XXI Raoul et Lahire causaient sur le pont du chaland. Le soir était venu. Un de ces beaux soirs d’hiver au ciel presque bleu et qui font croire au prochain retour du printemps. Le soleil s’était couché resplendissant à l’horizon, laissant après lui une belle teinte pourpre qui se reflétait dans les flots calmes de la Loire. Sur les deux rives moutonnaient capricieusement des collines, surgissaient des castels, blanchissaient des maisonnettes dans un fouillis de vignes. De grandes vaches blanches et noires paraissaient dans les prés, au long des peupliers. Au lointain retentissait la clochette des troupeaux, et plus au loin encore le tintement clair et mélancolique d’un clocher sonnant l’Angelus. L’air était tiède et doux, comme à la fin de septembre. Et Lahire et Raoul causaient.