Héritages - L'exilée

Chapitre 5 : L'Imprégnation

∞ Rick

Dire que j'étais fou de rage serait un doux euphémisme. J'en voulais autant à cette fille qu'à mon loup!

Et comme elle m'avait tapé dans l'œil, je m'en voulais également de n'avoir pas repris forme humaine avant que la situation dégénère.

Je savais pourtant que mon loup se sentait seul depuis quelques années, j'aurais dû faire plus attention et ne pas le laisser en contact avec une femelle, en particulier si elle était en chaleur, pas tant que je n'étais pas prêt à me ranger...

Mais c'était trop tard maintenant.

J'espérais que la situation n'empirerait pas davantage avec une grossesse non désirée mais le problème principal c'est que nos loups étaient désormais Imprégnés. Imprégnés bon sang!

Comment pourrais-je faire mon boulot avec une femelle à charge? Je n'avais même pas un appartement ou un pied à terre bien à moi où je pourrai la laisser à chaque fois que je devrais me déplacer de Meute en Meute!

J'étais tellement énervé que je m'en pris à la jolie blonde qui me faisait face.

— Mais c'est pas vrai? T'es stupide ou quoi? lui hurlai-je dessus.

— Moi! C'est moi qui suis stupide? C'est pas moi qui t'ai sauté dessus, si je ne me trompe pas! rétorqua-t-elle, aussi furieuse que moi.

Ce n'était pas vraiment le meilleur moyen de commencer une vie de couple. On ne s'était même pas présenté qu'on se gueulait déjà dessus. Ouais, il fallait que je remise ma colère et que je m'excuse de l'avoir agressée comme ça, après tout, les torts étaient partagés et il nous faudrait faire avec désormais.

Je fis une grimace contrite.

— Désolé. lui ai-je dit, un ton plus bas. Je ne m'attendais pas à m'Imprégner. Encore moins avec quelqu'un dont je ne sais quasiment rien.

— Imprégner? On ne peut pas s'être Imprégnés, on ne se connaît même pas. En plus, il n'y a pas eu de Revendication. m'a-t-elle répondu en haussant les épaules d'un air désinvolte, en paraissant moins contrariée.

Je lui jetai un regard éberlué, ne savait-elle donc pas que la Revendication n'était pas nécessaire? Pas plus qu'il n'était besoin de se connaître d'ailleurs. Nos animaux s'étaient choisis et nous étions coincés avec eux.

— Qu'est-ce qu'un Solitaire fait sur le territoire de Silvercreek? reprit-elle avant que je ne puisse répondre à sa première affirmation. Tu n'as pas vu la frontière? Tu es bien un Solitaire au fait?

— Ouais un Solitaire, et je suis surtout le Lunari du secteur, je viens de m'installer ici.

— C'est quoi un Lunari?

Elle me prenait pour un imbécile ou quoi? Tous les change-formes savaient ce qu'était un Lunari, du plus puissant Alpha au Renégat. Je ne tins donc pas compte de sa question.

— Pour l'Imprégnation, tu te trompes! lui ai-je expliqué. Pas besoin de Revendication puisque nos animaux se sont choisis. On est bel et bien Imprégnés... si tu ne me crois pas, demande à ta louve. lui ai-je encore dit en passant ma main dans mes cheveux d'un geste mécanique qui trahissait mon malaise.

— Oh merde! a-t-elle répondu après quelques minutes de silence. Mais on se connaît même pas. Qu'est-ce qu'on peut faire pour arranger ça?

— Rien. Ce qui est fait est fait!

— Rien? a-t-elle bafouillé en ouvrant tout grand ses magnifiques yeux turquoises.

— Rien! répétais-je en hochant la tête.

— Et si on faisait simplement comme s'il ne s'était rien passé?

— Ça ne marchera pas! Nos loups ont échangé leurs odeurs, ils sont liés d'un point de vue métaphysique maintenant.

— Métaphysique? Je ne comprends pas! De quoi parles-tu?

