∞ Dana
Ce jour-là, malgré l'heure encore matinale, dans le dortoir commun du troisième étage du pensionnat pour jeunes filles de bonnes familles Sainte-Catherine, régnait un chaos indescriptible de rires et de cris.
Les autres filles s'interpellaient joyeusement, échangeaient adresses ou numéros de téléphone, récupéraient les vêtements ou le maquillage empruntés par d'autres.
Sur tous les lits, des valises ouvertes exhalaient des odeurs de linges sales dans une explosion de tissus de toutes les couleurs et matières.
Assise tranquillement au pied du lit de Carrie, j'étais la seule à ne pas être absorbée par ce capharnaüm.
D'une part parce que mon sac était déjà prêt, posé sur le couvre-lit de ma chambre privée – anciennement celle d'une surveillante – et d'autre part parce que, contrairement à mes camarades, je n'étais pas vraiment ravie de rentrer chez moi...
Enfin, si je peux appeler le territoire de la Meute de Silvercreek un "chez-moi"!
Pas de doux retour au foyer pour moi, pour tout dire, je n'avais même plus de chambre sous le toit familial, et ce depuis ma première année à Sainte-Catherine qui était, depuis treize ans, devenue ma résidence principale.
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Julian et Noah, mes détestables demi-frères, s'étaient partagés celle qui avait été la mienne dans ma prime jeunesse. Pour ma part, j'avais longtemps été cantonnée au canapé inconfortable du bureau de Marcus. Pas un convertible hein, mais un vieux divan, usé jusqu'à la moelle, dont les ressorts s'incrustaient dans mon corps si j'avais le malheur de m'y étendre!
Le tapis, bien que passablement miteux et invariablement sale, était même bien plus confortable! Je le savais pour avoir préféré cette option un nombre incalculable de fois au cours des six années qui avaient suivi mon éviction de la Meute.
C'était là l'une des méchancetés habituelles de mon beau-père car l'une des pièces de la maison – même un simple cagibi sous l'escalier, façon Harry Potter – aurait aisément pu être transformée en chambre pour moi.
Toutefois, Marcus avait décrété que c'était impossible et, comme à son habitude, ma mère avait accepté ça sans rien dire.
Et je ne dis pas ça pour médire d'eux mais parce que, juste avant la dernière rentrée scolaire, au cours d'un long et ennuyeux dîner "de famille", j'ai entendu Noah se plaindre du manque de place, ce à quoi Julian avait rétorqué que son frère lui prenait ses affaires et les abîmait, que la chambre était trop petite, qu'elle n'était pas décorée à son goût, que... Enfin bref, les garçons passent leur temps à se plaindre et à se chamailler de toute façon, c'est dans leur caractère! Noah, qui a tendance à être aussi infatué et arrogant que son père malgré son jeune âge, est une vraie crème à côté de son aîné, c'est pour dire le niveau!
Je ne pensais pas qu'ils obtiendraient ce qui avait été impossible pour moi, à savoir, une chambre pour eux seuls, mais Marcus n'y a pas vu d'inconvénient, lui ! Il leur avait donc promis que chacun aurait sa pièce rien qu'à lui avant les fêtes de Noël. Devant cette nouvelle injustice à mon égard, encore une fois, ma mère avait acquiescé en silence après m'avoir jeté un rapide coup d'œil.
Pour ma part, je n'ai rien dit non-plus même si j'ai eu un bref moment de jalousie et que Bella m'a labourée à coups de griffes de l'intérieur tellement elle enrageait que je refuse de la laisser sortir pour qu'elle puisse Défier et égorger le loup blanc qu'elle détestait presque autant que je détestais Marcus.
