Chapitre 8: Les incidents
- Tata oooo Tata ! Mon bébé !
- Hein Hein Kerrie ! Ne pleure plus ! Pense au bébé ! Tu te fais du mal et tu lui fais du mal aussi !
- Ma Co'o calme toi... Ca va aller weeeee la matter a raison !
Est-ce que je les écoute même ?! Je ne fais que pleurer. Eeeee aaaa Seigneur ! Me voici première grossesse c'est déjà comme ça !
J'entends souvent dire qu'il y'a des femmes qui ont des problèmes de conception dans ce dehors mais je ne pouvais pas imaginer que j'en ferai partie ! Je sais que c'est l'une des choses qui fait souvent qu'un mari trompe ou chasse sa femme... Henri ! Il ne sait même pas que... Mon Dieu ! Henri ! Dans la panique j'ai complètement oublié de le prévenir !
- Ody... stp appelle Henri dis-lui de nous retrouver à la clinique
- Ok donne-moi son numéro ?
- Prend mon téléphone tu cherches « Hubby » dedans ce n'est pas verrouillé !
Ody appelle Henri qui lui fait dire qu'il nous rejoint très vite en clinique. Nous arrivons enfin et je suis très vite reçue au vu de tout le tapage que je fais.
- Calmez-vous Mme TEKANG, nous vous emmenons tout de suite en salle de soin, le docteur ne va pas tarder à nous rejoindre. me dit une infirmière
On m'emmène dans une salle alors que je laisse Ody et Tata Léonie en salle d'attente, le visage très inquiet. Je suis rapidement prise en charge. Au bout d'une demi-heure dans cette salle, Henri rentre dans la pièce sans même avoir pris la peine de cogner
- Monsieur ! Ceci est une salle de soin ! Veuillez aller en salle d'attente ! Dit l'infirmière
- C'est ma femme !
- Je peux le comprendre mais vous n'avez rien à faire ici ! Dans quelques minutes elle sera installée dans une chambre et le médecin viendra vous expliquer ce qui se passe
Dès que j'ai vu Henri je me suis encore mise à pleurer. Ca m'a fait comme quand l'enfant tait sa douleur là et c'est quand tu lui demandes que c'est quoi que toute la douleur ressort. Il se rapproche aussitôt de moi et me prends la main
- C'est rien. Ca va aller, je suis là
- Monsieur je vous prierais de sortir ! L'infirmière insiste
- Non
Henri ne la gère même pas. Il n'a d'yeux que pour moi son front est presque collé au mien il semble comme à son habitude imperturbable. Il continue
- Cesse de pleurer alors Mme TEKANG je suis sûr que ce n'est pas si grave que ça !
- Monsieur...
L'infirmière est déjà elle énervée. Mais le médecin entre en ce moment là. Il est surpris de tomber sur Henri
- Tiens donc ! Un homme en salle de soin de l'aile gynécologique ! C'est plutôt rare !
- Bonjour Dr. Je suis M TEKANG, son époux.
- Je m'en doutais bien. Bon je vous explique tout une fois qu'elle est bien installée dans une chambre ?
Je vois bien comment l'infirmière là toise correctement Henri puis on me déplace sur une chaise roulante, une perfusion à la main pour une chambre de malade. L'infirmière m'aide à m'allonger. Lorsqu'Henri veut s'impliquer elle est bien froide
- Je vous en prie je sais encore faire mon travail !
Il ne la gère toujours pas et me cale bien l'oreiller contre ma tête
- Tsssiiiuuupppp !
Elle piaffe avant de sortir. Henri tire la chaise qui était là dans la chambre et la rapproche près de mon lit. Il me prend la main.
- Raconte-moi...
Où j'ai fait quoi aux larmes pour qu'au lieu de parler c'est elles qui se pointent tout le temps je ne sais pas. J'hoquète en parlant, je renifle. Je n'arrive même pas à la fin de mon récit qu'il m'arrête
- C'est bon ça va, le plus dur est passé. Tu verras. Stp sèche tes larmes tu as déjà trop pleuré
- J'ai perdu le bébé Henri je le sais ! Tout ce gros caillot de sang que j'ai vu... je l'ai perdu
- Kerrie ce n'est pas grave. Pense d'abord à ta santé. Même si tu l'as perdu nous serons de nouveaux parents. Cesse de te torturer comme ça !
