Chapitre 1
Juliette
Quand on arrive dans une nouvelle ville, tout le monde vous regarde systématiquement… Parle entre eux, il pense que l'on ne les entend pas. Se demander qui nous sommes. D’où nous venons. Je déteste ça… Ils vous jugent. Ils vous salissent. Sans même savoir qui vous êtes. Il vous épie sans vergogne… Leur regard me fait parfois froid dans le dos. Et quand vous vous retrouvez juste face à eux… Ils font les lèche-bottes. Faisant comme s’il s’intéressait à vous. Moi, je préfère les ignorer et marcher droit devant moi. Suivant ma tante comme une bonne jeune fille. Ma mère pensait que cela me ferait du bien de passé un peu de temps chez ma tante. Alors, elle m’a envoyée chez elle, à la campagne… Maison de leur enfance.
_ Juliette, tu viens.
Quand ma mère lui a envoyé une lettre, lui expliquant que je devais voir ce qu’était la vraie vie avant de me passer la corde au cou. Celle-ci n’a pas très bien compris. Alors quand je suis arrivé, elle me la demandait directement. Je lui ai alors expliqué la raison de la colère de ma mère… Celle-ci voulait me marier de force à un homme que je n’avais vu qu’une seule fois dans ma vie. Me disant que c’était un bon parti et que c’était un honneur que quelqu’un comme lui, ait posé les yeux sûrs moi.
_ C’est pour ça qu’elle t’a fait venir ici ?!!
_ Oui… Elle s’est dite que, si je viens vivre chez toi. Je serais plus reconnaissante à ce que la vie m’ait donné. À savoir, une vie noble et… Un prétendant tout aussi noble.
_ C’est ridicule. Ta mère semble avoir oublié d’où elle vient.
_ Maman… Aime la vie confortable qu’elle mène.
_ Mais pas toi ?
_ Je ne peux pas dire que ne jamais avoir manqué d’argent est mal. Mais… L’argent ne fait pas tout. Et… Je ne suis sûr que la vie peut donner plus qu’une bonne famille.
_ Tu as tout à fait raison. Tu vas voir. Je suis sûr que tu vas te plaire ici. J’te le dis tout de suite, je mène, quant à moi, une vie simple. Pas de grosse fortune, mais un joli petit bas-délaine. Ma ferme est amble, mais cela me suffit.
_ Et ton mari ?
_ Martin est en déplacement. Il aide un ami à livrer des chevaux. On va être entre filles durant plusieurs semaines.
_ Ça me va tout aussi bien.
Quand on arrive devant sa ferme. Je comprends ce qu’elle voulait dire par mené une vie plus simple. Sa maison est très jolie, je ne dis pas le contraire. Mais elle est beaucoup plus petite que celle de ma mère. Elle a tout de même deux étages. Une façade fleurie avec un porche et une de ses chaises larges à bascule qui semble accrochée par des chaînes. En entrant, on a accès directement au petit salon. Un mur le sépare de la salle à manger. Qui dans le fond semble mener à la cuisine. En retournant au petit salon, un escalier mène aux pièces d’en haut. Oui, c’est cela… Un petit palier mène à trois pièces et si on lève le nez, on peut voir un accès à un grenier…
_ Là, c’est ma chambre. Celle-ci est celle de ton cousin et celle du fond sera la tienne.
_ Il est où Henri ?
_ Avec son père. Il a demandé à l’accompagner.
_ Mais… Il loupe l’école ?
_ Ah ah… Non ma belle. Ici, ils sont en vacances depuis une semaine.
_ Ah oui, c’est vrai… Les vacances ne sont pas les mêmes que part chez moi.
_ Tu t’y habitueras vite. Et toi, où en es-tu niveau étude ?
_ J’ai terminé mes études depuis un an.
_ Ouais… D’où la raison qui fait que ta mère veut te casser.
_ Me… Cassé ? … Qu’est-ce que ça veut dire ?
_ Peu importe. Installe-toi tranquillement et ensuite, tu me rejoindras dehors. Habille-toi plus alaise.
_ D’accord. Merci Tante Clarisse.
Elle me laisse seule et je m’empresse de défaire mes bagages. Je n’ai pas pris grand-chose, juste une dizaine de robes, deux paires de bottines, trois chapeaux, quatre paires de gants, une dizaine de bas et de culottes, deux manteaux, huit chemises de nuit et ma robe de chambre. Ainsi qu’une paire de petites pantoufles. Quelques nécessaires de toilette et quelques rubans pour me coiffer. Une fois le tout rangé dans la commode et l’armoire prévus pour cet effet, je me change afin de m’habiller plus simplement et pars rejoindre ma tante dehors. Quand elle me voit arrivé, elle se fige et me fixe…
_ Je t’ai demandé de t’habiller plus simplement. On n’est pas à la ville ici.