— Je n'ai jamais eu de Compagne avant donc je n'y connais pas grand chose, je sais juste que le lien métaphysique est lié à notre vécu et à la relation avec notre animal intérieur. Pour te donner quelques exemples, je connais une change-forme ourse qui était aveugle avant son Imprégnation, maintenant, tant que son compagnon est à proximité d'elle, elle voit par ses yeux. L'un de mes amis peut parler télépathiquement avec sa Compagne à plusieurs centaines de kilomètres de distance. Si j'ai bien compris, plus nos animaux sont proches, plus la métaphysique les rapproche. On verra ce qu'il en est pour nous d'ici quelques jours, je pense. Le temps de faire connaissance.

Dana poussa un soupir à fendre l'âme et, comme dans le bar un peu plus tôt, j'eus du mal à contenir un grondement appréciateur devant le spectacle de cette poitrine ronde qui se soulevait au rythme de son souffle. Je m'ébrouais mentalement, ce n'était pas le moment de fantasmer, nous avions d'autres choses à régler.

— Laissons de côté cette histoire d'Imprégnation pour le moment. lui dis-je. Je m'appelle Richard Cross, tu peux m'appeler Rick. Tu t'appelles Dana, c'est ça?

— Oui, Dana Sandero. Hé mais... comment connais-tu mon prénom? ajouta-t-elle en fronçant les sourcils.

— Le barman, Jon, me l'a dit. Il m'a aussi dit que tu faisais partie de la Meute même si tu n'y es pas souvent.

Elle ricana amèrement.

— En fait, je suis aussi une Solitaire même si je dépends de la Meute de Silvercreek... du moins, officiellement.

— Cette histoire m'intrigue mais avant que tu me la racontes, j'ai une question, le Lupin noir, il fait partie des effectifs de Silvercreek? Je ne me rappelle pas l'avoir déjà vu.

— Pas à ma connaissance mais c'est peut-être un Solitaire qui a intégré la Meute cette année, il faudrait voir ça avec Marcus. Mais c'est possible parce que son odeur est partout ici et qu'il semble bien connaître le terrain. me répondit-elle en désignant la clairière.

— Et les hommes, en bas, tu les connais?

— Non. Et toi? rétorqua-t-elle du tac-au-tac.

— Quoi moi?

— Tu les connais? Eux ou le noiraud?

— Chérie, je débarque à peine dans le secteur! Je ne connais personne en dehors de Marcus, sa famille et les quelques Lupins que j'ai croisés ici. Et toi évidemment! Pour les humains, je ne connais que Jon, le barman et le vieux Pete qui tient la pompe à essence. Tu penses vraiment que j'ai quelque chose à voir avec ça? demandai-je, amusé.

Elle grommela quelque chose que je ne compris pas.

— Quoi?

— Et toi? Tu crois vraiment que je traîne avec des crétins de suprémacistes? Et je m'appelle pas "chérie" mais Dana!

— Je ne croyais pas que tu traînais avec eux "chérie"... mais tu aurais pu les croiser dans la région contrairement à moi. ironisais-je en insistant bien sur le surnom.

— Si tu veux des infos sur la faune locale, je suis la dernière personne à pouvoir t'aider. Je ne suis pas suffisamment souvent dans le coin pour savoir qui est qui. Le mieux qu'on puisse faire, c'est récupérer les corps et le mec que j'ai attaché et de voir avec Marcus, Dmitri ou ses lieutenants pour savoir s'ils savent qui ils sont.

— Bonne idée. Tu as ton permis?

— Pas encore, j'économise pour le passer l'an prochain. Pourquoi?

— J'ai laissé ma bécane et toutes mes affaires sur le parking, tant pis! Je vais pas pouvoir rapatrier les trois zigotos et mes affaires en même temps, il faudra que je fasse un aller-retour de plus.

— Je vois pas le rapport.

— Si tu savais conduire, tu aurais pris le volant de la camionnette et je t'aurai suivi avec ma moto.

— Ah oui. Bin, désolée, je sais pas conduire. Tu veux que je t'accompagne pour témoigner chez les flics humains que c'était de la légitime défense?

