Vœux aux étoiles

1322 Words
Le destin était venu me rattraper. Dès l'instant où j'avais pénétré dans mon bureau et été baigné par des vagues incessantes de ce doux parfum, j'ai su que c'était vrai. C'était elle. Elle tenait toujours la bague. Ce bijou familier que j'avais tenu tant de fois auparavant en rêvant de l'offrir à celle qui détenait mon cœur sans même le savoir. Mon autre moitié parfaite…elle. «Comment as-tu ça ?» Ma voix n'était qu'un murmure, mais elle l'avait entendu alors que la reconnaissance brillait dans ses beaux yeux. Elle s'était transformée ! Je voulais pousser un cri de joie, tout comme le jour où je l'avais rencontrée. «Son altesse vous a posé une question !» Quelqu'un a ricané, mais j'étais trop distrait pour m'en soucier. Elle m'avait fixé d'un regard dur, mais je ne m'en souciais pas non plus. Elle me donnait toute l'attention que j'avais désirée la première fois que je l'avais vue. Ses yeux argentés flamboyants…ces belles choses faisaient osciller son loup très furieux devant moi, me bouleversant de l'intérieur. Soudain, je souhaitais la rencontrer. Rencontrer son loup. J'avais toutes les raisons de croire que le sien serait la chose la plus glorieuse à jamais orner ma vue. «Je ne sais pas !» Son grondement m'a renversé. Si je pensais que sa voix était belle, cette version animale était tout simplement envoûtante. Je me suis affaissé dans mon siège, incapable de comprendre cette créature magique qui était ma compagne. Ma compagne…J'ai cligné des yeux, mon esprit choisissant ce moment précis pour me rappeler mon erreur. Elle n'était plus à moi ! La vérité m'a frappé, brûlant chacune de mes fantaisies en cendres alors que ses yeux flamboyants et la haine qu'ils contenaient me ramenaient sur le chemin de la mémoire. Revenir au moment précis où j'en étais sûr. Seulement cette fois, le chemin était jonché d'épines. Des ronces empoisonnées. Mon propre poison. Je me suis déplacé dans mon siège alors que ce poison s'infiltrait jusqu'à mon âme. Les choses traîtresses perçaient, lacéraient et piquaient alors que j'étais forcé de faire face à chaque mot amer, chaque accusation, la punition que j'avais si généreusement infligée…Mon choix d'une compagne choisie… «Je te rejette, Shyla, comme ma compagne et future reine. Quant à toi Myrna, je te choisis aujourd'hui comme ma compagne choisie, future reine et mère de mes héritiers.» Si me couper la langue avait servi à défaire ces mots, j'aurais volontiers supplié pour le poignard le plus affûté pour accomplir l'acte. Le regret ne commençait même pas à décrire ce que je ressentais en revivant ce qui s'est avéré être ma pire erreur. J'aurais souhaité avoir le pouvoir de remonter le temps. Je n'étais jamais du genre à faire de tels souhaits puérils, mais à ce moment-là, alors que je fixais le joyau royal dans ses mains, j'étais comme un enfant ignorant faisant un vœu aux étoiles. Je ne pouvais m'empêcher de souhaiter que ce ne soit pas sa robe dans laquelle j'avais glissé la bague. Je souhaitais que la jeune fille qui avait parfaitement épousé chaque partie de moi cette nuit-là et m'avait fait ressentir des choses que je n'avais jamais ressenties auparavant ne soit pas elle. Je souhaitais que le souvenir de cette nuit ne soit qu'une simple fantaisie inventée par mon esprit ivre. «Tu ne sais pas ? Tu penses que c'est une blague ? Ton roi t'a demandé–» «Il n'est pas mon roi. Il ne compte pas pour moi !» «Il ne compte pas pour moi !» Son regard était tout aussi amer, sa voix…ce doux son s'était soudain transformé en l'arme la plus tranchante, perçant mon cœur avec sa déclaration et rendant le regret qui bouillonnait dans mon âme plus épais. Mes yeux ont vacillé vers mon meilleur ami. Je ne savais pas ce que je cherchais là, mais l'expression désolée de Rakon parlait de la situation désespérée qui se déroulait sous mes