Comme le jour où j'avais enfoncé ma main dans la boue pour récupérer le bracelet que m'avait offert Laurie, Chantal éleva la voix, « Angélique ? » Me tirant des pensées sombres qui m'avaient envahie depuis le début du trajet.
« Oui ? »
« Nous sommes arrivées ! Tu es sûre que ça va ? »
« Je me plaignais tout le temps de ne pas avoir une sœur qui se préoccupe de moi », dis-je en me levant. « Et maintenant regarde… j'ai une copine qui me pose la même question toutes les cinq minutes. » J'agitai les mains.
Alors que les passagers filaient pour faire la queue afin de sortir, Béatrice se leva également.
Chantal continua, « Premièrement, si tu ne faisais pas cette tête dramatique toutes les cinq minutes, je n'aurais pas besoin de te poser la même question à chaque fois. Ensuite, ce n'est pas la peine de vous lever maintenant. Il vaudrait mieux attendre qu'il y ait moins de monde. »
Béatrice se tourna vers la vitre et dit, « Je ne savais pas qu'il fallait attendre un peu. Les gens sont sûrement aussi impatients que nous. » Un sourire illumina son visage.
Posant mon bras sur l'épaule de Béatrice, je regardai par la vitre avec elle. Je pouvais voir un paysage différent de celui qui m'avait vu grandir. Le soleil éclairait les tenues festives des passants, permettant d'admirer les stylistes de la ville. Les rues poussiéreuses avaient laissé place à des bâtiments et des femmes élégantes vêtues de tenues colorées.
Soudain, je m'écriai : « Eh ! » Chantal se leva, « Qu'est-ce qu'il y a ? » Mouvementant sa tête abruptement.
« Regarde la tenue de cette fille ! Elle est presque nue ! »
« Nue ? » répliqua Béatrice, « Ça ne te dérangeait pas de voir des hommes torse nu au village tous les jours, mais tu es choquée par une femme en culotte ? »
« Culotte ? » m'indignai-je.
Chantal posa ses mains vernies rouges sur nos épaules. « Les filles… du calme. Les gens en ville s'habillent ainsi. Ils cherchent à briser les normes inégales.»
« Normes inégales ? » m'interrogeai-je, alors qu'une voix rauque ordonna : « Mesdemoiselles, prenez vos sacs s'il vous plaît. Le train est vide. »
Nous regardâmes autour de nous et constatâmes en effet que la plupart des passagers étaient partis.
Je pris mon sac de voyage et les filles leurs sacs à main, puis nous sortîmes du train. Après quelques pas lents, je franchis enfin le seuil de la portière derrière Béatrice. Un vent moins frais que celui du village, mais chargé d'odeurs différentes caressa mon corps.
"« Wow… est-ce que ces jeunes filles sont mariées ? » demandai-je en observant les femmes aux bijoux étincelants.
Chantal me prit par la main. « Cherchons à recharger mon portable. Ma cousine ne m'a pas encore répondu. On va essayer de l'appeler. »
« D'accord », répondis-je tandis que nous avancions, passant diffusément entre les personnes qui partaient dans tous les sens. « Essayons de demander aux gens autour. »
Mon cœur battait fort, mes yeux erraient alors que je chuchotai : « mais c'est comment même avec eux ? Doucement. » Une personne frappant mon épaule en passant à toute vitesse.
« Cherchez-vous quelque chose, mesdemoiselles ? » nous interrogea un homme.
Je sursautai, « Jésus ! »
« Je suis désolée. Je n'ai pas voulu vous effrayer. Moi, c'est Ben ! »
« Ce n'est rien, et ne vous inquiétez pas. On n'a pas besoin d'aide," répondit Chantal.
« Bien sûr que si », intervint Béatrice, « Moi, c'est Béatrice. Elle c'est Chantal et elle Angélique. » Nous avait-elle pointés du doigt. « Vous êtes très beau d'ailleurs. »
Mon nez se plissa, mes yeux scrutant la vérité derrière les paroles de Béatrice.
Mon regard dévia vers son ventre rebondi, puis vers son front large, mais je fus rapidement dégoûtée par son entrejambe qu'il tirait de sa main excessivement.