- C'est que... ça me dépasse ! Henri... pourquoi... pourquoi moi ?! Je ne comprends vraiment pas ! Je n'ai rien fait de brusque ! Pourquoi j'ai perdu mon bébé ? Et si après j'ai des problèmes de conception on va faire comment ?
- Femme tu n'as que 19ans ! Tu as tout le temps d'être mère. Aujourd'hui ou demain tu le seras. Il faut juste garder ton mal en patience
Toc toc ! Coup bref à la porte et le médecin est aussitôt rentré dans ma chambre.
- Bon ! M et Mme TEKANG j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle ! Je vais commencer par la mauvaise : vous avez fait une fausse couche
- J'ai bien dit ! Okoooooo Henri ! J'ai bien dit l'affaire ci ! Weeee Docteur pourquoi moi ?!
- Calme-toi et laisse le docteur finir Kerrie !
- Non non ne pleurez pas Madame ! Laissez-moi aller jusqu'au bout svp ?
- Ayoooo Docteur weke ! Mon bébé.... Weeeeee
- Docteur poursuivez, c'est quoi la bonne
nouvelle ?
- Vous avez perdu un bébé madame mais l'autre fœtus va bien
Je suis perdue
- L'autre comment docteur ? Je n'ai pas pu m'empêcher de demander
- Vous étiez enceinte de jumeaux. Vous êtes toujours enceinte et si vous suivez très attentivement mes instructions il n'y aura pas de raisons que vous ne meniez pas à terme cette grossesse
Je regarde Henri, il semble encore assimiler la nouvelle. Le médecin continue
- Donc nous vous gardons avec nous pendant 3 jours, ensuite vous pourrez rentrer mais attention ! Il faudra être très très prudente. Bien, je vous laisse. N'hésitez pas à bipper au moindre souci.
Il est ressorti. Je n'arrive pas encore à le réaliser. Henri même n'a pas dit mot
- Je suis toujours enceinte Henri... Tu as entendu ça ? !
Cette fois ci je ris à travers mes larmes
- Tu attendais des jumeaux....
Depuis là Henri est lui pensif
- Henri tu as vu Ody et Tata Léonie ? Sûre qu'elles doivent se faire du mouron pour moi là-bas dehors. Tu peux leur faire signe de venir stp ?
- Ok
Il est sorti de la pièce et la minute d'après mes sauveuses sont rentrées, la peur se lit bien sur leur visage. Je leur raconte tout et elles jubilent avec moi
- Je t'avais bien dit mon enfant que tu te faisais du souci pour rien !
- Ikiiii donc à moins un tu étais toi Magni hein (appellation des mères des jumeaux chez les gens de l'Ouest du pays)
- Je te dis... Mais Henri est où ?
- Ah est ce que je sais ma co'o ?! Il nous a juste dit que tu es ici et il est sorti.
- Ah ok !
Elles m'ont tenu compagnie jusqu'à ce qu'Henri revienne quelques heures plus tard.
- Kerrie nous on va y aller. On te laisse aux bons soins de ton mari...
- Ok Tata Léonie vraiment merci beaucoup ! Merci pour tout ! Mon bébé et moi vous devons la vie
Elle rit
- Tout de suite les grands mots ! Qu'est-ce qu'on a fait ?! Rien ! Remercie Dieu c'est lui qui fait et qui défait les choses ! Mais comme tu as dit qu'on t'a demandé de faire attention là soit alors bien sage
- Oui Tata Léonie, ne t'inquiète pas
- Ma co'o je passe te voir ici demain hein
- Je t'attends ooooo !
