La nuit était silencieuse, mais dans l’esprit d’Alexandre, une tempête faisait rage. Allongé sur son lit, il fixait le plafond, incapable de trouver le sommeil. Les mots d’Éléa tournaient en boucle dans sa tête : *« Tu fais pitié, Alexandre. Tu mens pour apaiser ta femme. »* Elle avait raison, bien sûr, mais l’admettre était insupportable.
Il revoyait son visage dans cette rue, son regard qui semblait vouloir lui dire quelque chose avant que Sophie ne débarque en furie. Qu’avait-elle voulu lui dire ? Pourquoi ce silence lourd de sens ? Alexandre se leva, incapable de rester immobile. Sophie dormait paisiblement à côté, inconsciente du tumulte qui dévastait son mari.
Il n’avait aucun moyen de contacter Éléa. Après leur dernière rencontre, il savait qu’elle avait changé de numéro et qu’elle évitait soigneusement tout lien avec lui. Pourtant, il avait besoin de savoir. Qu’avait-elle voulu lui dire ?
Soudain, une idée germa dans son esprit. Il alluma son ordinateur et commença à chercher des informations sur elle. Il passa des heures à fouiller les réseaux sociaux, scrutant chaque profil, chaque page, mais il ne trouva rien. Désespéré, il élargit sa recherche sur Internet. Toujours rien.
Assis face à l’écran, une frustration immense l’envahissait. Il se demanda s’il aurait à nouveau la chance de la croiser dans les rues de Paris. Mais une nouvelle idée jaillit. Il ouvrit sa boîte mail et consulta l’invitation de leur dernière conférence. Parmi les informations, il trouva les coordonnées professionnelles d’Éléa et celles de l’entreprise pour laquelle elle travaillait.
Dès le lendemain, Alexandre se rendit à l’adresse indiquée. Une immense tour en verre s’élevait devant lui, symbole de modernité et de professionnalisme. Il entra dans le hall, les yeux parcourant l’espace à la recherche d’un indice.
- *« Bonjour, je souhaite voir Éléa… »* commença-t-il, hésitant.
La réceptionniste, professionnelle mais froide, répondit :
- *« Je suis désolée, Monsieur, mais Madame Éléa a pris quelques jours de congé. »*
Le cœur d’Alexandre s’alourdit, mais il insista :
- *« Savez-vous quand elle sera de retour ? »*
- *« Je suis désolée, mais ces informations sont confidentielles. »*
Il tenta une autre approche :
- *« Est-ce possible d’obtenir son numéro ou son adresse ? C’est important. »*
- *« Je suis navrée, Monsieur, mais je ne peux pas vous donner ces informations. »*
Repartant bredouille, Alexandre se sentit perdu. Pourtant, il ne baissa pas les bras. Pendant plusieurs jours, il retourna au bureau d’Éléa, espérant la croiser. Puis, un matin, alors qu’il était prêt à renoncer, on lui annonça qu’elle était de retour.
Éléa fut informée à son arrivée qu’un homme venait chaque jour demander à la voir. Intriguée, elle demanda un entretien avec cette personne. Mais lorsqu’Alexandre entra dans son bureau, elle fut saisie.
- *« Alexandre ? Qu’est-ce que tu fais là ? »*
Il ferma la porte derrière lui, le regard intense.
- *« Éléa, j’ai besoin de savoir. »*
Elle se redressa, croisant les bras.
- *« Savoir quoi ? Tu n’as plus rien à faire ici, Alexandre. Tu as fait ton choix. Assume-le et arrête de venir m’embêter. »*
Mais Alexandre insista, sa voix emplie de frustration.
- *« Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Je t’ai vue à la clinique. Pourquoi étais-tu là ? Tu as des soucis de santé ? Ou… »*
Il hésita, mais Éléa l’interrompit :
- *« Ou je suis enceinte ? »* Elle ricana doucement, un rire amer. *« Je ne te dois aucune réponse, Alexandre. Arrête de chercher. »*
Il s’approcha, presque suppliant.
- *« Éléa, je dois savoir. »*
Elle le fixa droit dans les yeux, les larmes menaçant de couler.
- *« Pourquoi, Alexandre ? Pour que tu puisses encore me tourner le dos quand Sophie débarque ? Pour que tu puisses me blesser à nouveau avec tes mots cruels ? »*
Il baissa les yeux, incapable de répondre. Éléa poursuivit, sa voix plus douce mais empreinte de douleur :
- *« Tu n’es pas heureux, Alexandre. Ça se voit. Tu fais semblant. Mais ce n’est plus mon problème. »*
Ces mots le frappèrent, mais il refusa de les accepter.
- *« Tu te trompes. Je suis heureux. Je vais être père. Sophie traverse une période compliquée, mais une fois que le bébé sera là, tout ira mieux. Nous serons une famille unie. »*
Éléa hocha la tête, un sourire triste sur les lèvres.
- *« Tu mens, Alexandre. Et tu le sais. Mais continue à te raconter ces histoires si ça t’aide à tenir. »*
Sa colère monta en flèche.
- *« Pourquoi es-tu revenue à Paris, Éléa ? Tout ce qui est arrivé, c’est à cause de toi. Tu aurais dû rester loin. »*
Ces paroles étaient le coup de trop. Éléa sentit une douleur sourde envahir son ventre. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer avant de répondre :
- *« Tu n’as aucun droit de me parler ainsi. Je suis revenue pour moi, pour mon travail, pour ma vie. Mais si ma présence te dérange à ce point, peut-être que je devrais partir. »*
Alexandre resta figé, incapable de réagir.
De retour chez elle, Éléa s’effondra sur son canapé, épuisée par cette confrontation. Elle posa une main sur son ventre, cherchant à apaiser le tumulte intérieur.
- *« Je ne laisserai plus jamais Alexandre m’atteindre. Pour toi, mon bébé, je serai forte. »* murmura-t-elle, les larmes coulant silencieusement.
Elle commença à envisager sérieusement de quitter Paris. Peut-être que partir était la meilleure chose à faire, pour elle et pour son enfant à venir.
De son côté, Alexandre repensait à leur échange. Les mots d’Éléa résonnaient en lui comme des vérités qu’il ne pouvait nier. Il était piégé dans une vie qu’il avait choisie mais qu’il ne reconnaissait plus.
Sophie dormait paisiblement, ignorant les démons qui habitaient son mari. Alexandre fixa le plafond, la question revenant sans cesse : *« Qu’allait-elle me dire ? »*
Cette nuit-là, Alexandre comprit que les chaînes de son passé étaient plus lourdes qu’il ne l’avait imaginé.