« Dites-moi comment je peux vous aider. C'est moi le chef ici », glissa-t-il avant de passer sa langue sur ses dents.
« Je le savais ! » s'exclama Béatrice. « Vous sentez la richesse. »
Je lançai un regard à Chantal, qui finit par avouer, "« On cherche une boutique pour mettre du crédit dans mon portable. »
« Oh… » Il caressa son ventre avec fierté. « J'ai un téléphone fixe dans mon bureau si vous voulez. »
Chantal se tourna vers moi, j'ouvris la bouche pour répondre, mais Béatrice m'interrompit. « Nous serons ravis de l'utiliser. Merci. » Puis, elle se tourna vers nous. « Allez, les filles ! Rappelez-vous pourquoi nous sommes ici. » Elle nous fit comprendre en bousculant la tête que cet homme était un client potentiel.
Il ouvrit grand les bras et ses lèvres pulpeuses. Par la suite, nous câlina, ma main écrasée par le fer de sa ceinture.
Alors qu'il marchait, les gens autour de nous s'écartaient pour lui tracer une route, rendant notre escapade encore plus agréable sous ce soleil. À l'intérieur de la gare, nous traversâmes des bureaux pour finalement arriver dans une pièce fraîche.
« Asseyez-vous », proposa-t-il, désignant un petit salon. Nous nous installâmes sur les canapés beiges, et il se dirigea vers le miniréfrigérateur.
Rapidement, mon corps se mit à trembler. Je me courbai, mes genoux se serrèrent, tandis que les filles se frictionnaient pour se réchauffer.
« Vous avez froid ? » rigola-t-il. Puis, il sortit trois bouteilles. « Ce sont des bières locales. » Avant de se diriger vers une télécommande, éteignant une grosse machine accrochée au mur.
« C'est quoi ce machin ? » demandai-je, en me penchant et en plissant les yeux.
« Le climatiseur. Vous n'en avez pas d'où vous venez ? »
« Chez les personnes aisées, si », répondit Béatrice. « Elle ne sort pas beaucoup. C'est pour ça qu'elle ne le savait pas. »
Il s'assit, « Je vois… », retirai ses lunettes, « oh… », avant de se relever, « les verres ! »
« Wow ! » s'exclama Chantal, "autant d'efforts pour nous ? »
« Je sais accueillir mes invités », répondit-il.
Alors qu'il ne venait de s'assoir de nouveau que depuis quelques minutes, il frappa sa cuisse de sa main dodue, soufflant, « j'ai oublié le décapsuleur. »
Béatrice posa donc sa main sur la sienne. « Ce n'est pas grave. » Puis, elle souleva sa bouteille, la pencha vers le milieu de ses dents. Et alors que le monsieur disait, « ne faites pas—
Pack ! Fut le son qui résonna lorsque le bouchon se détacha de la bouteille. Chantal fit de même et je les regardais les yeux grands ouverts. Béatrice prit ensuite la bouteille de monsieur Ben et Chantal la mienne, puis elles répétaient le même schéma.
Je pris une gorgée, ensuite deux et trois, silencieusement.
Pendant que les filles discutaient avec monsieur Ben, sentant un océan franchir les frontières de ma vessie, je m'écriai : « S'il vous plaît, pourrais-je utiliser les toilettes ? »
« Bien sûr, ma chérie », répondit-il en criant : « John ! » Son ventre tressaillit au son de sa voix.
Quelques secondes plus tard, un jeune homme grand entra dans la pièce.
« Patron ? » dit-il, me surprenant par sa voix aiguë.
« Conduis cette jeune femme aux toilettes. »
Je me levai donc et le suivi minutieusement.
Une fois dans les toilettes, je croisai mon regard dans le miroir. La pièce était propre et sentait la javel. Alors que je regardais mon reflet, une dame me bouscula en s'excusant, puis s'en alla. Je décidai finalement d'entrer dans une cabine pour soulager ma vessie.
Une fois finie, je croisai de nouveau mon regard. « Non ! » me fis-je remarquer, « Ne pleure pas. » Je courus rejoindre les autres, suivie de près par le jeune homme.
J'entrai dans la pièce, changeant de positions chaque deux secondes.
C'est alors que monsieur Ben demanda : « Qu'y a-t-il ? »