Elles ont dit aurevoir à Henri et elles sont parties. Je regarde mon mari qui depuis là ne s'est pas vraiment épanché sur le sujet. Je lui caresse affectueusement la tête. Il se laisse faire sans réaction, le regard fixé sur l'écran de ma chambre, les deux mains posées en longueur sur sa bouche
- Je suis désolée mon chéri
Il me regarde l'air surpris
- De quoi ?
- Par ma faute tu n'as pas vraiment travaillé aujourd'hui
Il a un geste désinvolte
- Ma famille avant tout. Le reste n'est que détail
Ce qu'il dit me ravit au plus haut point.
Le même soir c'est maman qui arrive à l'hôpital toute alarmée, un panier de repas en main. Henri et moi n'avons pas pensé à l'appeler de suite mais par chance elle ne s'en est pas formalisée. J'ai mangé son plat de Sanhè bien chaud (met à base de légumes, de maîs et de pulpe de noix). Henri et maman m'ont laissé quand on est venu leur signifier que les heures de visites étaient passées.
(...)
Trois jours plus tard je suis rentrée à la maison. Le médecin a été très clair pas de mouvement brusque, pas de stress, pas d'épuisement, repos complet, position assise ou allongée me sont fortement recommandées.
La semaine d'après mon retour à la maison, Ody a trouvé un stage pré emploi dans une banque de la ville. Je suis tellement contente pour elle ! Elle compte faire un master en cours du soir en espérant être finalement recrutée par la banque. Je passe mes journées allongées ou encore assise, je ne fais que regarder la tv. Henri est toujours mon Henri, égal à lui-même.
Au bout d'une semaine je n'en peux plus de tourner dans cette maison à ne rien faire. Même au cours d'auto école je ne suis pas partie depuis là et j'ai comme l'impression que ce n'est pas demain la veille que je le ferai ! Je ne suis pas très bavarde ce soir, Henri même le remarque
- Tu es sûre que tout va bien ? Tu n'es pas très bavarde ce soir
Je fais la moue
- Tu veux dire que je bavarde trop c'est ça ?
Il rit
- Non non, mais un petit peu plus que ce soir en tout cas. Dis moi, qu'est ce qu'il y'a ?
Je marque un instant avant de m'exprimer
- C'est que je m'ennuie ici Henri ! Je ne fais que me tourner les pouces, je ne fais rien d'autre ! Ody est occupée donc on ne se voit plus. Même à l'auto école je ne pars plus ! Je dois supporter comme ça jusqu'à quand ?
Il me dit sur le ton blagueur
- Il me semble que c'est toi qui voulais absolument un bébé...
- Oui mais je m'ennuie ! Je veux avoir mon bébé mais je ne veux pas mourir d'ennuie !
- Bon j'ai compris. De toutes les façons j'allais même te le proposer. Méléna aimerait venir passer quelques jours ici
- Ta sœur ?!
- Oui.
Je réfléchis 3 secondes. A part bonjour et bonsoir les quelques fois où je l'ai vu on n'a jamais échangé sur rien elle et moi
- Euhhh personnellement je n'ai rien contre.
- Je pense que vous vous entendrez bien toutes les deux. Elle est certes ton aînée de 7 ans mais vous pourrez bien vous entendre
- Si tu le dis...
(...)
Henri revient ce soir avec Méléna. Je me suis occupée de faire préparer une chambre pour elle et j'ai passé le reste de ma journée à dormir. C'est leur arrivée de en soirée qui me sors de mon sommeil. J'entends la voiture d'Henri garer, je me lève de notre lit et sors pour aller à leur rencontre à tous les deux. Je suis encore dans le hall quand j'entends la voix de Méléna. Elle commente sur tout ! L'entretien du jardin, de la piscine la couleur des murs externes qu'elle trouve plus gaie que dans son souvenir. Quand j'arrive enfin vers eux je vais faire un smack à Henri puis à elle.
- Aaaaawwwww la jeune Kerrie comment vas-tu ?
Avant même que je ne réponde elle a déjà répondu pour moi
- Tu sembles un peu fatiguée tu es sûre que ça va ?
- Ca peut aller...
- Henri m'a dit que tu as eu quelques soucis de santé. Rien de bien grave j'espère ?
