Chapitre 6 : Le Défi de la Prétendante

3595 Words
∞ Dana Après avoir laissé Bella crapahuter vingt bonnes minutes dans la forêt sans que nous ne croisions âme qui vive, je suivis le conseil de Rick et repris forme humaine en arrivant à la lisière entre le domaine forestier et la ville. Je réajustai mes vêtements d'un geste machinal, j'étais déjà perçue comme un mouton noir et ordinairement en butte aux sarcasmes de la Meute, inutile de leur donner du grain à moudre en ayant l'air dépenaillée. Dans les rues du village, ça et là, les membres de la Meute vaquaient à leurs occupations. Plus je me rapprochai du centre-ville, plus l'ambiance me semblait étrange. Les habitants que je croisais m'ignorèrent pour la plupart ce qui était habituel... Ce qui l'était moins, c'est que certains d'entre eux, les mêmes qui prenaient habituellement plaisir à me chercher querelle, se mirent à chuchoter sur mon passage en me jetant des coups d'œil plus ou moins hostiles. En temps normal, j'aurai eu le droit à quelques commentaires bien sentis, voire hargneux, sur mon arrivée mais cette fois, personne ne m'aborda, pas même pour m'insulter. Ils se contentaient de parler entre eux à voix basse en me jetant des regards en coin. Étrange! Je fis comme si je ne m'apercevais de rien et continuais à marcher la tête haute, le dos droit et le menton fièrement relevé. Je ne m'arrêtais pas non-plus en passant devant l'école où des enfants, moins discrets que les adultes, parlaient apparemment de moi plus ou moins fort ce qui me permit de saisir quelques bribes. — ... regarde, la voilà! l'Alpha va... — Tu sais que bientôt elle partira... — ... et puis, terminé, elle reviendra plus! — Bon débarras! — Moi je la plains, j'aime trop Silvercreek pour partir! — Tu parles, vu le peu de temps qu'elle passe ici de toute façon... Partir? Qu'est-ce que ça voulait dire? Marcus allait me virer de la Meute pour de bon, finalement? Allait-il faire de moi une Paria? Non, impossible!!! La rage au cœur et une boule dans la gorge, j'arrivai enfin devant la porte de mon ancienne maison familiale. J'entrais sans frapper et ne me donnais pas la peine de saluer mes demi-frères qui se disputaient en jouant sur la console dans le salon. Je me dirigeais vers le bureau et, cette fois-ci je frappais... cependant, je n'attendis pas qu'on me dise d'entrer! Je ne m'étais jamais abaissée à demander la permission de Marcus pour faire quoi que ce soit, je n'allais pas commencer maintenant alors qu'il s'était décidé à me virer définitivement! Je signalaid donc juste de ma présence avant de pénétrer dans son antre. — Ah Dana! Te voilà enfin! me dit mon beau-père d'une voix beaucoup trop bienveillante pour être honnête. — Marcus. le saluai-je d'un bref hochement de tête. Il faut qu'on parle mais avant de commencer, il faudrait que tu envoies rapidement quelqu'un sur le parking de Chez Berna. — Assieds-toi donc! me répondit Marcus d'une voix mielleuse en désignant le siège qui lui faisait face. Pourquoi veux-tu que j'envoie quelqu'un dans la vallée? Tu as oublié tes affaires? me demanda-t-il en s'apercevant que je n'avais pas mon sac avec moi. — Non! affirmais-je en faisant un mouvement agacé de la main. Je réalisais qu'effectivement, j'avais laissé tomber mon sac à dos sur le parking quand mes agresseurs m'avaient maintenue mais ce n'était que quelques vêtements, j'avais le principal – un peu d'argent, ma carte bancaire et mes papiers d'identité – dans les poches de mon jean, si je perdais le reste, ça n'avait pas trop d'importance. — Parce que c'est ce que veut le Lunari. repris-je insolemment. J'observais avec satisfaction le tressaillement de l'Alpha à la mention de Rick. Marcus ne semblait pas goûter la présence d'un Lunari sur son territoire. Tant pis pour lui! Quoi que puisse être ce titre et même si c'était un Solitaire, c'était plus haut que Marcus dans la hiérarchie apparemment, je le comprenais à sa façon de serrer les dents et les poings. Je fis le tour du bureau pour me mettre face à la fenêtre, désobéissant ainsi à mon beau-père qui voulait que je m'asseye, tournant délibérément le dos à la pièce... et à lui. — Il a précisé