_ Oh ? … Mais c’est une robe plutôt simple.
_ Mouais… Suis-moi, je vais te donner une de mes salopettes. Ce sera plus pratique pour toi de m’aider à nourrir les bêtes.
_ Une salopette ? Mais ce sont là des vêtements pour homme.
_ Non princesse. Ce sont des vêtements pour les gens de la ferme. Tu risques vite de craquer tes vêtements de ville ici.
_ … D’accord… Si tu le dis…
Elle entre dans sa chambre et tire des vêtements, puis me les passe.
_ Tu peux les garder pour l’instant. On ira en ville t’acheter des vêtements plus pratiques pour ici.
_ Qu’est-ce qui ne va pas avec mes robes ?
_ Elles sont trop délicates. Très jolies pour aller à la messe… Mais trop fragile pour la campagne. Et trop chic. Tu n’es plus à Chicago. Tu es dans le Colorado princesse.
_ … D’accord, je ferai comme tu voudras. J’te fais confiance.
_ Bien. J’enverrai la facture à ta mère.
_ Oh, j’ai ce qu’il faut…
_ C’était de l’humour. Garde ton argent. Tss, vous les filles de la ville, vous n’êtes pas très drôle.
_ Je peux être drôle…
_ Je n’en doute pas… Je finis avec les bêtes et on y va.
_ Aujourd'hui.
_ Pourquoi faire à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. On décolle dans vingt minutes. Le temps pour moi de finir avec les bêtes.
_ Et moi, je fais quoi en attendant ?
_ Lit sous le porche… Je suis sûr qu’une belle jeune fille comme toi aime lire.
Sur ses dernières moi, elle se retourne et s’en va à ses affaires…
Emmett
Deux semaines de voyage qui ont failli tomber à l’eau !! Le mec qui devait m’acheter les cheveux, c’est désisté et je me retrouve avec les chevaux sur les bras… Heureusement, j’ai réussi à trouver un autre acheteur à la dernière minute. Sinon, j’aurais dû repartir avec vingt chevaux, la queue entre les jambes. Sans vouloir faire de jeu de mots.
_ Près a rentré chez soi ?
_ Oui… Et avec l’argent en poche… Tiens, voilà ta part.
_ Il y a plus que ce que tu avais dit.
_ J’ai été payer plus.
_ Non merci… Deux cents dollars, c’est amplement suffisant.
_ Prend les. Tu en auras autant besoin que moi.
_ Mais…
_ Pas de, mais. Sans toi, j’aurais galéré à trouver des gens dignes de confiance pour faire ce voyage. Et tu sais que je ne fais confiance qu’à très peu de personnes.
_ D’accord… Merci. Tu accepteras au moins de manger à la maison en arrivant. Clarisse aura très certainement fait un délicieux repas.
_ Avec plaisir.
_ Ma nièce a dû arriver de Chicago depuis. Elle passe les vacances chez nous.
_ C’est chouette. Quel âge a-t-elle ?
_ Eu… Je ne sais pas… La dernière fois que Clarisse m’a parlé d’elle, elle devait avoir dix ans… Elle doit avoir le même âge qu’Henri.
_ Cool… Ça fera du bien à Clarisse, une présence féminine.
_ C’est sûr que ça doit la changer d’Henri et de moi. Dit-il dans un grand éclat de rire.
On part récupérer nos chevaux chez le maréchal-ferrant. La route pour le retour dure plus longtemps que l’aller. Car une pluie battante nous tombe dessus. Heureusement que je n’ai plus tous les chevaux. Sinon, on aurait eu beaucoup de difficulté.
_ On est plus près de chez moi. Tu resteras le temps que ça se calme !! Henri, surtout, accroche-toi bien à ton cheval !! Cri-t-il sous la pluie.
_ Oui papa !!!
_ Je préférerais rentrer directement !!
_ Ne dit pas de bêtise !!! On n' y voit déjà pas grand-chose !!