- Vraiment rien de grave. Ça va beaucoup mieux. Mais je t'en prie entre donc !
Nous rentrons tous les 3 à l'intérieur, une des servantes de nuit vient récupérer son trolley dans la malle arrière
- Henri j'ai toujours dit que de Pierre et de toi c'est toi qui a le plus de goût ! Ta maison est joliment décorée !
- ....
Il ne dit rien et se dirige d'un pas leste vers notre chambre. J'installe Méléna dans sa chambre avant de retourner retrouver mon mari dans la nôtre
- Ca va toi ? Ta journée a été ?
- Oui ça va, tranquille
- On descend manger tout de suite ?
- Accorde-moi une demi-heure stp ? J'ai quelques coups de fils à passer
- Ok. Je vais voir si ta sœur est bien installée alors
Je ressors aussitôt pour la chambre de Méléna. Elle m'accueille avec un sourire sincère
- Tu as fait bon voyage ?
Méléna vit à Yaoundé, elle a fait des études de marketing en Belgique et est revenue depuis deux ans. Elle ne fait pas grand-chose de sa vie et vit aux dépends de ses frères aînés Henri et Pierre.
- Pffff ! M'en parle pas ! Ils appellent ça bus vip mais ça n'a rien d'un bus vip ! La clim ne fonctionne pas ! Les croissants sont immangeables !Encore heureux que l'eau ait été minérale !
- Loool on va alors faire comment ? C'est comme ça le pays !
- Bof ! Sinon ! Comment ça va ici ?
Nous papotons un moment puis je retourne dans ma chambre faire signe à Henri qu'il se fait un peu tard, nous devrions déjà être en train de digérer. Il est toujours au téléphone mais il écourte sa conversation
- Le repas doit déjà être froid là-bas en bas
- Ok, allons-y !
Il s'avance et je m'arrête et récupère Méléna au passage. Méléna est vraiment très expressive, à l'inverse de son frère aîné ! Je me demande d'ailleurs comment ils peuvent être de la même famille. Autant elle est exubérante et volubile, autant son frère est calme et parfois taciturne. Avant d'arriver à table elle a déjà fait le tour de plusieurs sujets ! Nous nous installons à la salle à manger et Thérèse fait le service. Comme à l'accoutumée elle est à l'image d'Henri calme et taciturne aussi.
- Sinon de quoi souffrais-tu Kerrie ? Henri m'a juste dit que tu étais souffrante
J'avoue que j'hésite, je ne sais pas s'il fait bon de parler aussitôt de ma grossesse
- Rien de bien grave comme je te le disais tantôt ! Un vilain palu qui m'a secoué.... Thérèse... tu veux bien nous laisser stp ?
Elle ne bouge pas et garde son regard bien fixé devant elle
- Thérèse ???
Henri jusqu'ici qui mangeait silencieusement est intervenu
- Thérèse vas-y
Elle sort sous le regard ébahi de Méléna et mon énervement que j'essaie de contenir
- Attends... Kerrie j'hallucine ou bien elle a volontairement zappé ton instruction ?!
- Hum ! Ai-je fait pour toute réponse
Henri a continué de manger comme si de rien n'était
- Méléna j'espère que tu ne va pas vite rentrer hein ! Je m'ennuie seule ici là
- Ah ça dépend de combien mon frère me paie Madame TEKANG ! Tu sais que dans ce monde ci c'est l'argent qui régit tout !
- Akieuh ! Donc tu ne peux pas rester cadeau avec moi ?!
- Que c'est ça qui va me rendre riche ?! J'ai même vu un joli sac Prada là en ligne si seulement ton mari pouvait gentiment me glisser sa carte bancaire...