— Pas besoin, je suis Lunari. lui rappelais-je. Mais merci quand même. ajoutais-je en souriant. En revanche, tu peux aller voir ton Alpha et lui... Pourquoi tu grognes?

— Marcus n'est pas mon Alpha!

— Ah oui c'est vrai, j'oubliais que tu étais une Solitaire. Tu peux tout de même aller lui parler, non?

— Mouais... Je sens que ça va me retomber dessus mais bon... J'ai l'habitude avec lui!

— Écoute! Tu m'expliqueras tout ça quand je reviendrai parce que là, il faut que j'y aille avant que quelqu'un tombe sur tes agresseurs et imagine qu'un Renégat traîne par ici. On se retrouve après, chez Marcus. Dis-lui d'envoyer quelqu'un sur le parking pour conduire leur camionnette, ça m'évitera d'avoir à redescendre dans la vallée pour récupérer mes affaires.

— Ok. a-t-elle acquiescé. Euh Richard?

— Rick, appelle-moi Rick s'il te plaît.

— Rick. s'est-elle corrigée en acquiesçant avant de se mordre la lèvre, un pli entre les yeux. Je lui dis juste ce qu'il s'est passé devant Chez Berna ou tu crois que je dois aussi lui parler de nous... Enfin, de cette histoire d'Imprégnation? m'a-t-elle demandé en rosissant joliment.

— Il faudra lui dire puisque tu dépends de sa Meute mais ça peut attendre que je revienne. Pour l'instant, parle-lui juste de tes agresseurs humains et du Lupin qui les accompagnait, le reste peut attendre. Et Dana!

— Ouais?

— Ta louve est en chaleur, tiens-toi à l'écart des mâles quand tu es sous ta forme Lupine.

— Oh!!!

Sa peau passa du rose au rouge vif mais elle ne dit rien de plus.

J'attendis qu'elle laisse place à sa louve pour regagner le centre de Silvercreek où vivait Marcus mais au lieu de partir immédiatement, l'animal s'approcha de moi à pas chaloupés et se frotta contre mes jambes. Les yeux de sa louve étaient d'un bleu encore plus clair que ceux de Dana. Si le regard de la jeune femme me faisait penser aux eaux claires d'une lagune, celui de sa bête ressemblait plutôt à la couleur bleuté d'un iceberg.

Je lui frottai les poils, juste derrière les oreilles et la louve émit un petit grondement appréciateur tout en inclinant légèrement la tête pour appuyer plus fort contre ma main.

— Tu es magnifique! l'ai-je complimentée. Allez, file maintenant! Et tiens-toi à l'écart des mâles!

Le splendide animal intérieur de Dana s'éloigna en trottant, me jeta un dernier coup d'œil en arrivant à l'orée de la clairière puis disparut silencieusement dans la forêt. Je ne cédais la place à mon loup que lorsque je fus certain qu'elle était suffisamment éloignée, inutile de laisser nos bêtes compliquer davantage les choses.

Tout en trottant vers la civilisation humaine, mon loup humait l'air et le sol, retrouvant la piste olfactive de la louve en chaleur, sa Compagne, notre Compagne. Il sentait mon énervement à ce propos mais s'en moquait complètement. Il était trop heureux d'avoir enfin quelqu'un à chérir.

Arrivé au parking, il me laissa la place, aussi interloqué que moi, l'Imprégnation elle-même nous sortit de la tête : sur place, il n'y avait plus rien, aucune trace de bagarre, plus de corps égorgés et pas non-plus de Dave ligoté. Quant-à la fourgonnette, elle aussi avait disparu mais ce qui me troublait le plus, c'était que, en dehors de quelques traces de sang, trop peu par rapport à celui qui avait été versé, il n'y avait vraiment plus rien!

Quelqu'un avait donc fait le ménage à ma place mais il avait aussi embarqué le survivant qui aurait pu m'apporter des réponses. Je scrutai les alentours du bar mais il n'y avait pas de caméra de surveillance, je retournais dans le boui-boui pour demander à Jon s'il avait vu ou entendu quelque chose.

— Dana a été agressée? Ici? s'exclama-t-il, furieux, quand je lui expliquai ce qui s'était passé sur le parking.