yeux. J'étais tout seul…comme elle l'avait été quand je l'avais si égoïstement mise de côté sans même lui donner une chance de parler pour elle-même. «Comment as-tu ça ?» Malgré l'évidence, mon espoir mal placé m'a fait répéter ma question alors que je priais pour que mes souhaits se réalisent. «Je n'ai pas volé cette maudite chose ! Je ne sais pas non plus comment elle est arrivée dans mon vêtement et si sa Majesté souhaite la récupérer, il peut l'avoir !» Ma compagne a grogné alors que la bague qu'elle avait lancée vers moi roulait et atterrissait à mes pieds. C'était une grande insulte à Xatis, à moi en tant que roi, mais ce n'était pas ma fierté qui était blessée alors qu'elle confirmait ce que je craignais. «Elle vient de perdre son innocence la nuit dernière d'une manière peu reluisante.» J'ai osé lever les yeux, j'ai cherché les yeux de ma compagne alors que les mots de sa sœur me frappaient. Les mots qui avaient percé mon cœur et tout changé. Ils résonnaient encore vrais. Ma compagne était toujours coupable. Elle avait trahi notre lien. Elle était souillée… et j'étais la raison pour laquelle elle était devenue tout cela. Moi ! J'avais trahi notre lien et elle avait payé pour tout cela ! Mon loup a gémi alors qu'une douleur aiguë déchirait mon cœur, me faisant m'enfoncer davantage dans mon siège. Qu'est-ce que j'avais fait ? Ma gorge s'est serrée lorsque mon regard a tombé sur ma compagne. Elle fixait mon soldat, me faisant réaliser que je la faisais encore souffrir avec tout cet interrogatoire inutile. Elle n'était pas une voleuse. Quel monstre étais-je devenu ? «Traitez-vous son altesse de menteur ?! Vous osez insulter votre–» J'étais à la gorge de mon soldat avant que son coup ne puisse atteindre son visage à elle. « Votre Majesté ! » Rakon était à mes côtés en un éclair, les yeux suppliants de laisser l'homme partir car il ne faisait que ce qu'on lui avait demandé de faire, mais l'instinct de protéger ma compagne surpassait toute rationalité de mon être. Je n'ai même pas pris le temps de réfléchir à la possibilité de cela, alors que je l'avais rejetée. Ou était-ce ma piètre tentative de réparer tous mes torts envers elle ? «N'ose pas !» Mes crocs se sont enfoncés dans la chair du soldat et je l'aurais déchirée si ce n'était pour la présence d'une autre odeur surprenante qui m'a fait, moi et mon loup, nous tourner vers notre compagne. Maintenant que j'étais si proche, je pouvais la sentir. C'était encore faible, mais cela ne faisait aucun doute. Oubliant momentanément mes péchés, je me suis rapproché et j'ai inhalé Au milieu de son doux parfum sucré, se cachait cette odeur naturelle d'une louve enceinte que j'avais cherché à sentir sur ma compagne choisie depuis notre nuit de noces. Était-ce le mien ? Je ne pouvais m'empêcher d'éprouver une chaleur intérieure à cette pensée. J'ai laissé l'homme tomber au sol et j'ai plongé mon regard dans celui de ma compagne. « Est-ce le mien ? » Je n'avais pas le droit, mais je ne pouvais m'en empêcher. Malgré ce que j'avais fait, je souhaitais que cet enfant soit le mien. Et parce que l'idée qu'un autre loup puisse la revendiquer et être le père de son enfant à naître me rendait fou. Mais au lieu de la réponse que je cherchais, une autre douleur aiguë m'a transpercé alors que mes yeux s'écarquillaient en regardant ma compagne. Avec les mains serrées sur ses côtés, la vue était familière. …Non ! Mes mains se sont agrippées à ma poitrine alors que je sentais mon cœur se briser. Elle souffrait aussi. Alors que des fissures se formaient dans notre lien, la douleur s'infiltrait en moi, m'accablant. Mais elle continuait à parler comme si de rien n'était, me faisant réaliser à quel point je l'avais blessée si elle pouvait endurer autant. « Moi, Shyla, j'accepte par la présente votre rejet. »
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