Je me retirai dans mon appartement, où, rappelant à mon esprit les divers évènements de cette journée si peu tranquille, je fus moins étonné d’avoir pu la passer tout entière sans m’occuper de ma Sophie ; et comme pour réparer ce long oubli, je répétai vingt fois son nom chéri. J’avoue pourtant que celui de la marquise vint aussi quelquefois sur mes lèvres ; j’avoue que d’abord il me parut dur d’être réduit à pousser d’inutiles soupirs dans mon lit solitaire ; mais je pris le parti d’offrir à ma Sophie le sacrifice de mes plaisirs, quelque involontaire qu’il eût été, et je m’endormis presque consolé du célibat auquel la vengeance du comte m’avait condamné. J’allai, dès qu’il fit jour, présenter mes devoirs au baron. Il me dit, avec beaucoup de douceur : Faublas, vous n’êtes plus un enfant