VI Un caprice de jeune filleClémentine avait le cœur très neuf. Avant de connaître Léon, elle n’avait aimé qu’une seule personne : sa mère. Ni cousins, ni cousines, ni oncles, ni tantes, ni grands-pères, ni grand-mères n’avaient éparpillé, en le partageant, ce petit trésor d’affection que les enfants bien nés apportent au monde. Sa grand-mère, Clémentine Pichon, mariée à Nancy en janvier 1814, était morte trois mois plus tard dans la banlieue de Toulon. Son grand-père, M. Langevin, sous intendant militaire de première classe, resté veuf avec une fille au berceau, s’était consacré à l’éducation de cette enfant. Il l’avait donnée en 1835 à un homme estimable et charmant, M. Sambucco, Italien d’origine, né en France et procureur du roi près le tribunal de Marseille. En 1838, M. Sambucco, qui