Elle fait un sourire de négociation à son frère qui depuis tout ce temps a seulement le nez dans son assiette. Elle est bien folle ! Krkrkrkrkrkrkr ! Nous dînons dans la bonne humeur, elle réussit à me faire oublier l'incident avec cette Thérèse là ! Comme elle veut montrer aux gens qu'elle ne reconnaît que l'autorité d'Henri elle va devoir apprendre à reconnaître aussi la mienne ! Henri nous a laissé un moment et est allé se coucher. Je suis restée au salon pour tenir compagnie à Méléna. Elle est très cultivée ! C'est une passionnée de cuisine ! Ça je ne le savais pas. Elle me promet de me montrer deux ou trois recettes faciles et exotiques à base d'ingrédients Locaux. Quand je monte enfin me coucher Henri dort déjà. Dommage ! Je voulais lui parler de l'attitude de Thérèse que je n'apprécie pas du tout !
Le lendemain matin Henri me laisse encore couché il me fait un tendre b****r sur le front avant de partir. Je reste allongée encore un moment recherchant le sommeil mais bien avant qu'il ne se pointe on cogne à ma porte. Je n'ai pas le temps de dire entrez que Méléna a déjà plongé dans mon lit, elle porte une jupe en jean qui lui arrive à la mi-cuisse et un haut débardeur tout blanc. Elle est naturellement très belle !
- Mme TEKANG c'est toujours le sommeil de quoi ?! Pardon lève-toi et allons déjeuner ! Je n'aime pas manger seule et j'ai déjà la dalle
Si avant j'en doutais maintenant je confirme ! Cette fille est à moitié folle!
- A Yaoundé tu manges avec qui ?! Rhoooo Méléna tu déranges hein !
- Si je ne te dérange pas je vais encore déranger qui ?! Nicole la femme de Pierre est là-bas on dirait un iceberg ! Cette dame moi je le dis est une frustrée de la vie ! Jamais je ne l'ai vu rire !
Et c'est reparti pour un nouveau tour de bavardage. Je l'écoute distraitement me déblatérer les griefs qu'elle a contre ma co-épouse là. C'est vrai qu'elle n'est pas très avenante comme personne, du peu que je l'ai vécu je n'ai ressenti aucune chaleur rien de rien mais je ne vais pas non plus rentrer dans le jeu de donner mon avis au risque d'entendre après une autre version de ce que j'ai dit !
Je vais me doucher et je m'habille sous ses yeux
- T'es pas un peu jeune pour tout le temps ne mettre que des vêtements larges ?
- Elle a quoi ma tenue ?! Je me regarde encore bien dans la glace. J'ai mis un jegging et un tee-shirt plutôt ample
- Tu n'as pas un haut moins gros que ça ?
- Si mais j'ai envie d'être à l'aise dans mes mouvements aujourd'hui donc supporte moi seulement comme ça !
- Hum ! Mon frère veut déjà formater ton cerveau comme il est vieux il te veut vieille aussi avant le temps ?!
- Le mari de qui est vieux ? Abeg ne me cherche pas hein !
Elle éclate de rire et nous descendons dans la bonne humeur. Yvanna s'occupe de nous apporter le petit déjeuner. Nous allons ensuite nous installer au bord de la piscine. Nous parlons de tout et de rien puis elle tombe sur le sujet sensible
- Dis-moi comment mon frère a réussit à te séduire ?
Sa question me surprend plus qu'autre chose
- C'est vrai Quoi ! Il est tellement fermé on dirait une huître ! Comment tu fais toi pour vivre avec lui ? Il parle même ??
Je me contente de rire
- Vous arrivez à....
Elle essaie d'imiter le geste du va-et-vient ce qui a le don de me faire rire aux éclats
- Bah Quoi ! C'est mon frère mais il est tellement fermé !
- Mais dis-moi une chose, il a toujours été comme ça ?
- Tu sais on n'a pas grandit ensemble. À la mort de nos parents je n'étais encore qu'une enfant. La sœur de maman m'a prise avec elle. Pierre était déjà à l'étranger et c'est cette année là qu'Henri est parti aussi.
- Oui je le sais il m'en a parlé
- Voilà je suis comme qui dirait l'enfant de la retraite mes frères et moi avons des écarts bien grands ! Donc pas vraiment proches
J'aperçois Thérèse qui se dirige vers l'arrière cours
- Tu n'as pas soif Méléna ?
- Non non ça va
- Moi si. Thérèse ?! Thérèse !