qu'il voulait un chauffeur. Le plus vite possible! assénai-je encore, puis je souris en l'entendant décrocher le téléphone fixe et dire à Dmitri de se rendre sur place. — Toujours aussi irrespectueuse à ce que je vois. dit alors une voix grave dans mon dos qui n'était pas celle de mon beau-père. Je ne sursautais pas car j'avais perçu une présence sur le sofa, derrière la porte, dès mon entrée dans la pièce mais je me retournais pour voir à qui elle appartenait. J'avais cru en entrant qu'il s'agissait de ma mère... Je ne pus empêcher ma lèvre supérieure de se retrousser en une moue de dégoût et de colère en voyant à qui j'avais à faire. — Charles. le saluais-je sèchement d'un geste de la tête, seule concession que je faisais à cet Alpha, ami de Marcus, que je détestais profondément. — Tu ne me fais pas la bise? ironisa-t-il. — Non! répliquais-je sèchement. Je ne fais pas de salamalecs aux importuns. — Ah Dana... Dana! J'ai hâte de te voir courber la tête devant moi. — Tu peux toujours rêver, sale dégueulasse. Je... — Dana!!! m'interrompit sévèrement Marcus en se levant pour me faire face. Sois polie! C'est à se demander si j'ai jeté l'argent par les fenêtres en te trouvant cette école privée, ils auraient au moins pu t'y apprendre les bonnes manières! — Oh, mais je connais les bonnes manières, ne t'en fais pas! C'est juste que je n'en fais profiter que ceux qui le méritent... Et clairement, vous n'en faites partie ni l'un, ni l'autre! À cette répartie, Charles émit un rire bref et grinçant tandis que Marcus serrait tellement fort sa mâchoire que j'entendis ses dents crisser de là où j'étais. — Vraiment, j'ai hâte de t'avoir sous ma coupe! Marcus a été bien trop coulant avec toi! Tu apprendras vite le respect avec moi. — Je préfèrerai virer Renégate que de t'accorder un respect que tu ne mérites pas! répliquai-je sèchement à cet indésirable. — Dana! Ça suffit! tonna Marcus. Charles, peux-tu nous laisser quelques instants s'il te plaît? demanda-t-il à Charles bien plus calmement. — Bien sûr. acquiesça ce dernier. À très vite, Dana! — C'est ça, dégages! Tu pompes mon oxygène! Il émit encore ce rire que j'abhorrai tant et quitta le bureau en refermant doucement la porte que j'avais laissée grande ouverte en entrant. Marcus me toisait froidement à présent, sans mot dire, d'un geste de la main, il m'indiqua le siège face à son bureau mais je secouais la tête en guise de dénégation. Je ne voulais pas qu'il prenne l'ascendant sur moi pendant la discussion et je n'avais plus rien à perdre puisqu'il voulait me virer de Silvercreek. Que Charles, ce sale pervers libidineux, croit que j'allais rejoindre sa Meute après, ça me faisait doucement rire. J'étais déjà une Solitaire, je pouvais très bien continuer comme ça! — Tu vas arrêter ton cinéma! m'ordonna Marcus. Et dorénavant, tu seras polie envers Charles, si je t'entends encore lui parler sur ce ton, ... — Que feras-tu? Tu me vireras de la Meute? Je n'en fais même pas partie! Tu ne peux donc pas me proclamer Paria. l'interrompis-je brutalement. — Oh si je peux. Ou plutôt... je pourrais t'envoyer vivre sous les ponts. À moins que je ne mette plutôt ta mère à la rue! Tes frères sont suffisamment âgés pour se passer d'elle à présent. — Attends un peu... Si je comprends bien, soit je me montre polie avec ton pote, soit tu fais de ta Compagne une Paria... C'est ça? demandai-je, estomaquée par ces propos. — Exactement! sourit-il avec méchanceté. Je restais silencieuse quelques secondes devant ce chantage auquel je ne m'attendais pas. D'accord, je n'avais plus beaucoup d'affection pour ma génitrice mais elle restait ma mère, que je l'aime ou non. Marcus jubilait visiblement en me voyant silencieuse, ce qui fit revenir de plus belle ma colère qui s'était un peu estompée sous l'effet de la surprise. — Et bien, vas-y! Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse? m'exclamais-je en croisant mentalement les doigts pour qu'il ne sente ni mon mensonge, ni les battements affolés de mon cœur. Tu l'as tuée en même temps que mon père, ta Compagne n'est qu'un clone zombifié de celle qui fut ma mère. ajoutais-je, cette fois parfaitement sincère. — Tu laisserais Gina devenir une Paria juste parce que tu ne veux pas faire preuve de respect? demanda-t-il en faisant mine d'être choqué, la main sur le cœur mais une lueur mauvaise de ses yeux me prouvant qu'il ne l'était pas. — Ne me mets pas tes décisions sur le dos! Si tu veux la déclarer Paria, c'est toi que ça regarde, pas moi! affirmai-je en haussant les épaules alors que je savais que, s'il le faisait, je culpabiliserais à mort. Et puis, c'est à la Meute que tu devras rendre des comptes au final. — C'est là toute la reconnaissance et l'amour que tu portes à ta chère maman? — Tu as trop bien réussi à nous séparer pour que je m'inquiète de son sort. dis-je d'une voix morne. — Et dire qu'elle s'est sacrifiée pour toi... Tsss! Vraiment, c'est honteux! dit-il avec une emphase moqueuse. — Sacrifiée... Tu parles! On ne peut pas dire qu'elle m'ait beaucoup épaulée ces dernières années. — Et pourtant... insinua-t-il. — Qu'est-ce que tu sous-entends? Que veux-tu me faire gober? — Juste la vérité : Gina a eut le choix à la mort de ton père, soit elle devenait Paria et toi avec. Soit elle restait avec moi en tant que Compagne et tu bénéficiais alors d'une bonne éducation et d'un toit. — Pourquoi? Je veux dire... Pourquoi tenais-tu tellement à l'avoir pour Compagne? Tu aurais pu prendre n'importe qui en tant qu'Alpha. — À cause de ton satané père! cracha-t-il hargneusement. — Qu'est-ce que mon père a à voir dans cette histoire? questionnai-je en levant les yeux au ciel. — Silvercreek lui appartenait! hurla-t-il soudain d'une voix pleine de rancœur. — Je sais que c'était l'Alpha! criai-je à mon tour pour ne pas être en reste. — Je ne parle pas du rang, petite idiote! Je te parle des terrains, de la plupart des maisons et d'une grande partie des environs. Et cet imbécile t'a tout légué, à toi! C'est ta mère qui en a l'usufruit jusqu'à ta majorité et puisqu'elle est ma Compagne, c'est donc moi qui gère tes biens. Jusqu'à ce que tu atteignes tes dix-huit ans... — Silvercreek m'appartient? — T'appartiendra... à ta majorité. Sauf si tu t'Imprègnes avant bien sûr, puisque dans ce cas, c'est ton Compagnon qui aura à gérer tes biens! — Pourquoi me dis-tu tout ça maintenant? demandais-je en plissant les paupières, suspicieuse. Je me gardais bien de lui dire que j'étais déjà majeure puisqu'il l'avait zappé... Et Imprégnée, même si ça avait été involontaire de ma part. Je voulais tellement savoir où il voulait en venir que j'en oubliai même ma tentative d'enlèvement. — J'ai laissé le choix à ta mère, je te le laisse aussi! — De quel choix tu parles? — Tu peux partir, quitter la Meute et vivre en Solitaire jusqu'à ta majorité et revenir à ce moment-là pour faire valoir tes droits de propriétaire... Il va sans dire que si tu choisis cette option, je ne te verserai pas un centime, tu devras te débrouiller pour trouver où dormir, où manger et où te vêtir... Entre autres choses... Je pourrais aussi te déclarer ennemie de la Meute, tu sais qu'alors n'importe quel Lupin de Silvercreek ou d'une Meute alliée pourrait t'abattre comme un vulgaire Renégat. Et puis, j'échangerais ta mère avec une autre Soumise de la Meute de Charles! Tu vois, je ne compte pas en faire une Paria! ricana-t-il. — C'est ta Compagne! Tu sais que Charles la brisera... encore plus que ce que tu as fait d'elle! Tu ne peux pas lui faire ça! m'exclamais-je de plus en plus irritée. D'accord, tu as réussi à monter la Meute contre moi, mais ici, tout le monde apprécie Gina, ils ne te laisseront pas faire une chose pareille. — Je vais l'accuser de m'avoir trahi, d'ailleurs tout est déjà prévu et Charles est mon témoin principal, évidemment! Dans ma grande mansuétude, plutôt que de la proclamer Paria, je demanderai alors à Charles de la prendre dans sa Meute. Après tout, il s'agit de ma Compagne, la mère de mes fils. Comme il a déjà pas mal de Soumis dans ses rangs, j'en récupérerai un pour Silvercreek à la place de ta mère. Tu vois, tout est prévu si tu prends la mauvaise décision. — Tu es monstrueux, Marcus! — Machiavélique plutôt. opina-t-il d'un air fier. — Et c'est quoi l'autre option? demandai-je, prise de nausées