Chapitre 4: A coeur ouvert
Dans la tête de Maira
-« Je vous dérange ? » demandait une voix .
Cette voix je l’aurai reconnue parmi un milliard. Comment oublier la voix de l’une des personnes qui vous a causé le plus de mal, de déception dans votre vie. C’est impossible. Ca reste gravée dans votre tête et ce pour toujours. Le plus drôle est qu’elle semble en plus irritée cette voix. C’est tellement risible. Karl relâcha son étreinte tout lentement et on tourna en même temps nos regards vers le propriétaire de la voix dérangeante.
-« Ross ? » parvins-je à dire tout simplement
Je sentais que Karl se demandait qui c’était et je comptais bien le lui dire mais à ma façon.
-« Waouh Heidi. Tu as changé. Ca fait quoi ? 4 ans déjà. »
-« Je confirme bel et bien que ça fait 4 ans que je ne t’ai pas vu et que je me porte comme un charme. De plus, arrête de m’appeler Heidi. Juste parce que tu m’appelais ainsi, je déteste ce prénom. Tu m’appelles Maira comme tout le monde »
-« 0-0 Je peux te parler un instant stp ? »
-« Non désolée. Un, je suis accompagnée et la politesse voudrait que tu salues mon petit-ami. Deux, je ne vois pas de quoi on pourrait se parler »
-« Stp…C’est vraiment important »
-« Chéri, je te présente mon ex-fiancé Ross qui s’est tapé ma sœur jumelle sur le bureau de mon père sans gêne. J’ai bien résumé la situation ? Tu comprendrais alors que je ne veux plus rien à voir avec toi car la page Ross est bel et bien tournée et appartient au passé. Bébé, où on en était déjà ? »
Ross ne parlait plus et semblait aux bords de l’explosion. Je m’en fous. Karl joua le jeu et m’embrassa encore de plus belle. Je profitais de ses lèvres. Elles avaient un goût sucré. C’était divin. Après quelques minutes, Karl desserra son étreinte et me fit un bisou sur le front avant de me souffler à l’oreille qu’il a changé d’avis et qu’il veut qu’on joue à action/vérité ce soir mais plus précisément à la vérité Je le regardais seulement et j’ai juste acquiescé de la tête. Il a tendu sa main que j’ai saisie et nous sommes partis. L’autre c*n a assisté à toute la scène. Je commençais à tomber de fatigue et les filles n’étaient pas prêtes à rentrer. Karl se décida à partir car il bossait dans la journée et devait se reposer un peu. Vu que ses potes n’étaient pas aussi prêts à rentrer, il décida de leur laisser sa voiture à condition qu’ils raccompagnent les filles chez elles et qu’ils soient de retour à l’heure chez lui car il a besoin de sa voiture pour aller au boulot. Le deal a ainsi été conclu. Je lui ai passé les clés de la voiture de papa qu’il débloqua à l’aide de la clé automatique. Il vint m’ouvrit la portière du côté passager afin que je m’y installe avant de la refermer. Il fit le tour et vint s’installer devant le volant. Il démarra et on quitta les lieux. Je n’osais pas encore parler avec lui. C’est la première fois qu’un homme m’intimidait autant. C’est trop bizarre. J’étais encore plongée dans mes pensées à penser à nos baisers échangés quand je me rendis compte qu’il venait de s’arrêter devant mon portail.
-« Tu aurais dû passer par chez toi comme ça tu serais rentré tranquillement »
-« Je suis un gentleman et je raccompagne les demoiselles toujours chez elles »
-« Certes mais là tu rentres comment sans ta voiture ? »
-« En taxi obligé »
-« Non il fait très tard. C’est trop dangereux »
-« Je dois rentrer chez moi de toute façon. Je bosse tout à l’heure »
-« S’il t’arrive un truc en route, je m’en voudrai »
-« Tu t’inquiètes pour moi ? »
-« Je veux juste m’assurer que tu n’as rien »
-« Que préconises-tu alors ? »
-« Que tu conduises jusqu’à chez toi et que de là-bas, je prends le volant pour rentrer chez moi »
-« Ca me gêne de faire ça car tu rentreras toute seule et qu’il peut se passer beaucoup de choses. C’est dangereux la nuit »
-« Mmh »
-« Bon ok mais tu me promets de faire attention à toi »
-« Promis »
-« Ok »
Il démarra et roula jusqu’à chez lui. Il sortit du véhicule et vint m’ouvrir la portière. Je descendis et il m’ouvrit encore la portière du côté chauffeur afin que je puisse m’installer au volant. Il me demanda de faire attention à moi et de m’enfermer dans le véhicule. Je lui promis de l’appeler dès que je serai dans ma chambre pour lui signifier que j’étais bien arrivée. Je lui fis un dernier au revoir avant de me décider à rentrer. Je suis rentrée saine et sauve et je l’ai appelé pour le lui signifier avant de plonger dans mes draps et de m’endormir dans les bras de Morphée.
