Juliette
Revenant de la ville en compagnie de ma tante, je tiens la lettre reçue de la part de ma mère. Celle-ci me demande de mes nouvelles. Elle veut savoir si la vie ici n’est pas trop dure. Si je ne m’ennuie pas trop. Bref, elle espère que je lui dis que c’est d’un ennuie mortel et que j’ai hâte de rentrée. Sauf que voilà, je me plais ici. Enfin, si ce n’est l’incident de la rivière et celle de l’autre jour quand j’ai apporté son repas à monsieur Wolfgang. La vie ici n’est pas si mal du tout. Mais je ne peux clairement pas lui répondre ça. Elle risquerait de me demander de rentré immédiatement…
_ Alors que vas-tu répondre à ta mère ?
_ Bah, je ne sais pas encore… Parce que si je lui dis que je me plais chez toi. Elle va me demander de rentré tout de suite. Et si je lui dis que je m’ennuie à mourir. Que je la supplie de me laisser revenir, elle va se sentir satisfaite et elle va penser que son plant a marché.
_ Mmm et qu’est-ce que tu voudrais faire au juste ?
_ Moi ?… J’aimerais rester ici, le plus longtemps possible !!!
_ Tu ne veux pas retourner à Chicago en septembre ?
_ Non… Parce que je sais ce qu’il m’attend quand je rentrerai…
_ Un mariage de convenance.
_ Mmm… Maman, c'est mis en tête que Bryan Styleman est l’homme qu’il me faut.
_ Pourquoi ?
_ Et bien, je te la fais dans sa version… « Ma p’tite fille, tu ne trouveras pas meilleure partie. Monsieur Styleman est jeune, à peine 24 ans. Il est plutôt bel homme. Et surtout, il est riche !! Que demander de plus !! » Dis-je en l’imitant, ce qui fait rire ma tante.
_ Ma pauvre… Bel homme comment ?
_ … Il est un peu plus grand que moi. Blond aux yeux bleu.
_ Ouh, blond aux yeux bleu. Il a déjà tout gagné, avec ce physique…
_ Ah ah… Un nez droit, assez mince et un peu muscles… Il travaille dans les banques.
_ Oh, donc c’est monsieur costume cravate.
_ Exactement.
_ Je t’imagine bien t’approcher de lui afin de nouer correctement sa cravate le matin avant qu’il n’aille travailler.
_ Quelle horreur !!
_ Ah ah… Et il te donnera un charmant petit bisou sur la joue, te disant « à ce soir ma chérie. »
Je ris au éclat, accompagner de ma tante qui semble du même avis que moi. On rigole encore quand on arrive à la maison. Ce qui intrigue mon oncle et Henri… Mais aussi l’homme qui est à ses côtés… Mince, je ne l’ai pas vu depuis la semaine dernière. Quand je lui ai apporté le repas que ma tante lui avait fait… J’avais depuis réussi à l’évité en restant, soit à la ferme. Soit en allant en ville…
_ Qu’est-ce qui vous fait rire autant, toutes les deux ? Demande Martin.
_ Oh rien… Des trucs de filles. Dit ma tante en me faisant un clin d’œil.
Je me pince les lèvres pour m’empêcher de rire à nouveau. Évitant avec soin le regard d’un certain homme. On saisit les caisses de courses que nous venons de faire et entrons dans la maison. Henri prend la dernière caisse et nous suis.
_ Emmett est ici depuis longtemps ? Demande ma tante à Henri.
_ Ouais, papa lui a demandé un coup de main pour ferrer les chevaux. Comme il y en a beaucoup, il a pensé qu’il ne serait pas trop de deux pour le faire.
_ Et toi, tu ne le fais pas ? Lui demandais-je.
_ Nan, je dois allé à l’école. C’est nul.
_ Henri !
_ Mais maman, si je resté. Je pourrais aider papa et Emmett et…
_ Henri, tu finis l’école jusqu’à ce que tu obtiennes ton certificat d’étude.
_ Oui maman… Pff, c’est pas juste.
_ Aller, zou. Tu devrais déjà y être.
_ Ouais, ouais… J’y vais…
_ Prend un cheval, tu y seras plus rapidement. Tu le laisseras chez le maréchal ferrant.
_ Oui maman.
On se retient de rire jusqu’à ce qu’il soit sortie. Puis, juste avec un regard, on rigole à nouveau…
_ J’vais te dire quelque chose princesse. Si tu veux rester ici plus longtemps. Ça ne me pose aucun problème. Tu es la bienvenue ici et surtout égaille mes journées.
_ J’crois pas que maman acceptera.