en prenant enfin conscience de toute l'étendue de sa cruauté. — Tu t'Imprègnes avec Charles, il te veut pour Compagne depuis longtemps... Tu es plutôt vernie, il aurait juste pu vouloir te mettre dans son lit! ricana-t-il. — Que je m'Imprègne avec cette ordure?! Jamais!!! m'écriais-je aussitôt. — En échange, ta mère restera tranquillement ici avec ses fils et sa Meute. reprit-il après m'avoir laissée dire. — Qu'est-ce que tu as à gagner dans tout ça? — Déjà, je me débarrasse enfin de toi! Ta mère arrêtera enfin de broyer du noir si elle ne te voit plus du tout. Elle m'horripile à penser sans cesse à ton père dès qu'elle pose les yeux sur toi. Ensuite, ça renforcera mon alliance avec Charles... Et savoir qu'il va te falloir te Soumettre à lui de toutes les manières possibles est vraiment un bonus des plus agréables pour moi! dit-il en souriant plaisamment, une lueur mauvaise dans le regard. — Et dire que je trouvais que ce vieux pervers était une créature maléfique... Tu es mille fois pire! Tu es diabolique, Marcus, le Mal personnifié. J'espère que tu t'en rends compte!? — Merci! — Ce n'était pas un compliment! râlais-je. Mais... Attends! Même si je m'Imprègnais avec ton copain, je resterai propriétaire de Silvercreek! — Officiellement oui, mais en tant que femelle, tes biens seront gérés par ton Compagnon et j'ai déjà un accord avec Charles sur ce sujet. Il me laissera bénéficier gratuitement des terrains et une grande partie des loyers des propriétés foncières. Et lorsque je mourrai, tout reviendra à vos enfants, si vous en avez, ou aux miens dans le cas contraire. Tu vois, je suis plutôt sympa, tes gosses ne seront pas spoliés de leur héritage. — Vous êtes tordus tous les deux si vous croyez vraiment que je vais accepter ça! Je pourrais quitter la Meute, je vis déjà en Solitaire depuis des années, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Et puis, tu as l'air de l'oublier mais je ne suis pas une Soumise... je pourrai aussi simplement te Défier en tant que Prétendante pour le poste d'Alpha. — Tu te crois plus Dominante que moi? s'esclaffa-t-il. Et tu penses vraiment pouvoir me Défier et gagner? — En effet. assurai-je fermement. — Très bien Dana, je te laisse jusqu'à demain soir pour réfléchir à ma proposition, si tu es toujours décidée à devenir Prétendante, tu devras me Défier devant les membres de la Meute et accepter devant eux de t'Imprègner avec Charles quand je t'aurai battue. — Je n'accepterais jamais ça, il faudra donc que tu réussisses à me tuer pendant le Défi! Mais ne t'en fais pas, c'est moi qui gagnerais et, si tu survis bien sûr, tu quitteras la Meute sans rien emporter d'autre que ce que tu auras sur le dos... — Si je survis! Hahaha!!! Elle est bonne celle-là! s'exclaffa-t-il. — Je suppose que tu as un compte-joint avec ma mère? dis-je subitement. — Hum oui... répondit-il, interloqué, ne comprenant pas pourquoi je passais du coq à l'âne. — Alors tu t'engageras également devant la Meute à ne pas te servir de l'argent qui est dessus en cas de défaite de ta part. Je n'ai pas grande confiance en ta parole, mais eux oui et si tu leur mens, ça se retournera contre toi. Ce sera l'histoire de l'arroseur arrosé, tu voulais que je vive sous les ponts, mais si tu survis à notre Défi, ce sera toi le clochard! — «Si tu survis» ... C'est la seconde fois que tu prétends réussir à me tuer. Tu m'as l'air bien sûre de toi, gamine! gronda-t-il, plus énervé qu'amusé cette fois. Alors, sans doute pour prouver que je n'avais aucune chance contre lui, il envoya ses ondes de Domination vers moi. Comme je restais impassible, il sembla stupéfait puis carrément en colère. Vu que je ne réagissais pas à ses ondes de Dominance propres, il tenta les ondes d'Alpha : pour ce faire, il puisa dans les liens de la Meute pour me soumettre car je sentis la pression augmenter petit à petit dans mon corps. Ma tête se mit à bourdonner, un peu comme lorsqu'on est dans un train et qu'on passe à grande vitesse sous un tunnel, les oreilles se bouchent et la gorge se dessèche, sauf que dans cette situation, déglutir pour faire passer cette sensation est inutile. Pendant ce temps, je