Le temps est long et les tests sont stupides. Le test de l'odeur ne s'est apparemment pas bien passé pour Douze, le sang l'a fait pleurer, la viande cuite saliver et la viande avariée vomir. Quatorze a dit que ça c'était plutôt bien passé pour lui à part la viande crue où il a voulu se détacher de ses liens. Moi, ça c'est bien passé, c'est tout ce qui compte. Leur compagnie, je dois dire, fait passer le temps même s'ils se posent trop de questions à mon goût. Douze pleure souvent... la galère d'entendre ses reniflements et Quatorze rêve souvent de voir le soleil, je ne comprends vraiment pas pourquoi.
Assise sur le sol, avec la pâte cuite dans les mains, je discute une fois encore avec eux, enfin discuter... c'est un grand mot pour moi. Ils parlent, sans doute pour eux-mêmes puis le silence s'installe, après une heure ou deux sans rien dire, je romps enfin le silence. Une première.
- Je m'ennuie.
Ils me regardent sans rien dire en haussant leurs sourcils.
- En même temps, il n'y a rien à faire, dit Quatorze.
Je n'ai pas revu mon créateur et je commence à me poser la question si je ne l'ai pas rêvé. Je soupire et me relève jusqu'à la porte de ma cellule.
- Eh, je m'ennuie ! Donnez-moi au moins un truc pour m'occuper ! Dis-je en criant dans la salle où ma voix résonne. Houhou, vous m'entendez ?
L'agent de la dernière fois que je reconnaîtrais parmi tous les visages, arrive vers moi en courant, le pistolet à la main.
- Ferme-la !
- Non ! Dis-je en criant.
- Tu veux encore des coups de fouet !
- Tu ne me fais pas peur espèce de fils de..., dis-je en agrippant les barreaux qui se tordent sous ma force.
Ni une, ni deux, l'agent m'entraîne dans la salle de t*****e et ce coup si, j'ai droit à dix coups de fouet. Je ravale ma haine et quand il me rejette dans ma cellule, je ne m'écroule pas à terre comme la dernière fois. Je me retourne et lui lance mon plus beau sourire. Son visage exprime la surprise, voire l'étonnement de me voir encore debout et j'en suis satisfaite.
- J'ai droit à un truc pour m'occuper maintenant ? Dis-je avant qu'il claque la porte de ma cellule.
Il se retourne vers moi avant de partir et je le sens encore plus en colère de me voir aussi ravis. Ca me fait sourire de plus belle.
- Coupes toi les veines monstre, ça t'occupera ! Dit-il en partant pour de bon.
Je me couche par terre sur le ventre tandis que mon sang me dégouline sur la peau.
- Ce n'est vraiment pas beau à voir, me dit Quatorze.
- Ce n'est rien, dis-je d'un ton neutre.
Du coin de l'œil, je vois Douze ravaler un sanglot. Je soupir.
- Ce n'est rien ! Répète-je.
- Tu n'as pas eu mal, ni maintenant ?
- Non.
Je mens, évidemment que sur le coup ça fait mal et que ça me fais encore mal maintenant, mais ça cicatrise super vite.
- Pourquoi tu les cherches comme ça ?
- Pourquoi pas ?
- Je ne te comprends pas...
Je regarde mon dos du coin de l'œil. Tout s'est déjà arrêté de saigner mais de grandes cicatrices barrent mon dos dans tous les sens.
- Ben... je m'ennuie toujours.
- Cherche un moyen pour que l'on s'échappe.
Je lève les yeux au ciel, je me relève et me pose devant la fenêtre à barreaux que j'ai tordu et qui donnent sur les cellules. Je laisse pendre mes bras dehors et je regarde se qui m'entoure. Les hommes en noir font les cents pas dans les couloirs. Un autre est assis sur une chaise près d'une porte en métal et je distingue un genre de miroir, le même que dans le laboratoire. Il y en a un autre en hauteur qui surplomb toute les cellules.
Je viens de trouver la salle de contrôle. Celle qui dirige tout. J'observe un homme en noir glisser sa carte dans une des portes des cellules et ressortir avec un garçon. Je les regarde s'en aller puis je me retourne vers mon lit. J'avoue que choisir sa destinée est bien plus amusante que d'écouter les ordres. Une envie de liberté grandit en moi. Une envie de me rebeller. Mais ces envies retombe aussi vite qu'elles sont venus. Je me couche, ne bouge plus et ne pense a plus rien. Que faire d'autre pour le moment ?