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Quelques heures plus tard –
Je viens de me réveiller et je vois que j’ai un message de Tricia me signifiant qu’elle est bien rentrée à la maison avec ses cousines, un de mon frère chéri me demandant de le rappeler, un de maman Lyne et un message vocal de …Karl. Je réponds d’abord aux sms avant d’écouter le message vocal. Il m’annonçait qu’il passerait me chercher ce soir chez Tricia et qu’on irait à un feu de camp donc je prévoir des tongs. Moi ça me plaît bien ce programme car je suis une adepte des choses simples. Il vient de marquer un point déjà. Un très bon point même.
Je m’active pour sortir quand je reçois un coup de fil de Jason.
-« Toi tu ne peux déjà plus te passer de moi hein ? »
-« Arrête de te jeter des fleurs stp… Sinon tu vas bien soeurette ? »
-« Oui comme un charme et là je vais préparer mon petit-déjeuner. Et toi ? »
-« Ca va. Sinon quels sont tes plans ce week-end ? »
-« Je ne sais pas encore. Je verrai avec Tricia puisque de toute façon on passe le week-end ensemble »
-« Mhh… C’est bien… Je n’aimerais pas gâcher ta joie matinale mais j’ai reçu un appel de Mme notre mère ce matin et elle aimerait te voir »
-« …. »
-« Rubi tu es là ? »
-« Oui »
-« Tu veux le faire ?»
-« Je ne sais pas »
-« Rubi »
-« Je vais y réfléchir c’est bon. Comme par hasard, elle se souvient qu’elle a une fille qui s’appelle Maira. Je n’y crois pas »
-« Tu es un peu dure là »
-« Non du tout. Si tu savais tout ce qu’elle a fait tu ne me parlerais pas d’elle en ce moment même »
-« Mais de quoi parles-tu ? »
-« Tu sais qu’elle a dit à papa qu’elle ne comprenait pas pourquoi Ross préférait la grosse donc moi à sa précieuse fille à la taille mannequin Malia »
-« Quoi ? »
-« Demande à papa, il te le dira. Ils en ont parlé quand j’étais dans le coma mais ils oublient que j’entends tout ce qui se passe même si je ne suis pas là. Donc excuse-moi, mais ma mère m’a fait trop de crasses que je n’oublierai pas ainsi. Qu’elle reste avec sa parfaite traînée de fille et me foute la paix. Ne me parle plus de ça stp sinon je vais craquer et je ne veux pas faire ça »
-« C’est bon calme-toi stp. Tu veux que je vienne maintenant ? »
-« Non. J’ai besoin d’être seule stp »
-« Très bien mais si tu as un souci appelle-moi ok ? »
-« Oui »
-« Promis ? »
-« Promis »
J’ai raccroché le téléphone que j’ai balancé sur mon lit avec rage. Je n’ai même plus faim là car j’ai l’appétit coupé. Aaargghh ! Je suis entrain de m’énerver et c’ est pas bon. Non pas ça. Pas aujourd’hui. Je fouille rapidement mon sac dont je finis par éparpiller le contenu sur le lit à la recherche de mon aérosol-doseur (inhalateur) que je finis par trouver. Je le prends rapidement et pompe le gaz dans ma bouche. Je commence à retrouver peu à peu mon calme. J’ai la rage et je tourne comme un animal en cage. Il a encore fallu qu’elle me gâche la journée. m***e ! Je ne suis pas bien là en ce moment. Quand je pense à tout ce que j’ai dû traverser depuis ma naissance jusqu’à maintenant, je me dis que Dieu est Grand et qu’il n’y a que lui qui m’a sortie de cet enfer. Je décide de sortir acheter mon garba (attiéké/thon) pour me calmer et j’y suis allée à pieds. Vraiment merci Jason de me gâcher la journée. Quelle idée de me parler de la sorcière qui me sert de mère ! Je me rends compte que je suis même sortie sans mon téléphone. Tchip !
Je viens de finir de manger, je nettoie tout ce que j’ai sali et je suis dans ma chambre. Je vois que mon frère a essayé de me joindre à plusieurs reprises mais je préfère le rappeler quand je serai plus calme. C’est ainsi que je m’endors finalement. Je rêve d’une scène où j’avais 12 ans et que ma mère m’a traitée de gros thon devant deux de ses copines qui n’étaient pas du tout d’accord avec sa façon de faire. Les démons du passé veulent ressurgir mais il est hors de question que je les laisse sortir et venir me pourrir la vie. J’ai eu tellement mal car toute mon adolescence a été rythmée sur cette base. Je n’ai jamais été assez mince pour Mme ma mère. Elle ne me calculait même pas. Elle ne me regarderait que si je suis mince. Je ne sais même pas combien de fois j’ai dû faire des régimes pour maigrir mais ce n’était jamais suffisant pour elle. Avec moi, rien n’est jamais suffisant. J’en ai énormément souffert. J’avais besoin d’une maman comme toute personne. J’avais besoin de me sentir aimée et protégée comme elle le faisait avec Malia mais je n’ai jamais eu droit à cela. Pourquoi ? Parce que j’avais juste des rondeurs. Si elle m’aimait, elle aurait dû m’accepter comme je suis. J’ai toujours eu une relation difficile avec elle. Quand j’ai eu mon accident et que je suis partie, j’ai fait une dépression et seule Jason et Tricia savaient. J’étais dans mon monde et ne me préoccupait plus de la réalité. Quand j’en suis sortie, je constatais que j’avais énormément perdue du poids. J’ai fini par avouer à mon père que j’avais fait une dépression et la seule réaction de ma mère a été de dire : « enfin tu es dans les normes ». J’ai tellement été dégoûtée que je lui ai balancé au visage que je préfère qu’elle ne soit pas ma mère ou morte car pour moi elle n’est pas ma mère. Elle est juste ma génitrice mais pas ma mère. Mon père ne savait pas tout ce que j’endurais car il était toujours en mission et Jason était à l’internat donc je subissais tout à la maison. Malia, la princesse de Mme ma mère était d’accord avec tout ce qu’elle faisait et à partir de ce moment, nos rapports ont commencé à se dégrader. On était tellement complémentaires dans notre enfance et si éloignées à partir de notre adolescence. Tout est parti en couilles avec l’épisode « Ross KANTE ».
