et Luna étaient arrivés en ce lieu. Ils entendirent affluer l'air que les filtres du bunker nettoyaient autour d'eux. “Bonjour, je m'appelle Kevin”, dit-il. Il soupçonnait qu'il aurait dû trouver quelque chose de plus dramatique à dire à un moment comme celui-là mais rien d'autre ne lui était venu en tête. La fille resta silencieuse un moment ou deux puis sembla se rendre compte que Kevin attendait peut-être une réponse. “Je m'appelle Chloe.” “Enchanté, Chloe”, dit Kevin. Elle le regarda tranquillement comme pour l'évaluer et sembla presque sur le point de s'enfuir. “OK, d'accord.” L'autre porte du sas s'ouvrit avec un clic. Luna les attendait. Alors que c'était elle qui avait été contre l'idée de laisser entrer Chloe, elle avait son sourire le plus accueillant qui soit. “Salut”, dit Luna. Elle tendit une main. “Je suis Luna.” Chloe la regarda fixement puis haussa les épaules sans la serrer. “Je te présente Chloe”, dit Kevin pour elle. Chloe hocha la tête comme pour approuver mais sans grand enthousiasme et en regardant autour d'elle d'un air méfiant. “Où est tout le monde ?” finit-elle par demander. “Il n'y a personne d'autre”, répondit Luna. “Il n'y a que nous. Moi et Kevin.” Elle se rapprocha de Kevin comme pour affirmer qu'ils formaient une équipe. Elle posa même une main sur son épaule. “Rien que vous deux ?” dit Chloe. Elle s'assit sur une des chaises du centre de commande en secouant la tête. “J'ai fait tout ce chemin et il n'y a que vous deux ?” “D'où viens-tu ?” demanda Kevin. “Ça n'a pas d'importance”, dit Chloe sans les regarder. “Je crois que si, quand même”, répliqua Luna. “Je veux dire, tu arrives de nulle part et tu nous demandes de te faire confiance.” Chloe se tourna brusquement vers elle, haussa les épaules une fois de plus puis sortit de la salle. Kevin la suivit, surtout parce qu'il soupçonnait que, si Luna la suivait, il risquait d'y avoir une sorte de dispute, et aussi parce que Chloe avait quelque chose d'intrigant. Il y avait tant de choses qu'ils ne savaient pas sur elle. “Tu n'as pas besoin de me suivre”, dit Chloe en se retournant vers Kevin, qui la suivait dans un des couloirs. “Je croyais que je pourrais te faire visiter l'endroit”, dit Kevin. “Tu sais … si tu veux.” Chloe haussa les épaules une fois de plus. Il semblait y avoir des nuances dans ses haussements d'épaules et celui-là semblait plutôt approbateur. Kevin ne la comprenait pas vraiment. “Depuis notre arrivée, nous avons exploré l'endroit”, dit Kevin. “Il y a une cuisine et une réserve par ici et des salles de bain par là. Voici le dortoir où nous dormons. Choisis un lit si tu veux. Je dors ici et Luna là.” Chloe choisit un lit. Il était à l'opposé de ceux que Luna et Kevin avaient choisis. “Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance”, dit-elle, “mais je ne te connais pas et …” Sans finir sa phrase, elle secoua la tête d'un air tourmenté. “Ça va ?” demanda Kevin. “Oui”, répliqua brusquement Chloe. Alors, elle continua d'une voix plus douce. “Je vais bien. C'est seulement que j'ai pris l'habitude de me débrouiller seule il y a un certain temps. Je suppose que je ne suis pas très sociable.” “D'accord”, dit Kevin. Il recula vers la porte. “Je peux m'en aller si tu ne veux pas —” “J'ai fugué de chez moi”, dit Chloe. La surprise figea Kevin sur place. “Quoi ?” “Je veux dire, avant l'arrivée des extraterrestres”, poursuivit Chloe. “Ma mère me criait dessus tout le temps et mon père était … en fait, il s'est passé quelque chose et ils ont tous dit que j'étais folle … de toute façon, j'ai un cousin au nord. Je pensais que, si je pouvais le rejoindre, ça irait, puis les extraterrestres sont venus.” Kevin avait l'impression qu'elle cachait beaucoup de choses mais n'insista pas. Beaucoup des