— Pas vraiment agressée, disons plutôt qu'elle a été victime d'une tentative d'enlèvement qui a échoué.

— Elle va bien? Pauvre pitchounette!

— Ça va, elle n'a même pas une égratignure. Elle est en sécurité chez l'Alpha maintenant.

— Et dire que je demande à Berna d'installer des caméras de sécurité depuis plusieurs mois... Ça ne serait pas arrivé si le parking était filmé! s'énerva-t-il.

— Ça la convaincra peut-être. Mais les caméras ne font pas tout. Même si tu avais vu ce qui s'était passé, tu n'aurais rien pu faire face à eux. Mais tu peux quand même m'aider... Tu n'as vu personne d'inhabituel dans le bar? Ou entendu quelqu'un parler de faire le ménage?

— Nan. J'aimerai t'aider mais... Oh attends! J'ai une idée!

— Vas-y, je t'écoute.

— J'ai quelques habitués qui viennent régulièrement taper le carton en picolant, des espèces de miliciens survivalistes. Tu vois le genre?

— Ouaip.

— Parmi eux, doit bien y avoir un ou deux qui font partie de ces tarés de suprémacistes. Sûr que leurs grands-pères faisaient partie du Klu-Klu-Klan. Ils viennent tous les vendredi pour la soirée poker, s'ils sont au courant de quelque chose, je l'apprendrai ce soir. Passe demain matin, je te dirai ce que j'aurai entendu.

— Ça marche mais fais gaffe à toi! Comme tu l'as si bien dit, ce sont des tarés, je voudrais pas qu'ils s'en prennent à toi parce que tu auras laissé traîner tes oreilles là où il ne fallait pas.

— Ouais. T'as raison mais j'ai tellement les boules de savoir que Dana... Et dire que j'étais là, tranquille alors qu'elle a failli...

Il inspira brusquement sous le coup de l'émotion puis il saisit mon avant-bras et le serra fort.

— Merci d'avoir été là pour elle. S'il lui était arrivé malheur...

— Elle va bien, t'inquiètes pas! Et puis, sans vouloir faire le modeste, je crois que Dana aurait très bien pu s'en sortir, bon... peut-être pas seule contre quatre mais ce n'est pas une petite fille fragile, c'est une Lupine et une bonne combattante, crois-moi!

— Je sais bien mais je la connais depuis qu'elle est toute môme et s'il lui arrivait quelque chose... Veilles sur elle quand même, elle a beau être change-forme, elle n'est pas de taille contre un grand baraqué dans ton genre.

— Je vais prendre soin d'elle. Ne t'en fais pas!

— Et ne va pas la draguer si tu n'es pas du genre sérieux sinon tu auras à faire à moi!!! me tança Jon, plus protecteur que jamais en me menaçant de l'index.

— Je suis un gars tout ce qu'il y a de plus sérieux! lui dis-je en souriant avant de quitter le bistrot.

Sur le parking, le visage aussi revêche que d'habitude, Dmitri, le Bêta de Marcus, m'attendait. Le quad qui l'avait déposé repartait déjà vers Silvercreek.

— Paraît que t'as besoin d'un chauffeur. grogna-t-il.

— Plus maintenant, quelqu'un est passé avant nous et a fait le ménage.

— Hein?! Qui ça? Et de quoi tu parles?

— Aucune idée. Viens voir ça!

Je lui montrai les quelques gouttes de sang qui restaient en lui racontant ce qu'il s'était passé un peu plus tôt. Soit il était sourd, soit il ne pigea pas ce que je lui disais, quoi qu'il en soit, sa réaction me choqua profondément.

— Dana... Quelle fouteuse de merde celle-là! gronda-t-il en m'interrompant. Oublies ce qu'elle t'a raconté! C'est juste des histoires pour se rendre intéressante. Enfin, heureusement, on sera bientôt débarrassé d'elle!

