9 L’OUVERTURE DU TESTAMENTLe comte Poltavo était devenu un homme considérable et fort affairé. En rentrant, ce jour-là dans le coquet appartement qu’il occupait dans une grande maison locative, il s’énumérait à soi-même ses succès en souriant de satisfaction. Et il avait en effet bien des raisons de contentement, ce jeune aventurier arrivé peu de mois auparavant à Londres sans autre fortune qu’un complet de ville et un habit de soirée. Il avait été reçu sans délai dans les cercles mondains les plus fermés. Il avait été présenté à nombre de personnages influents et était devenu le familier de plusieurs grandes dames. S’il y avait, il est vrai, quelque part dans la ville un jeune journaliste bilieux et visiblement altéré de son sang, le comte Poltavo n’en avait cure. Il avait eu en particu