« Marilou ! » hurla une voix féminine.
Marilou se retourna brusquement et se pressa de se relever, la tête toujours tournée vers l’endroit d’où venait la voix.
« Oui ? » répondit-elle en apercevant Claire.
« Il y a des personnes qui te cherchent, » affirma Claire à Marilou. Cette dernière recula, heurtant Michael. Trois hommes venaient d’apparaître devant elle, tous vêtus de noir avec une allure élégante.
« Que me veulent-ils ? » questionna-t-elle en s’adressant toujours à Claire, comme si les hommes étaient incapables de comprendre sa langue.
« Bonjour… Je suis Florent, chef de la garde royale. Je suis accompagné de quelques braves soldats… mais n’ayez crainte, ils ne vous feront aucun mal, » déclara l’un des hommes avec tant de modestie que Marilou ne se serait jamais méfiée d’eux.
« Et que me voulez-vous ? » demanda Marilou.
« Le roi m’envoie… vous vous en doutez sans doute. »
Michael intervint : « Qu’est-ce que le roi lui veut, peut-on savoir ? »
Florent répondit calmement : « Veuillez me suivre, s’il vous plaît. »
Marilou, de plus en plus anxieuse, s’exclama : « Mais que me veulent-ils ? Je ne comprends pas… je n’ai rien fait de mal. » Se tournant vers Michael, elle le tira par le col. « Hein Michael, dis-leur, dis-leur que je n’ai rien fait. »
Michael, tentant de calmer Marilou, répondit : « C’est vrai, Marilou n’a jamais fait de mal à une mouche. Alors expliquez-nous ce que le roi lui veut. Sinon, elle ne bougera pas… vous n’avez pas le droit de l’emmener comme ça. »
Roger, intervenant pour apaiser la situation, ajouta : « Voyons, Michael, un peu de tenue… cet homme est un représentant du roi et tu pourrais avoir de sérieux problèmes rien qu’en t’opposant à eux. Essaie de garder ton calme, s’il te plaît. Nous allons en parler calmement, d’accord ? »
Florent, cherchant à rassurer tout le monde, prit la parole : « Ce monsieur a bien raison, mais pour vous prouver ma bonne foi, je vais vous expliquer ce que je sais pour vous montrer que nous sommes venus en paix. »
Florent fit signe à Marilou de s’approcher. Elle hésita un moment avant de se libérer de l’emprise de Michael, qui refusait de la laisser partir.
Florent tourna les talons et Marilou le suivit, gardant une distance raisonnable entre eux.
« Voyez-vous, Madame, » commença Florent, « le prince Louis est gravement malade et personne ne le sait. Le roi espère garder cela secret. »
Marilou, intriguée, répondit : « Et alors ? Moi, je ne les connais pas. En quoi cela me regarde-t-il ? Le roi a plein de ressources, il pourrait le soigner en un clin d’œil. »
Florent soupira avant de continuer : « Le roi espérait que vous puissiez le guérir. Voyez-vous, il a fait le tour des villages, mais il semblerait que personne ne puisse le guérir. Excepté vous, peut-être… du moins, il l’espère. »
Marilou recula, méfiante : « Comment ça ? Qui vous a dit que je suis guérisseuse ou quelque chose du genre ? »
Florent, avec un sourire rassurant, répondit : « Voyons, Madame, vos exploits se comptent aux quatre coins du monde. En fait, le roi l’a su complètement par hasard. Dans un village où nous nous étions rendus, un vieil homme nous a parlé de vous. Selon lui, une jeune fille du nom de Marilou l’aurait soigné d’une maladie inconnue qui a bien failli l’emporter. »
Marilou resta silencieuse, digérant l’information.
