Clara :
Le silence, si lourd et oppressant, fut finalement brisé par Catherine, dont la voix tranchante résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre. « Nous ne voulons pas te faire perdre ton temps, Clara. Tu n’es pas faite pour ce monde, pour l’avenir que nous avons prévu pour notre fils. »
Je sentis un nœud se former dans ma gorge, mais je me forçai à rester calme, à ne pas montrer la peur qui me rongeait de l'intérieur. « Avec tout le respect que je vous dois, Peter est un adulte, et c’est à lui de décider de son avenir, » répondis-je d’une voix que j’espérais assurée.
Edward secoua la tête avec un léger sourire froid. « Peter est jeune et naïf. Il ne comprend pas les responsabilités qui pèsent sur lui. Ses choix ne concernent pas seulement lui, mais tout un empire. » Il marqua une pause, me regardant comme si j’étais une enfant qui ne comprenait rien à la réalité. « Et toi, Clara, tu n’es pas à la hauteur des attentes. »
« Pourquoi pensez-vous avoir le droit de décider de sa vie ? » rétorquai-je, ma voix tremblante sous la tension. Je savais que j’étais en train de marcher sur une corde raide, mais je ne pouvais plus me taire. « Si Peter m’aime et que nous sommes heureux, pourquoi est-ce que cela pose un problème ? »
Catherine posa ses mains sur la table, ses doigts blancs se crispant légèrement. « Peter n’est pas qu’un homme amoureux, Clara. Il est l’héritier des Montclairon, et cela vient avec des responsabilités. » Elle se redressa, la voix dure. « Il y a un contrat de mariage en place avec la famille Renon, liant Peter à Kéllia. Cette union est cruciale pour l’avenir de notre empire, et tu es en train de tout compromettre. »
Mon cœur manqua un battement. Un contrat de mariage ? Peter ne m’avait jamais parlé de cela. La pièce autour de moi semblait se refermer, et je sentis un poids immense s’abattre sur mes épaules. « Je… je ne savais pas. »
« Bien sûr que tu ne savais pas, » rétorqua Catherine sèchement. « Tu es entrée dans la vie de Peter sans comprendre les enjeux. Mais maintenant, il est temps que tu réalises à quel point ta présence ici est une erreur. »
Edward, jusqu’alors silencieux, se pencha légèrement en avant, ses yeux glacés rivés sur moi. « Si tu tiens vraiment à Peter, tu ferais mieux de t’éloigner de lui. »
Je me redressai, refusant de céder à la panique qui me gagnait. « Peter m’aime, et je l’aime aussi. Vous ne pouvez pas simplement nous séparer à cause de vos projets. »
Catherine éclata d’un rire froid, un rire qui manquait cruellement de chaleur. « L’amour, Clara ? L’amour ne nourrit pas un empire. L’amour ne garantit pas un avenir prospère. » Ses yeux se plissèrent légèrement. « Crois-tu vraiment que Peter choisira l’amour sur tout ce que nous lui offrons ? »
Je serrai les poings, mon cœur battant de plus en plus fort. Je ne pouvais pas croire qu'ils considéraient leur fils comme un simple pion dans leurs machinations. Et moi ? J’étais quoi pour eux ? Une nuisance à éliminer ?
Clara :
Le poids des paroles de Catherine résonnait encore dans ma tête. Comment pouvaient-ils voir l’amour comme un simple obstacle ? Mon cœur se serrait de douleur et de colère. Je n’avais jamais été confrontée à une telle cruauté déguisée sous le masque du devoir familial.
« Alors c’est ça ? Vous me demandez de quitter Peter ? » répétai-je, ma voix tremblante, mais plus déterminée que je ne l'avais jamais été.
Catherine haussa les sourcils, un sourire froid se dessinant sur ses lèvres. « Si tu l’aimes vraiment, Clara, oui. Parce que rester avec lui ne fera que ruiner sa vie, ainsi que la tienne. »
Je me levai de ma chaise, ne supportant plus de rester assise sous leurs regards accusateurs. Mon cœur battait à tout rompre, mes mains tremblaient, mais je refusais de leur montrer combien leurs mots m’affectaient. Avant que je ne puisse répliquer, la porte de la salle s’ouvrit brusquement.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? »
La voix de Peter brisa le silence tendu. Il se tenait à l’entrée, visiblement furieux. Ses yeux passèrent rapidement sur la scène : moi, debout, prête à partir, et ses parents, imperturbables, assis dans leurs fauteuils comme s’ils régnaient sur une cour.