Elle avance stoïquement sans un regard en arrière. Je jurerais qu'elle m'a pourtant entendu
- Hum Kerrie je ne sais pas ce qui se passe avec cette dame mais je suis convaincue qu'elle t'a bien entendu.
- Moi aussi...
Je la regarde partir sans plus.
- Elle est bizarre cette dame. Il faut en parler à Henri
- Ne t'en fais pas Méléna je vais gerer son cas.
Le reste de la journée elle voudrait qu'on aille faire les magasins mais je ne peux pas sortir c'est encore trop tôt dans mon état. Je l'encourage toutefois à y aller seule. Si Ody était libre elle aurait bien aimé sa compagnie je n'en doute même pas ! Naturellement elle me traite de vieille prématurée de rabat-joie et j'en passe. Elle bavarde comme ça mais profite bien de son après midi. Je reste là je visionne. Elle revient bien fourbue et les bras chargés de paquets des heures plus tard.
- Ouf ! Il fait une de ces chaleurs dans cette ville ! Tiens ! Je t'ai ramené ça !
Elle me tend un paquet de la marque Zara. Il s'agit d'une robe ultra courte et avec plein de brillants partout partout avec la poitrine bien échancrée
- Ça va te changer de tes habits de grands-mères là !
- J'aime mes habits confortables madame !
- Ah ka ! Bon elle est même où ta Thérèse là ?! J'ai besoin de faire porter ces affaires dans ma chambre.
Avant même que je ne réponde elle-même est déjà sortie direction la cuisine. Je me cale encore bien dans mon canapé et me reconcentre sur mon programme TV quand soudain Méléna revient des plus énervé
- Non ! Kerrie ! Vraiment moi je ne vais pas tolérer ça longtemps !
Je me redresse surprise
Ekie ! Méléna de quoi tu parles ?!
- Sérieux si tu ne parles pas à Henri c'est moi qui le ferai ! Ca commence à franchement bien faire !
- Méléna explique moi... c'est quoi le souci ?
- J'ai gentiment demandé à cette Thérèse là de m'aider à faire monter mes paquets dans ma chambre elle a fait la sourde. Quand j'ai voulu insister elle m'a dit qu'elle ne travaille pas pour moi ! Non mais on est où là ?!
- Quoi ? Elle a dit ça ?!
- Puisque je te le dis !
- Hum ! Ok, Calme-toi ! Je vais gérer son cas.
- Tu as intérêt hein ! Sinon moi-même je m'occupe d'elle ! C'est quelle absurdité ça ?!
J'ai appelé Yvana qui s'est occupée de monter les sacs dans la chambre de Méléna.
- Je ne supporte pas les bêtises ! Franchement moi je vais parler à Henri ! C'est intolérable !
J'ai essayé de la calmer du mieux que je pouvais.
- Méléna calme-toi laisse ! Je vais gérer
- Hum ! Elle se comporte comme quelqu'un qui pense qu'elle a sa place cimentée ici ! Ce n'est qu'une ménagère ! Des comme elles il y'en a à la pèle dehors ! Le monde de l'emploi est difficile au pays et il y'en a qui se permettent de jouer avec le leur.
- Laisse je vais gérer son cas ce soir avec Henri...
Malheureusement nous dînons seules, Henri est retenu au bureau et ne reviendra que très tard.
Le lendemain Méléna me propose de me montrer quelques recettes faciles. Suggestion que j'accueille avec joie !
- Mais je te le dis déjà mes services ne sont pas gratuits !
- Dis donc avance là-bas ! Avoue que tu es heureuse d'avoir enfin une apprentie !
- Apprentie dans le njoh ?! En tout cas je vais envoyer mes honoraires à ton mari !
Nous trouvons Yvanna et Gertrude en cuisine, une autre des servantes. Je leur demande de nous laisser la cuisine. Elles sortent très perplexes. Méléna et moi faisons rapidement un gratin de pomme de terre que nous posons au four et nous retournons papoter assises au bord de la piscine. Un quart d'heure plus tard nous retournons vérifier notre plat. Thérèse est en train de dépecer un poulet. Le plat de gratin est posé sur la paillasse. Nous nous rapprochons du plat et il est à peine tiède et pas cuit.
