Livre premierLe printemps qui suivit les noces du grand-duc Floris et d’Isabelle fut merveilleux en Dalmatie. Il n’y eut jamais un tel Avril ! disaient les femmes de Sabioneira, dans les chants qu’elles improvisent. Sur la campagne, il jette partout des coussins d’étoffe d’Agram ; il suspend au flanc des ravines les toisons d’écume des cascades. Les jardins sont diaprés mieux qu’une soie peinte ; le ciel, moucheté de nuées, ressemble au manteau du faucon, et la terre toute tachée d’herbes et de fleurs, ne dirais-tu pas que sa robe est comme celle du teinturier ? Il n’y eut jamais un tel Avril ! Des vents tièdes, avec leurs pieds ailés, courent légèrement sur la mer ; le bouillonnement du printemps gonfle les vagues vermeilles. Le monde est devenu semblable à un rubis étincelant. Sitôt q