_ Hey, tu as vingt-un ans. Tu es largement en âge de faire tes propres choix. Soit, tu obéis à maman et tu épouses monsieur cravate… Soit, tu prends ta vie en main et tu fais tes propres choix. Dans tous les cas, tu auras mon soutien à cent pour cent.
_ Merci tante Clarisse… Pourquoi maman n’est-elle pas plus comme toi ?
_ Elle l’était… À une époque, elle était aussi insouciante que toi. Belle, jeune et la vie entre ses mains. Croquant la vie à pleine dent.
_ Que s'est-il passé pour qu’elle change à ce point-là ?
_ … Eh bien… Elle s'est marié à ton père et elle est partie en ville… La suite, je ne sais pas. Car, elle nous avait complètement snobé, mes parents et moi.
_ Et tu as quand même accepté de m’héberger ?
_ Oui, parce que malgré tout… Elle reste ma grande sœur et… Elle me donnait tout de même des nouvelles d’elle et me parler de toi.
La porte d’entrée s’ouvrit et se claqua au bout de quelque minutes. Puis, la tête de mon oncle apparu dans l’embrasure…
_ Ça, c'est bien passé en ville ? Tu as eu tout ce que tu voulais ?
_ Oui, impeccable. Est-ce qu'Emmett va manger avec nous ?
_ Si ça ne te dérange pas ?
_ Bien sûr que non.
_ On mangera dans environ deux heures.
_ Parfait, ça nous laisse le temps d’avancer avec les chevaux… Dit-il en retournant sur ses pas.
_ Bon… J’ai encore le linge à laver et ensuite, on commencera à faire à manger…
_ Si tu veux, je peux m’occuper du linge.
_ Tu sais faire ça ?…
_ Bah oui, je ne suis pas totalement ignare. Dis-je un peu vexer.
_ Soit, il est dans le panier près de l’essoreuse. Tu sais, c’est cette machine qui permet de retirer l’eau du linge.
Je lui tire la langue en allant dans la salle d’eau. Ça va, il n’y a pas grand-chose. Je m’active à trempé, savonner, frotter et essoré le linge. Ça me prend tout de même une heure pour tout faire. Puis, je prends le tout et par pour l’accroché aux cordes à l’extérieur… Le tout en chantonnant. Je prends les linges et les accroche de manière à ce qu’il soit tendu… Quand je sens une main ce posé sur la mienne. Je sursaute, la retirant d’un coup.
_ Qu’est-ce que…
_ Désolé, je ne voulais pas vous faire peur. Dit une voix que je reconnais trop bien.
Emmett
Quand je l’ai vu au loin, pendre le linge. Je n’ai pas pu résisté à l’envie d’aller la voir. Une semaine que je ne l’ai pas vue. J’ai même pensé qu’elle m’évitait. En même temps, faut dire que notre dernier tête-à-tête a était un peu chaud… Je me glisse derrière le drap qu’elle vient de pendre et pose ma main sur la sienne. Celle-ci la retire comme si elle s'était brûlé.
_ Qu’est-ce que…
_ Désolé, je ne voulais pas vous faire peur.
Je passe derrière le drap, la rejoignant et nous isolant quelque minutes du regard des autres. À savoir, son oncle et sa tante…
_ Monsieur Wolfgang ? Vous n’êtes pas avec mon oncle ?
_ Si je l’étais… Mais quand je vous ai aperçu, j’ai eu envie de vous dire bonjour.
_ Bonjour…
_ Je suis venu à plusieurs reprises ici et je ne vous ai pas aperçu une seule fois.
_ Peut-être parce que je n’étais pas là, quand vous étiez ici !
_ … J’ai une question pour vous ? Est-ce que vous m’évitez ?
_ Oui.
Je ne m’attendais pas à une réponse aussi directe. Mais je ne me démoralise pas pour autant. Ma partie loup aime chasser… Et ma proie me plaît beaucoup… Je m’avance vers elle, la faisant encore reculé. Comme à chaque fois que je m’approche d’elle. Repérant l’arbre derrière, je me retiens de rire en l’imaginant sursauté dès que son dos touchera la souche…
_ J’adore quand vous faites ça. Dis-je en ne cessant de la fixer.
_ Que… Quoi donc ?
_ Quand vous jouez à la biche effarouchée… Je n’en crois pas un mot… Je suis sûr que, bien au contraire. Vous aimez quand je joue avec vous.
_ Non c’est faux !
_ Vraiment ? Alors dans ce cas, pourquoi n’appeler vous pas votre tante ou votre oncle.
