Mme de Clèves ne répondit rien, et elle pensait avec honte qu’elle aurait pris tout ce que l’on disait du changement de ce prince pour des marques de sa passion si elle n’avait point été détrompée. Elle se sentait quelque aigreur contre Mme la dauphine de lui voir chercher des raisons et s’étonner d’une chose dont apparemment elle savait mieux la vérité que personne. Elle ne put s’empêcher de lui en témoigner quelque chose, et comme les autres dames s’éloignèrent, elle s’approcha d’elle et lui dit tout bas : – Est-ce aussi pour moi, madame, que vous venez de parler ? et voudriez-vous me cacher que vous fussiez celle qui a fait changer de conduite à M. de Nemours ? – Vous êtes injuste, lui dit Mme la dauphine ; vous savez que je n’ai rien de caché pour vous. Il est vrai que M. de Nemours,