Si je n'ai rien dit, c'est parce que j'ai trouvé - enfin, je devrais plutôt dire "Bella a trouvé" - la solution à ce sujet depuis longtemps : au cours de l'une de nos promenades solitaires, elle avait repéré, perdue au milieu des bois de Silvercreek, une ancienne cabane de chasseurs humains. Juste avant son décès, mon père l'avait rénovée et transformée en petit chalet forestier. L'intérieur était cosy et douillet bien que plutôt poussiéreux la première fois que j'y suis entrée. Papa s'était occupé de ça dans le but d'y installer provisoirement les Solitaires qui voulaient devenir membres de la Meute mais l'endroit était depuis devenu ma résidence estivale lorsque je revenais à Silvercreek.
La cabane était petite, trop pour Marcus qui s'en était désintéressé et je l'avais donc réquisitionnée l'année de mes douze ans, lassée d'être courbaturée à force de dormir sur le canapé défoncé ou d'avoir les sinus congestionnés après avoir passé des nuits infernales sur le tapis crasseux.
Au début, je ne rentrais "à la maison" que pour les dîners et encore, pas tous les soirs, uniquement quand Marcus décrétait que je devais y être présente. Le reste du temps, moins il me voyait, mieux il se portait et c'était tout à fait réciproque.
De toute façon, je n'étais pas vraiment là quand j'étais à Silvercreek, je préférais laisser ma place à Bella et sur les deux mois d'été que j'y restais, je ne passais guère plus d'une semaine sous ma forme humaine.
Et puis, quelques années plus tard, ma mère avait même pris l'habitude de faire le ménage dans ma cabane et de réapprovisionner les placards en nourriture. J'avais pleuré comme une fontaine la première fois que je m'en étais aperçue car j'y voyais un signe de plus que, non-seulement je ne lui manquais pas, mais qu'en plus elle était ravie de cette pseudo indépendance qui la débarrassait de moi sous son toit!
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— Enfin les grandes vacances!!! s'était exclamée Carrie avec son emphase coutumière, coupant court à mes pensées moroses.
— Oui, enfin! lui avais-je répondu en grimaçant un sourire pour ne pas la vexer.
— Qu'est-ce que tu vas faire cet été? Tu vas quelque part? Avec tout l'argent que tu as gagné cette année, tu peux te permettre de faire le tour du monde si ça t'amuse! Je t'accompagne évidemment! Je connais un club à Miami qui... Non! Oublies! On va plutôt aller à Cancun, Bella sait nager? Les plages sont aussi belles que les garçons sont mignons là-bas!
— Je...
— Attends! J'ai encore mieux que Cancun! Saint-Tropez, en France! Aaaah! La Méditerranée! La Provence! Tu auras le choix entre des escapades à la plage, dans les champs de lavandes, dans les landes ensoleillée ou sous les chants des cigales aux terrasses des cafés! Qu'est-ce que tu en dis?
Je n'étais clairement pas assez nantie pour me permettre ce genres d'activités mais c'est vrai que j'avais réussi à amasser un joli petit pécule depuis quelques années, en faisant les devoirs de certaines camarades qui étaient trop fainéantes – ou trop cancres – pour les faire elles-mêmes.
Avec cet argent, j'envisageais de passer mon permis puisque je dépendais malheureusement des autres pour me conduire là où j'en avais besoin.
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Je gardais encore le souvenir cuisant, huit ans plus tôt, d'avoir été laissée seule en plein centre commercial de Brighton, à une bonne cinquantaine de kilomètres de Silvercreek. Pourquoi? J'avais tout simplement refusé que Marcus me choisisse des soutiens-gorges, je trouvais ça gênant. Plus que ça même, pervers! D'autant qu'à l'époque, je n'avais vraiment rien à soutenir!
Alors qu'il insistait lourdement, je lui avais asséné un "Non!" ferme et définitif, j'avais soutenu son regard et, puisque je n'avais pas baissé les yeux devant lui et sa Dominance... il s'était énervé.
En guise de punition, il m'avait dit de me démerder pour rentrer!
Comme il avait également abandonné les affaires dont j'avais besoin pour la rentrée, je n'avais pas pu me contenter de laisser la place à Bella pour rentrer à pattes. La distance n'était pas un problème mais elle n'aurait pas pu transporter tous mes sacs.