Florent continua : « Nous avons aussi entendu dire que vous aviez guéri un homme de la peste en revenant de la guerre. Vous avez sauvé bon nombre de personnes, Mademoiselle, et le roi vous en est reconnaissant, croyez-moi. Mais qui mérite le plus votre aide sinon le roi lui-même ? Après tout, vous vivez sur ses terres. »
Marilou, se sentant piégée, répliqua : « Êtes-vous en train de me menacer, Monsieur ? »
Florent répondit avec calme : « Jamais, loin de là. Mais comprenez que c’est un devoir que vous avez envers votre roi. »
Marilou, exaspérée, répondit : « Donc ce choix que vous prétendez me donner n’en est pas un en réalité. Je suis obligée de me soumettre aux ordres du soi-disant roi, lui être reconnaissante de manger, de boire et d’avoir un toit ? De vivre en quelque sorte. Mais ce toit, nous l’avons bâti de nos mains, sous le soleil ardent et le sourire de Dame Lune. À coup de hache et un dur labeur. Nous prenons soin de nos vaches et les trayons de nos mains. Regardez, » dit-elle en tendant ses mains rouges, « c’est nous qui fabriquons les haillons que nous portons. C’est nous qui faisons les récoltes sans l’aide de personne. Nous traversons des kilomètres pour avoir de l’eau pour les récoltes et nos besoins, et pourtant nous devons donner 50% de nos récoltes au roi pour nourrir ses troupes. Alors je ne vois pas pourquoi je devrais lui être reconnaissante. »
Florent, un peu déconcerté, répondit : « Peut-être avez-vous raison… je pourrais entrer dans certains détails vous expliquant le fonctionnement du système, mais je crains que votre expérience ne soit que très limitée pour comprendre quoi que ce soit. »
Marilou, les yeux brillants de détermination, répondit : « Je suis une enfant, mais je ne suis pas bête. »
Florent, avec un sourire conciliant, dit : « Jamais je ne pourrais avoir pareille pensée à votre égard. »
Marilou prit une profonde inspiration et déclara : « Je veux bien vous suivre… non pas parce que c’est le roi, mais parce que j’ai le pouvoir de l’aider. »
Florent hocha la tête. « Sage décision. »
Marilou leva un doigt. « Mais à une condition. »
Florent, intrigué, demanda : « Laquelle ? »
Marilou, les yeux plissés de détermination, énonça : « Mon village devra être exempté de toutes taxes, et nous ne donnerons plus la moitié de nos vivres aux soldats du roi. Et plus important encore… Nous voulons votre aide pour bâtir des écoles, des hôpitaux et tout ce dont nous aurons besoin. »
Florent sembla réfléchir un instant avant de répondre : « Eh bien… je dois d’abord en parler avec le roi, mais je pense qu’il n’y verra aucun inconvénient. »
Marilou, déterminée, répondit : « Tant mieux, car sans cela, je ne bougerai pas d’ici. »
Florent fit un geste de promesse : « Vous avez ma parole, j’y veillerai personnellement. »
Marilou, méfiante, demanda : « Je ne vous connais pas… qu’est-ce qui me dit que vous n’êtes pas un menteur et un voyou sans parole ? »
Florent, d’un ton sérieux, répondit : « Vous pouvez me croire, Mademoiselle. Je tiens toujours parole, même si je dois y laisser ma vie. »
Marilou soupira et déclara : « Attendez-moi ici… je prends juste quelques affaires et je vous suis. »
Le garde se plaça devant elle, lui barrant le passage. « Ce ne sera pas nécessaire, » déclara Florent, « vous aurez tout ce qu’il vous faut au palais. »
Michael, paniqué, intervint : « Non, ne fais pas cela, Marilou, je t’en supplie… »
Marilou se retourna pour regarder Michael, le regard inquiet, les poings serrés. La colère pouvait se lire sur son visage. Il fit deux pas brusques et déterminés, mais Roger le tira par le bras. Florent se retourna un bref instant pour l’observer avant de continuer.
« Après vous, Mademoiselle, » dit Florent, invitant Marilou à le suivre.
À ce moment, Charlotte les rejoignit et les interrogea : « Que se passe-t-il ici ? Pourquoi y a-t-il tous ces gens ? »
Roger tenta de répondre : « Rien, c’est… »
Michael, furieux, intervint : « Papa a laissé les gardes amener Marilou. »
Charlotte, choquée, demanda : « Quoi ? Quels gardes ? Où l’ont-ils amenée, dis-moi ? »
Michael, les yeux pleins de colère, répondit : « Au palais. Ils sont venus et ont dit que le roi voulait son aide. Papa n’a rien fait pour la retenir, à croire qu’il voulait se débarrasser d’elle. »
Charlotte se tourna vers Roger, demandant des explications : « Roger, tu m’expliques ce qui se passe ? C’est vrai ce qu’il dit ? »
Roger, résigné, répondit : « Oui, c’est vrai. Le roi a envoyé des hommes pour la chercher. Que voulais-tu que j’y fasse ? Ils seraient capables de décimer tout le village si l’envie leur en prenait. »
Charlotte, inquiète, répondit : « Tu as raison, tu n’aurais rien pu faire. Mais comment allons-nous faire ? Nous n’avons aucune idée de ce que le roi veut, et s’il la faisait prisonnière comme tous les autres ? Je ne suis pas rassurée. »
Roger tenta de la calmer : « Il ne lui arrivera rien, et n’oublie pas que nous l’avons préparée. Elle saura se défendre, ne t’inquiète pas. »
Charlotte, toujours inquiète, répondit : « Je sais, mais je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter pour elle. »
Roger, d’un ton rassurant, déclara : « Nous irons la voir si elle ne rentre pas d’ici sept jours. »
Michael, déterminé, répondit : « C’est n’importe quoi, j’irai la chercher au bout de trois jours. »
Charlotte, essayant de convaincre Michael, dit : « Écoute ton père pour une fois. Dans sept jours, il ira la chercher, alors fais-lui confiance un peu, tu veux ? »
Michael, hésitant, répondit : « Je ne sais pas… je vais y réfléchir. Ça ne me rassure pas tout ça. Je n’ose pas imaginer comment elle va se sentir loin de nous. »
Roger, posant une main rassurante sur l’épaule de Michael, conclut : « Nous la retrouverons, Michael. Fais-nous confiance. »
Avec ces mots, le groupe se dispersa lentement, chacun perdu dans ses pensées, tandis que Marilou suivait Florent vers une destination inconnue, son esprit tourmenté par les événements à venir.