Je me retiens de lui dire que j’ai une très bonne vue étant à moitié animal. Mais ça, je ne peux en parler à personne. Ma famille venant de quelque part vers l’est en Europe, j’ignore d’où me vient ce don. Mais, ce que je sais, c’est qu’une fois par mois, quand la lune est pleine, je me transforme en un loup gigantesque, et ce, depuis l’âge de 15 ans. Que j’ai eu de grandes difficultés à apprendre à le maîtriser. Et que, grâce à lui, j’ai les sens beaucoup plus développés que les gens normaux. Tout comme ma force qui est assez impressionnante. Et que je parviens à avoir une sorte de lien avec les autres animaux. Certains me fuient certes. Surtout quand c’est la première fois qu’il voit. D’autres acceptent ma présence, surtout les chiens. Les loups-garous ne sont pas du genre à crier sur tous les toits qu’ils existent. Alors, je tais mon silence et m’enferme dans la cave sous ma maison durant les soirs de pleine lune…
_ On y est… Tiens mon cheval, je vais aller ouvrir la grange !! Henri, reste bien près du cheval d’Emmett !!
_ Ok !!
Martin me passe les rênes et ouvre la porte de sa grange. Je guide les deux chevaux jusqu’à l’intérieur et m’occupe du mien le temps que la tempête se calme. Puis, nous partons jusque chez lui, ou il frappe à la porte.
_ Clarisse !!! Ouvre !!
Je me retiens de rire en le voyant enfermer dehors. Jusqu’à ce que la porte s’ouvre. On y entre et je me secoue pour faire tomber l’eau de ma veste…
_ Mon Dieu, mais vous êtes trempé jusqu’aux os ma parole !!
_ La pluie nous est tombée dessus. Dit Henri en s’avançant vers sa mère pour la saluer.
_ Je vois ça. File te changer avant d’attraper la mort.
Le gamin court jusqu’au haut où j’entends claquer une porte au bout de quelques minutes.
_ Vous deux, aller dans la salle d’eau… Et merci d’évité de trop salir mon sol.
_ Désolé ma chérie. Mais je ne peux pas faire autrement.
_ Tss, Juliette, tu veux bien mettre de l’eau à chauffer !! Dit-elle en disparaissant dans la cuisine.
_ Juliette ?? Demandais-je vers Martin.
_ La nièce dont je t’ai parlé. Sa mère et une fanatique de Roméo et Juliette.
_ D’où le prénom. Dis-je en riant.
J’imagine la fillette habillée comme la fille de ce type qui a créé la pièce. Je ne sais plus comment il s’appelle. Une gamine avec des couettes et une longue robe rouge. Je me retiens de rire… Alors que l’on se change pour enfiler des vêtements plus secs.
_ Tu n’as pas la même carrure que moi. Mais ça devrait t’aller.
_ Ça ira comme ça. J’te remercie pour tout.
_ Les hommes, activez-vous un peu, on va passer à table. Dit Clarisse à travers la porte.
_ On arrive.
Quand on part la rejoindre, Henri est déjà à table et Clarisse apparaît avec un plat. Martin le prend et le pose sur la table.
_ Excusez-moi. Dit une voix féminine dans mon dos.
Je me retourne et tombe sur une jeune femme qui n’a pas du tout l’apparence d’une gamine de dix ans. Je bloque devant son joli petit minois. Un plat dans les bras, elle n’ose plus bouger…
_ Donner… Dis-je simplement en prenant le plat de pomme de terre.
Je vais pour le poser sur la table et relève la tête sur elle. Elle n’a certainement pas dix ans… Je pense qu’elle doit avoir le même âge que moi… Peut-être un peu moins… Dans tous les cas, elle est d’une beauté époustouflante. Ses longs cheveux blonds tombant en cascade dans son dos, dont quelques mèches son retenu par un ruban. Une robe bleue qui moule délicieusement ses formes, laissant deviner une poitrine juste ce qu’il faut… Ses yeux d’un vert émeraude et ce qu’il y a de plus beau. Elle ressemble à une de ses poupées en porcelaine qu’aime avoir les petites filles… Bref, elle n’a rien de la gamine dont je m’étais imaginé et j’en ferais bien mon quatre-heures…
_ Emmett, je te présente ma nièce, Juliette Carlton. C’est la fille de ma sœur.
_ Enchanté… Dis-je en ne cessant de la fixer…
_ Juliette, Monsieur Emmett Wolfgang est notre voisin le plus proche. Et un grand ami de ton oncle.
_ Ravis de vous rencontrer. Dit-elle d’une petite voit de sudiste.
Durant le repas, je fais tout pour ne pas la dévisager. Cette fille à un petit truc qui semble m’attirer… Mais je ne dois pas… Je ne peux pas me permettre d’être attiré par qui que ce soit. Même si je la trouve très sexy, il n’y aura jamais rien entre nous. Elle n’est clairement pas d’ici et je suis sûr qu’elle repartira comme elle est venue. Donc, je passe le reste de la soirée à discuter avec Martin et à tout faire pour empêcher mes yeux d’aller admirer un certain corps…