Retrouvailles Inattendues

1107 Words
Paris, dans toute sa splendeur, s’étendait devant Éléa en ce début de soirée. Elle marchait lentement, profitant de l’atmosphère du quartier de Saint-Germain-des-Prés, un des lieux les plus élégants de la ville. Le quartier, avec ses façades sophistiquées, ses boutiques de luxe et ses cafés littéraires, exhalait une atmosphère de calme et de raffinement. Elle pouvait sentir le parfum des arbres, des fleurs bien entretenues qui ornaient les balcons, et l’odeur douce d’un glacier à quelques pas. Tandis qu’elle arpentait les rues, Éléa ressentit une envie soudaine, presque irrésistible, de manger quelque chose de simple mais satisfaisant, quelque chose qu’elle n’aurait jamais envisagé en temps normal. Son regard se posa sur un stand ambulant, où un vendeur disposait soigneusement une variété de délices : crêpes, gaufres chaudes et beignets fourrés. Cette tentation soudaine lui fit froncer les sourcils. Ce n’était absolument pas dans ses habitudes de s’arrêter ainsi pour une gourmandise en pleine rue, mais l’envie était si forte qu’elle se retrouva bientôt devant le stand, les yeux brillants. Elle hésita, observant chaque option avec une gourmandise inattendue, son estomac semblant réclamer quelque chose de doux et rassasiant. L’odeur sucrée et alléchante lui mettait l’eau à la bouche. Finalement, elle opta pour une gaufre croustillante et caramélisée, recouverte d’une touche de chantilly et de sauce chocolat. Elle attendait sa commande, un sourire amusé aux lèvres, quand une voix étouffée par la foule se fit entendre, comme un murmure lointain. Alexandre venait de la voir. Figé à quelques mètres d’elle, il resta silencieux, les yeux rivés sur cette silhouette qu’il croyait partie pour de bon. Pour Alexandre, c’était comme une hallucination. Il l’avait vue marcher, observer le vendeur, et même sourire – un sourire qu’il n’avait pas vu depuis ce qui lui semblait une éternité. Il n’était pas certain de ce qu’il devait faire. Devait-il rester à distance, la contemplant en silence ? Ou s’avancer et risquer de briser ce moment presque irréel ? Éléa, quant à elle, venait de récupérer sa gaufre. Elle prit une bouchée, fermant les yeux sous le plaisir simple de cette douceur chaude et fondante. Un gémissement de satisfaction s’échappa de ses lèvres, trahissant à quel point elle savourait chaque miette. Elle se surprit elle-même de cette réaction, se sentant presque gênée d’être aussi enthousiaste pour une gaufre. Mais il y avait quelque chose de si réconfortant dans ce goût sucré, quelque chose qui lui rappelait les plaisirs simples de l’enfance. Elle chercha des yeux un endroit où s’asseoir et déguster tranquillement sa gourmandise. C’est alors qu’elle aperçut Alexandre, planté là, la fixant comme s’il avait vu un fantôme. Un frisson la traversa, une sensation mêlée de surprise et de confusion. Alexandre… là, devant elle, à quelques pas seulement. Ils restèrent ainsi un long moment, les yeux dans les yeux, sans dire un mot. Pour Éléa, c’était comme si le monde autour d’eux avait cessé d’exister, le bruit de la rue s’étouffant sous le poids de cette rencontre inattendue. Alexandre finit par s’avancer doucement, sans quitter Éléa du regard. À chaque pas, il sentait une vague de souvenirs remonter en lui, des souvenirs qu’il avait tenté d’étouffer pour pouvoir avancer dans sa nouvelle vie. Quand il fut enfin proche d’elle, il sembla hésiter, cherchant les mots qui lui échappaient. « Éléa… » murmura-t-il finalement, sa voix trahissant une émotion qu’il peinait à dissimuler. « Je pensais que tu étais partie pour de bon. » Elle prit une profonde inspiration, essayant de garder son calme. « Je suis revenue pour le travail, » répondit-elle simplement. « Paris fait partie de moi, après tout. » Alexandre acquiesça, un sourire léger mais triste se dessinant sur ses lèvres. Un silence s’installa entre eux, lourd de tout ce qu’ils n’osaient pas dire. Finalement, il se risqua à lui poser la question qui brûlait ses lèvres depuis leur première rencontre. « Comment vas-tu ? » demanda-t-il, le regard scrutant son visage à la recherche de signes de ce qu’elle ressentait vraiment. Éléa sourit, mais c’était un sourire teinté de mélancolie. « Je vais bien. Je me reconstruis, un jour à la fois. Et toi ? » Elle hésita une seconde, avant d’ajouter, presque à contrecœur, « Comment va… Sophie ? Et le bébé ? » À l’évocation de Sophie, le visage d’Alexandre se ferma légèrement. Il détourna les yeux un instant, comme s’il cherchait à maîtriser un flot d’émotions contradictoires. « Sophie… va bien. La grossesse… c’est parfois difficile pour elle, mais elle s’accroche. Nous… nous faisons de notre mieux pour que tout se passe bien. » Ce simple échange de nouvelles semblait briser en eux des barrages qu’ils avaient construits pour se protéger. Chaque mot, chaque regard éveillait des souvenirs et des sentiments enfouis. Alexandre laissait entrevoir une tristesse qu’il avait gardée secrète, et Éléa, elle, tentait de ne pas se laisser emporter par les émotions que cette rencontre faisait remonter. Ils s’assirent finalement sur un banc à proximité, chacun pris dans ses pensées, ne sachant quoi ajouter. Il y avait tant de choses non dites entre eux, des regrets, des douleurs, mais aussi des souvenirs heureux qu’ils osaient à peine se rappeler. Après un moment, Alexandre se tourna de nouveau vers elle, son regard emprunt d’une douceur nostalgique. « Tu as l’air différente… plus forte, peut-être. » Elle hocha la tête, touchée par ses mots. « Oui, je crois que j’ai changé. Peut-être que partir m’a fait comprendre des choses, même si revenir ici n’est pas sans douleur. » Il baissa les yeux, sentant le poids de cette vérité. Lui aussi avait changé, ou du moins, il le pensait. La présence d’Éléa le ramenait pourtant à une version de lui-même qu’il croyait avoir laissé derrière. Une partie de lui souffrait encore de l’avoir perdue, même s’il essayait de s’en convaincre du contraire. « Je suis heureux que tu sois ici, Éléa, » avoua-t-il finalement, sa voix se brisant légèrement. « Peut-être que je n’aurai jamais la chance de… te dire tout ce que j’aurais dû, mais sache que tu as toujours une place spéciale pour moi. » Elle le regarda, touchée, mais consciente que ces mots ne pouvaient plus changer le passé. « Merci, Alexandre. Je te souhaite sincèrement tout le bonheur, avec Sophie et… votre bébé. » Il acquiesça, un éclat de tristesse dans les yeux, comme s’il mesurait la distance irréparable entre eux. « Merci, Éléa. Prends soin de toi. » Ils se séparèrent, chacun emportant avec lui le poids de cette rencontre. Pour Éléa, c’était un nouveau chapitre, une étape de plus pour tourner la page. Pour Alexandre, c’était un rappel douloureux de ce qu’il avait perdu, même s’il savait qu’il devait avancer.
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