« Peter... » commença Edward d'une voix calme, presque condescendante.
« Non ! » coupa Peter, sa voix pleine de colère. « Je ne veux pas entendre vos excuses. » Il s’avança, se plaçant à mes côtés, et je pouvais sentir la tension dans ses gestes. Il me prit la main, et ce simple contact renforça ma détermination.
« Comment osez-vous parler à Clara de cette façon ? » dit-il d’un ton plus bas, mais chargé d’émotion. « Vous n’avez aucun droit de la traiter comme ça. »
Catherine se redressa légèrement, son sourire glacial toujours en place. « Peter, tu ne comprends pas. Nous essayons simplement de te protéger, de t’empêcher de prendre une décision qui pourrait détruire ton avenir. »
Peter éclata d’un rire amer. « Protéger ? C’est ça, protéger ? En me manipulant ? En me forçant à choisir entre Clara et vous ? Vous croyez vraiment que c’est ce que je veux ? »
Le silence qui suivit était lourd, presque suffocant. Edward se leva finalement, croisant ses bras. « Peter, tu es jeune. Tu ne comprends pas encore ce qui est en jeu. Cette relation n’est qu’une phase. Elle ne durera pas. Et tu risques de tout perdre. »
Peter secoua la tête, luttant pour ne pas perdre son calme. « Non, c’est vous qui ne comprenez pas. Je n’ai jamais été aussi sûr de quelque chose dans ma vie. Clara n’est pas une phase. Elle est la femme que j’aime, et je ne vais pas la laisser partir juste parce que vous avez peur de perdre votre emprise sur moi. »
Je me tournai vers Peter, surprise par la force de ses mots. Il serrait ma main si fort que je pouvais sentir sa propre peur, son angoisse de nous perdre. Mais il tenait bon, prêt à affronter sa famille pour nous.
« Vous voulez que je quitte Clara ? » continua Peter, défiant du regard ses parents. « Eh bien, sachez que je suis prêt à tout perdre pour elle. Si cela signifie que vous ne me soutenez plus, que je dois renoncer à tout ce que vous avez construit, alors soit. Mais je ne renoncerai pas à elle. »
Catherine esquissa un sourire glacé, comme si elle trouvait la situation presque divertissante. « Tu es prêt à tout sacrifier pour vivre dans la pauvreté avec cette fille ? » Sa voix suintait le mépris. « Crois-moi, Peter, l’amour ne nourrit pas. Et quand tu réaliseras la réalité de ta situation, il sera trop tard. »
La colère montait en moi, mais avant que je ne puisse réagir, Peter prit une profonde inspiration et se tourna vers moi. « Clara, je suis désolé pour tout ce que tu viens de vivre ici. Mais je veux que tu saches une chose : je t’aime, et rien de ce qu’ils diront ne changera cela. »
Je sentis mes yeux se remplir de larmes, mais je refusai de les laisser couler. Je serrai la main de Peter encore plus fort, lui transmettant tout mon soutien.
« Nous allons partir, » déclara Peter d’une voix ferme. « Si vous ne pouvez pas accepter Clara, alors vous perdez votre fils. »
Catherine et Edward restèrent silencieux, l’ombre de l’indécision dans leurs yeux. Mais il était trop tard. La décision de Peter était prise.
« Allons-y, Clara, » murmura-t-il.
Clara suivit Peter en silence, son cœur battant encore la chamade après cette confrontation brutale. Ses doigts tremblaient toujours dans la main de Peter, même si elle essayait de les calmer. Peter l’aimait, elle le savait, mais à quel prix ?
Alors qu’ils franchissaient les grilles du manoir Montclairon, un doute la rongeait : jusqu’où Peter serait-il capable d’aller pour eux ? Et combien de temps avant que le poids de son passé ne les écrase ?