Le pays bleuÀ Oscar Wilde. Dans une ville de province que je ne saurais plus retrouver, les rues montantes sont vieilles et les maisons vêtues d’ardoises. La pluie coule le long des pilotis sculptés et ses gouttes tombent à la même place, avec le même son. Les petites fenêtres rondes se sont enfoncées dans les murs, comme pour se garer des coups. Il n’y a de hardi, parmi ces ruelles, que le lierre à la pointe des portes et la mousse à la crête des murs : car les feuilles sombres et luisantes du lierre avancent leurs dents, et la mousse ose envelopper les grosses pierres extérieures de son velours jaune – mais les êtres sont aussi fugitifs que l’ombre des fumées. Là sont encore des fanaux rougeâtres attachés aux linteaux, et des chandelles minces dans les chandeliers d’étain, et des paque