continuais à le fixer, droit dans les yeux. Je l'entendis marmonner: "Non. Impossible! C'est impossible!" En apparence, je n'avais aucune réaction, en réalité, plus ça allait et plus je sentais mon sang bouillir dans mes veines comme de la lave en fusion. Je savais que s'il continuait à augmenter la dose, je ne pourrais bientôt plus faire autrement que de me Soumettre à lui, ce que je ne supporterais jamais et qui m'aidait à tenir bon. Quand un Alpha se sert des liens de la Meute pour rabaisser ou punir un Lupin, ce n'est pas une seule personne mais l'ensemble de la Meute qui vibre dans les ondes qu'il émet alors. Et Silvercreek comptait plus de vingt-cinq Lupins... N'étant pas une Oméga insensible à ce genre d'ondes, je n'avais aucune chance face à eux, même s'ils n'étaient pas très puissants, ils étaient trop nombreux, il fallait donc que je fasse cesser ça rapidement. — Tu es au courant que tu ne pourras pas te servir de ton statut d'Alpha pendant le Défi? lui dis-je sans bafouiller (Hourra!!! Vive moi!!!) mais d'une voix un peu rauque. — Comment fais-tu...? dit-il d'une voix moins assurée qu'auparavant en arrêtant subitement de me bombarder psychiquement tant il était surpris par mon apparent stoïcisme. Je simulais... mais bon, je n'allais pas lui dire que c'était grâce aux cours de théâtre de Sainte-Cat' qu'il avait payés que j'avais paru à l'aise alors que ma peau semblait vouloir se détacher de mon corps! Pour toute réponse, je lui fis goûter à mes propres ondes de Domination, à chacun son tour! Il ne s'y attendait tellement pas qu'il recula de plusieurs pas, manquant de peu de tomber sur les fesses devant moi... Tant pis, une prochaine fois! Je n'étais pas à pleine puissance et de loin. Je voulais juste lui faire comprendre que je n'étais pas la proie facile qu'il avait cru que j'étais mais sans dévoiler pour autant toute l'étendue de mes capacités. Pourtant, c'était plus que tentant de le faire se Soumettre, Bella m'y incitait d'ailleurs vivement. Elle le voulait à genoux devant nous pour pouvoir lui déchirer la gorge. Mais je tins bon, refusant de faire de lui un martyre. J'aurai bientôt mon Défi, devant toute la Meute réunie! Je stoppais donc mes ondes de Dominante et tournais le dos à Marcus pour bien lui signifier que je ne le craignais pas. Vu ce que je savais de lui, j'aurai dû me douter qu'il ne tolèrerait pas ce dernier affront. Alors que j'avais la main sur la poignée de la porte, parée à sortir, une énorme secousse psychique m'explosa dans le dos et me fit trébucher. C'est uniquement parce que j'avais prise sur la poignée que je ne tombais pas à genoux. Il employait toute la force de la Meute contre moi, et j'eus l'impression que ma peau allait se détacher de moi pour ramper à ses pieds. C'est avec cette image en tête que je me retournais avec difficulté pour lui faire face et projeter mes propres ondes à pleine puissance, je ne pensais pas avoir l'ombre d'une chance face à ce déchaînement mais je refusais de plier devant ce lâche qui attaquait par derrière avec l'équivalent d'une bombe nucléaire pour atomiser une seule personne. C'est là qu'il s'est passé quelque chose de très bizarre, mes ondes de Dominance, déjà naturellement élevées, se sont comme décuplées... Et Marcus s'est affalé au sol comme un marshmallow fondu, comme si ses muscles s'étaient subitement transformés en guimauve. J'avoue que je ne cherchais pas à comprendre pourquoi ou comment j'avais réussi ce tour de passe-passe, je profitais honteusement de sa faiblesse momentanée pour mettre le plus de distance possible entre nous. Mais je ne pus m'empêcher de lancer une dernière pique quand, avant de fermer la porte du bureau, je le vis redresser la tête vers moi, le visage flasque et les yeux exorbités d'ahurissement. — Les arènes, demain soir, vingt-deux heure, pour notre Défi! lançais-je d'une voix rendue rocailleuse par l'afflux de puissance qui m'avait traversé. Je refermais vivement la porte et sortis presque en courant de la maison. Je n'avais qu'une hâte : m'éloigner au plus vite avant qu'il ne réalise que j'étais déjà loin. ∞
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