PROLOGUE
LE PREMIER PAS
Une pierre, posée là. Sa couleur craie contraste avec la terre rougeâtre de la montagne. Elle semble avoir été péniblement roulée puis abandonnée en cet endroit avant d’atteindre les hauteurs. Les hommes se lassent d’efforts improbables.
Sur cette pierre, Nambu, un jeune homme presque ordinaire, scrute l’horizon. Déterminé, il sait maintenant qu’il doit reprendre la route. Aujourd’hui, sa jambe ne le fait plus souffrir. Pour se donner confiance, il la balance un peu, là, au-dessus du vide. Mais non, ce n’est pas la peine. Il se sait déjà guéri depuis longtemps.
« Cela fait maintenant deux ans que je suis ici, beaucoup de choses ont changé. Je ne peux continuer ainsi… »
Son regard se porte sur ce qui l’environne. Un arbrisseau, planté l’année précédente, offre déjà un feuillage fourni. Son tronc, quoique encore frêle, s’enracine d’une certaine confiance, comme la promesse d’un avenir bien assuré. Cet instant lui paraît étrange… Cette croissance est-elle la récompense d’une assistance portée jour après jour ou, simplement, le développement normal promis à ce végétal, en quelque sorte l’accomplissement de sa destinée ? « Quoi qu’il en soit, cet arbuste semble totalement libre de toute interrogation et poursuit sa croissance loin de la main de l’homme. » Voulant échapper à ses pensées, Nambu saute de son rocher et s’élance en direction de la maison de son vieil ami. « Lui, saura sûrement m’apporter la réponse que j’attends ! » Le raccourci qui mène chez Oktan est fait de chemins rocailleux, entrecoupés de forêts de pins. La journée s’annonce. Le soleil matinal fait des siennes, kaléidoscope d’ombres et de lumières que contrôlent les nuages. Le vent quant à lui, ne semble pas, pour l’instant, disposé à les chasser. C’est ainsi que Nambu voit sa vie.
Tout en marchant il se dit : « En ce moment une visite chez mon ami me fera le plus grand bien. Probablement saura-t-il me dire ce que je dois faire… » Une autre pensée traverse son corps, éclatant comme une évidence qu’il se serait jusqu’à ce jour cachée : « De toutes façons, je ne peux plus rester ici. Une destinée m’attend. »Son pas témoigne d'impatience. Arriver chez son ami, c’est changer sa vie. Comme un écho musical de son ventre plaintif, le bruit du cours d’eau connu lui annonce que sa demeure est proche. « Je suis mort de faim ! Je n’ai même pas prévu d’en-cas pour la route. Oh ! Après tout, la prévoyance ne fait pas partie des gens de mon âge… » Ainsi absous par lui-même, Nambu arrive en vue de la maison d’Oktan.
LE CHEMINEMENT
par Nambu
Récit et dialogues, méditations