Ce sont des agents de police contactés par le service de sécurité du centre commercial qui avaient été stupéfaits de trouver une gamine de onze ans en larmes - des larmes de rage, je précise! - seule avec tout un tas de sacs dans la galerie à l'heure de la fermeture qui m'avaient rapatriée à l'entrée du territoire.
C'était l'une de mes dernières "crises de rébellions" avec Marcus. Après cette histoire, je n'ai plus cherché à le confronter, je me contentais de l'éviter au maximum.
Donc, oui. Un peu d'autonomie ne me ferait pas de mal! Et j'avais hâte d'avoir suffisamment d'argent pour me payer le permis de conduire et le véhicule qui irait avec.
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— Je me passerai de tour du monde. Je préfère économiser pour des choses plus importantes. avais-je alors répondu à mon amie.
— Qu'est-ce qui pourrait être plus important que de se faire plaisir en faisant de beaux voyages?
— Je ne sais pas moi : avoir des vêtements neufs sur le dos, pouvoir manger tous les jours, payer l'université peut-être! Et plein d'autres choses si terre-à-terre que tu ne pourrais pas comprendre! avais-je ironisé.
— Pffff! Quelle rabat-joie tu fais! Tes parents sont blindés de fric, comme les miens et ceux de toutes les filles de Sainte-Cat', sinon tu n'aurais pas été admise ici! Donc arrêtes de faire ta pleureuse!
- C'est vrai qu'ils ont de l'argent. Mais moi, non! Et je ne tiens pas à attendre un hypothétique héritage. D'ailleurs, tels que je les connais, je ne figure même pas sur le testament !
— Sans déc'? Ça craint!
— Bah! Comme tu l'as remarqué, je m'en sors plutôt bien par moi-même! Qu'ils gardent leur fric, j'ai le mien maintenant!
— Franchement Dana, tu me sidères! Je pèterai un câble si mes parents me coupaient les vivres!
— Ça, je n'en doute pas! J'imagine déjà la crise que tu ferais si tu devais te passer de tous tes précieux privilèges. lui avais-je rétorqué en riant.
Carrie était le prototype même de la fille unique pourrie gâtée par des parents âgés et immensément riches. Pour elle, un week-end en toute simplicité consistait à traverser l'Atlantique à bord du jet paternel pour aller danser dans les carrés VIP des plus belles boîtes de nuit d'Ibiza. Son argent de poche hebdomadaire équivalait au montant mensuel d'un salarié. Rien qu'avec le prix de sa dernière paire de chaussures, un SDF aurait pu vivre un mois en mangeant chaque jour au restaurant!
Mais malgré tout ça, elle restait profondément simple et gentille.
À vrai dire, Carrie était ma seule amie humaine. Les autres élèves m'avaient écartée de leurs jeux, de leurs groupes et des amitiés qu'elles avaient pu nouer entre elles, la seule raison qui les poussait à m'aborder, toujours avec une certaine condescendance mal placée d'ailleurs, c'était pour ce fameux trafic de devoirs que j'avais organisé. La faute de cette mise à l'écart en revenait principalement aux enseignants qui m'avaient ostracisée dès les premiers jours de mon arrivée.
Les change-formes les effrayaient et ils s'attendaient à chaque instant que je bondisse sur quelqu'un pour le manger!
Pffff! Quel grand n'importe quoi!
Carrie avait été la seule à ne pas me battre froid! Elle se foutait comme de sa première paire de chaussettes de savoir que je pouvais devenir louve ou de ce que pensaient les autres.
— En parlant de privilèges... Abraham ne viendra pas me chercher aujourd'hui! m'avait-elle alors dit.
— Comment? Plus de chauffeur pour la princesse? avais-je dit en éclatant de rire. Est-ce à dire que ta limousine s'est transformée en citrouille?! Pauvre, pauvre Cendrillon!
