XXIII Depuis longtemps la nuit était venue ; le roi de Navarre, après avoir soupe avec la duchesse, était monté sur le pont du chaland. Le chaland marchait toujours. Anne de Lorraine avait soufflé les deux flambeaux qui, tout à l’heure, éclairaient sa cabine ; elle s’était douillettement enveloppée dans une fourrure de peau d’ours, trophée cynégétique de Henri le Béarnais, et elle s’était étendue sur un lit de repos. Cependant elle ne dormait pas. Bien au contraire, la forte tête politique, ainsi que disaient les princes lorrains, se livrait à de savantes combinaisons qui avaient pour but, non point le roi de Navarre, mais son trésor. Anne se disait : – Ce beau cousin au langage doré me parle en vain d’amour. Vainement il jure d’être mon esclave et m’offre ma liberté. Je suis sa pri