_ Je…
_ Je vais vous le dire moi. Dis-je en me rapprochant un peu plus d’elle.
_ Monsieur Wolf…
_ Emmett… Appelez-moi Emmett… Vous aimez quand je suis proche de vous… Vous aimez quand je vous murmure ses mots… Ou quand je vous embrasse.
_ N. Non…
_ Oh si… J’vous plais… Avouez-le… Autant que vous me plaisez. Dis-je en me penchant pour l’embrassé.
_ À table !!!
Je ne m’éloigne pas pour autant et prends le temps de l’embrassé avant de m’écarter…
_ Sauvez par la tantine.
Elle ne dit rien et je souris en reculant. Puis entre dans la maison.
_ Tu n’as pas vu ma nièce, Emmett ?
_ Je crois qu’elle finissait de pendre le linge.
_ Oh merci. À bah, la voilà…
Évitant mon regard, elle part directement dans la cuisine afin d’aider sa tante à mettre la table. Tout le long du repas, elle prend bien garde à ne pas me regarder. Même quand je demande s’il est possible de me resservir une assiette. Elle reste silencieuse et je ne peux m’empêchai de la taquiner…
_ Et bah, on apprend aux femmes à se taire à Chicago.
_ C’est vrai que tu n’es pas très bavarde aujourd’hui. Lui dit Martin.
_ C’est juste… Que je n’ai pas très faim.
_ Tu n’es pas malade au moins ?
_ Non non… ça va.
Je me retiens de rire en levant ma tasse de café pour en boire une gorgée... Assis dans le petit salon, elle s’entreprend de s’occuper les mains.
_ Bon, si on y retournait. Dit Martin en ce levant.
Je salue ses dames avant de suivre Martin à l’extérieur… Sur le chemin, je vois bien qu’il me lance des regards de côtés…
_ Dit ce que tu as à me dire Martin. Ça ne te ressemble pas de tournée autour du pot.
_ C’est vrai… Il y a bien quelque chose.
_ Je t’écoute ?
_ À quoi tu joues avec ma nièce ?
_ Avec ta nièce ?
_ Fait pas semblant, je t’ai vu l’approché derrière les draps.
_ Oh…
_ Je n’ai rien dit à ma femme. Car j’attends d’abord tes explications.
_ Je croyais avoir été discret…
_ Emmett, à quoi joues-tu ?
_ Pff… La vérité… C’est que ta nièce me plaît… Enfin… Bien plus que je ne l’aurais cru et… Je sais qu’elle est ici juste pour un été. Mais… Tu penses que j’ai mes chances avec elle ?
_ Là, je ne peux pas t’aider… C’est à elle de décidé. Mais, du peu que j’en sais. Ça risque de ne pas être simple.
_ Je crois que je suis amoureux.
_ Ah ah, à ce point là!! Je ne t’ai jamais vu aussi attiré par une dame. J’ai même cru que…
_ Quoi ?…
_ Bah… Que tu étais comme ses hommes qui étaient attirés par… Par d’autre homme.
J’explose de rire en entendant Cela. Moi, attiré par des hommes ?…
_ Non… Non, du tout. Il y a juste que, jusqu’ici, je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied.
_ Oh… Je vois…
_ Tu vas vouloir me casser la gueule ?
_ Pourquoi ?
_ C’est ta nièce et elle est sous ta responsabilité.
_ Certes, oui. Mais, elle est adulte à présent et libre de prendre ses décisions elle-même.
_ Donc, tu me donne ton accord.
_ Le mien n’a aucune valeur, je le crains. Celui qu’il te faudra, c’est celui de sa mère et sa tante. Si avec Clarisse, tu n’auras aucun problème. La mère, c’est autre chose. Elle s'est mise en tête de mariée sa fille à un homme de bonne famille. La petite n’en a rien à faire. Mais, maman semble tout contrôlé.
_ Alors pourquoi l’avoir envoyé ici ?
_ Parce qu’elle croit que Juliette va être écœuré de cette vie et qu’elle va vite vouloir rentrer pour obéir à maman.
_ Il semble que ce soit le contraire. Elle se plaît ici, il me semble.
_ Ouais, c’est exacte. Elle a même dit à sa tante le désir de vouloir rester ici.
_ Un point pour moi.
_ Tu n’en rates pas une. Eh bien, dans tous les cas. Je te souhaite bonne chance. Et je serais fière de t’accueillir dans ma famille.
On rigole et je suis ravi de le savoir de mon côté. Avec un peu de chance, Clarisse sera du même avis que lui et avec eux dans ma poche, il sera plus simple pour moi de conquérir son cœur…