- Mais....
Méléna se penche et rouvre le four.
- Kerrie ce four n'a pas servi ! Le plat a été enlevé du four aussitôt qu'on a tourné le dos !
Thérèse ne nous gère pas elle hein ! Elle est concentrée sur son poulet
- Thérèse je peux savoir qui a enlevé le plat dû four ?
Je lui ai calmement posé la question.
- Je dois mettre ce poulet au four pour le repas de midi
- Ça ne pouvait pas attendre que mon plat soit prêt ?! Ton poulet n'est même pas encore complètement dépecé je ne parlerai même pas d'assaisonné !
- ....
- Bon ! C'est trop pour moi là !
Méléna s'est retournée vivement et est retournée dans sa chambre. Je reste là debout et dépassée un moment puis je monte la retrouver. Elle est en train de boucler ses valises
- Ekie ! Méléna est-on obligé d'en arriver jusque-là ?!
- Tu m'excuseras Mme TEKANG mais je ne peux pas en tolérer d'avantages ! Tu diras à ton mari que je ne reviendrai chez lui que lorsqu'il aura viré cette dame !
- Méléna vraiment tout problème a une solution. Thérèse je vais gérer son cas ! Tu ne vas pas partir de cette maison parce que la gouvernante fait des caprices ! Stp attends au moins que ton frère rentre le soir ?
- Si je reste ici je vais la tuer de mes mains je le sens ! Mieux je pars !
- Méléna weeeee ! C'est pas comme ça !
Elle me traverse en tirant son trolley. Je la suis dépassée en cherchant à joindre son frère parallèlement. Ça sonne occupé tout le temps que j'essaie.
- Laisse au moins que Ahmed te dépose à l'agence de ton choix weeee Méléna
Elle est vraiment énervée mais accepte néanmoins qu'Ahmed la dépose à l'agence. Je ne cesse d'essayer de la raisonner mais elle campe sur sa position
- Kerrie toi-même tu m'as vu et côtoyé même si c'était sur une courte durée ! Je suis quelqu'un d'entière ! Quand ça ne va pas ça ne va pas ! Mieux je pars sinon je vais dégammer ici et oublier qu'elle est mon aînée !
- Je sais mais reste pour moi Méléna stp.... Ce soir même on va lui parler à Thérèse je te promets
- Je suis désolée mais c'est non! Je t'appelle quand j'arrive à Yaoundé Kerrie. Ca m'a fait plaisir de te côtoyer ma belle-sœur.
Elle force un sourire et me fait deux bisous rapides avant de rentrer dans la voiture et de partir avec Ahmed.
À peine le portail se referme sur eux qu'Henri me rappelle
- Henri Méléna est repartie sur Yaoundé très en colère
- Pourquoi ?
- Thérèse Henri cette Thérèse... Je ne comprends pas son attitude...
- On en reparle le soir stp.
- Non Henri on en parle maintenant ! Ca ne peut plus durer ! Tu as toi-même vu son attitude à table la dernière fois et maintenant elle nous interdit l'accès à la cuisine.
- Kerrie stp je suis en pleine réunion...
- Henri je suis désolée mais je ne veux plus d'elle ici !
- Que dis-tu ?
- Tu m'as entendu Henri. Vire-là !
Silence de son côté, bruit de porte j'ai comme l'impression qu'il se déplace
- As-tu conscience que c'est cette femme qui s'occupe de ma maison depuis bientôt 3 ans ?
- Et alors ?! Ca suffit pour qu'elle manque de respect à ta femme et à ta sœur ? Tu réalises que ta sœur est partie de chez nous à cause d'elle Henri ? Tu le réalises ?!
Je l'entends soupirer
- Ecoute, je vais lui parler quand je vais rentrer
- Non Henri peut-être que tu ne m'as pas bien comprise : sois tu la vires soit c'est moi qui pars...
À suivre . . .