pauses de Chloe donnaient l'impression de servir à dissimuler les choses qui faisaient trop mal, comme si ne pas les dire pouvait les faire disparaître. Il connaissait cette attitude. S'il faisait semblant de bien aller, sa maladie n'existait pas vraiment. “Comment as-tu survécu à l'extérieur ?” demanda Kevin. “J'ai fait le nécessaire”, dit Chloe, sur la défensive et visiblement aussi tourmentée qu'avant. “Attends, tu veux dire quand tous les autres se sont transformés ? Je … je suppose que j'ai juste eu de la chance. J'étais à l'intérieur et loin de tout le monde quand ça a commencé et les gens disaient qu'il y avait un gaz ou quelque chose de ce genre mais, quand je me suis échappée, il y avait seulement ces créatures qui tentaient d'attraper les gens et de leur souffler dessus.” “Quand tu t'es échappée ?” demanda Kevin. “Ce boucher m'avait enfermée dans son frigo à viande. Il disait que j'essayais de le cambrioler.” Était-ce un lieu où ils pourraient échapper à la vapeur extraterrestre ? Cela signifiait-il que Luna et lui n'avaient plus besoin de leurs masques ? “Ça ira, tu verras”, dit Kevin. Chloe lui donna un autre de ses haussements d'épaules. “C'est toi qu'on a vu à la télévision, n'est-ce pas ? Quand tu as dit que tu t’appelais Kevin, je n'ai pas compris mais je crois que je te reconnais. Est-ce pour cela que tu es ici ? Ils t'ont enfermé dans un lieu de haute sécurité parce que tu es le garçon qui sait tout sur les extraterrestres ?” Kevin secoua la tête en se rapprochant d'elle. “Ils ne m'ont pas enfermé ici. Le Dr Levin m'a donné une clé qui ouvre leurs bunkers et m'a parlé de celui qui se trouvait sous le centre de recherche de la NASA mais nous n'avons pas pu y aller. Luna et moi, on a dû trouver cet endroit par nous-mêmes.” Chloe hocha la tête. “Luna … c'est ta petite copine ?” C'était ce que les gens imaginaient toujours. Kevin ne comprenait pas pourquoi. Il lui semblait évident que Luna ne serait jamais sa petite amie. “C'est mon amie”, dit Kevin. “Nous ne sommes pas … je veux dire …” Étrangement, il trouvait plus facile de parler des extraterrestres que de sa relation avec Luna. “C'est étrange”, dit Chloe. “Je veux dire, tu as l'air sympa. Moi, je ne me contenterais certainement pas de t'avoir comme ami. Je me demande —” Cependant, Kevin ne sut jamais ce qu'elle se demandait parce qu'un raclement de gorge bien affirmé se fit entendre de la porte. Le regard que Luna leur donna quand Kevin se retourna était de la même teneur. “Je voulais voir ce qui vous prenait si longtemps”, dit-elle d'un air tout sauf satisfait. Elle avait l'air … presque jaloux et c'était absurde parce qu'il ne se passait rien ici et, de toute façon, Kevin et Luna n'étaient pas comme ça, n'est-ce pas ? “Luna !” dit Kevin. “Chloe me parlait d'elle-même.” “J'en suis sûre”, dit Luna. “Elle pourra peut-être en faire autant avec moi. De plus, tant qu'on y est, on va pouvoir décider ce qu'on va tous faire ensuite.” *** Ils repartirent dans la cuisine parce qu'aucun d'eux n'avait encore mangé son petit déjeuner. Kevin alla chercher des provisions dans la réserve en se demandant s'il était prudent de laisser Luna et Chloe ensemble. Kevin choisit un paquet qui disait contenir des crêpes aux myrtilles et le leur amena. Elles étaient silencieuses et, en soi, c'était un peu inquiétant car Luna n'était pas du style à rester silencieuse. “J'ai trouvé des crêpes aux myrtilles”, dit-il. “C'est super”, dit Luna. “J'adore les crêpes aux myrtilles.” “Moi aussi, je les adore”, dit Chloe, mais Kevin eut la sensation qu'elle ne l'avait dit que pour être d'accord avec Luna. “Eh bien, je ne sais pas si elles vont être bonnes”, dit Kevin. La réponse était simple : elles avaient le goût d'une nourriture qui était restée dans