— Je sais pas de quoi tu parles mais je crois que tu m'as pas bien compris. J'étais là! Elle n'a pas eu besoin de me "raconter des histoires"! m'exclamais-je en mimant les guillemets. J'ai tué deux des bonhommes et Dana s'est occupé du troisième. Tu vois, là? demandais-je en pointant du doigt le sol où une bonne partie du gravier avait disparu.

— Bin y'a rien là! Qu'est-ce tu veux que je regarde?

— Justement! Il n'y a plus rien, j'ai égorgé le premier type juste ici, il devrait y avoir une mare de sang.

J'avançais de quelques pas et lui désignait le sol du doigt une fois de plus.

— Et c'est là que j'ai tué le second, celui qui avait un flingue. Là aussi ça a été nettoyé. C'est pas dans les habitudes des extrémistes, ça. Eux, ils auraient filmé la scène pour la mettre sur internet et appelé les journaux télévisés pour nous faire passer pour des animaux enragés qu'il faut abattre! Que tout ait disparu, c'est typique des change-formes, si tu rajoutes à ça que les mecs étaient accompagnés par l'un des nôtres, ce n'est plus une "histoire" mais un sacré merdier! ironisais-je.

Dmitri se racla la gorge et baissa les yeux pendant que je le toisais froidement.

— Alors? Rien à rajouter sur les histoires de Dana? lui demandai-je sèchement.

— Ok. Ok. Pour une fois, elle n'y est pour rien. Mais je vois pas qui aurait intérêt à l'enlever, c'est pas comme si...

— Tu veux dire que si l'une de vos femelles disparaissait, Marcus ne réagirait pas? l'interrompis-je interloqué.

— Bien sûr que si!

— Mais pas pour Dana, c'est ça?

Il se racla une nouvelle fois la gorge avant de me répondre.

— Si, bien obligé. Sinon il perdrait la face devant la Meute.

— Tu as une idée de l'identité du Lupin qui joue les agents double avec les extrémistes? Ou de pourquoi ces idiots voulaient la kidnapper?

— J'sais vraiment pas... C'est peut-être un Prétendant qui voulait faire pression sur Marcus.

— Hum... Peut-être. Tu crois que Dana était spécifiquement visée ou ils ont tenté le coup parce qu'elle était là?

— Dana était visée! affirma-t-il, d'un ton péremptoire.

— Tu as l'air sûr de ce que tu avances!

— Aucun Lupin de Silvercreek ne traîne ici à part elle... Et puis si, comme je le pense, on a tenté de l'enlever pour déstabiliser Marcus, quel meilleur moyen que de s'en prendre à un membre de sa famille?!

— Dana fait partie de la famille de Marcus? m'exclamai-je, stupéfait.

— Par alliance seulement! C'est la fille de Georgina.

— Mais alors, pourquoi...? Non! Laisse tomber! Je verrai ça directement avec ton Alpha. On se revoit sur le territoire. lui ai-je dit en le saluant d'un signe de la main avant d'enfourcher ma Harley.

— Bin et moi?

— Quoi? hurlai-je par-dessus le bruit du moteur que je venais de démarrer.

— Comment je rentre? me cria-t-il en retour.

— Comment Dana rentre-t-elle d'habitude? demandais-je en le sachant pertinemment puisque Jon me l'avait dit. Fais comme elle : à pieds ou à pattes! À plus!

J'abandonnai sur le parking un Dmitri encore plus râleur que d'habitude et pris la route pour faire les dix derniers kilomètres qui me séparaient de la frontière de Silvercreek en essayant de comprendre la situation entre Dana et Marcus. Pourquoi ne l'avait-il pas intégrée à la Meute? Était-elle responsable de cet état de fait? Était-ce pour cette raison que Dmitri semblait la détester?

J'avais des dizaines de questions et aucune réponse mais mon instinct – à moins qu'il ne s'agisse du récit dont Jon m'avait fait part et de son affection pour la belle jeune femme qui était désormais ma Compagne – me disait que je ne devrais pas me fier à ce que me dirait Marcus au sujet de sa belle-fille et que Dana était plus à plaindre qu'à blâmer.

C'est avec l'esprit accaparé par ces pensées que j'arrivai en vue de Silvercreek.

∞