— C'est ça! Moques toi! En attendant, ça veut dire que... C'EST MOI QUI VAIS TE RAMENER!!! avait-elle hurlé, me perçant les tympans au passage, en s'auto-congratulant à grande force d'applaudissements. Mes parents m'ont enfin acheté une voiture! ajouta-t-elle un cran plus bas en arborant un sourire-banane, d'une oreille à l'autre.
— Super! Enfin, super que tu aies une voiture! Je suis moins sûre pour ce qui concerne ta façon de conduire! J'ai pas vraiment envie de finir dans le décor, je suis trop jeune pour mourir, moi!
— T'es vraiment mauvaise langue aujourd'hui! Si c'est ça l'effet que ça te fait d'être en vacances, je ne suis pas pressée de voir comment tu réagiras à la rentrée. m'avait-elle rétorqué en calant ses mains sur ses hanches et en me toisant, les sourcils froncés.
— Désolée! avais-je admis. Je ne saute pas vraiment de joie à l'idée de me coltiner mon beau-père et mes demi-frères pendant deux longs mois. Tiens, j'ai une idée! Puisque tu ne peux pas venir chez moi... Cet été, on pourrait se donner rendez-vous à Brighton, histoire de se faire une virée entre filles! Qu'est-ce que tu en dis?
— Cool! Et puis, si moi je ne peux pas aller chez toi, rien n'empêche que, toi, tu viennes chez moi!
— Mouais...
— Hé bin! Caches ta joie!
— J'aimerais bien, Carrie. Vraiment! lui avais-je assuré. Mais tu ne connais pas Marcus! À croire qu'il réfléchit toute l'année aux crasses qu'il pourrait me faire en été. S'il apprend que j'ai une amie, il fera tout pour nous séparer!
— Il ne pourra pas! De toute manière, nous sommes majeures et libres de nos choix maintenant. Il n'a donc rien à y redire.
— Ne vas surtout pas lui rappeler que j'ai plus de dix-huit ans, il serait capable de me jeter de Silvercreek sous prétexte que je suis adulte maintenant.
— Si ton beau-père t'embête vraiment trop... tu pourrais venir t'installer à la maison. On a largement la place, même pour Bella. Si j'ai bien compris ce que tu m'as dit, tu es une Solitaire, donc rien ne t'oblige à rester dans cette Meute.
— Pas sûre que tes parents apprécient de se coltiner une louve à domicile. Bella n'a rien d'un gros chien! Et puis, à Silvercreek, il y a une gigantesque forêt, des montagnes et des vallées. Je ne suis jamais plus heureuse que quand Bella nous emmène dans des petits paradis perdus. Elle fait tant pour moi, je n'ai rien d'autre à lui offrir que ces deux mois de liberté totale. avais-je répondu, la voix tremblante, en contenant mon émotion.
Carrie m'avait alors prise dans ses bras en marmonnant des jurons très inventifs contre mon beau-père, ce qui coupa net les larmes qui m'étaient montées aux yeux et me fit rire, ce qui était sans doute le but recherché.
Puis je l'avais aidée à finir de remplir ses trois valises, ses deux vanity-case, son sac de sport, celui qui contenait ses affaires scolaires... sans parler de l'énorme fourre-tout qui lui servait de sac à main et dans lequel une vache aurait pu perdre son veau!
— C'est bien tout? Tu es sûre de n'avoir rien oublié? lui avais-je demandé, très sérieusement, en écarquillant les yeux devant l'impressionnant tas que formaient ses affaires.
— Hum... Oui. Je crois! m'avait-elle répondu en continuant à regarder autour d'elle pour vérifier ses dires. Oh zut! Crotte! Barbe!!! s'était-elle soudain exclamée.
— Me dis pas qu'il te manque quelque chose!
— Non! Non! Mais je viens de réaliser qu'Abraham ne viendrait pas!
— Et alors?
— "Et alors?" qu'elle dit !!! Qui va porter tout ça jusqu'au coffre à ton avis?
Ma perplexité a cédé la place à l'amusement et j'ai fini par exploser de rire devant sa mine chafouine.