un paquet et dans une réserve plus longtemps qu'elle n'aurait dû. Malgré cela, Kevin avait tellement faim qu'il mangea toute sa part. “Comment as-tu entendu parler de cet endroit ?” demanda Kevin à Chloe pendant qu'ils mangeaient. “Mon père … avec son travail, il … était au courant de certaines choses”, dit-elle sans s'expliquer plus que ça. Kevin soupçonna que, si Luna lui avait posé la même question, elle en aurait dit encore moins. “Donc, tu es venue ici comme tu as pu et tu as frappé à la porte jusqu'à ce que quelqu'un te laisse entrer ?” dit Luna. A l'entendre, Kevin pensait qu'elle n'y croyait guère. “Il fallait que j'aille quelque part”, dit Chloe. “Je me demande s'il y a d'autres endroits comme celui-là où les gens ont réussi à se cacher”, dit Kevin avant que la discussion ne dégénère en dispute. S'ils étaient coincés dans cette base, il voulait que les filles s'entendent bien. “S'il y en a, nous ne pouvons pas les contacter”, dit Luna. “Plus aucun signal n'atteint les écrans et tous ces appareils de communication sont inutiles si nous ne savons pas à qui ils peuvent nous permettre de nous connecter.” “Peut-être que tu t'en sers mal”, dit Chloe. Luna la regarda d'un air éloquent. “Nous pouvons rester ici aussi longtemps que nécessaire, de toute façon”, dit Luna. “Nous sommes en sécurité, ici. Nous en avons parlé hier, Kevin.” Ils en avaient parlé et cela les avait rassurés à ce moment-là mais fallait-il en rester à ce stade ? Allaient-ils demeurer ici tous les trois tout le reste de leur vie ? “Je connais peut-être un endroit”, dit Chloe entre deux bouchées de crêpe. “Tu connais un endroit par hasard ?” dit Luna. “Comme tu as entendu parler de cette base par hasard ?” Kevin trouvait qu'elle avait l'air méfiant. Il voulait donner à Chloe le bénéfice du doute mais Luna n'avait vraiment pas l'air de lui faire confiance. Chloe posa sa fourchette. “En venant ici, j'ai entendu en parler des gens que j'ai rencontrés. Je me suis dit que cette base était plus proche et plus sûre. Cependant, s'il n'y a personne ici …” “Nous sommes ici”, dit Luna. “Nous sommes en sécurité ici.” “Vraiment ?” demanda Chloe en se tournant vers Kevin comme pour lui demander confirmation. “On dit que, vers Los Angeles, il y aurait un groupe qui aide les réfugiés à se rassembler et à rester en sécurité. Ils s'appellent les Survivants.” “Donc, tu veux qu'on aille jusqu'à Los Angeles et qu'on cherche ces gens ?” demanda Luna. “Qu'as-tu prévu de faire ? De rester ici et d'attendre que la situation s'améliore ?” Kevin regardait tantôt une fille tantôt l'autre en essayant de trouver le meilleur moyen de les empêcher de s'énerver. “Nous avons assez de nourriture pour toute la vie et, bientôt, nous allons peut-être refaire marcher la radio. Nous ne pouvons pas aller là-bas sans être sûr de ce que nous allons y trouver.” Chloe secoua la tête. “Les choses ne s'amélioreront pas. Tu peux me faire confiance.” “Te faire confiance ?” dit Luna. “Nous ne te connaissons même pas. On reste ici.” Kevin connaissait ce ton. Il indiquait que Luna ne comptait pas céder. “Écoutez-moi ça ! On dirait une parfaite petite pom-pom girl qui s'imagine qu'elle commande”, répliqua Chloe. “Tu ne sais rien sur moi”, insista Luna sur un ton dangereux. Kevin ne comprenait pas pourquoi elles se disputaient. Il avait essayé de ne pas s'en mêler mais, maintenant, il semblait qu'il allait devoir le faire. Il se leva pour dire quelque chose mais s'arrêta parce que la douleur lui traversa brusquement le crâne en même temps qu'une sensation qu'il n'avait pas eue depuis plusieurs jours. “Kevin ?” dit Luna. “Ça va ?” Kevin secoua la tête. “Je crois que … je crois qu'il y a un autre signal qui arrive.”
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