Mon père a appris par hasard tout ce que j’endurais lors de mon séjour à l’hôpital. J’écrivais tout dans mon journal. C’était mon seul confident à l ‘époque. A mes 19 ans, j’ai fini pour le confier à Tricia car le voir et le lire me rappelait toutes ses souffrances. Je lui disais tout et elle me conseillait de tout raconter à mon père ou au moins Jason mais j’avais peur. J’avais peur qu’ils ne soient au final d’accord avec elles. J’étais déjà assez mal dans ma peau comme ça. Tricia en a eu marre au bout d’un moment et a remis mon journal à mon père en personne lors de mon séjour à l’hôpital et qu’il était tout seul. Elle lui a dit qu’il découvrirait des choses à l’intérieur auxquelles il ne s’attend même pas. Mon père, a mon réveil, m’a juste demandé pardon et m’a annoncé qu’il se séparait de ma mère. Ma mère a été jusqu’à dire que « la grosse » a fini par avoir raison de son mariage. Ca m’a blessée et j’ai failli l’insulter mais je me suis retenue à temps. Voilà une partie de la longue histoire entre ma mère et moi.
Je me réveille tout doucement car j’entends des voix dans la maison. Je regarde ma montre et il est 14h08. Je vais à la salle de bains pour me rincer le visage et me brosser les dents. Je sors de ma chambre et tombe sur Jason et maman Lyne. Jason qui est au téléphone semble en colère. Je vais m’asseoir à côté de maman Lyne qui me demande si tout va bien. Je secoue ma tête de gauche à droite en signe de négation. Elle me prend juste dans ses bras. Combien de fois aurais-je voulu que ma vraie mère agisse ainsi envers moi. En tout cas, j’ai trouvé aussi une maman. C’est Dieu qui m’a donné ce cadeau seulement. Je passe toute l’après-midi avec ma belle-mère et mon frère. Tout ce que je peux dire est juste « Merci Dieu » car je reviens de très loin et c’est grâce à lui et certaines personnes que je suis debout et que je n’ai pas sombré dans l’aigreur.
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Quelques heures plus tard-
Je suis attablée à la terrasse d’un restaurant avec Karl à Bassam. On passe plutôt une excellente soirée et j’apprécie tout ce qu’il fait. Il est vrai qu’il me plaît vraiment mais est-ce suffisant pour tenter quelque chose avec lui ? Je ne sais pas. Là on est assis sur le sable de la plage à discuter de tout et de rien. J’apprends qu’il a une fille mais qui vit avec sa mère à Londres. Il m’a même montré une photo d’elle, elle est magnifique. Elle s’appelle Kendra et a deux ans. Il m’apprend aussi qu’il est très proche de son père et qu’il n’a que lui de toute façon car sa mère est partie du jour au lendemain avec un autre homme et qu’elle n’a jamais voulu de lui de toute façon. Il m’a appris des choses terribles de sa vie et je me dis qu’il doit quand même me faire confiance pour me confier cela car c’est intime. J’ai aussi joué carte sur table en lu disant ce qui s’est passé dans ma vie chaotique mais sans entrer en détail dans mes relations glaciales avec ma mère. Sa seule réaction a été de me prendre dans ses bras et il m’a même dit de pleurer car ça me ferait du bien. Il m’a dit que si je voulais, il jouerait le rôle de psychologue pour m’aider à surpasser tout ça mais que je ne devais pas m’enliser dans la haine et la colère que cela ne m’apportera rien à part juste me faire encore du mal.
J’ai réalisé que je n’ai pas surpassé cette douleur, cette trahison, cette méchanceté… Mais je devais le faire pour aller mieux, pour aller de l’avant. Mes larmes ont commencé à dégouliner de mes yeux et quand il a voulu se retirer de cette étreinte, je n’ai pas voulu qu’il me voit comme ça. Si vulnérable. Il m’a juste serrée encore plus et m’a demandé de me libérer.