— Laisse-moi prendre mon sac à dos et je vais t'aider à porter tes sacs! avais-je fini par dire entre deux hoquets en essuyant mes larmes de rire du bout des doigts.
Elle avait grommelé quelque chose à propos de l'indépendance qui n'était finalement pas une sinécure et j'avais ri de plus belle en m'éloignant vers ma chambre pour récupérer mes propres affaires.
Il nous fallut quand même deux allers-retours chacune pour tout rapatrier en bas, dans la cour extérieure. Je l'y attendis avec les bagages le temps qu'elle aille chercher sa toute nouvelle voiture.
Je restais ébahie, bouche bée en un O parfait, en voyant son véhicule : une Porsche, jusqu'ici, rien de particulièrement étonnant... sauf qu'au lieu d'une petite sportive à laquelle je m'attendais, il s'agissait en réalité d'un gros SUV. Bien sûr, vu le nombre de valises à transporter, là encore, c'était plutôt logique.
Non, ce qui m'a réellement choquée, c'est que sa Porsche Cayenne était d'un vert anis si clair qu'il en paraissait presque jaune. Plus clinquant que ça, ça n'existait pas! J'étais sûre que c'est Carrie elle-même, avec son goût prononcé pour les couleurs flashys, qui avait demandé cette couleur improbable, ce qu'elle me confirma, un grand sourire aux lèvres, quand je lui posai la question.
Une fois que tout son barda a été rangé – version Tetris® malgré l'espace disponible – dans le coffre et que nous sommes montées à bord, il nous restait plus de trois cent kilomètres à faire avant d'arriver à Silvercreek. De là, il resterait encore une bonne centaine de kilomètres à Carrie avant d'arriver chez elle. Brighton étant à égale distance de nos deux domiciles parentaux respectifs.
De longues heures de route qui passèrent en un éclair, surtout parce que Carrie roulait au-dessus des limitations de vitesse, entre discussions sérieuses ou moins, chants clamés à tue-tête dans l'habitacle lorsque nous tombions sur une chanson que nous aimions à la radio, blagues et autres idioties...
Bref, nous sommes arrivées sur le parking de Chez Berna à peine deux heures après avoir démarré. Si son chauffeur Abraham avait été là, il nous aurait fallu une bonne heure de plus et nous nous serions quittées après avoir juste pris un verre dans ce bar que j'adorais depuis toujours.
Au lieu de ça, nous y sommes restées plusieurs heures, enchaînant parties de flipper et de billard, descendant nos verres de jus de fruits comme si c'était de l'eau, dansant sur les tubes du jukebox.
Pour moi, c'était ça les vacances et je retardai volontairement le moment du départ, offrant sans arrêt une nouvelle tournée à mon amie, remettant des pièces dans le jukebox ou encore en la défiant au billard où je savais pourtant qu'elle me battrait à plate couture.
Mais la journée avançant, et les bonnes choses ayant toujours une fin, il nous fallut nous résoudre à nous séparer. D'ailleurs, nous avions fini d'écluser le jus d'orange de Jon, le barman des lieux et l'une des rares personnes au monde que je pourrais appeler "ami" même s'il avait bien trente ans de plus que moi. Je lui fis un petit signe de la main pour lui dire au-revoir mais il ne nous vit pas partir, plongé dans une discussion avec le beau gosse que Carrie m'avait signalé peu avant. Ce dernier était tout aussi concentré sur Jon que l'inverse, je le regrettais un peu parce que ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de voir d'aussi beau garçon – ou de garçon tout court d'ailleurs, mon environnement habituel étant exclusivement féminin, exception faite du directeur et de quelques professeurs de Sainte-Catherine – alors, bon, d'accord, il rentrait plus dans la catégorie "jeune homme" que "garçon" mais vous voyez ce que je veux dire.
C'est en sortant de Chez Berna que ma vie a basculé!
Je venais de dire au-revoir à Carrie et regardais son Cayenne s'éloigner quand on m'a violemment saisie par derrière et tenté de m'enlever.
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